La sélection de Donc Acte !

Donc Acte ! ne suit pas l'actualité cinéma à la loupe. Donc Acte !, qui s'est intitulé Le cinéphobe pendant une courte période, n'a pas pour passe-temps de visionner des pelloches de cinoche. Donc Acte ! ne va pas souvent voir une œuvre en salles. L'envie est rare. Le plaisir est d'autant plus intense lorsque je suis satisfait par une rencontre du 7ème art. Certains films m'inspirent des réflexions ; c'est ce que je souhaite partager. Je ne propose pas de thèses et il m'arrive de gâcher les histoires en racontant la fin. Vu que je ne mets pas ce qui a été fait de l'invention des frères Lumière sur un piédestal et que je suis des fois moqueur, Donc Acte ! peut ne pas plaire.

mercredi 6 juillet 2011

Reconstruction

Mercredi 6 Juillet 2011
Hors du temps



Alex David, interprété par Nikolaj Lie Kaas, est à la recherche de son désir. Lassé de la relation avec sa petite amie Simone, fidèle, dévouée et aimante, il se lance dans une aventure de 24 heures avec une femme différente, Aimee, joueuse et mystérieuse.

Alex.

Le casting est dans Reconstruction un élément important de la compréhension de l’œuvre. Christoffer Boe, metteur en scène du film, a choisi Maria Bonnevie pour interpréter les rôles de Simone et Aimee, les deux femmes qui font balancer le cœur d'Alex. Boe joue sur la similarité des physiologies des deux personnages féminins pour mettre en évidence l'étrangeté qui existe dans le désir. Sans s'en rendre compte, Alex veut construire son amour pour sa petite amie avec une autre.


Aimee.
Simone.









Cette odysée est partagée avec Aimee qui est une femme mariée. La plaisance dont Alex David et Aimee se satisfont est l'ignorance. "Ne rien savoir de l'autre pour mieux l'aimer" résume le travers des prétendus amoureux empreints de légèreté d'esprit. Tous deux s'amusent à aimer sous la menace de la découverte de l'affaire par leurs conjoints respectifs.

Simone et Alex.
Aimee et Alex.
Aimee.
Son mari et Aimee.
Alex et Aimee.








Pour son long-métrage de 2003, Boe a recours à des astuces métaphoriques aux explications fantastiques pour souligner l'impossibilité de retour en arrière d'Alex et la confrontation aux problématiques de sa quête d'amour. Lorsqu'Alex souhaite rentrer chez lui après une nuit passée avec Aimee, la porte de son appartement est remplacée par celle du grenier. Le dit-appartement du photographe n'a jamais existé selon la gérante de l'immeuble. Le foyer qu'il fuyait avant de l'avoir construit s'efface de sa vie. Alex se retrouve enfermé dans une fourche avec deux voies possibles. Il se doit faire un choix entre Simone qui l'accueille à aller de l'avant avec elle et Aimee qui est hésitante. Le sentiment amoureux d'Alex est alors soumis au doute. Alex court après une décision entre deux femmes dont l'attente n'est pas éternelle.

Christoffer Boe.
La mise en image du cinéaste Christoffer Boe est soignée et stylisée. La photographie joue sur un jeu de clair-obscur. L'éclairage recentre l'action dans des zones de lumière portées à l'évidence par poursuite ou un simple projecteur, quelques fois en ombre. Un jeu sur le flou permet de conserver sur certains cadrages un premier plan net ; servant à resserrer l'attention sur la présentation et les présences des personnages (notamment lors des présences de Simone et Aimee au même endroit). Les utilisations de différents filtres sont à mettre en relation avec les styles narratifs des séquences et/ou scènes. Boe crée une juste unité entre fantastique, poétique, romantique, métaphorique, dramatique et pathétique. La musique est de teneur dramatique. En outre, il est soigneux du rythme. Les scènes sont courtes et captivantes allant à l'essentiel.

Il a misé sur une interaction du récit avec la cartographie de Copenhague, ville qu'il aime et à laquelle il voulait offrir une lettre d'amour (voir aussi Allegro de 2005). Chaque scène est localisée avec précision (temps et endroit) d'un point de vue omniscient. Ce qui permet de conserver une distance pour avoir une vision du film objective, critique et analytique, tel que le souhaitait le metteur en scène danois.

Reconstruction a connu un grand succès dans divers festivals internationaux. Il a remporté, entre autres prix, La Caméra d'Or à Cannes en 2003. Ce qui fit connaître le metteur en scène danois du monde des cinéphiles et amateurs de perles cinématographiques ignorées du grand public.



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