Si ce film est meilleur que X-Men Origins : Wolverine (Gavin Hood, 2009, USA), précédent volume de la saga des Wolverine en solo, Wolverine, le combat de l'immortel n'est pas un bon film. Ses prémices sont intéressants mais le développement est très décevant. S'il est possible d'exploiter la thématique de la vulnérabilité du personnage se croyant immortel sans ne plus l'être, des biens-faits et méfaits de la mortalité et de l'immortalité, le scénario utilise les blessures inhabituellement persistantes imprimées sur le torse de Hugh Jackman (alias Wolverine) afin de montrer à quel point il est musculeux et permet de mettre Wolverine dans plusieurs situations d'échec mal pensées.
D'une part, la mortalité de Wolverine ne l'incapacite pas. Wolverine, devenu mortel, vole d'exploit en exploit. Il fait face à tous ses ennemis et s'en débarrassent comme de rien. Il ne ressent qu'une gène ralentissant sa cadence. Il se permet même une scène à grand spectacle sur le toit d'un train allant à 500 km/h. Même si les yakuzas y arrivent eux aussi pour les besoins du film (en moins bien : spoiler alert), le paradoxe entre la thématique et les rebondissements de la pelloche est atteint. Quel est l'intérêt de redevenir commun ("avoir une famille, mourir, etc ...") en se permettant des scènes aussi ébouriffantes et spectaculaires exigeant tant de dextérité et de réflexes ? Ce serait dommage tellement la scène est réussie. Car personne de commun ne survivrait à une telle expérience. Et personne de commun, sans auto-régénération, ne pourrait encaisser autant de balles. En somme, même la mortalité n'affecte pas Wolverine.
"Pour célébrer mes blessures par balles encore saignantes, je fais un tour sur le toit d'un train allant à 500 km/h ! Et je me taperais un kebab juste après. L'exercice, ça creuse." |
D'autre part, ses mises en échec ne sont que des scènes montrant que la réflexion du personnage ne s'adapte jamais à sa nouvelle condition (logique quand tu nous tiens). Wolverine évite les changements de tactique et fonce tête baissée dans toutes les embuches. Il passe pour un crétin sans fin. Pourtant, dans le comics, Serval passe une partie de sa vie en Asie, marquée par un goût du secret, de l'infiltration et de la frappe chirurgicale. On peut le voir planter en silence ses griffes et arriver à son objectif sans faire frémir plus d'ennemis qu'il n'est nécessaire d'inquiéter. Spoiler alert : Dans ce Wolverine, le combat de l'immortel de James Mangold, Wolverine souhaite libérer Mariko, avec qui il a passé UNE nuit chaude, de la tour où elle est retenue captive. Redevenu immortel, il se laisse gentiment harponner en empruntant au pas de course la rue principale du village sachant que, sur tous les toits, se trouvent des ninjas prêts à faire de lui des brochettes. La scène est censée être mémorable en émotions (la musique le souligne) mais Serval, en devenant Wolverine au cinéma, a tout oublié des techniques de combat, quel qu'elles soient. C'était l'occasion rêvée de retrouver un Wolverine combatif, lui qui a le moral à zéro (spoiler alert : faute d'avoir eu à tuer Jean Grey à la fin de X-Men 3). Tant d'amour et de romantisme sont gâchés par la suite. Wolverine plante Mariko à l'aéroport comme si elle n'était qu'une vulgaire potiche. Elle doit se satisfaire d'un simple baiser avant que Wolverine lui avoue avoir retrouvé son esprit de guerrier ... et qu'il prenne un avion pour taper sur du méchant aux USA (patriotisme quand tu nous tiens). Par respect pour la relation entre Mariko, femme forte, et Serval, mutant sensible, propre au comics (Serval et Mariko deviennent époux et épouse), Mariko
aurait dû repousser Wolverine. Le départ de Wolverine sur le mode "un
baiser et je mets les bouts" fait beaucoup trop ressembler ce Wolverine à
Jack Burton de Les Aventures de Jack Burton dans les griffes du mandarin de John Carpenter : c'est-à-dire à un idiot qui tourne le dos à l'amour. Je soulignerais donc que les problèmes d'émois de Wolverine se règlent selon l'adage suivant : "Si vous avez tué l'être aimé, allez baiser une japonaise sur les braises encore chaudes de Nagasaki, vous retrouverez l'envie de tuer du méchant bien de chez vous."
Pour conclure, je dirais que le scénario de ce Wolverine, le combat de l'immortel reprend la même construction que X-Men Origins : Wolverine. Wolverine est proche d'un changement radical (adamantium et mortalité). Wolverine se tape un trip paisible à la campagne (Wolverine fermier et Wolverine à Nagasaki). Et combat final.