La sélection de Donc Acte !

Donc Acte ! ne suit pas l'actualité cinéma à la loupe. Donc Acte !, qui s'est intitulé Le cinéphobe pendant une courte période, n'a pas pour passe-temps de visionner des pelloches de cinoche. Donc Acte ! ne va pas souvent voir une œuvre en salles. L'envie est rare. Le plaisir est d'autant plus intense lorsque je suis satisfait par une rencontre du 7ème art. Certains films m'inspirent des réflexions ; c'est ce que je souhaite partager. Je ne propose pas de thèses et il m'arrive de gâcher les histoires en racontant la fin. Vu que je ne mets pas ce qui a été fait de l'invention des frères Lumière sur un piédestal et que je suis des fois moqueur, Donc Acte ! peut ne pas plaire.

jeudi 28 juin 2012

La sélection du mercredi 27 juin 2012

Que ce soit le mercredi, le jeudi ou le vendredi, c'est pareil, c'est un jour de la semaine.
Un bonheur n'arrive jamais seul (probablement de 2012) de James Huth avec Gad Elmaleh et Sophie Marceau : Gad Elmaleh sait jouer du piano, Gad Elmaleh sait embrasser une femme, Gad Elmaleh sait porter la chemise mouillée, Gad Elmaleh sait regarder dans les yeux de Sophie Marceau, Gad Elmaleh sait coller ses lèvres contre celles de Sophie Marceau, Gad Elmaleh sait faire du moonwalk sur un palier, Gad Elmaleh sait où se trouve sa bouche, Gad Elmaleh sait se faire éjecter d'un lit, Gad Elmaleh sait se cacher sous une couverture, Gad Elmaleh sait sourire en descendant un escalier, Gad Elmaleh sait dire "bonsoir monsieur", Gad Elmaleh sait tenir un bouquet de fleurs et Gad Elmaleh sait s'allonger par terre.

Et Sophie Marceau sait montrer ses fesses.

Billet d'humeur : Dans la bande-annonce de La clinique de l'amour !, un de mes rêves a été enfin réalisé. J'ai vu un ours prendre un arbre de plein fouet. Merci.








Billet d'humeur à la morale inversée : La bande-annonce de Starbuck (2011) présente l'histoire d'un individu qui a enfanté 533 enfants. Rien qu'à la tâche à laquelle il souhaite faire face (rencontrer 142 d'entre eux), je suis admiratif. Mon conseil : fuis, abandonne-les tous, te fais pas chier. Conseil de gamin au vélo ;)

samedi 23 juin 2012

Le Black Dahlia Noir

Des fois, dans les bonus DVD d'un film, ils ont tous l'air d'être en train de s'excuser ...

Le Dahlia Noir, Brian de Palma, 2006, Allemagne-France-USA.

De l'aveu du scénariste Josh Friedman dans les bonus du DVD du Le Dahlia Noir de Brian de Palma adapté du roman de James Ellroy inspiré par le crime le plus atroce (sur Elisabeth Short) ayant eu lieu à Los Angeles après-seconde-guerre-mondiale, Josh Friedman ne savait pas s'il était l'homme qualifié pour transposer le roman pour le grand écran.

Les sous-titres des 2 premières photos reprennent les paroles de Josh Friedman, scénariste de Le Dahlia Noir

Également de l'aveu de Josh Friedman (tous ces aveux ont eu lieu durant la promotion du film, c'est-à-dire "après le tournage, le montage et le mixage"), Josh Friedman raconte qu'il n'a jamais aimé les histoires terrifiantes, celles qui font peur ; en somme, l'effroi l'effraie. C'est un peu comme s'il avait dit aux spectateurs : "j'ai accepté l'offre des producteurs vu que ils me l'ont faite ... j'ai pris le fric et j'ai fait un boulot pourri." 50 000 000 de $ de budget suffit à convaincre beaucoup de monde.

Josh Friedman encore

L'adaptation de Le Dahlia Noir était mal partie.
 
Produced by
Rudy Cohen    ....     producer
Boaz Davidson    ....     executive producer
Rolf Deyhle    ....     executive producer
Moshe Diamant    ....     producer
Danny Dimbort    ....     executive producer
Michael P. Flannigan    ....     line producer
Samuel Hadida    ....     co-executive producer
Victor Hadida    ....     co-executive producer
James B. Harris    ....     executive producer
Manfred D. Heid    ....     co-executive producer (as Manfred Heid)
Henrik Huydts    ....     executive producer
Jochen Kamlah    ....     co-executive producer
John J. Kelly    ....     line producer: USA
Jordan Kessler    ....     associate producer
Gerd Koechlin    ....     co-executive producer
Josef Lautenschlager    ....     executive producer
Avi Lerner    ....     producer
Art Linson    ....     producer
Trevor Short    ....     executive producer
Andreas Thiesmeyer    ....     executive producer
John Thompson    ....     executive producer

De mon aveu, je voulais assister à une enquête criminelle autour du meurtre abominable commis sur Elizabeth Short. Son corps a été découpé en deux parties. Sa bouche a été lacérée pour écarter son sourire jusqu'aux oreilles. Le cadavre nu a été positionné pour reprendre la pose d'une œuvre du photographe Man Ray. Il faut savoir que le coupable n'a jamais été arrêté. Ce qui pouvait donner lieu à une enquête palpitante sur fond de mystère resté caché (à la Jack L'éventreur). Ce récit pouvait être riche en frissons. Vous aurez compris que je n'ai pas lu le livre. Vous aurez compris que le scénariste n'aime pas les histoires effrayantes. Il a donc écrit une fiction historique à la place. Et, du reste de mon aveu, à la vision de Le Dahlia Noir de Brian de Palma, j'ai subi un triangle amoureux insipide à 4 entre Josh Hartnett, Scarlett Johansson, Hillary Swank et Aaron Eckhart avec une résolution d'enquête pliée en 2/2 avant le générique de fin. De mon dernier aveu, le duo Josh Hartnett-Scarlett Johansson fait ressembler cette pelloche à un teen movie stylé film noir (comprendre les acteurs aux visages d'ados sont habillés comme en 1940 et les stores font des ombres droites et régulières sur les murs).

Pour stars de ce teen movie stylé pompage cinéphilique de la grande époque hollywoodienne : une paire de seins et des yeux qui plissent


De l'aveu de Brian de Palma, il ne fait jamais mention de ses choix artistiques (qui sont donc évidents : film en 1940 = esthétique de film à la Bogart ... pourtant le style de James Ellroy revisite le côté obscur de Los Angeles (jusqu'à Sa part d'ombre) pour casser son image glamour construite par Hollywood et les promoteurs immobiliers des années 1940 et 1950). Mais Brian de Palma est un fétichiste de la première heure. Il a trop de cinéphilie à partager et de cinécopie incrustée en son fonctionnement de cinéaste pour comprendre que reprendre l'esthétique glamour des films noir des années 1940 est en complète contradiction avec les intentions d'Ellroy et du style de son œuvre. C'est même un hors-sujet complet. Encore une erreur de casting de la part des producteurs.

Hillary Swank est contente : pour une fois, quelqu'un l'a pris pour une femme sensuelle

Dans les bonus DVD, Brian di Palmé n'explique que ses choix en matière de casting féminin : et Scarlett Johansson avec qui il avait UNE discussion dont il se rappelait encore, et Hillary Swank qu'il voulait voir en femme fatale (ce désir dépasse mon entendement), et Mia Kirshner (que j'adore). La photo ci-dessous fait d'ailleurs sérieusement passer Brian de Palma pour un vieux lubrique qui essaie de se caser. Brian, veut-il se raccrocher désespérément aux wagons auxquels il peut toujours s'agripper ? Essaie-t-il de niquer ? Veut-il ne pas tomber dans l'oubli ? A-t-il encore des histoires à raconter ? A voir Le Dahlia Noir de Brian de Palma, j'affirme que non. Après avoir vu Snake Eyes, Mission to Mars, Redacted et Femme Fatale, je ne doute plus de sa suffisance malgré de merveilleuses intentions dans son film sur la guerre d'Irak. Les Incorruptibles (1987) et Blow Out (1981) semblent appartenir à une autre ère cinématographique du cinéaste qui s'autocite depuis deux décennies (alors qu'Alfred Hitchcock n'a rien à lui envier) et se répète jusqu'à la nausée des amateurs de l'américain (auxquels j'appartiens bon gré mal gré).

Scarlett Johansson estime que Brian de Palma a "une touche" ("a touch") immédiatement reconnaissable : où est passée la main gauche de Brian di Palmé ?

Et, pour conclure comme le porcin de Brian di Palmé, considéré que le final est plié en 5 minutes chrono après 2 heures de pelloche sur une série d'indices faciles à dégotter, vous voudrez vous rappeler avec précision qui a fait quoi dans cette production car Le Black Dahlia Noir est un film de merde extrêmement rageant. Une autre adaptation du livre est à envisager.

jeudi 21 juin 2012

Bullhead

Le traumatisme au cinéma

Bullhead /Rundskop, Michael R. Roskam, 2011, Belgique.

Je n'avais aucune envie de voir Bullhead (Rundskop, titre original) à la vue de sa bande-annonce mensongère. Elle donne au récit de faux airs s'attardant sur des conflits mafieux en milieu rural avec un malabar en personnage principal (comprendre une histoire de vente de produits dopant pour vaches et cochons). Je craignais donc que le cinéaste belge Michael R. Roskam soit un ersatz de Nicolas Winding Refn et que son Bullhead s'apparente à un mélange de Pusher et de Bronson (la typologie du titre, le style de l'affiche et la bande-annonce aident volontiers à la comparaison) ; je précise : N.W. Refn est un cinéaste danois qui m'inspire un sentiment intime de rejet intense dès que j'entends son nom ou à chaque fois que j'aperçois une image pensée par lui (sa notoriété fondée sur la fascination qu'exerce la violence me choque et l'esthétique qu'il développe est pompeuse et reste inexpliquée et inexplicable par l'auteur même).

Mais, en fait, en vérité, Bullhead est l'entremêlement intelligent de deux trames narratives : une enquête sur le meurtre d'un policier et l'exploration des dommages collatéraux de ce crime. Comme Dennis Lehane pour Mystic River, Michael R. Roskam utilise les fantômes qui hantent depuis 20 ans des individus liés de près et de loin à cette affaire criminelle pour souligner l'intérêt de son récit centré sur Jacky Vanmarsenille.

Jacky Vanmarsenille (incarné par Matthias Schoenaerts)

Pour revenir sur la duplicité de la bande-annonce, elle laisse envisager que Bullhead peut être un biopick non officiel sur Frank Ribéry. L'acteur Matthias Schoenaerts accuse une certaine ressemblance avec le footballeur français. D'ailleurs ce message étudie cette thèse de la biographie maquillée de Francky van Ribérille.

Francky Vanribérille


Le protagoniste principal de Bullhead est Francky Vanribérille. Il est présenté comme une brute shootée à la testostérone lors de l'introduction. Il est donc normal de se méfier de lui au premier abord, pendant une bonne vingtaine de minutes, surtout qu'il veut dégommer des policiers et qu'il tient à l’œil la mafia de près. Bref, le caractère de Vanribérille est celui d'un taureau qui enfonce ses cornes avant de se rendre compte qu'il a commencé à courir. Mais la sympathie pour Francky survient lors des premiers flash-back, lançant d'ailleurs la tension dramatique sur ses rails. La montagne de muscles, qui menace des fermiers, des policiers et des mafieux et qui dope ses vaches, est la carapace d'une personnalité brisée par un traumatisme enfantin. Francky se dope pour développer une façade virile qui cache un adolescent martyrisé. Car, voir un enfant se faire éclater les burnes à coups de pierre ne traumatise pas que le spectateur. Un autre garçon jaloux de son intérêt pour sa sœur lui a écrasé les couilles en se vantant de ses méfaits de benêts attardés, dixit "casse-couilles", "casse-couilles", "casse-couilles", ... Il faut compter autant de coups que d'insultes. Et ça dure.

En somme, cette biographie officieuse de Franck Ribéry expliquerait pourquoi il est un joueur extrêmement rapide en vrai, sur Fifa et PES. Les couilles de Francky Vanribérille ne sont jamais descendues. Lors de ses courses, le frottement de ses cuisses l'une contre l'autre se fait donc sans gène. Aucun testicule ne risque de se coincer entre ses jambes. Le seul gros problème est que Francky est évidemment timide avec la gent féminine. Où est la différence entre la réalité et la fiction ? On le sait, Franck Ribéry a développé le recours à la prostitution, et, Francky Vanribérille a l'habitude d'être violent envers ses rivaux masculins. La compensation de ses difficultés en amour n'est pas sans péril.

Sacré bon film, Bullhead est une réussite malgré quelques baisses de tension. La musique est un brin trop dramatique, quelques cadrages ne sont pas utiles (comme celui de Francky dans les tribunes de l'hippodrome lors de sa crise) et les plans sur les champs sont répétitifs (on sait grâce à une introduction claire et efficace que le récit se concentre sur un retour fracassant du passé, de ses personnages et du souvenir traumatisant). Heureusement, les liens entre les protagonistes issus du passé et l'intérêt pour le devenir de Francky permettent d'apprécier cette pelloche. Comment ne pas sympathiser avec cette personnalité en proie aux doutes quant à l'amour ? Pauvre Francky, prisonnier d'une façade de brute. 


A des fins de protections légales, tout ce qui est écrit ou insinué à propos de Frank Ribéry est faux (à part le recours à la prostitution).


P.S. : le dernier plan de Bullhead montre le buste de l'enfant Francky Vanribérille en contre-plongée ; l'acteur aurait pu se curer le nez avant le tournage du plan ou quelqu'un de l'équipe aurait dû le signaler. Ce détail a une propension à gâcher le final voulu émouvant de Bullhead.

mercredi 20 juin 2012

Babycall

Babycall, Pål Sletaune, 2011, Norvège-Suède-Allemagne.

Le premier plan du film de Babycall est focalisé sur une Noomi Rapace à l'agonie. Vu la teneur dramatique qu'il faut mettre de nos jours pour attirer le spectateur en salles, on peut parier que son protagoniste se meurt. La suite des événements, présentant le récit, laisse peu de doutes quant à la nature de l'intrigue. En un quart d'heure, je me suis fait mon idée. Et quelques questions ont suivi :
Pourquoi le réalisateur a-t-il tenu à construire son thriller par un final qu'il présente dès son premier plan ?
Est-ce que l'enfant est mort et la mère traumatisée ?
Est-ce que la mère est internée ?
Est-ce que Babycall est un Shutter Island scandinave ?
Est-ce une histoire de fantôme ?
Est-ce une histoire machiavélique sur l'amour dévorant entre une mère et son fils ?
Est-ce un thriller noir sur le voisinage d'individus violents et infréquentables ?
Ai-je raison de vouloir deviner la fin avant qu'elle n'arrive ?
Mais, dans ce cas, pourquoi le réalisateur norvégien Pål Sletaune nous en montre-t-il un extrait dès le début ?

Babycall est à tort vendu comme un thriller à twist. Pål Sletaune entretient le mystère de son récit grâce à un jeu de pistes embrouillant les cartes. Il mélange bien son jeu entre piste psychologique, piste fantastique et piste machiavélique. C'est sur cet aspect que Babycall est réussi. Le cinéaste organise un casse-tête qui m'a embarqué sur d'autres fins possibles que celle que m'ont inspiré les 15 premières minutes. Ce jeu de fausses pistes maintient donc l'intérêt du spectateur jusqu'à une dernière scène discutable (que j'estime être à contre-sens puisqu'elle sublime -elle rend beau- le sentiment qui a mené Noomi Rapace à sa perte : première image du film).

Il est temps de vous résumer le récit de Babycall. Une mère incarnée par Noomi Rapace emménage dans un logement social avec son fils dont elle a seule la garde. Le père a essayé de tuer son enfant. Il rôde dans les environs. La justice règle les derniers détails et la mère est sous surveillance des services publics. Quand elle décide de loger son fils dans une autre pièce, elle achète un babycall sur lequel elle capte des cris d'enfants martyrisés. S'ensuit son enquête durant laquelle elle rencontre un excellent acteur (Kristoffer Joner).

Sur Il a osé !, ils ont carrément oublié de le mentionner dans leur article sur Babycall

Et Babycall est une bonne pelloche ... à voir une fois. Mais, bon, il n'empêche que la forme scénaristique de l'ouvrage n'est pas forcément la plus appropriée à l'histoire que Pål Sletaune a emmêlé dans l'habit d'un thriller psychologique roublard qui se finit sur un twist annoncé dès le premier plan. En somme, Babycall est sympa mais pèche par un défaut de ressembler à un thriller au lieu d'être un drame à part entière.

lundi 18 juin 2012

Le mariage de Maria Braun

Il y a donc un cinéaste homosexuel qui ne fait pas de la lèche aux femmes, aux transsexuels et homosexuels (je ne fais pas allusion à Pedro Almodovar)

Le mariage de Maria Braun, Rainer Werner Fassbinder, 1979, Allemagne.

Le mariage de Maria Braun se déroule lors d'un bombardement. Au milieu d'explosions, Maria Braun dit "oui à tout jamais" à Son homme Hermann Braun  (alias l'homme marron alias l'homme caca). En pleine seconde guerre mondiale, elle doit malheureusement composer avec l'absence d'icelui. Le destin les désunit et les réunit. Et, après-guerre, son mari doit composer avec elle. Et c'est la putain Maria Braun que Rainer Werner Fassbinder se fait un grand plaisir d'épingler avec toute sa verve cinématographique. Rainer Werner Fassbinder (1945-1982), cinéaste gay cocaïnomane et prolifique (il aurait été soviétique qu'on le connaitrait pour sa cadence de sortie de charbon des mines), accessoirement génie absolu du cinématographe, a fait dans cette pelloche étalage de tout son art.

Qu'est donc cette putain Maria Braun ? Elle est un poison. Elle se nourrit d'un poison : celui qu'elle cherche à tout prix à trouver en fumant des cigarettes. Au nom du plus grand des amours (l'humour des expressions "mon homme" et "grosse liebe"), elle ne dissimule jamais son nez creux pour les affaires (ça fait partie de son charme). Pour avoir ce qu'elle demande (de l'argent pour s'acheter des cigarettes), sa seule chair travaille : elle seule est mouillée de sueur. Les gros plans liants la chair au poison mortel de la nicotine rappellent d'ailleurs que 1. Fassbinder était un cinéaste rigoureux et incroyablement précis et que 2. une économie de moyens fonctionne à merveille : il  y a très peu de gros plans dans Le mariage de Maria Braun ; ils sont tous pertinents et indispensables au propos et à la lecture du film. Le niveau d'humour du personnage Maria Braun est très bas : l'enfant brun et le nom Braun ... le nom Braun ... le nom Braun ... son grosse liebe ... son homme. Sa vénalité est traitée sur le mode de l'inconséquence, représentant la pensée du couple consentant à ce travail de sape pour se constituer un pécule. Toute moralité mise à part, les Braun sont heureux en ménage. Le mari réside en prison. Rainer Werner Fassbinder affiche donc clairement un moralisme teinté d'un grand sens de l'humour (qui fait plaisir) pour afficher le lien vicieux entre le nerf de la guerre et sa némésis. Certes, Hanna Schygulla est une très belle actrice mais Maria Braun est une infâme connasse que même les conditions de la seconde guerre mondiale et la reconstruction d'après-guerre n'excusent pas.



La place de l'homme et de la femme dans leur union (dans la société ?), le pragmatisme dans l'institution du mariage en Allemagne (en occident ? dans le monde ?), l'importance de l'argent en amour et dans une relation en quête d'amour, tout est passé au crible avec humour, dérision et sensibilité (force faut-il qu'il faut admirer les réactions d'Hermann Braun à son retour du combat). Je ne vais pas détailler davantage les moments (tous géniaux) qui constituent le corps de ce chef d’œuvre d'un génie du cinéma. Il passe ce soir sur Arte (20h50). Je le recommande vivement. Je n'ai pas de points négatifs qui perturbent mon appréciation de ce morceau d'art.


jeudi 14 juin 2012

Le jeudi du mercredi 13 juin 2012



Cette semaine est celle de la consternation. En effet, sur les affiches de 4 films sortis, on peut remarquer que la position assise est utilisée pour vendre ces dites œuvres (Bienvenue parmi nous, Quand je serai petit, La petite Venise, 80 jours) : on savait que les faiseurs de pelloches misaient déjà sur la réalisation sur grand écran de nos vœux, des plus minables aux plus travaillés aux plus intimes et aux moins intelligents, pour nous attirer en salles ... on savait que le faiseur moyen de pelloche mettait du cul ou de la violence afin de se faire du fric ... on savait que "l'ambitieux m'as-tu vu" traitait par dessus la manche, l'épaule, la jambe, le pied et le bras des thèmes d'actualité qui sont à la mode pour être bien vu et faire croire qu'il est concerné ... mais, le fait que les exploitants, diffuseurs, producteurs, etc songent à vendre leurs films en imitant la position du spectateur dans la salle de cinoche ou devant sa télé est une vraie grosse grande preuve de l'opportunisme et du manque d'inspiration des faiseurs modernes de cinéma. Je crie donc à la révolte ! Stoppons cette vague de posters où les gens s'assoient pour nous ressembler et nous faire croire qu'ils sont comme nous ! C'est faux ! C'est encore de la publicité mensongère ! Quel populisme dégueulasse ! A cause de cette infamie, je n'irai pas au cinéma cette semaine !



P.S. : D'ailleurs, la position assise est scandaleuse elle aussi ! Vive le cinéma accroupi ou allongé !

jeudi 7 juin 2012

Alien, la resurrection

Et Dieu créa James Cameron

Alien, la résurrection, Jean-Pierre Jeunet, 1997, USA.

Demander à Jean-Pierre Jeunet de réaliser un film de la série Alien, c'est un peu comme demander à un aspirant poète surévaluant la valeur des français et de la France avec une nostalgie complétement truquée d'individu qui n'a pas connu le début du XXème siècle (qu'il idéalise donc) de réaliser un film âpre et sans illusions sur l'humanité et l'affairisme. Je rappelle que, dans Alien, une compagnie cherche à entrer en possession des spécimen aliens hostiles à l'humain afin de les vendre sur le marché comme armes biologiques. Rien à voir avec le plaisir de glisser sa main dans un sac de grain ou de faire mumuse à mater des photos de photomatons.

A regarder Alien, la résurrection, je me suis rendu compte que le point de vue de Jean-Pierre Jeunet sur la S-F est identique à celui de Luc Besson posé avec Le cinquième élément. Le genre (S-F = truc pas crédible, pas sérieux et pas possible) sert à présenter une vision du monde simpliste, quasi-infantile dans laquelle une idée neuneu prend la valeur de romantique ou de poétique. Le genre est un prétexte pour caser ses potes et faire plein de calembours minables. La S-F est en fait une occasion de prendre son boulot à la légère et de montrer que son imaginaire n'a pas évolué depuis la cour de récréation. Diagnostic médical de cinéphobe : je dirais que les patients (bien que Luc Besson ait avoué avoir écrit le script du 5ème élément à 18 ans) souffrent d'un manque de respect.

Encore une fois, quelqu'un lèche la gueule d'un monstre comme une grosse pute

A qui la faute ? Allez, je dis. Le studio. Jean-Pierre Jeunet à l'époque déclarait avoir eu le boulot parce qu'il ne pensait pas le décrocher et, donc, il a dit ce qu'il fallait dire pour l'avoir. Ça s'appelle du menfoutisme pour le réalisateur. Ça s'appelle du flair pour le studio (n'oubliez jamais : un gros studio de cinéma est toujours en recherche de crédibilité ^^) : Jeunet avait alors le vent en poupe d'un jeune génie qui monte. Qui dit "jeune" dit "pas cher". Ça a commencé avec le troisième opus. Quelqu'un avait décidé "d'engager des metteurs en scène" et de faire de la franchise Alien un "mano a mano entre Ripley et toute l'espèce extra-terrestre" (les femmes ont besoin de "role models"). C'est oublier que Ripley n'aurait jamais pu s'en sortir à elle toute seule dans les 2 premiers opus de la saga (je ne parle pas du 3 ; elle y meurt). L'équipage du Nostromo (dans Alien de Ridley Scott) a été décimé dans un ordre qui laissait à Ripley le loisir de s'en sortir. Avec le caporal Hicks et la petite fille Rebecca "Newt", l'ensemble formait une jolie famille recomposée dans Aliens de James Cameron. Tous y mettaient de son grain de sel pour s'en sortir vivant (avec une clé à molette, un lance-flamme, un fusil à pompes ou de la grosse artillerie, Hicks prenant en charge l'escouade militaire, Newt et Bishop naviguant dans les tunnels ... c'était du travail d'équipe). Mais pourquoi ont-ils tué "Newt" et Hicks dans Alien 3 ? Le personnage de Ripley est devenue une icône sans que personne ne l'ait demandé, car, pour construire le succès d'une franchise mode 1990's, il en faut plus. A comprendre dans Alien : il faut plus de Ripley.

(Parenthèse : Et depuis, les studios ne font plus que des films de super-héros avec des super-pouvoirs et tout le toutim, l'humain et l'humilité a été vendangé. Encore une fois : des individus ont survécu aux 2 premiers Alien. Le spectateur n'arrive-t-il donc pas à croire qu'il pourrait survivre à de tels dangers pour qu'il ait besoin d'avoir un alter-ego sur-humain sur grand écran ? A-t-il changer de plaisir ? Dans ce cas, le spectateur ne demande plus à ressentir des frissons en salle. Il exige pouvoir foutre des baffes en étant intouchable. Quelle est l'extension de ce plaisir dans la vie réelle ? Quel est son sens ? C'est dégueulasse de donner au public tout ce que le public demande ... parce que le public peut aussi demander de belles saloperies : les arènes du cirque, la téléréalité, surfer sur le web, ...)

Bref, l'esprit de la série Alien disparait dans Alien, la résurrection. Exit l'horreur, exit le frisson, exit l'humilité vis-à-vis de l'alien (Sigourney Weaver incarne une Wonderwoman insupportable : Ripley est belle et bien morte dans le 3 ... pas étonnant qu'il n'y ait jamais eu de cinquième opus) et exit l'esprit combatif propre à l'humain (dans l'intersidéral : loin de tout, envers et contre tout), le style du film est tristement celui de Jeunet (du tripotage d'un nœud qui n'a jamais existé). Cette résurrection est un enterrement. Ici, c'est une Ripley boostée à la génétique alien qui prend le dessus. Vous pouvez dire adieu au suspense et au combat dans l'adversité : Ripley se paye même une orgie inter-espèce. Et, quelque soit les qualités du cinéaste, en regardant une pelloche alien, je veux voir du alien, pas du Jeunet, qui s'est attardé à réaliser une caricature d'Alien et de S-F. Alien, la résurrection est juste un jouet cassé par un gamin qui a mal joué avec.

Humour du film : Ron Perlman a peur d'une araignée alors qu'il vient de tuer un alien

Pour en venir aux points de détail du film, il m'est d'avis que les dirigeants d'un complexe militaro-industriel, ainsi que les structures hiérarchiques et infrastructures techniques, méritent mieux qu'une caricature de général et de scientifiques pour diriger le centre des expérimentations. A quoi a-t-on droit en regardant Alien, la résurrection 4 ? A une vision détestable de la science-fiction et de la série Alien dans laquelle des dirigeants n'ont rien de mieux à faire que de fricoter avec des pirates de l'espace en admirant des morceaux de fruit alors que les enfoirés chargés de ce boulot sont censés être les employés de cette même infâme compagnie (le propos de la série qui s'oppose à une dérive capitalistique est ICI > l'apport de cobayes humains devraient se dérouler entre individus compétents -militaires et du privé- aux bonnes manières dans un cadre propre aux visites de multiples investisseurs et clients).

Les supérieurs hiérarchiques sont donc caricaturés au point où il devient difficile de croire qu'ils sont compétents dans leurs fonctions : je ne crois pas que le général ait pu atteindre un tel grade même en étant lié par le sang à un dictateur de république bananière. Il a tout du beunet qui se réveille avec une casquette sur la tête.

Un général au poil

Les éléments du décor ont l'air d'avoir été pioché dans une décharge (LE PROPOS ALIEN > l'installation est censée être un laboratoire scientifique et militaire expérimentant sur une espèce dangereuse : l'encadrement devrait être bien éclairé, hautement équipé, solide et hygiénique ... au lieu de cela, on a droit à des tuyaux qui pendent de partout -la saleté du Nostromo dans le premier opus a été grotesquement reprise comme élément constituant de la série- et on a besoin d'une lampe-torche pour apercevoir quelque chose à l'écran : vous croyez sincèrement que le dépotoir d'Alien, la résurrection 4 peut contenir des aliens ?). En plus des décors, les équipements et les vaisseaux sont déformés au point où c'en est une touche artistique (la "french touch" tant désirée par les studios et Jeunet pour se crédibiliser).

Il faut donc compter sur des pirates de l'espace (qui n'ont rien à faire là) pour être les héros de cette purge intergalactique. Considéré que tous les personnages du film ont des machines à balancer des injures à la place du cerveau (la compétition peut parfois ruiner l'intellect et pousser à une prétentieuse vanité), on a vite envie de les voir crever tous d'un coup.

ET ... les aliens boostés à la génétique sont hideux (voir le "fils" de Ripley).

L'alien enfanté par Ripley reconnaît sa maman

Jean-Pierre Jeunet

Jeunet, je ne peux pas le dire autrement. Ton film est à chier et je le déteste ! T'as flingué la meilleure série de films de S-F.

mercredi 6 juin 2012

La sélection du mercredi 6 juin 2012

La bande-annonce de Arrête de pleurer Pénélope (2012) a le mérite de ne pas m'avoir motivé à la regarder jusqu'au bout. Les discussions entre femmes sur les chattes qui sentent le renfermé peuvent rester entre femmes ; de même, les conversations d'hommes virils restent entre hommes virils, les conversations antisémites restent entre antisémites, les conversations de riches restent entre riches, ...








La bande-annonce de Madagascar 3 : je m'en fous de savoir où ils ont échoué cette fois (2012) me rappelle une récente réflexion : les conversations entre animaux restent entre animaux.










La bande-annonce de 21 Jump Street (2012) me rappelle la même chose : les conversations entre adolescents restent entre adolescents. Sur Youtube, on peut trouver des vidéos d'adolescents et de jeunes hommes dans lesquelles ils commentent leurs performances sur tel ou tel jeu vidéo en solo ou en réseau. C'est assez plaisant à écouter pour rigoler. Leurs rires ressemblent à s'y méprendre à des cris de singes surexcités et leur blagues ne dépassent jamais le niveau de grosseur de seins des personnages féminins numérisées. L'air de rien, 21 Jump Street était une série qui traitait les sujets des grands maux qui touchaient les adolescents. C'est devenu une comédie pour ados en film.

Gros nénés = gros rires.


La sortie de la semaine, c'est Le Grand Soir (2012) d'une bande de gus qui a déjà fait d'autres films dans le genre. Les conversations entre punks et gens normaux sont toujours les mêmes. C'est bon à savoir. "No future" d'un côté, "Il n'y a pas d'ennemi" de l'autre. "Dans cent ans, de toute façon, on sera tous morts et enterrés." "La vie, c'est de la merde et, à la fin, on crève." "Tu peux nous faire confiance. Mais si, tu peux nous faire confiance." "Qu'est-ce qu'il y a d'autre ?" "Oh bin, je vais pas te le dire."






Les conversations entre anglais, suédois et pétrodollardaires du moyen-orient m'échappent totalement : apparemment, la plus grande aventure qui soit est de construire un lac dans un pays désertique pour y amener et y pêcher du saumon.



A la semaine prochaine pour une conversation avec Charlize Theron.

dimanche 3 juin 2012

Prometheus

A quand Prometheus 2 ?

Si vous ne voulez pas être animé par une profonde rage envers moi jusqu'à la prochaine fête des mères, alors ne lisez pas ce texte qui gâche toute l'intrigue de Prometheus de Ridley Scott.

Prometheus, Ridley Scott, 2012, USA.

Les effets spéciaux sont impeccables Le bestiaire alien est intelligemment revisité. La mise en place de l'intrigue est longue et inefficace. Jusque là, la bande-annonce a tracé la voie pour présenter le chemin vers les mystères entourant le vaisseau alien d'Alien de Ridley Scott de 1979. Puis les choses s'enchaînent un peu. ET ENFIN, une scène traumatisante relève le niveau (spoiler alert dans le spoiler alert : la césarienne). Ensuite, des découvertes dispensables et une action balisée s'enchaînent jusqu'au final.

Bref, Prometheus remplit le contrat des collectivités du désintérêt profond avec un petit bonus (la césarienne) et fait ressembler la mythologie Alien à la mythologie chrétienne : au commencement était Dieu, puis les "Ingénieurs" alias des êtres supérieurs (des anges), puis nous (la subtilité made in La prom des aliens tient dans le fait que les "Ingénieurs" nous ont conçu ... pas Dieu donc ... mais, un peu quand même, puisque Dieu est à l'origine de tout ...), puis les aliens (les démons) alias une arme biologique créée par les "Ingénieurs" pour nous détruire nous humains (les êtres inférieurs, parents honteux de ces êtres supérieurs). Bref, les anges renégats, les "Ingénieurs", ont la volonté de détruire l'humanité. Si vous avez lu l'article jusqu'à cette phrase, vous pouvez écrire un commentaire pour souligner que je vous ai gâché l'intérêt de Prometheus. Personnellement, j'aurais préféré rester un ignorant total sur l"origine de ces xénomorphes. Tant qu'à choisir, je préfère oublier ce que Prometheus m'a "appris". Cette Prom des aliens a eu le mérite de me faire comprendre par l'expérience la signification du proverbe anglais "Ignorance is bliss" (traduction : "l'ignorance est une bénédiction"). J'appréciais avec grand délice l'existence de cette espèce agressive dans l'univers et de la lutte bestiale qui en découle afin que l'humain survive lors de leurs rencontres intergalactiques. Je désapprouve donc que la genèse de ces xénomorphes soit en relation avec l'existence de l'être humain comme si rien dans l'univers ne pouvait exister sans rapport direct avec l'humain.

Cette vaine tentative de "nous effrayer davantage en nous ciblant en particulier" fait de Prometheus le préquel d'Alien et de l'histoire de David, le droïde (Michael Fassbender) et d'Elizabeth Shaw, la scientifique (Noomi Rapace), qui décollent avant le générique de fin vers la planète des "Ingénieurs" pour s'expliquer. Prometheus semble donc vouloir relancer la série des aliens qui est morte (Alien 4 et les 2 ignobles Aliens vs Predators ne font pas illusion) en démarrant une franchise Prometheus. A quand Prometheus 2 ?

Prometheus présente au spectateur une nouvelle espèce d'alien à qui foutre des baffes.