La sélection de Donc Acte !

Donc Acte ! ne suit pas l'actualité cinéma à la loupe. Donc Acte !, qui s'est intitulé Le cinéphobe pendant une courte période, n'a pas pour passe-temps de visionner des pelloches de cinoche. Donc Acte ! ne va pas souvent voir une œuvre en salles. L'envie est rare. Le plaisir est d'autant plus intense lorsque je suis satisfait par une rencontre du 7ème art. Certains films m'inspirent des réflexions ; c'est ce que je souhaite partager. Je ne propose pas de thèses et il m'arrive de gâcher les histoires en racontant la fin. Vu que je ne mets pas ce qui a été fait de l'invention des frères Lumière sur un piédestal et que je suis des fois moqueur, Donc Acte ! peut ne pas plaire.

lundi 21 janvier 2013

Django Unchained

Django Unchained, Quentin Tarantino, 2012, USA.

Entre western spaghetti et blackxploitation, le dernier divertissement labellisé "meilleur employé de vidéoclub ayant jamais vécu puisqu'il est devenu cinéaste à la mode" aborde le sujet de la condition de l'esclave de souche africaine dans le sud des États-Unis en 1858, soit deux ans avant la guerre civile américaine. Cette situation douloureuse pour hommes et femmes asservis sert de motivation au personnage principal, Django (incarné par Jamie Foxx), pour se venger d'esclavagistes et pour retrouver sa bien-aimée, vendue à un riche propriétaire du Mississippi.

Quentin Tarantino filme donc avec amour Django/Jamie Foxx, comme il filmait Pam Grier/Jackie Brown (au plan par plan : voir début du film), et recopie la ligne directrice de son avant-dernier film Inglorious Bestards. Sauf qu'en lieu et place de juifs qui tuent du nazi et Hitler au passage (toute réalité historique était à mettre à la poubelle), le vidéophile américain à la mode offre cette fois du black tuant du sudiste. Lui le vidéophile, qui souhaite choquer avec ce film, caresse néanmoins le spectateur dans le sens du poil. Ainsi, dans Django Unchained, le sang gicle comme dans la série B pleine de zombies Planet Terror de son pote Roberto Rodriguez (un litre de faux sang traverse l'écran par balle tirée). Ainsi quelques maltraitances envers des esclaves sont soulignées par le type de musique (cool et pop) que Tarantino affectionne mettre sur les bandes originales de ses films. Ainsi l'humour bon enfant et la légèreté de ton sont au rendez-vous (le KKK est gentiment moqué) et font faire au film un grand écart très tendu entre spectacle et peinture sociale d'époque. Je souligne que la violence graphique et sonore liée à l'esclavage, aux combats au pistolet et à la vengeance peut choquer ; elle est due à l'adoption d'un ton globalement humoristique pour le récit et à un traitement cru de la violence (les cris de douleur résonnent fortement). Ainsi la mesquinerie propre au chasseur de prime, le docteur Schutlz (incarné par Christoph Waltz), dupliqué de l'homme sans nom des Sergio Leone, adroit dans ses plans, est bienvenue pour maintenir l'attention du spectateur jusqu'au final ... un gunfight sanglant tout à la gloire de Django, libérateur de sa dulcinée.


Même si Django Unchained n'est pas un incontournable du western spaghetti, il est un divertissement sympatoche qui remplit sa durée de 2h44 en abordant l'esclavagisme sous son angle mercantile. Ce long-métrage offre un didacticiel sur les formes de ce commerce moralement complexe. A ce titre, il faut mettre en avant la parfaite performance de Samuel L. Jackson qui incarne à merveille Stephen, un protagoniste de servilité totale, qui préfère prendre soin des intérêts des esclavagistes (s'estimant faire partie de la maison) plutôt que de défendre ceux d'individus et d'esclaves recherchant leur dignité et leur liberté. Tarantino évite donc les clivages et les écueils habituels dans lesquels tombent les longs-métrages américains traitant de l'esclavagisme en différenciant blancs du sud des blancs du nord, et en caractérisant tous les noirs comme victimes (sans y manquer néanmoins), alors que certains vendeurs noirs de chair humaine (même minoritaires par rapport au nombre d'esclaves) en ont profité. Les discussions entre Calvin Candie (incarnées par diCaprio) et Stephen constituent d'ailleurs les meilleures dix minutes de moquerie de Django Unchained.

2 commentaires:

  1. résumer l’esclavage aux vendeur noirs et aux mieux du cynisme au pire une relecture , symptomatique de la mentalité Française qui n'accepte pas cette histoire ou elle a la commis un holocauste envers les noirs en Martinique en Guadeloupe ,Haiti etc...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je ne résume pas l'esclavage à un aspect de la cruelle nature humaine. Je souligne où se situe la valeur ajoutée de ce western spaghetti de Tarantino. Car, à part les moments durant lesquels DiCaprio et L. Jackson discutent, Django Unchained est à mon avis bourré de clichés, de références et de redondances ayant peu d'intérêts. Sans que je ne me sois pour autant ennuyé, je n'ai pas apprécié ce film. A part à l'école, je ne me rappelle pas avoir vu ou entendu parler de ces vendeurs noirs dans un film auparavant (et j'ai une grande culture cinématographique) ; j'ai donc trouvé sympathique que l'opposant principal de Django soit un de ces esclavagistes noirs. Ni plus ni moins. Et j'ai adoré que le docteur Schultz ne puisse s'empêcher de tuer l'esclavagiste blanc. Ni plus ni moins.

      Quant aux symptômes de la mentalité française, il va falloir SANS AUCUN DOUTE trouver une autre personne pour en discuter. Je n'ai pas résumé l'esclavage. Au mieux et au pire, j'ai résumé le film Django Unchained. Ni plus ni moins. Ce blog est pour le cinéma, pas pour la politique ni les débats de société ni l'histoire ni la philosophie ni les mathématiques ni les sciences physiques ni la biologie ni l'architecture ni la décoration d'intérieur ni les mots croisés ni la cuisine ni ...

      Supprimer