La sélection de Donc Acte !

Donc Acte ! ne suit pas l'actualité cinéma à la loupe. Donc Acte !, qui s'est intitulé Le cinéphobe pendant une courte période, n'a pas pour passe-temps de visionner des pelloches de cinoche. Donc Acte ! ne va pas souvent voir une œuvre en salles. L'envie est rare. Le plaisir est d'autant plus intense lorsque je suis satisfait par une rencontre du 7ème art. Certains films m'inspirent des réflexions ; c'est ce que je souhaite partager. Je ne propose pas de thèses et il m'arrive de gâcher les histoires en racontant la fin. Vu que je ne mets pas ce qui a été fait de l'invention des frères Lumière sur un piédestal et que je suis des fois moqueur, Donc Acte ! peut ne pas plaire.

mercredi 30 novembre 2011

Baenken / Bänken / The Bench

Mercredi 30 Novembre 2011
Les amoureux des bancs publics ... (rien à voir avec la photo de l'affiche)
Quelque soit la langue, c'est toujours le même titre.
Il y a plus d'un banc dans le film.


Baenken / Bänken / The Bench, Per Fly, 2000, Danemark-Suède.

Il y a des fois comme ça, j'ai envie de regarder un film social. Ça m'intéresse. Sauf l'appellation "social". Je considère tous ces bouts de pelloche comme étant "à vocation" car chacun d'entre eux peut être catégorisé différemment. The Full Monty (Peter Cattaneo, 1997), Kind Hearts and Coronets (Robert Hamer, 1949) et The Man in the White Suit (Alexander Mckendrik, 1951) sont des comédies britanniques. After the wedding (Susanne Bier, 2006) est un drame international. Night and the City (Jules Dassin, 1950) est un film noir. Submarino (Thomas Vinterberg, 2010) est, selon son auteur, soit un drame psychologique poignant soit un film déprimant son audience qui refuse donc de le regarder jusqu'au bout. Fighter (David O' Russell, 2010) est un film de boxe. Rosetta (les frères Dardenne, 1999) a mérité la palme d'or 1999 au festival de Cannes. The Wire (Simons-Burns, HBO, 2002-2008) est une série policière. Baenken / The Bench (Per Fly, 2000) est une œuvre méconnue très touchante qui décrit les actes d'un individu mal considéré qui s'autodétruit avec l'abus d'alcool.





Per Fly a écrit et mis en scène trois films sur trois classes sociales. Avec Baenken (titre danois qui s'écrit Bänken en suédois et The Bench pour le titre international), en l'an 2000, sur la classe la moins fortunée de son pays le Danemark, Arven (Inheritance), en 2003, sur la classe aisée, et, Drabet (Manslaughter), en 2005, sur la classe moyenne, Per Fly a concentré ses efforts sur les liens familiaux dans ces milieux. Il a étudié les différences de niveaux dans les rapports angoissants entre la famille, l'argent et la solidarité.



Dans Arven/Inheritance, la question de l'union est centrale pour préserver l'héritage après la mort du père/patron. La famille se soude pour faire face aux troubles connus par la grande entreprise familiale. Cette force porte préjudice aux employés en licenciant du personnel compétent jusqu'aux plus proches collaborateurs (le beau-frère) et sauve la compagnie. Ce long-métrage ne m'a pas intéressé car le travail d'emphase envers le personnage principal incarné par Ulrich Thomsen manque d'efficacité et le rythme est très lent sans justifier ce choix de tempo (la famille œuvre dans l'urgence).

Dans Drabet/Manslaughter, le couple engagé socialement (des professions libérales de classe moyenne) est victime de la proximité de ses partis pris politiques avec des individus dangereux et du gain de cause donné à leurs mouvements révolutionnaires ; le couple est sujet à l'adultère (profession libérale peut signifier "revenu et individu libérés de toutes attaches") et à la dissimulation de crimes. Ce long-métrage a une intrigue très intéressante mais manque de rythme ; pour 1h40, il semble en faire le double. Per Fly a tout simplement mis un pied sous sa caméra.


Avec Baenken, Per Fly traite le thème de l'éclatement de la cellule familiale en milieu défavorisé. C'est à partir de la pensée "pas d'argent, pas de famille" que l'objectif principal de l’intrigue est la réunification. Kaj (interprété par Jesper Christensen) est un homme qui passe ses journées à picoler sur un banc. Il n'a pas vu sa fille Liv depuis 19 ans qui, fuyant un mari violent, emménage avec Jonas, son fils de 6 ans, dans l'immeuble de logements sociaux d'à côté. Kaj décide de dissimuler son identité mais, sous la pression de son seul ami Stig, il doit garder son petit-fils et commence à renouer le contact.

Kaj (Jesper Christensen)


Le film a été produit par Zentropa, la société de production du provocateur danois Lars von Trier, mais Per Fly est un humble artisan. Bien que Baenken ait certaines caractéristiques proches du Dogme95, il n'a pas été labellisé comme tel. Apparemment tourné en vidéo, le montage est sec et rapide. Per Fly a su tourner caméra au poing ; il a dû penser cinéma=montage et action=présent pour transmettre un rythme contrôlé à un film à vocation. Malheureusement, la musique est de mauvaise qualité dans la première partie. Elle essaye d'insuffler une tonalité légère et humoristique (trois notes brèves répétées pour souligner la comédie de situations qui ne sont pas drôles du tout) et sentimentaliste (l'enfant joue au ballon) inutile et dissonante. Son volume est néanmoins discret et ne gâche pas la transmission des émotions par l'image (ce qui est montré à l'écran est convaincant et prenant). Par la suite, elle prend une juste mesure des événements dramatiques.

Kaj et Stig


Le portrait de Kaj, individu borderline (traduction française littérale : limite, traduction française colorisée : grande gueule) est bien taillé, sans misérabilisme aucun. Il est une convaincante critique d'un alcoolique. La réalité dépeinte est celle d'un quotidien bien intégré et reproduit sans évolution et sans recherche d'un autre mode de vie. Kaj a sa façon d'être et emmerde le monde qui veut lui imposer ses règles. Les autres protagonistes et Kaj se chamaillent et se côtoient. Ils sont heureux comme ça. Lui qui est si fier d'être qui il est, Kaj possède une seule tâche sombre dans son existence : celle du refus de l'identification lorsque ses descendants directs refont surface. Il les avait effacé de ses récits et de sa mémoire mais les difficultés de ces derniers le pousse à reconsidérer son propre état.

Kaj et son petit-fils Jonas


Baenken transmet de fortes émotions par la suite dans des moments de démonstration de souffrance sans retenue mais Per Fly n'exagère jamais le mal pour choquer. Il montre les réactions de ses différents personnages (comme la rechute violente de Kaj dans l'alcoolisme) en les critiquant. Toute cette atrocité rend la déchirure émotionnelle qui torture chacun d'entre eux pénible. J'en ai espéré une résolution positive plus que bienvenue. Ce petit film aux premiers abords paisibles dévoile une face obscure contenue avec justesse dans sa première partie. La question qui reste est la suivante : Kaj, sa fille Liv et son petit-fils Jonas vont-ils réussir à s'entendre ?


La sélection du mercredi

Mercredi 30 Novembre 2011

La bande-annonce de Le chat potté (2011) montre le minou du titre en train de pourchasser un reflet lumineux ... moi, j'ai une chatte qui s'appelle Élise ; elle aime courir après les jets de lumière qui passe au travers de mes lunettes. Voilà qui brise ma croyance que mon animal de compagnie était unique au monde :'( Je suis trop triste pour aller voir Le chat potté. C'est dommage, j'avais bien aimé Shrek.







Luc Besson sort un film.












Olivier Marchal aussi.












Amber Heard est de retour sur Donc Acte ! Cette fois, elle tourne dans Rhum Express (2011), une probable bouse avec Johnny Depp. Ce dernier avait retrouvé un manuscrit d'un des premiers romans d'Hunter Thompson dans un carton dont l'inventeur du journalisme gonzo avait oublié l'existence. Du coup, ce dernier lui a conseillé d'en faire un film. Le duo devait être perché. Lors de l'interview que j'ai regardé sur France 2 lors du JT du soir vendredi 25 novembre, j'ai également remarqué que monsieur Depp qui est marié à Vanessa Paradis, qui habite en France (... ou pas), qui a une boîte de nuit dans la capitale, qui a quelques enfants français n'a toujours pas appris la langue de Balzac. Est-il aussi perché en famille qu'il l'est en compagnie de Thompson ?, là est la question.


La presse (Le monde, Libération, ...) est en admiration devant Le cheval de Turin (2011) l'ultime film (par choix personnel) de Béla Tarr, cinéaste hongrois dont je n'avais jamais entendu parler. Dois-je assister à une rétrospective du metteur en scène pour me décider à aller voir son dernier opus (et l'apprécier) (et passer pour un vrai cinéphile) ?, là est une question. Le récit est apparemment librement inspiré de la vie du philosophe allemand Friedrich Nietzsche. J'ai une biographie à la maison. Que dois-je faire ? Aller voir un film ou finir le bouquin ?, là est mon dilemme. D'un côté, Le cheval de Turin est un long-métrage magyar proche d'une esthétique slave ; je peux donc m'attendre à de longs plans apportant en bout de durable mouvement de caméra une information très triste (souligné par le bruit du vent, par le silence ou par une musique classique dramatique). D'un autre côté, le livre est déjà payé.

samedi 26 novembre 2011

The Innkeepers

Samedi 26 Novembre 2011
Comment attraper froid à Paris

The Innkeepers, Ti West, 2011, USA.

Au PIFFF, le samedi 26 novembre 2011 à 17h au Gaumont Opéra (Paris International Fantastic Film Festival ... les responsables n'ont même pas nommé en français un festival parisien), The Innkeepers a été présenté comme un film fantastique alors qu'il n'est que la représentation de deux employés d'un hôtel en faillite qui s'ennuient et qui se racontent des histoires de fantômes pour passer le temps. La vidéo que Luke (Pat Healy) montre à Claire (Sara Paxton) est là pour le souligner. Luke a créé un site pour faire vivre le mythe de l'hôtel hanté et est équipé d'un enregistreur de PEV (pour enregistrer les phénomènes vocaux) afin de capter toutes preuves pour alimenter le commerce. Mais il n'a jamais été témoin de rien. Le spectateur compte donc sur Claire (Sara Paxton montre qu'elle vaut mieux que des rôles de bimbos), une jeune femme maladroite, asthmatique et en manque de sensations fortes pour entrer en contact avec le fantôme de la fiancée déçue (j'ai oublié son nom).

Comme sur la vidéo que montre Luke à Claire, The Innkeepers est supposé faire sursauter car on nous (spectateurs) a dit de regarder de près en attendant quelque chose de bon (le principe de visionner un film d'horreur et/ou fantastique est d'être partant pour être pris à rebrousse-poil). Ti West joue donc avec cette tension pour décevoir. Le résultat est deux ou trois rires peu appuyés et deux sursauts francs. The Innkeepers est avare en effets. Il est aussi frileux que le vent qui s'est infiltré sous mon manteau pendant la demi-heure passée à attendre dans la rue. Si la vision d'une paire de chaussettes roulées en boule pouvait m'émouvoir, je serais sur le cul après avoir assisté à la conclusion de The Innkeeepers car l'épilogue laisse songeur. Sa brève conclusion est trop simpliste pour être ambigüe. L'effroi n'est pas au rendez-vous. Il lui manque une fin glaçante comme celle de Danse Macabre (Corbucci-Margheriti, 1964) pour justifier toute cette attente.

Sans être mauvais, The Innkeepers se regarde de bout en bout en tant que comédie charmante avec un risque de frisson. Il manque sa cible sur la tension dramatique qu'il essaie de distiller par de trop timides et rares touches de fantastique. "A l'ancienne" est l'expression utilisée pour souligner gentiment que The Innkeepers n'est pas un long-métrage de genre sans originalité et aux effets datant de l'invention de la roue. L'essentiel du travail du metteur en scène est concentré sur la qualité de la photographie, du cadrage, du montage et le soin apporté aux décors ; Ti West joue même habilement avec les connaissances du spectateur en détournant le dernier plan de The Shining. La vérité est que j'ai passé l'essentiel du film à me lamenter sur le sort de ce magnifique ancien hôtel de la Nouvelle Angleterre promis à la destruction pour être remplacé par un parking.

-Et si tu me racontais une histoire de fantômes ? -Non, toi en premier.

Blague carambar : c'était aussi téléphoné que le PIFFF de Cyrano de Bergerac et j'ai manqué de PIFFF sur ce coup-là.

mercredi 23 novembre 2011

La sélection du mercredi

Mercredi 23 Novembre 2011

Aujourd'hui, j'ai envie de parler des critiques ciné du quotidien Le Parisien (aussi dénommé dans toute la France Aujourd'hui en France). Selon Hubert Lizé, les derniers Jean-Jacques Annaud, Or noir, et Andrew Nicol, Time Out sont des chefs d’œuvre du cinématographe. Les titres des articles le soulignent bien : Annaud au pays de l'or noir et Justin Timberlake n'a pas une minute à lui. Le problème est que les bandes-annonces ne donnent pas du tout envie d'aller voir les films. Les articles non plus : Dois-je me contenter des articles d'Hubert Lizé qui, d'un côté, ne fait que décrire rapidement l'ambition du seigneur Annaud, l'ampleur de la distribution du film Or noir (500 écrans), un résumé rétrospectif du récit (partant des clichés d'aujourd'hui -cheiks, Rolls, buildings- pour ceux du monde arabe des années 1930 -chevauchées dans les dunes, bataille à dos de chameaux-) et les difficultés de tournage, et qui, de l'autre côté, ruine la tension dramatique de Time Out en en décrivant toute l'intrigue et sa seule interprétation possible ou dois-je écouter ma voix intérieure qui me dit qu'il faut me méfier ? En fait, je ne me pose pas la question. Le même Hubert Lizé a kiffé Les immortels, savoureux nanar au charme kitch et brutal, dont il souligne les qualités : le résumé (Thésée lève une troupe de fidèles et affronte la bête immonde pour venger sa maman égorgée sous ses yeux), "ces décors de falaises troglodytes, ces corps-à-corps de légionnaires en jupette qui s'empalent à coups de javelot, ces hectolitres d'hémoglobine qui giclent en (mauvais) relief ; et la plastique de la sublissime Freida Pinto". Heureusement que monsieur Lizé a singularisé cette dernière caractéristique positive par l'utilisation d'un point virgule. Sans cela, il aurait pu me faire croire qu'il avait des fantasmes secrets inassouvis (légionnaires en jupette qui s'empalent et hémoglobine giclant).


Selon Alain Grasset, le premier Mélanie Laurent, Les adoptés (2011), est un chef d’œuvre du cinématographe. Le titre de l'article le prouve : Mélanie Laurent sait tout faire. Question : Dois-je croire qu'il faille aller voir pour mon plaisir le film de Mélanie Laurent alors que l'article ne décrit que son envie de réaliser, de raconter une histoire, d'avoir Natalie Portman en tête d'affiche et qui songe à mettre en scène un second long-métrage ou dois-je me contenter des mauvais souvenirs qu'ont été pour moi Je vais bien, ne t'en fais pas, Le concert, Inglorious Bastards ,et la laideur suprême des images et l'insipide résumé du récit de la bande-annonce de Les adoptés ? Tout cela est de la rhétorique. Si j'écoutais les critiques culturelles du Parisien, je n'aurais jamais envie d'aller au cinéma.

mardi 22 novembre 2011

The Thief

Mardi 22 Novembre 2011
Faut pas copier tout ce que l'on voit


The Thief, Russell Rouse, 1952, USA.

Il y a des cinéastes qui aiment faire des expériences. Ils créent des œuvres différentes pour intéresser le spectateur. Ils croient que le cinéma n'obéit pas à un diktat de décérébrés indifférents au sort des auteurs (et de leurs inspirations) qui s'enfilent toujours la même soupe sans s'inquiéter de l'indigestion. Ces artistes se permettent de gâter l'avisé, tolérant, malin consommateur de bouts de pelloches et compréhensif amateur d'aventure et de frissons durant l'essentiel de leurs métrages afin de lui apporter un plaisir durable grâce à un habile maniement de sa psychologie et de ses émotions, et grâce à l'utilisation précise et censée de caractéristiques cinématographiques et narratives comme Russell Rouse pour The Thief.


Russell Rouse, scénariste américain des intéressants The Well (Léo C. Popkin et Russell Rouse, 1951) qui narre l'histoire d'une enquête policière sur un individu ayant kidnappé une enfant alors que la fille manquante est tombée dans un puits et D.O.A. (Rudolph Maté, 1950) qui raconte l'histoire d'un individu qui a plus d'une heure pour trouver celui qui l'a mortellement empoisonné et pourquoi, a su tirer profit de deux aspects techniques pour peaufiner The Thief : l'absence de paroles et la focalisation interne sur un voleur. Il a également travaillé le rapport conflictuel entre morale et psychologie personnelle du spectateur en rendant le vol palpitant, mais en suscitant un mal être et faisant naître des remords.

Un film unique en son genre ! Pas un seul mot n'est prononcé !

L'absence de paroles permet de se concentrer sur l'action. The Thief évite l'écueil de la justification d'une éventuelle dégradation morale du protagoniste. Le motif est simple ; le voleur est intéressé par l'argent. The Thief tient donc son suspense sur le charisme du personnage et la mise en images des événements du récit. Le spectateur doit se préparer à une immersion en eaux/hauts troubles. L'intrigue suit les pas d'un voleur en plein acte délictueux d'espionnage. La focalisation interne y est plus importante que la morale même si le personnage est en proie au doute. En tant qu'amateur de frissons, il faut vouloir vibrer pour un criminel (en étant en emphase avec lui) afin d'apprécier le film. Évidemment, il s'agit d'un plaisir coupable : il est tout aussi amusant de s'imaginer en Arsène Lupin qu'en astronaute, en espion qu'en Doc Savage, en Snake Plissken qu'en Casimir ou en Babar.

Ray Milland

Pour The Thief, le charisme et la sympathique physionomie de Ray Milland permettent de bon cœur de participer à cette expérience purement cinématographique. Le charme de Ray Milland joue un rôle primordial à la réussite de ce long-métrage unique en son genre. Monsieur Milland inspire une sincère douceur et une intelligence très amicale. Lorsqu'il sourit et rit, son visage s'éclaire tel celui d'Humphrey Bogart et le monde a envie de l'imiter sans douter. Pour tout vous dire, à chaque fois que je visionne Dial M for Murder de sir Alfred Hitchcock, j'ai toujours envie de le voir s'en sortir alors qu'il essaie de tuer son épouse incarnée par Grace Kelly (et je suis admiratif de sa beauté et de son caractère devant l'éternel ... c'est vous dire la bonhomie de Ray Milland). L'un de mes thrillers préférés est The Big Clock (John Farrow, 1948) dans lequel il est trépidant de le suivre en action dans un récit aux multiples mises en situation délicate. Si Charles Laughton tenait l'affiche de The Thief, il n'est pas sûr que je trépiderais pour un voleur et traitre envers la patrie US (car Charles Laughton était un grand acteur). Mais si Nicolas Winding Refn incarnait ce rôle, je voudrais qu'il se prenne une balle entre les yeux dans les 2 premières minutes du film. 


The Thief est une réussite du film noir. Les codes du genre (telle la femme fatale) sont utilisés avec une rare intelligence. Cette femme dangereuse (sur la photo ci-dessous), objet de désirs et de tentations, a une place qui lui convient parfaitement dans ce long-métrage et ... je n'en dis pas plus car The Thief est à découvrir et à partager. C'est un trésor du cinématographe. Un bijou à mettre au coffre et à ne sortir que pour les grandes occasions quand on veut véritablement se faire plaisir.

lundi 21 novembre 2011

Thelma & Louise

Lundi 21 Novembre 2011
Vu aujourd'hui à l'atelier d'écriture de scénario : le climax de Thelma & Louise

Thelma & Louise, Ridley Scott, 1991, USA.

Vous rappelez-vous de Thelma & Louise ? Oui. Assurément. Tout le monde l'a vu ou en a parlé. Le film se termine sur l'une des fins les plus risibles de l'histoire du cinéma. Pour résumer, les deux femmes préfèrent le suicide plutôt que le vilain joug des hommes de la société phallocratique occidentale, qui est caractérisé par une vie quotidienne routinière et ennuyeuse, des responsabilités envers les enfants, une tentative de viol par un mec bourré, un beau gosse qui leur pique tout leur fric, des péquenauds édentés, un camion citerne à exploser (jolie métaphore des bourses pleines) et une armée de policiers armés jusqu'aux dents (aucun homme n'est sympa, intelligent, attentionné et dévoué). Bref, Thelma j'ai-un-sourire-dentifrice-avant-de-crever et Louise j'en-peux-plus-de-faire-les-mauvais-choix-autant-finir-sur-le-pire-de-tous (sachez que je ne sais pas distinguer l'une de l'autre ... la dernière fois que j'ai regardé Thelma & Louise était à l'époque de sa sortie au cinoche en 1991 et je n'en avais pas cru mes yeux) sont amatrices des solutions radicales et envisagent toujours la réalité sous l'angle de l'exagération, c'est-à-dire la panique.

Pour faire passer la pilule, Ridley Scott termine même son medley de pot-pourri musical rock sudiste américain au ralenti sur un flash-back ridicule des temps glorieux (comprendre Thelma et Louise rigolent en bagnole) que les protagonistes ne peuvent décemment pas apprécié vu qu'elles ont la gueule ravagée, en morceaux, ensanglantée, éclatée (s'il en reste quelque chose) et mêlée à la taule de leur décapotable au fond du Grand Canyon.

dimanche 20 novembre 2011

La trilogie Pascal Thomas adapte Agatha Christie

Samedi 19 Novembre 2011
Qui vivra verra

Avant de me lancer dans l'aventure, il a fallu que je me prépare psychologiquement. J'étais dans un état particulier que je vais essayer de retranscrire le plus fidèlement possible. J'ai songé à trouver quelqu'un qui soit fan des œuvres de Pascal Thomas (car je ne m'y connais pas du tout en Pascal Thomas), quelqu'un qui les possède tous en DVD (car je suppose qu'il faut être fan de Pascal Thomas pour avoir des DVDs de ses films dans sa collection) et quelqu'un qui m'en montrerait 1 par hasard ou par ennui. Je lui en aurais peut-être emprunté 1 ou 2 sans qu'il le sache et je lui aurais rendu avant qu'il s'aperçoive de leur disparition. Si le crime avait été découvert, j'aurais accusé un rom pour me libérer des doutes portant sur moi. J'aurais revendu ces DVDs pour être crédible et me faire un peu de blé au passage. J'aurais même revu comme d'accoutumée cette connaissance victime de mon larcin, choqué que j'aurais été d'avoir été soupçonné, mais généreux de cœur au point de ne montrer aucune rancune pour si peu de choses. Bref, j'aurais été un menteur de première et un voleur talentueux. J'aurais agrémenté ma vie d'un suspense angoissant, plus intense que 2 des 3 films suivants (devinez lesquels) : Mon petit doigt m'a dit, L'heure Zéro et Le crime est notre affaire.


Mon petit doigt m'a dit, Pascal Thomas, 2004, France.

Le film est gentil. Il est gentillet. Il est douçâtre. Doux heureux même. Mignon. Folichon. Généreux. Sympathique. Français. Amical. Tendre. Adorable pour le troisième âge. Il ne requiert pas une attention très poussée. Tout élément du récit est mâché par les acteurs pour comprendre tout et plus qu'il n'en faut. Tout est justifié et expliqué durant toute la durée du métrage par une clarté des plus transparentes. Mon petit doigt m'a dit est un film mystérieux sans grand mystère.

Apparemment, il est adapté d'Agatha Christie. Son nom est au générique. L'équipe motrice du film a obtenu les droits d'adaptation. C'est ce qui explique la bonne humeur de Mon petit doigt m'a dit qui narre néanmoins l'enquête des Beresford après la mort d'un membre de la famille.

Je vous résume l'intrigue : Bali et Balo sont sur un bateau. Bali saute à l'eau. Balo est tenté de le suivre car il est le seul suspect disponible. Et voilà.

Le crime et le mystère en chantant

Un seul suspect crédible

L'humour n'est pas très enlevé. Lors d'une scène de réunion des services secrets, un malheureux acteur asiatique a été engagé pour massacrer le texte top secret en français qu'il est censé lire devant une assemblée de généraux et de hauts fonctionnaires portant des masques à gaz. Avec son niveau de langue dans la diégèse, je me suis demandé quelle qualification ce protagoniste avait. Avec ou sans réponse, la blague est de très mauvais goût.

On ne serait pas en train de se moquer de mon ethnie là ?

Heureusement, les bons mots fusent. Les mots d'esprit à la française illuminent de leur présence cette œuvre inaltérable pour les dimanches après-midi pluvieux sur France 3. Il contient de véritables moments de poésie : André Dussolier, incarnant monsieur Belisair Beresford, a ce bon mot en arrivant à la maison de retraite où sa tante réside : "On sent que c'est un endroit où il ne peut plus rien arriver." alors que l'heure zéro de cette dernière est sur le point de sonner. Catherine Frot, interprétant madame Prudence Beresford, songeuse, s'avère perspicace : "Il n'y a pas de village tranquille.", et, pour conclure le film sur une juste note, elle affirme : "Il n'y a rien de pire que des amours non consommés."

L'amour de Belisair Beresford pour le suspense est intact ... il ne l'a pas consommé


L'heure Zéro, Pascal Thomas, 2007, France.

L'heure zéro est celle de la mort pour chaque individu. Elle est donc redoutée et redoutable. Pour qui sonnera-t-elle dans L'heure Zéro ? Une première question à laquelle il faut déjà répondre avant de chercher le criminel, la criminelle ou les criminels.

Contrairement à ses homologues Christien/Pascalien, L'heure zéro se défend. Il reprend tous les éléments qui font le succès des récits d'Agatha Christie. Tous les personnages sont soupçonnables. Tous ont un motif pour commettre un meurtre. L'identité de la victime se profile petit à petit. Le spectateur ne peut que prendre son mal en patience car le jeu de piste menant à l'assassin (ou autres sexes) est habilement dissimulé (merci l'écrivaine anglaise) jusqu'à la révélation policière finale où de nouveaux éléments apparaissent magiquement.

Oh oh ! Il y a un minimum de suspense dans L'heure Zéro !

En général, l'effet des conclusions de l'enquête laisse le spectateur incrédule ; il n'aurait jamais pu deviner quoique ce soit. En cela, résidait le trait de génie d'Agatha Christie. Elle en disait beaucoup durant les trois quarts de ses romans mais elle n'émettait rien d'essentiel avant les derniers chapitres de ses récits. Le mystère se lançait peu à peu sur des fausses pistes et seule la grande scène finale apportait les éléments permettant de faire une correcte conclusion. Agatha était une sacrée filoute.

Quelques idées de scénographie dans L'heure Zéro !


Le crime est notre affaire, Pascal Thomas, 2008, France.

La mise en place est simple. La tante, la nièce ou la grand-mère de Prudence Beresford est dans le train en direction du bled paumé où le couple de joyeux retraités habitent. A peine sorti d'un coma dû au bercement du chemin sur rails, elle remarque un meurtre se déroulant dans un train de région qui croise le sien.

Ensuite, le développement s'égraine au compte-goutte pour assumer son caractère vain avec orgueil. Le récit s'avère interminable et la résolution sauve le spectateur parce qu'il a zappé directement sur la fin du long-métrage. La chose se déroule avant un bon dîner. Comme quoi, les petits vieux ont l'estomac bien accroché (le casting est essentiellement âgé : André Dussolier, Catherine Frot, Claude Rich, Annie Cordy et Melvil Poupaud). En France, le meurtre n'est pas une affaire qui dérange les besoins intestinaux.

Un jour, dans la fiction française, la mort sera prise davantage au sérieux que les repas de famille

Voilà qui résume parfaitement le suspense patriotique : il faut que rien ne vienne déranger l'appétit. On peut compter sur nos auteurs pour pondre un récit autour de l'intrigue suivante : Bali et Balo sont dans un train. Balo est étranglé. Qui l'a tué ? Vu que la ronde des suspects est très limitée, le coupable est Bali.

Tout prétexte est bon pour faire un film : Pascal Thomas rêvait de voir André Dussolier draguer en kilt sur une bouche d’égout ... chacun s'excite comme il peut ...

vendredi 18 novembre 2011

Limitless

Vendredi 18 Novembre 2011
Après un rire brutal

La bande-annonce de Limitless (2011) présente l'histoire d'un individu réussissant au-delà de toutes limites. Elle montre que la meilleure façon d'obtenir ce qui le fait rêver (incarner l'homme suprême) se trouve dans la consommation d'une drogue. Mais je me rassure, la morale est sauve, le film se termine sur une leçon de vie du genre "c'est pas bien".

Si ce n'est pas le cas, ce n'est pas grave. Je ne vais pas regarder Limitless car je ne cherche pas à acquérir une certaine sagesse qui me manquerait. Je me suis auto-censuré pour écrire ce texte. Et oui, je suis un gars comme ça moi. Je suis un mec qui se met des limites et qui les aime (des fois un peu trop). Il ne faut pas se méprendre. Cet article n'aurait pas été un total torchon rempli d'insultes. Il aurait tout simplement été beaucoup moins bien rédigé "que ce que" vous lisez en ce moment. J'ai besoin de travailler un article aussi court que celui-là pendant une bonne demi-heure. Et ouais.

C'est bien pour cette raison qu'aller voir Limitless me renverrait à l'angoisse suivante : celle d'être pris pour un individu similaire à cette tronche de cake qu'incarne Bradley Cooperscout. Car je ne veux pas que l'on croit de moi que je veuille être capable de tout en un temps record, que je me prenne pour un sur-homme, que je veuille être supérieur à l'homme et à mon boss et que je puisse crever d'une overdose ou virer paranoïaque. Personnellement, j'aime bien rester humble.

J'aime même galérer un peu. Cette après-midi, je suis allé au Spar rue Doudeauville pas loin où j'habite. Je pouvais acheter une bouteille d'Ice Tea de 2L pour 2€40 (la 1,5L n'était pas achalandée). Mais cette contenance était bien trop importante pour mes besoins de la soirée. Et oui, j'ai pensé à court terme pour m'aider à choisir. Du coup, je suis allé au Virgin Barbès m'acheter un livre pour la modique somme de 3€70 que j'aurais payé 3€51 + 2€99 pour les frais de port avec amazon.fr. J'ai fait une bonne affaire. Puis je suis passé devant le Spar en revenant du Virgin et j'ai continué la rue Doudeauville jusqu'à la rue de la Chapelle et me suis payé une bouteille de 1,5L d'Ice Tea pour le prix de 1€84 au Monoprix. Je croyais avoir économisé 56 cents mais, en songeant qu'1 cl d'Ice Tea coûte presque 1 cent pour l'ajout de 50 cl dans une bouteille de 2L, je me suis rendu compte que j'aurais pu faire une affaire au Spar ; 1€84 pour 1,5L met le coût du centilitre bien au dessus du cent d'euro. Mais mes besoins étant satisfaits, je ne me plaignais pas. Je le saurais pour la prochaine fois. Même si 2€40 pour 2L met aussi le coût du cl au dessus du cent d'Euro.

Si j'avais été une tête de nœud comme le boyscout de Limitless, pour m'offrir ces 56 cents de surplus sur une bouteille de 2L de thé glacé, j'aurais mis un costard cravate, du gel sur mes cheveux pour qu'ils tiennent à rebrousse-poil, je me serais rasé ma vraie barbe pour un prétexte de virilité de 3 jours, j'aurais appris le langage boursier, une dizaine de vannes sans sens, 4 ou 5 langues et des mots d'esprits désabusés et cyniques qui font briller un esprit creux en société, j'aurais serré des mains de bonhommes de la haute-finance qui méritent la taule à coup sûr et mis sur la paille des entreprises et au chômage plein de gonzagues sans autre plan de carrière. J'aurais traité tout le monde comme des objets et je me serais drogué.

C'est vrai, je ne cherche pas à m'élever au dessus de ma condition. Je suis mes envies (qui m'amènent à péter au dessus, au juste niveau et en dessous de mon cul). Je ne suis pas un individu ayant une philosophie personnelle de l'existence, de l'homme et de sa société (en fait, ça dépend des humeurs) mais je sais me réguler. Et j'ai une horrible vision de moi-même par intermittence (ça dépend de mes échecs). Je suis juste un gars indifférent qui s'ennuie souvent et qui doit bosser dur pour arriver à  grappiller quelque chose qui me fait plaisir ; et je suis très bien comme ça.

mercredi 16 novembre 2011

La sélection du mercredi

Mercredi 16 Novembre 2011
Du moment que ça fait des entrées ...

Twilight 4 : révélation 1ère partie (2011) : la série des Twilight section bibliothèque rose en est arrivée à son 4ème épisode 1/2. La première moitié de la bande-annonce est consacrée aux ébats érotiques du couple vedette : devant leurs familles à leur mariage, dans une voiture, sur un bateau, lors d'une pleine lune, sur une moquette, derrière un rideau, dans un lit, sous une cascade. Dire que cette histoire d'amour passe pour du grand romantisme alors que le vampire pète le mûr au dessus du lit lors de la nuit de noces. Clairement, Robin Pattenson n'en pouvait plus après 3 films de retenue. Il faut dire que lui et Kristen Hôtessedelère les ont passé à défendre leur virginité contre les bêtes louves et les vampires sauvages (je n'ai pas vu, j'imagine). La seconde moitié de la bande-annonce montre Kristen Gépalepiémarindonkjmsuitrouvéunboulohenavion enceinte d'un fœtus qui la broie de l'intérieur. L'accouchement s'opère sur fond de baston entre loups et vampires. Après 40 toujours puceau et autres comédies et tragédies du genre, le cinéma US montre qu'il est compliqué d'être en rut aux États-Unis.


Mathieu Kassovitz veut bien faire. Une fois de plus, il va passer d'un plateau de télé à l'autre pour pleurer sur le monde, l'humanité et la France. On connaît son créneau. Il est un chic type, un type en bronze plaqué argent massif, un type qui héberge des sans-abri chez lui quand son appartement est en travaux, un type qui a des corones, un type qui est capable de transformer de la merde en or et de faire construire des hélicoptères en bois. Il va nous rabâcher que les gouvernements et les industriels nous mentent et nous spolient. L'injustice règne et il se demandera où est passée la révolution, ses aïeux. Bref, L'ordre et la morale (2011) va plaire à tous ceux qui ont un grief contre l'autorité supérieure et les forces de l'ordre. Le problème est que je ne crois même plus qu'il puisse fabriquer un correct film de genre après les déceptions Babylon AD, Gothika, Assassin(s), La Haine, Métisse et Les Rivières Pourpres. Néanmoins, il a l'air d'avoir mis de la profondeur de surface et de la musique pour faire roots, triste et mystique dans son dernier opus. La morale de l'histoire est qu'il faut aller le voir avec une femme que la politique et l'injustice branchent.


Le stratège (2011) : Il est bon de savoir que Brad Pitt est capable de balancer 2 vannes pourries à un petit gros. Merci le cinéma.












50/50 (2011) : un jeune homme qui ne boit pas, ne fume pas, ne baise pas, ne fait rien de mal, attrape le cancer. Setrogrand Lekanadajimigrostates, son meilleur pote, va lui faire vivre sa vie. Enfin un film qui donne envie d'avoir le cancer.