Ne t'emballe pas trop vite
Ça me fait mal au cœur d'écrire cet article sur Take Shelter car j'ai eu le sentiment qu'il était qualitativement inférieur à ce qu'il aurait pu être. Je ne cherche pas à refaire le film (chose impossible de toute façon) mais la perte d'une demi-heure sur les 2 heures totales du métrage auraient pu lui être bénéfique. Certains éléments sont particulièrement redondants : les cauchemars de Curtis (prévoyant un désastre d'ordre naturel à venir) sont répétitifs et manquent d'originalité (du coup, mon attention est allée décroissante durant la première demi-heure), la paranoïa de la mère de Curtis (personnage principal) est présentée de façon insistante à l'approche de l'heure de film (je n'y étais plus), et les moments de travail ouvrier de Curtis semblent être montrés pour combler le temps (la première heure de Take Shelter est interminable). De fait, les troubles de Curtis (doute entre la paranoïa et la vision prémonitoire) apparaissent telle une suite d'épiphénomènes soulevant uniquement des inquiétudes du côté des finances du couple phare (Curtis et Samantha).
Dans la seconde partie, Take Shelter prend son envol durant les dernières scènes ("la sortie de l'abri" et "à la plage" : la fin est un beau régal). Cela est essentiellement dû à sa partition musicale envoutante et à l'action qui connait enfin un développement. Il faut dire que l'ennui qui s'est installé durant la première heure et demie et mon envie de ressentir enfin une émotion pour ces personnages (très sympathiques) ont bien aidé. La musique m'a agréablement rappelé les meilleures œuvres de William Friedkin et de Michael Mann ; tels ces excellents polars que sont To live and die in L.A. (1985) et Manhunter (1986), et The Insider (1999). Question influence, l'ombre de M. Night Shyamalan plane malheureusement sur Take Shelter. Le rythme est lent. Les paroles sont murmurées. On confondrait bien volontiers ce film de Jeff Nichols avec le dernier Shyamalan si on ne savait pas que celui-ci avait une imagination complètement sclérosée depuis l'an 2000 (quoique on pourrait lui attribuer Take Shelter).
Ce qu'il y a de positif dans Take Shelter tient à ce que le cinéaste Jeff Nichols met de lui-même (quelque chose de bien américain) ; il traite du mieux qu'il veuille le voir la vie de famille (douce et agréable) et le travail d'ouvrier. Ceci afin de servir son message : le film m'a paru proche des préoccupations personnelles de Jeff Nichols quant à son statut de nouveau père de famille au moment de l'écriture du scénario (il dit lui-même qu'il s'agit d'un "scénario très personnel sur le mariage"). Voilà ce que j'en ai compris : il ne faut pas crier au loup, il est bon de voir venir le danger et de préparer le pire mais il ne faut pas suer des litres au premier signe d'anormalité. L'histoire de Curtis montre que son épouse peut jouer les phares dans la nuit de son mari. Jeff peut se rassurer en sachant qu'il peut compter sur elle, que Curtis ait tort ou raison.
Take Shelter met donc tout naturellement du baume au cœur pour les plus amoureux d'entre nous. Le film fait vivre l'espoir concernant la santé à l'avenir de son couple et soulage de certaines angoisses. Évidemment, il s'agit d'un espoir à ramener en toute lucidité à la maison.
Jeff Nichols partage un manuel pour ne plus angoisser sur la santé de ses finances en se consolant par la santé sentimentale dans son mariage : il ne faut pas flipper pour les problèmes de fric, il faut continuer de travailler, les prémonitions du pire sont à traiter comme de mauvais cauchemars mais il ne faut pas écarter le danger, il faut passer du temps avec sa femme et sa fille et compter sur le soutien des siens dans les passes difficiles. En somme, Jeff Nichols se répète ses vœux de mariage sur grand écran.
Michael Shannon incarne le réveil brutal au petit matin |
Dans la seconde partie, Take Shelter prend son envol durant les dernières scènes ("la sortie de l'abri" et "à la plage" : la fin est un beau régal). Cela est essentiellement dû à sa partition musicale envoutante et à l'action qui connait enfin un développement. Il faut dire que l'ennui qui s'est installé durant la première heure et demie et mon envie de ressentir enfin une émotion pour ces personnages (très sympathiques) ont bien aidé. La musique m'a agréablement rappelé les meilleures œuvres de William Friedkin et de Michael Mann ; tels ces excellents polars que sont To live and die in L.A. (1985) et Manhunter (1986), et The Insider (1999). Question influence, l'ombre de M. Night Shyamalan plane malheureusement sur Take Shelter. Le rythme est lent. Les paroles sont murmurées. On confondrait bien volontiers ce film de Jeff Nichols avec le dernier Shyamalan si on ne savait pas que celui-ci avait une imagination complètement sclérosée depuis l'an 2000 (quoique on pourrait lui attribuer Take Shelter).
La musique adoucit les mœurs et élève l'âme |
Ce qu'il y a de positif dans Take Shelter tient à ce que le cinéaste Jeff Nichols met de lui-même (quelque chose de bien américain) ; il traite du mieux qu'il veuille le voir la vie de famille (douce et agréable) et le travail d'ouvrier. Ceci afin de servir son message : le film m'a paru proche des préoccupations personnelles de Jeff Nichols quant à son statut de nouveau père de famille au moment de l'écriture du scénario (il dit lui-même qu'il s'agit d'un "scénario très personnel sur le mariage"). Voilà ce que j'en ai compris : il ne faut pas crier au loup, il est bon de voir venir le danger et de préparer le pire mais il ne faut pas suer des litres au premier signe d'anormalité. L'histoire de Curtis montre que son épouse peut jouer les phares dans la nuit de son mari. Jeff peut se rassurer en sachant qu'il peut compter sur elle, que Curtis ait tort ou raison.
Take Shelter met donc tout naturellement du baume au cœur pour les plus amoureux d'entre nous. Le film fait vivre l'espoir concernant la santé à l'avenir de son couple et soulage de certaines angoisses. Évidemment, il s'agit d'un espoir à ramener en toute lucidité à la maison.
Jessica Chastain incarne Samantha, le phare dans la nuit de Curtis |
Jeff Nichols partage un manuel pour ne plus angoisser sur la santé de ses finances en se consolant par la santé sentimentale dans son mariage : il ne faut pas flipper pour les problèmes de fric, il faut continuer de travailler, les prémonitions du pire sont à traiter comme de mauvais cauchemars mais il ne faut pas écarter le danger, il faut passer du temps avec sa femme et sa fille et compter sur le soutien des siens dans les passes difficiles. En somme, Jeff Nichols se répète ses vœux de mariage sur grand écran.