Et je me suis agenouillé devant un paquet de cookies
Depuis très peu de temps, je me demande si les américains n'ont pas une profonde aversion envers les suédois. Joss Whedon et Drew Goddard, dans La cabane dans les bois, font part du fait qu'il ne faut jamais faire confiance aux suédois (dans un domaine qui pourrait provoquer l'apocalypse), le dieu de la mythologie scandinave Thor a été ridiculisé à 2 reprises dans les adaptations des comics Thor et The Avengers (où il joue un rôle de fond d'écran), et, pour enfoncer le clou, David Fincher a réalisé Millenium : la fille au tatouage de dragon qui est une autre adaptation du roman quasi-éponyme de Stieg Larsson et ne fait pas honneur à l’œuvre originelle dont elle ne reprend pas en vo américain le concept caché dans le titre original suédois de Millenium : Les hommes qui n'aimaient pas les femmes. De plus, David FIncher fait plusieurs entorses majeures à l'ouvrage : Daniel Craig a été casté dans le rôle de Mikael Blomkvist, le générique du film est hideux et l'ensemble est traité comme un sujet absolument pas maîtrisé par ses commanditaires. La pelloche shootée et scotchée par "Finchy" se regarde donc difficilement. J'ai essayé de retranscrire une brève chronologie de mes moments passés à regarder ce film :
Le premier moment, celui de la découverte, se déroule en faisant avec ce que les images et le traitement laisse présager du reste. Le générique est hideux, aucun plan ne dure plus de 5 secondes, aucune réplique n'est balancée avec un peu de cœur, le rythme des dialogues est chronométré, aucune scène ne dépasse les 30 secondes.
Le second moment est celui de la perte d'espoir. Un relâchement brusque a eu raison de moi au moment où je me suis rendu compte que le film allait être long à supporter. La musique noie l'ensemble, elle essaye de faire monter la tension dramatique à elle toute seule, les événements sont totalement désensibilisés par une sur-abondance d'informations qui assomment plus qu'elles n'intéressent (d'autant plus qu'elles sont adressées indirectement au spectateur par des dialogues peu crédibles ... de fait).
Le troisième moment est une intervention de ma mémoire. Il s'agit du souvenir d'un extrait de conférence dans laquelle Finchy le Fincher affirmait, appuyé avec un regard d'intimidation, assis sur sa chaise, tournant à moitié le dos à l'audience, que son métier est de fabriquer des films distrayant "pour nous" ... voulant dire que si on avait des reproches "pour lui", on pouvait s'incliner devant sa générosité. Qu'il "nous" refile donc de sa renommée, de ses contacts et de son pognon "pour nous".
Le troisième moment est une intervention de ma mémoire. Il s'agit du souvenir d'un extrait de conférence dans laquelle Finchy le Fincher affirmait, appuyé avec un regard d'intimidation, assis sur sa chaise, tournant à moitié le dos à l'audience, que son métier est de fabriquer des films distrayant "pour nous" ... voulant dire que si on avait des reproches "pour lui", on pouvait s'incliner devant sa générosité. Qu'il "nous" refile donc de sa renommée, de ses contacts et de son pognon "pour nous".
David Fincher et l'art de cadrer avec ses lunettes noires (pas de remarques sur le regard d'intimidation : il est "pour nous") |
Le quatrième moment consiste à raccrocher au wagon car j'ai laissé dérouler Millenium : la fille au tatouage de dragon pendant un certain temps en pensant aux manques dans mon garde-manger et aux courses que je dois faire.
Le cinquième moment est empli d'horreur et de malheur. Scandale ! Le premier viol du tuteur Nils Bjurman sur Lisbeth Salander (la fellation) est filmé comme un acte consenti (il est pourtant qualifié comme viol dans le livre de Stieg Larsson et la première version filmée d'Oplev avec Noomi Rapace) ; pour Finchy Fincher et les commanditaires de ce produit marquéquété "qualité et succès", Lisbeth masturbe et suce son tuteur pour obtenir l'argent et s'acheter un ordinateur portable. Que pense le néophyte et le m'en-foutiste de base de Lisbeth et de la série Millenium ? Où est donc le propos de Stieg Larsson qui voulait vilipender tous les comportements faisant référence à des hommes qui haïssent et brutalisent les femmes ?
Le sixième moment concerne la tentative d'assassinat sur Mikael Blomkvist. Il semble n'être qu'un événement anodin permettant à Lisbeth de coucher avec le journaliste. Faut bien faire ressembler l'intrigue de ce fille au tatouage qui pue l'encre à celle du bouquin original et de sa première adaptation téléciné d'Oplev.
Le septième moment est celui du répit. Une grosse demi-heure après une interruption salvatrice, je me suis permis de supporter la suite sans faire attention aux notions de qualité et de quantités de ce long-métrage. Je suis allé faire des courses et j'ai acheté et mangé des cookies Granola gros chunks/pépites de chocolat et d'amandes caramélisées. Il devait rester une heure de film. Le paquet a duré un quart d'heure. Il y a des plaisirs plus agréable que celui de regarder de mauvais films. Ce moment de dégustation a commencé pendant que Cécilia Vanger (Géraldine James) tenait des papiers en main*.
Le huitième moment consiste à rigoler en voyant Daniel Craig s'agiter au bout d'un harnais. Enfin un peu d'action, enfin un peu d'humour, enfin un peu de quelque chose.
Pour conclure, je voudrais souligner que j'en ai vraiment marre de ces films américains estampillés "grande qualité" alias "succès d'estime + grosse rentrée de fric" qui alignent des gens compétents (ou pseudo-compétents ou connus) qui s'avèrent être de grosses daubes ou d'énormes déceptions au final (je pense aussi au Dahlia Noir de Brian de Palma). Tant qu'à vendre un film sur son aspect qualitatif, autant faire une pelloche de qualité.
*pour des précision de noms d'acteurs/actrices, je me suis aidé de la fiche IMDB du film.