La sélection de Donc Acte !

Donc Acte ! ne suit pas l'actualité cinéma à la loupe. Donc Acte !, qui s'est intitulé Le cinéphobe pendant une courte période, n'a pas pour passe-temps de visionner des pelloches de cinoche. Donc Acte ! ne va pas souvent voir une œuvre en salles. L'envie est rare. Le plaisir est d'autant plus intense lorsque je suis satisfait par une rencontre du 7ème art. Certains films m'inspirent des réflexions ; c'est ce que je souhaite partager. Je ne propose pas de thèses et il m'arrive de gâcher les histoires en racontant la fin. Vu que je ne mets pas ce qui a été fait de l'invention des frères Lumière sur un piédestal et que je suis des fois moqueur, Donc Acte ! peut ne pas plaire.

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mercredi 9 novembre 2011

La sélection du mercredi

Mercredi 9 Novembre 2011
Comme si la surprise était encore possible

La moquerie patriotique des bandes-annonces françaises est toujours d'actualité sur Donc Acte !


On ne choisit pas sa famille de Christian Clavier (2011) : c'est sûr. On ne choisit pas non plus son pays de naissance, sa langue maternelle, le programme de l’Éducation nationale, les périodes creuses de l'année, l'âge de la retraite, les jours de la semaine, la musique et les têtes de partis que ses parents écoutent, les réseaux sociaux de certaines personnalités influentes, l'idéologie dominante, les stars du showbizz, les prix, les présentateurs de télévision, le quartier où le petit copain ou la petite copine habite, l'équilibre budgétaire grec, la longévité de certains acteurs, la taille des boîtiers DVD, l'humour français, le manque de réapprovisionnement du lundi au supermarché du coin, les sujets à la mode, les bretons que l'on croise sur sa route, les guerres et l'appétit qui vient en mangeant.


Philippe Lioret remet ça. Toutes nos envies est un drame tragique aux accents mélodramatiques de tragédie dramatique. Une juge se lance dans un combat contre le système crédito-assuro-bancaire (ou quelque chose comme ça) alors qu'elle est atteinte d'un cancer du cerveau (au moins) et qu'elle a un an à vivre (au mieux). De plus, elle n'a rien dit à son mari et ses enfants. Un autre juge, incarné par Vincent Lindon, avait perdu espoir et la joie de vivre que lui rend ce petit bout de Marie Gillain qui veut aider une femme surendettée proche de tout perdre, jusqu'à la garde de ses 2 enfants, si le couple de magistrats ne réussit pas à la sortir de sa situation sociale désespérée. Si vous avez perdu le fil, c'est qu'il est dur de s'y accrocher. Pour en rajouter une couche, les neveux de Marie Gillain ont été enlevé lors d'un séjour en Somalie. Elle a promis de les sortir de là avec l'aide de sa meilleure amie Mélanie Laurent qu'il faut faire sortir de son spleen parce que son frère est parti du domicile parental. De plus, elle apprend à un immigré clandestin à rejoindre l'Angleterre à la nage. Pour toucher au sublime de la catharsis en tragédie antique et moderne engagée humainement, politiquement et commercialement contre l'inique avec un I majuscule (dans la phrase) de notre société fièrement déclamé dans les files d'attente des caisses automatiques de multiplexe, Lioret donne en bout de bande-annonce des instructions pour presser la Gillain : Vincent Lindon demande à voir la preuve de son engagement ... bref ... quant à moi, toute mon envie est celle de ne pas me marrer en résumant une histoire d'abnégation et de sacrifice.


Guerre de virilité entre Dussolier, le gendre français éternellement parfait, et Poolvoerde, le comique belge émigré en France (et donc dépressif), dans un film dont j'ai oublié le titre comme de mon dernier rêve. L'André est marié à une chieuse grand luxe incarnée par Isabelle Huppert. Et le Poolvoerde nique tout ce qu'il trouve. Bref, on a encore le droit à une histoire de choc des cultures où plein de monde apprend la vie en fréquentant du monde hors de son milieu et en faisant de la gymnastique. C'est ainsi que le bas peuple, les misérables du porte-monnaie et du QI, échange avec le haut peuple, les misérables du cœur. Peut-être suis-je démagogique ou anti-démagogique ou langue fourchue mais ça me passe au dessus du crâne tout ça. Pour signer un titre à l'ouvrage : Ma pire histoire de cul d'Anne Fontaine (2011).


Sorti la semaine dernière, Intouchables a touché le jackpot avec quelques 2 millions de mateurs. Omar Sy joue le comique de quartier et François Cluzet a beaucoup de choses à lui apprendre. Les misérables de bas et de haut peuples sont de retour. Le choc des cultures est toujours à l'affiche. C'est la France égalitaire et assimilatrice qui se réjouit de la réunion au cinéma d'une division en sa société. C'est une histoire vraie. Bref, tout ce monde se retrouve sur de la musique brit pop pour sourire, se lancer des défis, fumer de la drogue douce, rire, conduire la nuit sous des tunnels, faire du parapente, traverser un pont et semer une voiture de police. Bref, la brit pop, c'est quand même sacrément émouvant quand le chanteur perche sa voix bien haut dans les aigus sur une musique de guitare pas trop saturée en tension ascendante : qu'est-ce que j'ai été ému ... je n'irai pas voir le film, la bande-annonce m'a largement suffit.


Polisse partout Justisse nulle part ...  1,7 millions de personnes l'ont vu en 25 jours d'exploitation. Ce film n'a pas besoin de moi. Je ne vais pas aller le voir. Je boude.

mercredi 10 août 2011

La Moustache

Mercredi 10 Août 2011
Nuit

La Moustache (2004) est un texte écrit, adapté pour le cinéma et réalisé par Emmanuel Carrère. Vincent Lindon incarne Marc, un homme marié à Agnès interprétée par Emmanuelle Devos. Marc décide sans préavis de se raser la moustache. Son entourage ne remarque rien. Personne ne lui fait de remarques. Qu'arrive-t-il donc à Marc pour qu'il le prenne mal ?


Plusieurs hypothèses :

Jalousie : Son entourage remarque ses yeux plus que sa bouche
Amour : Se sent-il délaissé par un entourage qui ne se soucie pas de ses lèvres ?
Irascibilité : Il devient un homme angoissé sans sa moustache
Psychiatrie : A-t-il jamais eu une moustache ?
Eurasie : Il voulait draguer une asiatique qui n'aime pas les poils 
Reconstruction : Voulait-il changer de vie en se rasant la moustache ?
Dignité : Il croit que son entourage se moque de lui
Unicité : Les poils sont-ils tous semblables ?
Mélancolie : Il vit dans un monde fantasmagorique où il a toujours sa moustache
Originalité : Souhaitait-il aborder les femmes dans le métro avec un sujet de conversation original ?
Nostalgie : Il aimait sa moustache
Transformation : Il est moins sexy sans la moustache
Ethnologie : Y a-t-il des sociétés sans moustachus ?
Morphologie : La moustache est-elle un concept ?
Philosophie : Existe-t-il une moustache juste ?
Sociologie : Quelle est la place des moustachus dans la société ?
Arithmétique : La somme des poils perdus est-elle supérieure à la somme des poils qui repoussent après ?
Ventilation : Qu'en est-il de la brise qu'il ressent désormais sous le nez ?
Europe : Faut-il mieux une Europe à moustache ou sans moustache ?
Crise identitaire : Qu'en est-il de l'ego du mâle sans sa pilosité faciale ?
Changement : Il croit que le monde est en train de se transformer parce qu'il s'est rasé la moustache 
Exagération : La moustache lui permettait de faire la différence entre mensonge et vérité 
Tautologie : La moustache est une moustache 
Tyrannie : Il doit abandonner ses plans passés de futur dictateur 
Encore : Il se laisse pousser une moustache à chaque fois qu'il part en vacances mais, comme sa femme perd toujours les photos, il faut repartir à l'autre bout du monde pour s'en laisser pousser une autre
Mémoire : La moustache contenait tous ses souvenirs 
Environnement : La moustache est-elle plus propre écologiquement parlant ? 
Répétition : Il voulait passer le reste de ses jours à prendre le ferry à Hong Kong et l'administration locale n'admet pas les moustachus 
Dépression : S'attendait-il à ce qu'on ne le reconnaisse plus ? 
Expulsion : S'attendait-il à ce qu'on le vire de sa vie ?

Le film ne donne aucune réponse. Emmanuel Carrère aime la musique dramatique servie par des violons stridents. Au Royaume des déceptions, je l'adoube du titre de génie pour cet ouvrage tortueux aux multiples interprétations et à la complexité de sa moustache.