La présentation de Dark Horse est somme toute classique mais son développement et sa conclusion donnent à ce long-métrage aux apparences insignifiantes, voire banales dans le paysage du cinéma américain indépendant, la consistance d'une œuvre plus complexe et subtile que la bande-annonce et sa première partie ne le laissent entrevoir.
Todd Solondz, scénariste et réalisateur de Dark Horse, a choisi de développer son intrigue en misant sur un mélange de psychologie et de fantasmagorie. Ainsi une énième histoire de bas-lourd sans avenir vivant aux crochets de ses parents s'évite la répétition de la lourdeur déjà exploitée par d'autres obscurs auteurs. Dark Horse est en fait une comédie savoureuse où le drame émotionnel intérieur d'Abe a une dimension risible. Solondz évite donc le pathétique en vogue dans ce type de pelloches. Il préfère exposer la fantasmagorie désordonnée de son protagoniste principal Abe afin d'exposer ses problèmes et ses ridicules. Le récit s'avère ainsi intelligemment absurde, railleur au second plan, toujours fin dans ce que le cinéaste américain montre des délires et de la souffrance d'Abe. Ce procédé d'injection de psychologie dans les fantasmes réalistes d'Abe permet au film de s'élever sans peine au dessus de la masse de films moralistes et/ou conformistes, aussi sympathiques et compatissants soient-ils, sur le sujet, car Todd Solondz fait tout simplement du cinéma, là où d'autres font un cours de morale.
Avant de lire ce paragraphe, prenez conscience qu'il dévoile un élément important du film : son final. Si vous ne voulez pas me haïr ou m'accusez de vous avoir gâcher Dark Horse, ne le lisez pas. Sinon, c'est que vous me souhaitez du mal. Vous pouvez aussi sauter au paragraphe de conclusion (le dernier).
Et, rappelez-vous, Moi, j'aime la morue.
Christopher Walken, grand acteur dans un grand film |
Dark Horse est une très belle œuvre. Todd Solontz propose un tendre et triste récit. Toute son intelligence d'artiste est mise au service d'un sujet rabattu avec lequel il signe l'un des films américains indépendants les plus aboutis depuis longtemps. Son style minimaliste est d'une redoutable efficacité. Ceux qui ont vu et aimé Happiness -1997- et Bienvenue dans l'âge ingrat -1995- connaissent déjà sa griffe aiguisée, tranchante et saignante, sa maitrise du geste et sa vue de lynx. Dès ses prémices, Dark Horse est lancé sur de bons rails et il atteint sa grâce dans son développement et son final. Et après, deux choses restent en tête : "sacré film" et l'expression "sad but true", c'est-à-dire "triste mais vrai" (et moi, je respecte ça).
Excellent commentaire. J'ai beaucoup aimé les deux premières œuvres de Solondz mais par contre, "Palindromes" m'a quelque peu déboussolé. Ce "Dark Horse" est-il à rapprocher de ses plus anciennes productions ou a-t-il choisit de persévérer dans une veine moins caustique?
RépondreSupprimerJe n'ai pas vu Palindromes. J'ai aimé les 2 premières œuvres de Solondz et Dark Horse. Dark Horse est à la fois cruel, émouvant et railleur. Il recèle de sa dose de caustique sans être destiné à cette seule note de ton. Je pense que Dark Horse mérite sa chance que l'on aime ou pas les films de Todd Solondz.
SupprimerJe pense également à "Storytelling" qui dans son genre, est un très bon film de Solondz.
RépondreSupprimerJe n'ai pas été très intéressé par Storytelling. Je suis un fanatique d'Happiness en premier lieu.
SupprimerDisons que "Storytelling", dans le genre, est parfois vraiment hard. Mais tout comme toi, je suis vraiment fan de "Happiness" ainsi que de Bienvenue dans l'âge ingrat(j'ai par ailleurs, l'intention de parler de ces deux films dans les mois à venir).
RépondreSupprimerPar contre, je n'arrive pas à mettre la main sur son tout premier long-métrage "Fear, Anxiety & Depression".
Je n'ai pour ma part pas DU TOUT aimé ce film, mais je comprends ton point de vue.
RépondreSupprimerC'est une bien triste nouvelle pour moi mais je ne peux rien faire de plus ;) Merci de comprendre mon POV :D
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