La sélection de Donc Acte !

Donc Acte ! ne suit pas l'actualité cinéma à la loupe. Donc Acte !, qui s'est intitulé Le cinéphobe pendant une courte période, n'a pas pour passe-temps de visionner des pelloches de cinoche. Donc Acte ! ne va pas souvent voir une œuvre en salles. L'envie est rare. Le plaisir est d'autant plus intense lorsque je suis satisfait par une rencontre du 7ème art. Certains films m'inspirent des réflexions ; c'est ce que je souhaite partager. Je ne propose pas de thèses et il m'arrive de gâcher les histoires en racontant la fin. Vu que je ne mets pas ce qui a été fait de l'invention des frères Lumière sur un piédestal et que je suis des fois moqueur, Donc Acte ! peut ne pas plaire.

jeudi 25 juillet 2013

Wolverine, le combat de l'immortel

Wolverine, le combat de l'immortel, James Mangold, 2013, USA

Si ce film est meilleur que X-Men Origins : Wolverine (Gavin Hood, 2009, USA), précédent volume de la saga des Wolverine en solo, Wolverine, le combat de l'immortel n'est pas un bon film. Ses prémices sont intéressants mais le développement est très décevant. S'il est possible d'exploiter la thématique de la vulnérabilité du personnage se croyant immortel sans ne plus l'être, des biens-faits et méfaits de la mortalité et de l'immortalité, le scénario utilise les blessures inhabituellement persistantes imprimées sur le torse de Hugh Jackman (alias Wolverine) afin de montrer à quel point il est musculeux et permet de mettre Wolverine dans plusieurs situations d'échec mal pensées.

D'une part, la mortalité de Wolverine ne l'incapacite pas. Wolverine, devenu mortel, vole d'exploit en exploit. Il fait face à tous ses ennemis et s'en débarrassent comme de rien. Il ne ressent qu'une gène ralentissant sa cadence. Il se permet même une scène à grand spectacle sur le toit d'un train allant à 500 km/h. Même si les yakuzas y arrivent eux aussi pour les besoins du film (en moins bien : spoiler alert), le paradoxe entre la thématique et les rebondissements de la pelloche est atteint. Quel est l'intérêt de redevenir commun ("avoir une famille, mourir, etc ...") en se permettant des scènes aussi ébouriffantes et spectaculaires exigeant tant de dextérité et de réflexes ? Ce serait dommage tellement la scène est réussie. Car personne de commun ne survivrait à une telle expérience. Et personne de commun, sans auto-régénération, ne pourrait encaisser autant de balles. En somme, même la mortalité n'affecte pas Wolverine.

"Pour célébrer mes blessures par balles encore saignantes, je fais un tour sur le toit d'un train allant à 500 km/h ! Et je me taperais un kebab juste après. L'exercice, ça creuse."
  

D'autre part, ses mises en échec ne sont que des scènes montrant que la réflexion du personnage ne s'adapte jamais à sa nouvelle condition (logique quand tu nous tiens). Wolverine évite les changements de tactique et fonce tête baissée dans toutes les embuches. Il passe pour un crétin sans fin. Pourtant, dans le comics, Serval passe une partie de sa vie en Asie, marquée par un goût du secret, de l'infiltration et de la frappe chirurgicale. On peut le voir planter en silence ses griffes et arriver à son objectif sans faire frémir plus d'ennemis qu'il n'est nécessaire d'inquiéter. Spoiler alert : Dans ce Wolverine, le combat de l'immortel de James Mangold, Wolverine souhaite libérer Mariko, avec qui il a passé UNE nuit chaude, de la tour où elle est retenue captive. Redevenu immortel, il se laisse gentiment harponner en empruntant au pas de course la rue principale du village sachant que, sur tous les toits, se trouvent des ninjas prêts à faire de lui des brochettes. La scène est censée être mémorable en émotions (la musique le souligne) mais Serval, en devenant Wolverine au cinéma, a tout oublié des techniques de combat, quel qu'elles soient. C'était l'occasion rêvée de retrouver un Wolverine combatif, lui qui a le moral à zéro (spoiler alert : faute d'avoir eu à tuer Jean Grey à la fin de X-Men 3). Tant d'amour et de romantisme sont gâchés par la suite. Wolverine plante Mariko à l'aéroport comme si elle n'était qu'une vulgaire potiche. Elle doit se satisfaire d'un simple baiser avant que Wolverine lui avoue avoir retrouvé son esprit de guerrier ... et qu'il prenne un avion pour taper sur du méchant aux USA (patriotisme quand tu nous tiens). Par respect pour la relation entre Mariko, femme forte, et Serval, mutant sensible, propre au comics (Serval et Mariko deviennent époux et épouse), Mariko aurait dû repousser Wolverine. Le départ de Wolverine sur le mode "un baiser et je mets les bouts" fait beaucoup trop ressembler ce Wolverine à Jack Burton de Les Aventures de Jack Burton dans les griffes du mandarin de John Carpenter : c'est-à-dire à un idiot qui tourne le dos à l'amour. Je soulignerais donc que les problèmes d'émois de Wolverine se règlent selon l'adage suivant : "Si vous avez tué l'être aimé, allez baiser une japonaise sur les braises encore chaudes de Nagasaki, vous retrouverez l'envie de tuer du méchant bien de chez vous."

Pour conclure, je dirais que le scénario de ce Wolverine, le combat de l'immortel reprend la même construction que X-Men Origins : Wolverine. Wolverine est proche d'un changement radical (adamantium et mortalité). Wolverine se tape un trip paisible à la campagne (Wolverine fermier et Wolverine à Nagasaki). Et combat final. 

mercredi 3 juillet 2013

World War Z

A des fins de protection légale, je souligne avec vigueur que le Brad Pitt présenté dans cet article n'est en rien le véritable Brad Pitt, l'acteur. Il s'agit du personnage incarné par Brad Pitt dans le film World War Z, aussi connu sous le patronyme de "j'ai oublié son nom" ... je vérifie ... John Caskaboul (non, ce n'est pas ça) ... Gerry Lane.


World War Z, Mark Forster, 2013, USA

Salut, je m'appelle Brad Pitt. J'adore ma famille et elle passe avant tout. C'est pour cela que lorsque je me retrouve sur un bateau militaire, je ne dis rien sur le fait d'avoir eu du sang de zombie dans la bouche. Pas d'inquiétude. Ce sang ne m'a pas contaminé. Et je ne suis pas immunisé contre le phénomène Z. Je suis même plutôt heureux. Ma femme et mes deux filles sont au chaud en naviguant sur l'eau. Bien qu'une morsure de zombie transforme un vivant en infecté en 12 secondes, moi, j'ai les gencives solides et les muqueuses imperméables. Ma langue, c'est du béton et tout le système digestif et respiratoire est verrouillé par un système SécuriTron (rappelons tout de suite que l'inefficacité du sang Z à son introduction dans la bouche du vivant n'est jamais expliqué d'aucune manière que ce soit).

BRAD PITT

Quant au commandement militaire, il veut que j'accompagne un virologue en Corée du Sud pour trouver l'origine de l'infection. Mais, là encore, je ne dis rien sur la non-infection suivant le contact du sang Z avec l'intérieur de ma bouche (?!). Cela pourrait invalider la théorie virale. Oui, non, mais ... c'est parce que je souhaite tellement être obligé à reprendre du service (de quoi d'ailleurs) que je ne trouve pas intelligent de rester utile (afin que moi et les miens puissions rester sur le bateau) en étayant une piste scientifique plus crédible. Non, c'est pas le genre de choses que je pratique. J'aime tellement partir à l'autre bout du monde en soutenant une piste que je ne soupçonne même pas de manquer de fiabilité.

J'adore parcourir le monde en allant d'une rencontre à une autre afin d'en apprendre davantage sur le mal Z qui s'est emparé de la planète. Au passage, j'en apprends plus que tout le monde. Les Zombies sont attirés par le bruit. Mais, un coup, j'informe mon petit monde. Et un autre, non. Je suis comme cela, moi. Je crois qu'une fois que j'ai compris un truc, tout le monde l'a compris aussi. Et je crois qu'une fois avoir transmis l'information à une personne, tout le monde est au courant. Ah oui, j'oublie d'éteindre mon portable avant de passer en mode silencieux dans un couloir rempli d'infectés. Et c'est vrai qu'on pourrait mettre sur mon compte de n'avoir pas prévenu les réfugiés à Jérusalem que le bruit attirait les Zombies ... avant que les Zombies ne s'excitent et n'entrent dans Jérusalem ... mais j'étais content de les entendre chanter ... et je n'avais pas vu Starship Troopers de Paul Verhoeven et je ne connaissais donc pas la tactique des arachnides qui s'empilent l'une sur l'autre pour pouvoir franchir un rempart de forteresse. SI je l'avais su, je n'aurais pas envisagé que les zombies puissent utiliser la même technique. J'ai également manqué le trailer de World War Z quand il est sorti. Et ouais. Néanmoins, j'ai prévenu que le volume de la musique était trop fort et que les zombies passaient par dessus le mur quand ils passaient par dessus le mur.


"Mais pourquoi tant de haine ?", se demande Brad. Trop tard : "Oh, je possédais une information qui aurait pu être utile"

A part résister à l'infection ou à la non-infection de la virus ou du bactérie Z (rappelons tout de même que l'inefficacité du sang Z à son introduction dans la bouche du vivant n'est jamais expliqué d'aucune manière que ce soit), je me sors plutôt bien des crashs d'avion. Certes, à ce niveau, le scientifique est mort et je ne recherche même plus le patient zéro ... mais, là n'est pas le plus important. Puisque le climax du film est au prochain tournant.

Et, évidemment, le réalisateur de mon aventure altermondialiste n'a qu'une conception simple de l'action : il faut que des choses surgissent brutalement à l'écran ! Alors le deus ex machina sauve tout ! Du coup, quand je me suis échappé de Newark, poursuivi que ma famille et moi étions, j'ai trouvé un frigo au bon moment à jeter à ma suite dans des escaliers (s'il s'agissait bien d'un frigo, l'endroit était très mal éclairé). Puis, il y a eu plein d'autres personnes pour mourir à ma place durant toute l'aventure. De fait, donc, le climax est à contre-pied de toute cette agitation : le morceau de bravoure finale est purement en mode infiltration (vous l'aurez compris "il ne faut pas faire de bruit").  D'habitude, j'aime bien cela. Dishonored est mon jeu d'infiltration préféré. Mais le sympathique Marc Forster ne sait pas du tout créer une ambiance oppressante. De quoi mettre la migraine à plus d'un. Allez comprendre pourquoi on finit une pelloche de zombards en n'engageant pas un réalisateur capable de branler une scène d'angoisse. Mais bon, c'est pas grave, j'ai trouvé la solution au problème. J'ai bu un Pepsi. Et j'en suis sorti grandi au ralenti avec la musique, et tout, et tout. Je suis porteur d'un message nécessaire et essentiel à transmettre au monde entier. Il  faut se battre contre les zombies. Bin ouais.