Ce Resident Evil Retribution présente quelques interrogations en début de pelloche. Comme les autres, il s’essouffle dans le développement. Comme les autres, il n'y a rien à espérer d'autre que de la violence gratuite. Comme les autres, le final promet un gros morceau de baston épique pour l'opus suivant ...
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Milla Jovovich incarne Alice et s'amuse |
Resident Evil Retribution, Paul W.S. Anderson, 2012, Allemagne-Canada.
Que tous ceux qui recherchent contenance et crédibilité en tant que spectateur de cinéma n'aillent pas voir Resident Evil Retribution est une évidence. Que tous ceux qui sont prêts à s'enfiler des mises à mort stylisées de zombies par Milla Jovovich en tenue moulante ne se privent pas d'aller payer (pas cher) sa place de cinoche en est une autre.
Personnellement, j'ai apprécié le premier de la série. Resident Evil par Paul W.S. Anderson mélangeait qualités et défauts de sorte que ces premières prenaient le dessus. C'était il y a dix ans. Le second, Resident Evil Apocalypse par Alexander Witt, ne m'a pas encouragé à voir le troisième Resident Evil Extinction par Russell Mulcahy. Paul W.S. Anderson ayant repris les commandes, je me suis de nouveau affilié avec la série. J'ai ainsi découvert que le troisième volet est, à ce jour, le mieux construit des cinq et j'ai fait connaissance avec le tournant décisif qu'a pris la série en regardant le quatrième opus.
Ce dernier est un pur délire fantaisiste qui n'a plus aucun point commun avec l'univers concret et les Resident Evil de Capcom. Alice se promène en petit avion biplace d'Alaska en Californie, sans jamais faire le plein, et en tenant un journal vidéo de bord pendant qu'elle pilote. Elle sort ses pistolets dès que le vent la décoiffe et prend en pitié des prisonniers enfermés dans un gigantesque bâtiment carcéral construit en plein milieu d'une banlieue résidentielle de Los Angeles. a noter, une séquence à Tokyo en début de long-métrage. Pendant ce temps, les dirigeants et sicentifiques d'Umbrella Corporation continuent leurs expériences avec le virus T (et autres) même si le monde brûle dans un feu apocalyptique et qu'ils ne sauveront personne d'autre qu'eux-mêmes. Mais, je ne pourrais vraiment pas vous mieux décrire l'hérésie intéressée qui transcende au rang de mauvais goût de choix l'action, les décors, les dialogues et les personnages de cette pelloche (le quatrième de la série). Et, pourtant, ça se regarde. Il y a des choses qu'il faut voir. Oui. c'est vrai. Je ne vous mens pas. Il y a du cliché pour ceux qui n'en veulent. Vous voulez une star black de sport américain (un type bien) et un producteur hollywoodien (un sale type) parmi les survivants de la fin du monde ? Vous les avez ! Vous voulez Chris Redfield, un personnage important dans les jeux vidéos, apparaissant au quatrième épisode et qui est traité par dessus la jambe. Vous l'avez ! Et ... je me suis donc laissé tenter et charmer par cette grande déraison sans queue ni tête qui a saisi Paul W.S. Anderson pour relancer l'intérêt des Resident Evil au cinoche. Puis vint cette Rétribution qui s'affirmait comme la suite en continu de Afterlife (soit en français "Après-vie"). Je ne pouvais dire non.
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La vie de Wentworth Miller après Prison Break |
Bref, ce Resident Evil Retribution
(par Paul W.S. Anderson, mari de Milla Jovovich et père de ses enfants) a ses
qualités. La dynamique radicale des aventures d'Alice, protagoniste qui n'existe pas dans la saga de jeux vidéos, interprétée par Milla Jovovich, est la même que dans celle de l'Après-vie : Milla Jovovich, ses tenues moulantes, ses coupes de cheveux, ses galipettes en air,
ses glissades et ses courses, ses regards sérieux de femme à ne pas faire chier, son goût pour les flingues, ses armes qu'elle sort d'endroits dans lesquels seuls le Saint-Esprit et le réalisateur (Paul W.S. Anderson) ont le droit de s'immiscer, le(s) décor(s) et les costumes du film, des monstres et des personnages labellisés Resident Evil, des
soldats russes zombies à moto tirant à la mitraillette, un autre
craquant un gros sourire en éviscérant un vivant à la tronçonneuse, des
gros raccourcis et des arrangements narratifs faciles, des
morceaux de bravoure déjà vu ailleurs (une référence se repère à chaque coin de cadre), un casting de série B (Michelle Rodriguez, Wentworth Miller, Ali Larter, Oded Fehr et des top-models recyclés), pas trop de
temps mort, et, une organisation (Umbrella) si
démoniaque qu'on a envie d'en apprécier la destruction. En y réfléchissant un peu, l'air de rien, Resident Evil Retribution (et les autres RE
: jeux et pelloches) se pose contre le clonage de l'individu à des fins
de tests scientifiques, contre les armes biolo-bactériologiques, contre
l'exploitation de l'homme par l'homme, contre Umbrella Corporation et
son égoïsme tordu au mépris de la vie humaine (le même type de message pour le respect et la liberté de l'individu était déjà présent dans le
remake de Death Race par le même réalisateur anglais).
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Milla Jovovich et Paul W.S. Anderson, mari et femme (merde non, c'est l'inverse) |
Malheureusement, quelques idées ayant du mérite provoquent des regrets. La faute en revient à un sous-développement maladif. Le rythme "soutenu" de la pelloche a des conséquences tragiques sur les émotions potentielles à ressentir face aux événements. Le décor à la Truman Show est sous-exploité, de telle sorte que toutes les scènes "d'action" de la simulation de New York jusqu'à la remontée à la surface sont décevantes. Et surtout, la brillante idée de la relation entre Becky, une enfant clone qui croit qu'Alice est sa mère parce que sa "vraie mère" en était le clone, et Alice n'est pas du tout exploitée (vous ne ressentirez qu'un pincement au cœur et l'action W.S.Anderson/R.E./Hadida/Capcom reprend son rythme métronome) surtout que la majorité des scènes d'action (celles sans Milla Jovovich) sont bâclées et insuffisantes. La retranscription d'un âpre effort du combat pour sa survie en territoire ennemi est sacrifiée à l'illogisme dès qu'Alice trouve un partenaire de combat ou qu'elle est absente de l'écran (je précise que je ne suis pas gaga de Milla Jovovich ... je ne fais que décrire ce que j'ai vu en salles sur l'écran géant et en 3D).
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Milla Jovovich, alias Alice, alias une femme qui a tout ce qu'elle veut |
Et Paul W.S.
Anderson, tout comme Capcom, a l'intelligence de tirer sur la corde Resident Evil
jusqu'à ne plus avoir aucune idée et de les recycler toutes à l'infini,
jusqu'à conclure tous ses récits épiques par des cliffhangers, alias des montées en
puissance poussant le spectateur à développer une curiosité quant à la
nature de l'épisode suivant ... des morceaux de fin qui ne sont jamais résolus
autrement qu'en une séquence au début de la pelloche d'après. Irai-je voir le sixième opus de la série ?, là est la question.
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Argh !!! |
J'adore tous les aspects épiques et violents de la série. J'aime que toutes les séquences ne comprenant pas Milla Jovovich soient bâclées. J'apprécie que des personnages importants du jeu ne sortent du néant scénaristique qu'au cinquième épisode de la série (Leon S. Kennedy par exemple et, accessoirement, Ada Wong) pour y retourner. J'adhère aux grandes inégalités des scènes d'action qui vont du risible à l'efficace. J'adule ces scènes de dialogue qui sont toutes pitoyables et qui ne permettent jamais d'éprouver quelque empathie que ce soit envers la plupart des personnages (malgré de riches idées) Et, par dessus tout, je soutiens la griffe opportuniste de Paul W.S. Anderson qui ne débande jamais, qui se fait toujours ressentir en faisant valser ces pelloches entre nanar, horreur dosée (elle est surprenante tellement elle est rare) et violence totalement gratuite. Je n'éprouve aucune haine ou mépris contre ce genre de facilités dans la production cinématographique ; un peu de légèreté vis-à-vis du 7ème Art fait grand plaisir et détend toujours l'atmosphère.
A certains moments de mon existence, il arrive que le manque de finesse d'Anderson me suffise. Le fond de commerce est honnête. La forme varie. En d'autres occasions, il est tout simplement hors de question que l'aspect très direct de ses pelloches m'attire. J'ai mes moments ... un pour Bunuel ... un pour James Cameron ... un pour W.S. Anderson ... un pour Romero ... un pour un feuilleton polonais non sous-titré ... un pour Cassavetes ... un pour David Lean. Et oui, il y a des moments où je préfère cette bande de feignasses opportunistes et leurs nanars des familles aux ambitions de commerce international aux grandes œuvres de grands artistes. En somme, c'est pourri mais, vu que j'ai payé ma place plein tarif, ça passe le temps.