La sélection de Donc Acte !

Donc Acte ! ne suit pas l'actualité cinéma à la loupe. Donc Acte !, qui s'est intitulé Le cinéphobe pendant une courte période, n'a pas pour passe-temps de visionner des pelloches de cinoche. Donc Acte ! ne va pas souvent voir une œuvre en salles. L'envie est rare. Le plaisir est d'autant plus intense lorsque je suis satisfait par une rencontre du 7ème art. Certains films m'inspirent des réflexions ; c'est ce que je souhaite partager. Je ne propose pas de thèses et il m'arrive de gâcher les histoires en racontant la fin. Vu que je ne mets pas ce qui a été fait de l'invention des frères Lumière sur un piédestal et que je suis des fois moqueur, Donc Acte ! peut ne pas plaire.

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mercredi 16 novembre 2011

La sélection du mercredi

Mercredi 16 Novembre 2011
Du moment que ça fait des entrées ...

Twilight 4 : révélation 1ère partie (2011) : la série des Twilight section bibliothèque rose en est arrivée à son 4ème épisode 1/2. La première moitié de la bande-annonce est consacrée aux ébats érotiques du couple vedette : devant leurs familles à leur mariage, dans une voiture, sur un bateau, lors d'une pleine lune, sur une moquette, derrière un rideau, dans un lit, sous une cascade. Dire que cette histoire d'amour passe pour du grand romantisme alors que le vampire pète le mûr au dessus du lit lors de la nuit de noces. Clairement, Robin Pattenson n'en pouvait plus après 3 films de retenue. Il faut dire que lui et Kristen Hôtessedelère les ont passé à défendre leur virginité contre les bêtes louves et les vampires sauvages (je n'ai pas vu, j'imagine). La seconde moitié de la bande-annonce montre Kristen Gépalepiémarindonkjmsuitrouvéunboulohenavion enceinte d'un fœtus qui la broie de l'intérieur. L'accouchement s'opère sur fond de baston entre loups et vampires. Après 40 toujours puceau et autres comédies et tragédies du genre, le cinéma US montre qu'il est compliqué d'être en rut aux États-Unis.


Mathieu Kassovitz veut bien faire. Une fois de plus, il va passer d'un plateau de télé à l'autre pour pleurer sur le monde, l'humanité et la France. On connaît son créneau. Il est un chic type, un type en bronze plaqué argent massif, un type qui héberge des sans-abri chez lui quand son appartement est en travaux, un type qui a des corones, un type qui est capable de transformer de la merde en or et de faire construire des hélicoptères en bois. Il va nous rabâcher que les gouvernements et les industriels nous mentent et nous spolient. L'injustice règne et il se demandera où est passée la révolution, ses aïeux. Bref, L'ordre et la morale (2011) va plaire à tous ceux qui ont un grief contre l'autorité supérieure et les forces de l'ordre. Le problème est que je ne crois même plus qu'il puisse fabriquer un correct film de genre après les déceptions Babylon AD, Gothika, Assassin(s), La Haine, Métisse et Les Rivières Pourpres. Néanmoins, il a l'air d'avoir mis de la profondeur de surface et de la musique pour faire roots, triste et mystique dans son dernier opus. La morale de l'histoire est qu'il faut aller le voir avec une femme que la politique et l'injustice branchent.


Le stratège (2011) : Il est bon de savoir que Brad Pitt est capable de balancer 2 vannes pourries à un petit gros. Merci le cinéma.












50/50 (2011) : un jeune homme qui ne boit pas, ne fume pas, ne baise pas, ne fait rien de mal, attrape le cancer. Setrogrand Lekanadajimigrostates, son meilleur pote, va lui faire vivre sa vie. Enfin un film qui donne envie d'avoir le cancer.

lundi 19 septembre 2011

Bad Teacher, les souvenirs d'école et La Haine

Dimanche 18 Septembre 2011
Nostalgie


Je ne savais pas trop comment aller tourner cette soirée ni si j'allais écrire un article sur Bad Teacher avant de m'installer devant mais il se trouve que Bad Teacher a inspiré beaucoup de choses sur le thème de l'éducation.


Bad Teacher, Jake Kasdan, 2011, USA.

Je me suis planqué dans mon canapé et j'ai éteint le téléphone. Je ne voulais pas avoir à avouer ce que j'étais en train de faire. Malgré les mauvaises critiques, le spectacle d'une professeur indifférente au sort des élèves mettant tout son potentiel au service de son envie de petit ami (Justin Timberlake) m'a attiré. J'avais envie de me moquer du corps enseignant mais un trou noir m'a aspiré. Bien que Cameron Diaz multiplie des activités rentables en petites tenues pour collecter 10 000 dollars et se faire implanter des seins en silicone, le plaisir coupable auquel je m'attendais s'était transformé en ennui profond. Je ne pouvais pas réagir. Ce film sans relief ni vigueur a encouragé ma déconnexion du monde tangible.

D'autres œuvres cinématographiques traitant du sujet de l'instruction me sont revenus en mémoire. J'ai songé à ces nombreuses années infernales du collège, aux bons et mauvais profs que j'ai eu, à l'éducation de mes parents, aux cours du soir, à l'université, à l'école primaire, aux filles avec lesquelles je n'ai rien tenté. J'ai fait un tour sur Facebook, Twitter et ma boîte mail.

La bande son de Bad Teacher imprégnée de Judas Priest (groupe heavy metal des années 1970's et 1980's) me ramenait au bon souvenir de School of Rock (2004) avec Jack Black en professeur d'institution privée qui apprenait le rock aux élèves afin de lancer sa carrière de musicien. Il se découvrait une vocation et aidait des jeunes en culottes courtes à aimer se balancer sur de la musique lubrique et satanique. Même si Jack transmettait avec ferveur sa passion, personne ne l'a pris au sérieux pour mener des programmes éducatifs pour tous. School of Rock est cool.


Il en est de même pour Renaissance Man/Opération Shakespeare (1994). Il n'en est pas du tout de même pour Esprits rebelles (1995). Dans ces 2 films, les 2 individus (incarnés par Danny deVito et Michelle Pfeiffer) rappaient en classe pour ramener les brebis égarées de l'éducation nationale US dans le troupeau et faire découvrir la littérature américaine. Les 2 profs improvisés se mettaient au niveau de leurs élèves et faisaient, au passage, office d'assistante sociale. Ils essayaient de régler les problèmes familiaux des gosses en souffrance. Une catégorie de personnes devait se sentir visée. La stigmatisation était de rigueur. White trash, latinos illégaux et blacks dealers et membres de gangs, tout ce beau monde se devait de chanter pour apprécier l'école. Bonjour la démagogie. Entre rock, rap et faux nichons, L'USA d'Amérique est vraiment prêt à toutes les fourberies pour pousser un petit monde défavorisé vers le monde du travail pas fort payé et peu reconnu. Si je préfère Opération Shakespeare à Esprits rebelles, c'est pour la simple raison que Danny DeVito ne perd jamais vraiment le sourire alors que Michelle Pfeiffer joue les durs à cuire (j'ai toujours préféré l'éducation dans un gant de velours).



M'enfonçant un peu plus dans l'ennui devant Bad Teacher (j'essaie de raccrocher au film de temps en temps), mon esprit a opéré un détour par Le proviseur (1987) avec James Belushi qui, aidé par Louis Gosset Jr., était déterminé à renvoyer un élève-caïd-dealer de drogue de l'enceinte de son lycée pourri de banlieue aux grillages plus élevés que la réputation et les résultats des bacheliers du coin. Armé d'une batte de baseball et ivre au whisky, James conduisait une moto dans les couloirs pour rattraper les méchants jusque dans les douches. Un film qui a du faire rêver des motards en blouson cuir fan d'ordre et de respect de l'autorité. La méthode hollywoodienne de régler les problèmes de l'éducation nationale US était rigolote mais sa violence n'était rien comparée à celle de La journée de la jupe (2008) que je n'ai pas vu. Je n'en ai jamais eu envie. J'ai regardé la bande-annonce et m'en suis tenu à cela. Isabelle Adjani utilisait un pistolet pour faire étudier du Molière ou du Voltaire à des élèves insubordonnés. Le désespoir affiché par la violence comme méthode d'instruction résignée m'avait influencé à ne pas tenir compte de cette œuvre.

Si tu n'apprends pas ta leçon, je te tue !

A l'époque du Le cercle des poètes disparus (1989), mon père avait viré ma mère et moi de sa vie. J'étais en larmes chaque fois que je voyais la scène du "Au capitaine, mon capitaine !". J'ai du le voir 4 ou 5 fois (c'était une magnifique catharsis) et ne l'ai plus jamais visionné. Je n'en ai plus éprouvé le besoin. Je n'ai pas d'avis sur ce film autre que celui du bien qu'il m'a fait de voir un professeur, figure masculine d'autorité, se soucier du sort de ses élèves alors que je me faisais chahuter au collège par des crétins de camarades de classe qui n'ont jamais été puni et que mon père avait filé. Ces camarades du collège Henri Cassel, Jean-Philippe, Thomas et Sébastien Couasnon étaient des enculés de première qui trouvaient drôles de se moquer du poids et des cheveux longs d'un adolescent en dépression tout en faisant courir des rumeurs calomnieuses sur son homosexualité et une opération testiculaire (qui n'a jamais eu lieu). J'avais heureusement quelques potes : Vincent Avezard, Jérôme et Nicolas Romano avec qui se réfugier dans le délire hors du collège.

Je ne sais pas quel est le rapport avec La journée de la jupe ... J'étais un élève qui maintenait une moyenne de notes décentes et je fantasmais sur Claudia Schiffer, Mme Soligny, professeur d'allemand, et Mme André, professeur de latin ; toutes 2 de jolies rousses. Mme Soligny avait une belle ossature et une solide carrure. Son soutien-gorge devait porter une belle charge. Mme André avait des jambes délicieusement galbées. Elle mettait des pulls qui suggéraient une absence de soutien-gorge. Les cours de latin était un moment d'érotisme intense. J'aimais regarder sa jupe lors de ses croisements de jambes. Ça doit être ça le lien.

Difficile de regarder sous les jupes de la professeur sexy de latin quand on est debout sur son pupitre


Retour à Bad Teacher : tel film laisse sans voix ou tel film en a laissé beaucoup sans voix. Cette expression commune signifie que l’œuvre extraordinaire (pas Bad Teacher) transmet tant d'émotions que la raison ne développe aucun argument conscient pour partager son appréciation au cours d'une discussion. Tout cela me ramenait à La Haine et à la façon dont j'avais réagi car il m'avait laissé atone à l'époque.


La Haine, Mathieu Kassovitz, 1995, France.

A sa sortie au cinéma, j'avais 16 ans et La Haine m'avait laissé sans voix. Cette expression ne veut pas pour autant dire que je l'avais apprécié. Il ne m'avait rien inspiré d'autre que de l'indifférence.

Des jeunes de cité s'ennuyaient. Ils connaissaient quelques frictions avec des skinheads. Ils avaient des accointances criminelles. Ils créchaient chez leurs parents et occupaient leur temps comme ils pouvaient. Ils n'allaient pas en classe. Ils erraient entre Paris et sa banlieue. Sur fond de bavure policière, la colère grondait. Ils se faisaient malmener lors d'un interrogatoire proche de la torture. En fin de compte, un de ces jeunes tenait en joue un policier qui faisait de même.

L'ensemble résumé avait influencé en moi l'interprétation que La Haine était une vague justification de la loi du Talion et une volonté de jouer avec la peur des classes moyennes et bourgeoises (histoire de la France oblige, l'esprit "révolutionnaire" reste vivant depuis 1789) en alertant sur la possibilité d'une explosion des quartiers chauds. Mathieu Kassovitz jouait avec la peur du "noir armé en colère" pour alerter les masses. 12 ans après, le candidat UMP Nicolas Sarkozy proposait de nettoyer tout cela au karsher. La politique de la terreur fait toujours effet.

"Les fils de", Vincent Cassel et Mathieu Kassovitz, jouaient alors aux croisés de la bourgeoisie artistico-soucieuse. Ils étaient descendus à une station de RER hors de Paris et se l'étaient joués fils de milieu de prolos. Ils étaient contents. Ils ont été accepté le temps d'un film par les gars du coin. Ils ont su, en matière de cinoche, se positionner nationalement et internationalement sur un sujet "sensible" vaguement inexploité jusque là. Jean-Claude Brisseau avait réalisé De Bruit et de fureur en 1987 en captant l'absence de freins à la dérive vers la violence, l'immoral et le crime. Alain Corneau avait utilisé la banlieue comme décor pour Série Noire (1979) ; il y voyait un endroit désert propice au crime.

"Les deux fils de" ont rejoint l'intelligentsia parisienne proche d'Hollywood qui s'intéressait (et s'intéresse toujours) à la banlieue pour mieux la laisser à elle-même. L'image que La Haine renvoie était fondée sur une tentative de monstration-justification de ses travers (jusqu'à la rébellion : une mode sur laquelle ont également surfé Luc Besson avec Banlieue 13 et Jean-François Richet avec Ma 6-T va crak-er). C'est entre chômage des jeunes, achat de drogues par les enfants de classes aisées, brutalité policière et ses victimes que le malaise se situe, pas dans le risque de révolte.

Ils ont fait tout un film pour transmettre le message qu'à force de se faire taper, il y a des coups de bâton en retour à craindre. La Bible doit contenir ce genre de choses. En ce qui concerne la qualité cinématographique de La Haine, les plans sont bien léchés. Les travellings glissent sur de la vaseline. Le noir et blanc est joli. Il y a des références reconnues dans le monde entier. Mais, pour moi, La Haine était (et est toujours) un beau coup de pub pour leurs auteurs.

Si tu ne me respectes pas, je te tue !


Retour à Bad Teacher : prochainement, devrait sortir en salles un film avec Adrien Brody intitulé Detachment (2011, USA) qui m'intéresse fortement. La vision de l'enseignement se rapproche de la mienne. 



Ici, un lien vers un extrait de Detachment de Tony Kaye. Adrien Brody incarne Henry Barthes qui enseigne à des élèves ayant l'envie d'apprendre. Sur la base du volontariat, il vire sans ménagement ceux qui refusent l'éducation scolaire et prend en compte les comportements agressifs avec justesse. La date de sortie est malheureusement indéterminée.



Retour à Bad Teacher : Dans Graine de violence (1955) de Richard Brooks, auteur intellectuel de gauche engagé, Glenn Ford faisait face à une bande de lycéens qui agressait son épouse enceinte pour atteindre ce professeur dur comme la pierre. Au passage, Ford conseillait l'enseignement par l'image (en projetant des films) pour des jeunes qui ne croyaient plus en la transmission orale et écrite du savoir. Richard Brooks présentait des pistes intéressantes en terme d'instruction et en responsabilisant un jeune au charisme certain (Sidney Poitier) envers sa communauté et son quartier. Y songer me donne envie de le revoir.


... Retour sur Bad Teacher : Je devais avoir espéré quelque chose pour tenir la distance jusqu'à la scène où Justin Timberlake et Cameron Diaz en arrivassent enfin à leurs affaires. Je répète : Cameron a déployé de nombreux efforts afin de ramasser la somme de 10 000 dollars pour des implants mammaires avec le plan de s'envoyer Justin. Cameron se mettait en position de levrette. Justin s'installait derrière elle. Son truc sexuellement, c'était le tantra tout habillé. Ils mimaient donc l'acte. Cameron s'ennuyait profondément et Justin mouillait son caleçon ou son slip.

Cameron ne palpe pas davantage de formes rondes dans Bad Teacher que ce ballon de basket

Entre premiers émois sexuels, pulsions adolescentes, idéologies douteuses, alarmistes et ridicules, souvenirs du collège, souvenirs cinématographiques, temps passé sur le net et vœux personnels pour l'avenir, Bad Teacher rappelle que j'ai eu une adolescence merdique et que je n'ai pas emmerdé mes profs et mes camarades pour autant avec les problèmes familiaux. J'ai été digne. J'ai fait une dépression à la place. Où est donc passée l'époque où j'aurais du me faire dégrosser dans la joie et l'irresponsabilité ? Où est donc passée cette époque où j'aurais du être heureux et connaître mes premières cuites ? Moi, je vais vous le dire. Elle n'a jamais quitté le néant duquel elle devait sortir. Du coup, j'insulte Bad Teacher de tous les sales noms d'oiseaux car, s'il avait été un bon film, je n'aurais pas repensé à tout cela.

mercredi 3 août 2011

Birthday Girl

Mardi 2 Août 2011
Hors du temps

Birthday Girl (2001) est un film de famille. Il a été écrit par Jez et Tom Butterworth. Le producteur s'appelle Steve Butterworth et le réalisateur est la première moitié du duo de scénaristes. Nadia (titre français) se concentre sur les complexes et difficultés modernes concernant la construction d'une cellule familiale traditionnelle.

Ben Chaplin interprète John Buckingham. Ce jeune anglais habite une petite ville du Royaume-Uni où il ne peut pas rencontrer toutes les filles. Il ne croit pas au conte de fées dans lesquels on tombe amoureux de la voisine. Il a un emploi de banquier et travaille tard. Il est célibataire et consomme de la pornographie. Alors qu'une collègue lui fait les yeux doux, il respecte ses hautes exigences en matière de femmes (intelligente, gentille, belle, quelqu'un à qui vraiment parler car la communication est la clé) en décidant de s'offrir une épouse par internet sur le site From Russia with Love.

John

Nicole Kidman interprète Nadia, la commande à distance de John. Cette femme russe a un caractère décidé. Elle prend le contrôle de la situation car, même "propriétaire" de Nadia, John est nerveux, engoncé et doutant. Il s'attendait à ce que sa future épouse parle l'anglais.

Quelqu'un à qui vraiment parler (une attitude appropriée et positive)

Après une période où Nadia met en confiance John en passant par une branlette et la mise en pratique des désirs pornographiques de son futur époux, le couple apprend à vivre en harmonie. Mais cette alliance est de courte durée car elle est perturbée par l'arrivée imprévue d'un couple de jeunes hommes russes.

Après la domestication, une bonne douche

Vincent Cassel joue Alexei, et, Mathieu Kassovitz interprète Yuri. Ces deux trouble-fêtes vont menacer Nadia afin qu'un John attendri effectue un braquage dans la banque où il travaille. Obligé de fuir sur les chemins de traverse anglais (délit commis oblige), John découvre que Nadia s'appelle en vérité Sofia et qu'elle est la complice de son petit ami Alexei et de son cousin Yuri.

Un couple fondé sur des intérêts communs

De divers retournements de situation viennent compliquer les prises de décision de John, Sofia, Alexei et Yuri. Chacun a toujours son mot à rajouter pour s'emparer de l'argent et le conserver. John, n'ayant plus rien à perdre, joue ses cartes à fond en espérant se venger au passage. Sofia a de nouveaux objectifs contrevenant aux intérêts du business fleurissant des criminels russes. Quant à Alexei et Yuri, ils se focalisent sur une sortie du pays. Concernant le magot qu'ils ont récolté, ils sont hors de tout soupçon ; la police ne recherche que John.

La vie, c'est mieux à deux, sauf en Grande-Bretagne où la vie est meilleure ailleurs.

Les frères Butterworth utilisent deux méthodes de narration.
  • Dans une facture subjectiviste, la présentation de la situation de départ du film est présenté par le narrateur John. Il emploie un ton détaché pour s'expliquer directement au public. Plus tard, après le braquage, les interviews télévisées agrémentent de nouvelles le spectateur sur les enjeux variants du récit.
  • Dans une facture objective, un traitement descriptif et explicatif justifie les travers des protagonistes principaux. L'empathie est construite sur une amélioration des conditions respectives de John et Sofia.
Birthday Girl / Nadia offre un spectacle divertissant, touchant et amusant sur une bande d'individus maladroits dont le spectateur peut estimer tous les enjeux et obstacles avec clarté.
 
Nicole Kidman trouve avec Nadia/Sofia l'occasion de composer un personnage ferme qui ne s'émeut point en grand trouble. Elle assume sa direction et s'arrange au gré des contraintes au mieux de ce qu'elle peut négocier. Loin des rôles qui récoltent les prix saisonniers du début d'année, la composition remarquable d'une criminelle misant sur l'abus de confiance et le chantage (par une ravissante Nicole avant Botox) évite l'exagération et les stéréotypes sur la construction d'une personnalité à la moralité douteuse. L'interprétation de Sofia laisse place à la croyance en un affairisme calculé (elle limite le mal provoqué) et à une rédemption possible pour Sofia ; elle a des intérêts variés et évoluant.

Nadia / Sofia

Le thème du film sur l'exploitation de la faible estime de soi, de la misère affective et sexuelle (causée par une timidité maladive ? poussée par des fantasmes difficiles à partager ? due à un fort goût de l'exotisme ? ayant pour racine la peur de la critique de la sexualité, de la relation et de la femme choisies ? par refus d'intégration à un certain milieu envers lequel la critique est trop exacerbée ? n'ayant aucune foi en l'amour ? préférant fonder une relation homme-femme sur l'argent ? ---> le tout ?) trouve une solution dans le renversement du modèle de la famille traditionnelle et patriarcale (c'est une mode à étudier). La prise en charge du couple n'est pas assurée par l'homme. La volonté de John d'échapper à une vie morose se retourne contre celui qui s'entretenait dans une solitude morbide et une volonté de dominer les échanges. Les moyens employés ne servent pas les buts de John. Son personnage passe par une évolution minime. John mise sur la confiance de Sofia en elle-même plutôt que sur un renforcement de la sienne. Il y gagne ce qu'il lui manquait mais le prix n'est pas celui qu'il espérait payer.

Birthday Girl offre un ton de comédie mordant afin de mettre en évidence le coût de la composition d'un couple indépendant des critères conformistes. Nadia inverse la charge émotionnelle de certains moments qui sont pénibles dans la vie (disputes et bagarres conjugales, abus de confiance, braquage de banque, impunité). L'interprétation des personnages est ajusté à cet humour noir. Le rythme est rapide et soutient une action intéressante jusqu'à la conclusion du récit. Ce film est réussi.


-SPOILER ALERT- 

Dans la série "prise de contrôle" : elle le ramène en Russie.

-FIN SPOILER ALERT-



Post Scriptum : 

Un état approprié pour eux deux