La sélection de Donc Acte !

Donc Acte ! ne suit pas l'actualité cinéma à la loupe. Donc Acte !, qui s'est intitulé Le cinéphobe pendant une courte période, n'a pas pour passe-temps de visionner des pelloches de cinoche. Donc Acte ! ne va pas souvent voir une œuvre en salles. L'envie est rare. Le plaisir est d'autant plus intense lorsque je suis satisfait par une rencontre du 7ème art. Certains films m'inspirent des réflexions ; c'est ce que je souhaite partager. Je ne propose pas de thèses et il m'arrive de gâcher les histoires en racontant la fin. Vu que je ne mets pas ce qui a été fait de l'invention des frères Lumière sur un piédestal et que je suis des fois moqueur, Donc Acte ! peut ne pas plaire.

vendredi 27 avril 2012

Intouchables

Intouchables, de Toledano et Nakache, France, 2011.

Puisqu'il faut avoir une opinion sur un succès phénoménal, j'ai regardé le film. Depuis, j'ai un avis personnel. Je me suis donc ennuyé du début jusqu'à la fin. Je n'ai jamais accroché à l'intrigue et je n'ai pas été séduit par l'humour et les personnages. J'ai ri une fois et je crois avoir compris pourquoi beaucoup de monde a aimé. Intouchables, c'est l'histoire de 2 personnes qui s'entraident alors qu'elles n'ont aucun point commun et qui ne finissent pas l'histoire en aimant ce que l'autre aime. Le double message de la pelloche est "viens-là que je règle tes affaires de cœur et tu peux garder tes goûts de merde pour toi".

Que signifie le succès du film auprès des français, des allemands, des québecois, des italiens et d'autres ? Ont-ils du mal à gérer leurs affaires sentimentales sans l'aide d'un black (voire d'un tiers) ? Se sentent-ils comme de riches handicapés sur le sujet ? Une chose est sûre : ils n'ont aucune envie de s'intéresser aux goûts d'autrui (à part pour se vanner).

samedi 21 avril 2012

Fog

Fog, John Carpenter, 1980,USA.

La première fois où j'ai vu la jaquette de la VHS de Fog, c'était dans la présentation de la collection de minuit TF1 vidéo sur la K7 de Hurlements. La seconde fois où je l'ai vu était lors de la présentation de la collection de minuit TF1 vidéo sur la K7 de Flash Gordon. Il y eut un nombre incalculable de fois où j'ai vu la jaquette de Fog lors de présentation de la collection de minuit TF1 vidéo surtout que New York 1997 fait partie de cette collection tombée dans l'oubli (je n'ai même pas trouvé un listing sur internet : New York 1997, Fog, Orca, King Kong, Hurlements, Flash Gordon). Il y eut également de nombreuses fois où j'ai espéré mettre la main sur la jaquette, la boîte et la copie VHS de Fog mais mes sorties en magasin étaient toutes décevantes. C'était avant l'internet et je n'étais pas un visiteur assidu de vidéoclubs (je préférais la possession à la location : je peux dire que je suis un collectionneur). J'ai même fait connaissance avec Fog par le biais d'un best-of regroupant les meilleurs morceaux de musique de Carpenter. La énième fois où j'ai vu la jaquette de la VHS de Fog était sur une des étagères de ma VHS-Dvdthèque personnelle.

Je l'ai trouvé par hasard en me baladant entre le cimetière Montmartre et la place Clichy (j'allais souvent au cinéma le Pathé Wepler dans la première moitié des années 1990 ... avant qu'il ne devienne un multiplexe désincarné dont l'identité propre n'est représenté plus que par le nom de cinoche). LA K7 de Fog était donc soigneusement rangée sur une étagère dans une vitrine d'un magasin d'électronique de la galerie essentiellement occupée par les franchises Flunch et Castorama dans un coin de la place Clichy.

Le vendeur était surpris. On ne lui avait jamais demandé d'acheter une des cassettes vidéos qui servaient en fait de décoration dans la vitrine. L'entrée du magasin était à l'intérieur de la galerie et la vitrine donnait sur l'extérieur. Il y avait 4 étagères, 5 vidéos sur chacune. Il y avait une plaque en métal souple entre la vitrine et le comptoir du magasin. De l'intérieur, on ne suspectait pas la présence d'étagères et on ne voyait pas les K7. La plaque était attachée des deux côtés de la vitrine. Après avoir détaché d'un côté quelques cordons et en tirant dessus, une petite ouverture permettait difficilement d'atteindre la K7 de Fog, rareté d'alors d'entre toutes les raretés sur le marché de la VHS. Moi, j'étais dehors sur le qui-vive afin d'indiquer, tel que le jeune homme me l'avait demandé, quelle cassette je cherchais à acheter. Après une ou deux tentatives infructueuses, le vendeur, ce jeune homme sympathique et plein d'entrain avec lequel je n'ai échangé aucune autre information, m'avait demandé de revenir dans la semaine.

Contraint par les événements, j'avais agréé. Il m'avait promis de trouver une solution pour amener cette copie à portée de main de mortels et de la mettre de côté pour moi. Était-ce pour tester ma détermination ?, me demanderez-vous peut-être. Et bien non. Lorsque je suis revenu, le jeune homme était muni d'un manche à balais et il a utilisé ce bâton pour faire tomber la cassette sur l'étagère et la tirer vers lui. Moi, j'étais toujours dehors pour diriger la manœuvre. Je l'ai acheté pas cher : 100 francs. Et voilà comment je suis enfin entré en possession de ma première copie de Fog. Évidemment, je l'ai visionné dès que je suis rentré chez ma maman.



A l'époque, pour moi, TF1 video représentait le diable, le lavage de cerveau et la débilisation de l'humanité des français. J'étais peut-être prétentieux ou un peu trop sûr de moi jusqu'à ce que le grand dirigeant de la chaîne (Patrick Le Lay) l'admette publiquement. J'ai donc effacé la marque de cet empire médiatique de la jaquette de Fog afin que les 2 ne soient pas associés l'un à l'autre. D'ailleurs, l'éditeur avait pan&scané l’œuvre de John Carpenter. Les bords de son magnifique scope étaient rognés et l'image était étirée pour être conforme au format 4/3 sans bandes noires.

Mais je dois avouer quelque chose : même si le Pan&Scan est une horreur de procédé qui défigure les œuvres des cinéastes et créateurs (je déteste et désapprouve ce procédé), une chose a joué en sa faveur dans mon histoire avec le cinéma et le Pan&scan. Une toute petite. Une seule. J'espère qu'on me la pardonnera de la mentionner. Cela se déroule lorsque l'un des marins se fait tuer au tout début du film. Il remarque que tous les instruments de bord sont cassés et fixe la brume depuis la cabine de navigation :
  • en Pan&Scan on ne voit pas le fantôme s'approcher de lui, ce qui renforce l'effet de surprise (car on se doute bien qu'il ne s'agit pas d'un de ses potes) : l'apparition suffit à faire sursauter
  • alors que, sur l'édition DVD, en vrai format respectueux de l'original, on voit le fantôme ouvrir la porte de la cabine et s'approcher lentement vers sa proie (le meurtre est donc prévisible alors qu'il était surprenant). 
Je déteste l'avouer mais, en terme de tension, le marin a bien l'air stupide ou trop concentré sur le brouillard car il se laisse avoir très naïvement. Le sursaut produit par la déformation Pan&scan ne fonctionne pas en cinémascope original. C'est dommage. C'est l'une des raisons qui m'ont fait apprécier en première vision Fog.

Mais, heureusement, le DVD a rectifié tout le reste : le format scope qui a une grande importance pour rendre efficace l'ambiance délétère et catastrophiste du film.

Assaut

Et Dieu inventa la violence

Assaut, John Carpenter, 1976, USA.

Assaut est un des films les plus violents qui soit. Une fillette se fait tuer. Un commissariat est pris d'assaut. Tout le voisinage ne s'intéresse pas suffisamment à ce qui se passe pour localiser les coups de feu liés au siège. Les policiers en patrouille ne vérifie pas la rue dans lequel les événements ont lieu ; l'un d'eux s'exprime franchement avec un "pourquoi faire ?" lapidaire. Un policier doit faire équipe avec des criminels dont un tueur chevronné. Tout ce qu'ils peuvent espérer de cette nuit de cauchemar dans un quartier abandonné aux criminels est de gagner du temps avant leur mise à mort par un gang qui souhaite satisfaire sa soif de sang et de vengeance.

John Carpenter a utilisé un petit budget (estimé à 150 000 $) et une équipe solidaire (qui se retrouve par la suite sur plusieurs de ses œuvres : Debra Hill, Tommy Lee Wallace, Darwin Joston, Nancy Loomis, Charles Cyphers) pour mettre en scène un film d'exploitation situé quelque part entre Rio Bravo (Howard Kawks, 1959), La nuit des morts-vivants (George Romero, 1968) et le cinéma d'exploitation des années 1970. John Carpenter a souhaité qu'Assaut soit un film choc, un film d'action tout en lenteur et langueur dont l'ensemble se déroule sur une nuit. Ainsi la violence profite d'un effet sournois qui décuple son efficacité. Les protagonistes sont dans une situation inextricable et utilisent intelligemment la durée du long-métrage pour trouver des solutions et repousser leurs effrayantes mises à mort car ils comptent principalement sur des intervenants extérieurs pour les sortir d'affaire. Souhaitant attirer l'attention sur Assaut, John Carpenter décrit donc une nuit de cauchemar (il est doué pour cela : Halloween en 1978, The Fog en 1980, Escape from New York en 1981, Prince of Darkness en 1987, Escape from Los Angeles en 1996) sur fonds de crimes urbains, modernes et proches de faits divers. Il a tellement densifié son action qu'aux États-Unis, le film est passé inaperçu et que les critiques étaient mauvaises car la vision du cinéaste culte a été jugée trop déformée.

Une affiche d'exploitation pour la sortie US d'Assaut (pas de critique sociale à voir ici)

L’Europe a découvert John Carpenter et son cinéma, en commençant par la Grande-Bretagne qui a crié au talent et au succès dès la première projection d'Assaut (peut-être grâce à la vue sans concession du cinéaste sur le monde ; ce que John Carpenter dément, il voulait juste faire un film d'action efficace, Assaut n'est donc en rien une critique sociale ... mais, peut-être, les européens, on sait à quel point les britanniques ont besoin d'air, d'intensité et de nouveauté LOL, ont-ils juste envie de se donner bonne conscience en matant POUR LE PLAISIR un film qui utilise des ficelles compassionnelles intenses (la mort de la petite fille) qu'eux-mêmes n'exploitent pas, ou peut-être que ce sont les français qui ont besoin d'excuse "sociale" pour apprécier un plaisir coupable car il faut le reconnaître : aucun commissariat n'a été pris d'assaut aux Statès depuis le fort Alamo ... c'est une longue parenthèse).

Ce que j'adore dans Assaut, c'est sa simplicité. Il n'y a pas beaucoup de scènes d'action. John Carpenter a écrit un intéressant jeu de mise en tension entre moments d’accalmies et moments de turbulences. La plupart d'entre eux sont bien arrangés ; tel le moment de l'ouverture de la boîte contenant les fusils. D'autres ne tiennent que sur un fil (mais passent tout de même) ; tels l'attaque finale dans le sous-sol -le panneau tient debout sans trop de difficultés et des membres du gang tombent facilement- et les tirs ennemis manquant Bishop quand il vérifie le mal qui a fait tomber le capitaine abattu devant le commissariat). Les moments d'action sont d'ailleurs les plus tangents d'Assaut. Le cinéaste américain a surtout misé sur une longue et lente mise en place qui mène plusieurs individus (bons et méchants) au commissariat, ainsi que sur les instants de regroupement pour encourager la sympathie du spectateur envers des personnages qu'il veut voir vivre (Napoléon Wilson n'est-il pas l'empereur des cons qui a pris trop au sérieux la parole d'un pasteur quand il était jeune ?) et des trajectoires croisées pleines du sens de l'affairiste avisé qui connait bien le public des salles de films d'exploitation (un policier afro-américain, un père ayant perdu son enfant, un criminel notoire à la personnalité égarée et une femme forte font face à une bande de tueurs multi-ethniques -aspect qui, parce qu'on ne peut pas s'y arrêter, fait ressortir sa détermination à tuer et sa propension à incarner le mal à l'état pur-).


Post-scriptum

A l'époque où j'ai découvert Assaut, j'étais déjà tout conquis à la cause de John Carpenter. Je recherchais tous ses films pour pouvoir les voir. C'était un temps où il était plus difficile de trouver une copie d'un film (fin des années 1980 et début des années 1990). J'étais adolescent. Les VHS étaient tirées en nombre limité. Je n'étais pas fan des vidéoclubs. Je souhaitais posséder les copies des films pour les visionner à volonté (et je suis possessif de tempérament). Il n'y avait pas d'internet, pas de chaînes câblées à la télé, pas de diffusion en primetime sur les 6 chaînes hertzienne : Les aventures de Jack Burton dans les griffes du mandarin et La nuit des masques sont les 2 seuls films à ma connaissance qui sont passés sur les chaînes publiques (case horaire : 23 heures) avant que la VHS ne soit rangée définitivement dans les cartons et les valises à la cave ou au grenier. Au mieux, je ne pouvais compter que sur Canal + et je ne pouvais qu'espérer trouver une copie VHS en magasin (j'écrirais un ou deux messages sur le sujet prochainement). Trouver une copie VHS d'un film de John Carpenter était donc comme la découverte d'un trésor et constituait un bien précieux. A l'heure où tout se trouve en quelques clicks et où tout se revend aussi facilement, ce que je vais écrire semble échevelé : même une copie ou une diffusion d'un film de Carpenter en Pan&Scan, (c'est-à-dire : bords rognés et image modifiée pour coller au 4/3 des écrans télé de l'époque) constituait un sésame (voir le prochain post sur Fog) et un délicieux instant de cinéma (même si la durée du film a été ramenée de 1h 28 à 1h 20).

Dead Zone

Ce message aurait pu suivre celui d'Assaut

Dead Zone, David Cronenberg, 1983, USA.

Je n'écris pas une critique de Dead Zone dans ce message. Je retranscris une impression née à la suite des visions consécutives d'Assaut et de Dead Zone. Les événements dépeints dans Assaut de John Carpenter se déroulent en continuité sur une fin de journée et une nuit alors que le récit de Dead Zone occupe plusieurs années de la vie de son protagoniste principal Johnny Smith.

J'ai peut-être développé une préférence pour les récits se déroulant dans un temps serré car Dead Zone m'a semblé accumulé les informations de façon très compacte et sans réel développement (au mieux en filigrane). Tout le récit semble n'avoir été construit que pour informer des événements importants en accumulant le moins de scènes possibles. Ce qui jure avec Assaut dont la construction est opposée ; on pourrait résumer la pelloche de Carpenter ainsi : une scène = une information. Dead Zone a donc filé à toute allure pour moi. J'avoue connaître Dead Zone par cœur. C'est mon préféré de Cronenberg et je n'en compte pas beaucoup dans mon cœur (A history of violence) mais, cette fois-ci, l’œuvre était à peine commencée que le générique commençait à défiler sous mes yeux (quelques scènes sortent du lot).

Je vais donc arrêter d'enchaîner les films qui ont des continuums espace-temps différents. Après ou avant Assaut, la prochaine fois, Fog, Le prince des ténèbres ou Zoulou (Cy Endfield, 1963) remplaceront Dead Zone : les 3 films cités sont des huis-clos sur une brève durée. Après tout, l'envie de les revoir s'est réveillée à la vision du premier long-métrage professionnel de John Carpenter. Pas sûr que je les aurais autant apprécier ce soir-là que je veux bien le croire ... peut-être vaut-il mieux que je ne regarde pas d'autres pelloches avant qu'Assaut n'ait fini de faire son effet de divertissement plaisant et réussi sur moi. Il reste à découvrir combien de temps ce sentiment va durer : 1 jour, 1 semaine, ...

Dead Zone a, je crois, un oubli narratif important. Lorsque Johnny Smith découvre le futur de Craig Stilson, il décide d'adopter des moyens radicaux pour empêcher le politicien de se conformer à son avenir. Il aurait néanmoins pu appeler à l'aide Roger Stuart, le richissime père de Chris, afin qu'il retire son appui politique et financier. Ce dernier jugeant Stilson dangereux, suite à l'épisode du lac gelé, l'aurait écouté (tout au moins). Ce bond décisionnel de Smith apparait donc comme incohérent vis-à-vis de sa personnalité et des possibilités qui s'offrent à lui. Il est étonnant que son médecin, connaissant l'étendue des pouvoirs de son patient Johnny Smith, ne se doute de peu (voire rien) lorsque Smith entretient une discussion sur l'assassinat d'Hitler avec lui.

De plus, Smith ne teste pas le champ complet de son pouvoir.


P.S. : Si j'ai regardé Dead Zone à la suite d'Assaut, c'est que j'ai enfin trouvé deux éditions DVD qui valent la peine d'être achetées et conservées (édition française Metropolitan pour Assaut et édition allemande Film Confect pour Dead Zone).

mercredi 18 avril 2012

La sélection du mercredi 18 avril 2012

Bob Loblaw

Nouveau départ (2011), alias We bought a zoo sans make-up français, est une propagande négationniste du deuil d'une épouse par un mari qui s'achète un zoo et qui drague Scarlett Johansson : cette daube sonne faux du début à la fin. J'ai déjà vu et chroniqué la bête à l'occasion de sa sortie en DVD zone 1 : LIEN ICI.

A chaque fois qu'un film dans lequel figure un zoo sort en salles, j'ai envie d'aller faire un tour au zoo plutôt qu'en salles. Autant donc inciter du monde à aller voir d'autres sympathiques bestioles qui ouvrent la bouche pour montrer toutes leurs dents ; de plus, davantage de sens sont sollicités, tel l'odorat pour les diverses odeurs de nourriture, d’excréments et de sueurs animales, tel le toucher pour les barreaux et les grillages électrifiés, tel le goût pour narguer les singes en mangeant des bananes et les serpents en gobant des souris vivantes, et telle la véritable tristesse en ne voyant pas le panda sortir de sa cachette.


4 minutes et quelques du début de Lock Out (2012) sont présentées en avant-première sur Allociné : parce que Guy Pearce a des répliques plutôt cools quand il se fait taper dessus, je n'ai pas envie d'en savoir plus. Le protagoniste va tout surmonter sans même suer une goutte. Où est le problème dans Lock Out ? Il n'y en a pas. C'est bien ça le problème. Un personnage principal increvable dans un film d'action est par essence un personnage super-chiant : il tue le suspense à lui tout seul.

samedi 14 avril 2012

Tout est pardonné

Tout ou presque tout, puisque certaines surprises font rire plutôt que pleurer

Tout est pardonné, Mia Hansen-Løve, 2007, France.

Tout est pardonné est le premier long-métrage d'une ancienne critique de Les cahiers du cinéma, de Mia Hansen-Løve qui a donc construit son récit de façon très schématique. Le film est divisé en 3 parties. Les 2 premières se concentrent sur la présentation et la dépression de l'homme dans le couple. C'est grâce à ces surprises et à un traitement raisonnable de ce détachement, vu que le début ne promet qu'une anodine histoire d'un couple en appartement, que Tout est pardonné gagne en densité au fur et à mesure des 50 premières minutes.

Les parties 1 et 2 présentent donc un type mystérieux, un de ces sombres individus aux yeux clairs qui a tout l'air d'être torturé de l'intérieur (un beau gosse qui affiche continuellement un air mesquin et moqueur), qui a vu tout ce qu'un écorché vif a vu (son visage est marqué par le creux de ses joues, sa peau est légèrement fripée, ses cheveux sont décoiffés et ses lèvres sont pulpeuses) et qui fait rêver tomber les femmes en pâmoison parce qu'il a grand besoin d'amour (et de 2 mains pleines qui couvrent ses 2 joues creuses). Victor est un de ces types qui m'a fait penser immédiatement à un gus à la dèche qui suce pour avoir une dose de crack. Je dois avouer quelque chose : j'habite un quartier difficile classé ZEP avec utilisateurs de crack, dealers, prostituées, 2 gangs, des clandestins, des fréquentes descentes de police, des bagarres, des cris et des coups de feu dans la nuit ... donc mes références sont quelque peu particulières. Quand je vois un individu avec une bouche en cul de poule et des yeux azurs, moi, je pense "voilà un camé qui suce." C'est le territoire qui veut ça. Et je suis désolé de vous offrir un bout de ma pensée au passage.

J'avais repéré le drogué à sa gueule à 10 kilomètres à la ronde ...

Cet élément dérangeant est devenu certain pendant la vision du début de Tout est pardonné car le protagoniste Victor est bien un usurpateur de vie. Il se drogue et, en plus, est infidèle. Pas blasé pour un sou, j'avais donc raison. J'avais suivi ce petit classique des mésententes sur fond de drogue dans le cadre d'un couple austro-parisien-bobo-branché dont l'épouse éprouve toute la compassion et le désespoir du monde pour le père torturé et pique-assiette de son enfant Pamela. Et 50 minutes excellentes de film passent ...


... et j'avais raison


... Et la partie 3 arrive. Beaucoup moins réussie que les précédentes : la faute à allouer à un scénario qui use d'un fumeux coup de théâtre et à une jeune actrice pourtant prometteuse (disons plutôt que j'aimerais la voir réussir tellement Constance Rousseau est mignonne, à voir dans Un monde sans femmes, Guillaume Brac, 2011) qui, dans Tout est pardonné, a pour tout atout d'actrice de rouler des yeux à chaque moment de doute ou d'émotion.

La conclusion gâche totalement ce long-métrage. Je vous la décris. C'est poilant à souhait.

Une dizaine d'années après la séparation de ses parents, Pamela se renseigne sur le sort de son père qu'elle n'a pas vu depuis autant d'années. Sa tante, si je me souviens bien, l'informe que Victor est sorti de désintoxication et qu'il a repris une vie normale. Retrouvailles en petite forme et départ en vacances plus tard, Pamela entretient une relation épistolaire avec Victor. Le montage alterné et une musique douce jouée à la guitare acoustique soulignent que ces instants d'écriture et de lecture des lettres sont une source de bonheur pour les 2 apparentés qui se retrouvent dans une joie toute retenue mais sincère. Vous voyez le topo. Tout le monde est aux anges. Et Pan ! Coup de théâtre ! Inattendu ! Pas d'amorce ! Pamela lit une des lettres de son père et ... sur un cut sans pitié, Pamela se recueille devant le cercueil de son papa. Et je rigole. Et je ne saurai jamais ni pourquoi ni comment ni qui de quoi. Je n'ai même pas pu recoller les morceaux après coup. Rien n'est expliqué par la suite. A noter : Pamela a pardonné à son pater.


Une mort inattendue !

Je dirais même plus : "Une mort surprenante !"

Tout est pardonné est intéressant pendant la description de près d'une heure d'un couple dont l'homme suit une pente descendante et est trucidé sur sa fin par son auteur. C'est dommage. Le drame était présenté en délicatesse et se conclue sur un gros tour de passe-passe de conteur de dernière zone. C'est sûr, la mort peut parfois surprendre : surtout l'annonce de la nouvelle. Ça ne fait pas d'une telle annonce la productrice d'un effet plus interpellant que cela. Ça ne produit pas de peine ni de chagrin. Juste une grosse coupure, une suite de questions sur les raisons de l'événement ... et un énorme rire concernant le procédé technique cinématographique.

vendredi 13 avril 2012

La sélection du mercredi 11 avril 2012

Prudence prudence ... prudence est un mot qu'il vaut mieux dire 2 fois


La bande-annonce et la promotion mettant en valeur Radiostars (2012) importent peu et apparaissent comme un parfait exemple de cette actuelle société de loisirs et de plaisirs qui se repose sur des lauriers concoctés avec le sens de la camaraderie. Surtout que Première estime que le film est "La comédie générationnelle que l'on attendait depuis longtemps. Attention : ondes de choc." Vu que les protagonistes sont une bande d'idiots qui dit des conneries le matin à la radio, qui s'interroge sérieusement sur le genre de l'un de leurs collègues, qui se vanne sur la possibilité de l'évolution en prostituée de la sœur de l'un d'eux, qui joue au golf à flanc de montagne, qui pousse des petits cris aigus de joie pour un rien en sautant sur-place comme des débiles, qui porte des maillots de foot et dont l'un des membres est incarné par un Manu Payet toujours aussi peu convaincant dans un rôle de type affreusement vulgaire, je me dis que j'ai bien raison de ne pas lire ce magazine de promotion cinéma qui vendrait un film de vacances de la rédaction pour un chef d’œuvre pour peu que l'un d'eux se soit pris une baffe en draguant une femme.



La bande-annonce de A pas de loup (2011) présente l'évasion d'une petite fille du carcan familial (probablement insoutenable et représenté par le siège-arrière d'une voiture) pour vivre une aventure merveilleuse en construisant un barrage, en regardant un cerf et en s'asseyant à côté d'un chien. Ils doivent être de nature très introspective dans la famille Ringer (le père réalise, la fille joue) ou alors le père doit d'habitude garder sa fille enfermée dans une cave.








La bande-annonce de Blanche-neige (2012) présente une version comédie musicale légère d'un conte sombre des frères Grimm. Pas de bol pour Tarsem Singh le réalisateur de cette apparente resucée de Disney, soit je n'ai pas aimé le film (The Cell, 2000), soit je n'en avais pas entendu parler (...), soit ça sentait le nanard (Les immortels, 2011), soit une autre adaptation de Blanche-neige avec Charlize Theron allait sortir dans l'été qui suit.













"Y a-t-il une histoire dans Battleship (2012) ?"




Post-scriptum : Twixt (2011) est un très intéressant thriller psychologique dans lequel Francis Ford Coppola règle un sentiment refoulé de culpabilité. Le lien vers mon message ici, le lien vers la bande-annonce là.

mercredi 11 avril 2012

Twixt

Un bol d'air frais

Le texte qui suit dévoile des moments clés de l'intrigue. Ne pas lire avant d'avoir vu le film si vous estimez que cela gâcherait votre plaisir.

Twixt, Francis Ford Coppola, 2011, USA.

Francis Ford Coppola offre avec Twixt un exorcisme de ses propres démons. Alors qu'il voulait tourner un film comprenant une jeune femme se disant vampire, des enfants sortant de leurs tombes et Edgar Allan Poe, un sentiment de culpabilité a ressurgi pendant l'écriture du scénario. Son fils Gian-Carlo est mort en 1986 d'un accident de hors-bord et, à l'époque, Francis n'a pas affronté ce sentiment de responsabilité (il n'a pas accompagné son fils faire du bateau ce jour-là) qui a donc pesé sur sa conscience pendant 25 ans. Allié à la volonté de terminer sa carrière en réalisant des films d'étudiants (interview donnée au Figaro, avril 2012), Francis Ford Coppola livre un Twixt cathartique très personnel à petit budget dont les clés sont présentées sous forme de puzzle.

Val Kilmer incarne Hall Baltimore alias Francis Ford Coppola

Hall Baltimore, écrivain méconnu (incarné par Val Kilmer, lui-même revenant sur les écrans tel le sentiment de culpabilité de Coppola), effectue un travail de promotion de son dernier ouvrage sur les sorcières. Il arrive dans une petite bourgade américaine, un endroit où l'ordre ne règne pas, un refuge pour vagabonds, adolescents fugueurs et autres cultes diaboliques. C'est alors que Hall Baltimore se retrouve tout aussi bien plongé dans ses rêves que dans un espace où le temps est différent selon le point de vue (voir le clocher-horloge de l'endroit) à la recherche de l'identité d'un meurtrier qui a plongé un pieu dans le cœur d'une jeune femme. Guidé par son modèle Edgar Allan Poe, pressé par la sortie des enfants de leur tombe (un secret enfoui refait surface) et vampirisé par une double-présence de 2 jeunes femmes décédées (la fille de l'écrivain est morte dans un accident de hors-bord), l'enquête vire à la catharsis personnelle.

Par le biais de ses problèmes d'auteur en manque d'inspiration, Hall Baltimore replonge dans le passé. Il est guidé par Edgar Allan Poe, auteur du Le Corbeau, un poème sur la perte de l'être aimée et sur un chagrin mélancolique se concluant par la mort. Ressurgit l'accident qui a conduit au décès de son enfant. Ce dernier s'impose à sa conscience en exigeant une résolution (les enfants sortant de la tombe et le cadavre de la jeune femme).

Là où d'autres seraient davantage marqués par la figure du fantôme ou du zombie, le vampire représente dans Twixt le sentiment de culpabilité. Dans l'histoire de crime, le vampire est la treizième enfant, celle qui s'est échappée du massacre des douze enfants qui ressortent de leur tombe pour interroger la conscience de Hall Baltimore. Cette vampire, la victime et la fille de l'écrivain, existe hors du temps. Le vampire vit éternellement. Comme les douze enfants représentent les douze heures de l'horloge et le retour du temps qui passe s'imposant à Hall Baltimore, le vampire est la treizième heure, celle qui n'est pas affichée sur aucune horloge mais qui hante son mécanisme et dérègle complètement le temps et sa perception. Francis Ford Coppola avait enterré dans sa mémoire l'incident menant au décès de son enfant. A un niveau inférieur de la conscience, le sentiment de culpabilité maintient "en vie" le mort, retenu prisonnier en l'écrivain par l'entretien de remords hasardeux. Douze enfants, douze heures, douze morts, c'est bien le temps chronométré qui est assassiné par la mélancolie et la rage de l'auteur.

En rêve, la victime du meurtre se présente elle-même à Hall Baltimore en tant que vampire. Telle le souvenir de sa fille et l'irrésolu entourant sa mort, elle est supposée sucer son sang, sa vie et son talent d'écrivain. Sa ressemblance avec son enfant permet d'établir le lien avec sa consommation d'alcool qui ruine sa force créatrice. Cette jeune femme tuée d'un pieu dans le cœur est la victime du représentant de l'ordre, d'un ordre qui s'acharne à maintenir l'ordre par la violence (un enfant doit "normalement" survivre à ses parents), au point de tuer (de refouler le souvenir) le raccord au temps qui passe et d'apporter la résolution au sentiment de culpabilité qui ronge l'écrivain. Comme il n'aurait pas fallu que cette fille meurt (le fils de Coppola), pour maintenir en vie le sentiment de sa présence (en rêves), pour l'empêcher de passer de l'autre côté du fleuve et de rejoindre Flamingo alias la mort (en traversant le Styx ?), cette jeune femme est assassinée. Or il est bien connu qu'il faut laisser les morts partir. Et Twixt a peut-être permis à Francis Ford Coppola de le faire par ce moyen détourné qu'est la narration.

vendredi 6 avril 2012

Armadillo

In Armadillo veritas

Armadillo, Janus Metz Pedersen, 2010, Danemark.


En 2009, Janus Metz Pedersen a suivi pendant 6 mois une unité de soldats danois. Ces jeunes hommes étaient stationnés en Afghanistan à quelques kilomètres de troupes Talibans positionnées au nord du pays. La mission de toute unité anglaise ou danoise détachée à la base Armadillo : repousser les combats vers le nord.

Dans son documentaire, Janus Metz Pedersen montre la routine de vie des soldats danois à Armadillo, les états d'esprit d'une poignée d'entre eux, leurs sorties au combat et leurs relations entre eux et aux afghans. La caméra est évidemment portée sur épaule. Elle n'arrive pas à tout saisir mais cette perception réduite est propre à l'individu (au combat ou non) et retranscrit parfaitement le "présent vécu" des combattants lors des sorties.

Aparté comique : la courageuse réalité d'une telle entreprise de mise en scène m'a fait pensé à celle d'artistes ayant tourné des films de guerre : tel Stanley Kubrik et Francis Ford Coppola. Loin de moi l'idée d'opposer Armadillo à Apocalypse Now, à Full Metal Jacket et à Les douze salopards de Robert Aldrich que j'adore ... mais je me suis posé l'amusante question : comment mettre en place ses travellings sur rail (et/ou autres procédés techniques concourant à la mise en place d'un propos artistique sur la guerre) avec une partie des "acteurs" qui fusillerait le metteur en scène et l'équipe de tournage à vue ?


Et Janus Metz Pedersen filma la guerre

L'état des lieux présenté sur la guerre en Afghanistan montre clairement que ce conflit contre les talibans, des individus qui ne sont pas soldats, qui sont des pauvres avec des armes, s'inscrit dans un contexte difficile à contrôler. Les victimes de la guerre sont blessées ou tuées par des mines ou durant des embuscades pendant lesquelles les talibans sont invisibles. Au mieux, on n'aperçoit que la fumée de leurs fusils. Les civils ne parlent pas et ont du mal à comprendre l'affrontement. Les négociations ressemblent à de l'achat vain d'affection. Les soldats passent leur temps comme ils peuvent lorsqu'ils ne sortent pas de la base. Certains se découragent et rentrent à la maison (à voir dans les bonus). D'autres étouffent sous une culpabilité qui n'est pas la leur et déforment les faits au point d'accuser les autres d'atrocités. 

La guerre, vue par le prisme de la psychologie du soldat, sans dégoût de la violence et rejet de la difficulté nerveuse sous cette pression, ne choque pas. Elle ne fait pas peur. Elle est humaine. La nature de l'homme le pousse à recourir à la violence lors de chocs de civilisations. Et, dans Armadillo, la guerre se vit comme un simple prolongement de la société et de l'activité de l'homme.

Loin des œuvres cinématographiques qui vilipendent ou utilisent la violence pour critiquer la guerre ou vendre un divertissement, Armadillo propose une observation proche des soldats ... sans les glorifier ... sans les abattre dans le dos (pourtant les hommes filmés se sont sentis trahis par la vision de Janus Metz Pedersen : là encore, à voir dans les bonus) et de leurs conditions de vie au plus près. J'ai adoré.

jeudi 5 avril 2012

La sélection du mercredi en mode panne d'inspiration [4 avril 2012]

La bande-annonce de Pour lui (2011) présente, sur une musique douce, enjouée et sympathique, l'histoire d'un homme condamné à mort par une maladie. Il est entouré de sa famille qui le bichonne. Le film a l'air d'être chaleureux et profondément humain ... même s'il y a fort à parier que Pour lui n'ajoute rien à ce que la bande-annonce montre.

Pour se remonter le moral, pour se sentir choyé dans une salle de cinéma, à voir en mode "cocooning" (traduire par "comme dans le ventre de sa mère") Pour lui, un film sur l'accompagnement vers la mort.

 Perso, la bande-annonce a fait l'affaire.


J'ai beau avoir regardé trois fois la bande-annonce de Sur la piste du Marsupilami, je n'ai toujours pas entrevu le début de la drôlerie du film. Jamel Debbouze a néanmoins l'air de donner la performance de sa vie ... surtout en duo avec le lama. Alain Chabat a l'air d'avoir réalisé un rêve de gosse : voir le marsupilami pour de vrai ... alors qu'elle est générée par ordinateur. J'ai l'air de me moquer comme ça mais, en fait, j'ai sauvegardé de mon enfance une peluche représentant la bestiole. Perso, ça fait l'affaire.





La bande-annonce de Aux yeux de tous présente l'histoire supposée trépidante d'un type qui reste assis ou debout devant ses écrans d'ordinateur à mater les méchants courir dans tous les sens. Il faudra donc trouver du plaisir à s'imaginer rien glander. Pas besoin d'aller au cinéma pour cela.








Le juif qui négocia avec les nazis : qui est le plus lucide du juif qui négocia avec des nazis pour sauver des juifs ou des juifs qui condamnèrent à mort un juif qui a négocié la vie de juifs avec des nazis ? Il n'est pas aisé de répondre à une question de vie ou de mort sans en savoir davantage. La bande-annonce est piège et donne vraiment envie d'en savoir plus pour en débattre. Ce documentaire de Gaylen Ross pourrait bien être la bande-annonce et le film de la semaine.

mardi 3 avril 2012

La nuit des morts-vivants

Vive la vie !

La nuit des morts-vivants, George Romero, 1968, USA.

J'ai vu ce film d'horreur lorsque j'avais 12 ans. C'était l'un des premiers films interdits au moins de 12 ans que j'ai regardé. LE tout premier était Total Recall, 1990, Paul Verhoeven (il était sorti le 17 octobre, je suis né le 31 octobre ... faites le calcul du temps pendant lequel je me suis rongé les ongles pour le voir). Je n'ai pas fait une boulimie de pelloches interdites à zieuter quand z'avez pas l'âge. J'ai été sage. La modération augmente le plaisir.

L'été suivant, en 1991, La nuit des morts-vivants ressortait au cinéma pour je ne sais plus quelle occasion (Les 20 ans depuis sa sortie en France ? La sortie du remake par Tom Savini ?). Enfin bref, on pouvait le voir au cinoche. Ma mère m'y a emmené. Elle m'a fait découvrir des cinéastes et des films à cette époque. Merci maman (à part pour Woody Allen). J'ai ainsi pu juger des méfaits de Woody Allen. J'ai eu mes premières expériences avec Akira Kurosawa (à travers Rêves, 1990), Roman Polanski (Rosemary's Baby, 1968) et John Cassavetes (Opening Night, 1977). J'ai vu sur grand écran Elephant Man de David Lynch, Apocalypse Now de Francis Ford Coppola et ...

... La nuit des morts-vivants (narrant cette histoire de morts qui se nourrissent de la chair des vivants en Pennsylvanie) qui m'a traumatisé ... probablement à vie.

J'en suis ressorti sans plus savoir qui j'étais et si ce que j'avais vu était réalité ou fiction. En tout cas, j'y ai cru à cette histoire de morts-vivants. J'y ai tellement cru que j'ai remercié probablement Dieu (je n'ai pas de religion) de retrouver le monde réel (sans zombies) à la sortie de la salle de cinéma.

Je me rappelle de ce moment comme si je le revivais en écrivant ces lignes. La lumière du jour m'avait apparu magnifique, bienfaitrice pour tout dire. Je voyais les arbres plantés sur les bords de l'avenue. Les passants se déplaçaient normalement et étaient aussi inoffensifs et malpolis qu'à l'accoutumée. Peu à peu, je retrouvais possession de mon corps. Les bruits des voitures et des klaxons sont revenus me rassurer. La réalité que je connaissais avant de rentrer dans la salle obscure existait toujours. La peur avait fini de me saisir. Le film était terminé et le film n'était qu'un film.

Heureusement, le genre horreur permet d'apprécier la vie ... qui est moins horrible qu'on pourrait le croire quand des drames familiaux surgissent (et autres complications). L'horreur permet de relativiser ses soucis et de retomber sur ses pattes.

Depuis, je fais des rêves-cauchemars avec des zombies. Et, bien que j'ai peur, je finis toujours par m'en sortir. Et je continue de regarder des films d'horreur et tout va bien.