La sélection de Donc Acte !

Donc Acte ! ne suit pas l'actualité cinéma à la loupe. Donc Acte !, qui s'est intitulé Le cinéphobe pendant une courte période, n'a pas pour passe-temps de visionner des pelloches de cinoche. Donc Acte ! ne va pas souvent voir une œuvre en salles. L'envie est rare. Le plaisir est d'autant plus intense lorsque je suis satisfait par une rencontre du 7ème art. Certains films m'inspirent des réflexions ; c'est ce que je souhaite partager. Je ne propose pas de thèses et il m'arrive de gâcher les histoires en racontant la fin. Vu que je ne mets pas ce qui a été fait de l'invention des frères Lumière sur un piédestal et que je suis des fois moqueur, Donc Acte ! peut ne pas plaire.

mercredi 28 novembre 2012

La sélection du mercredi passéiste d'un méchant moqueur

La bande-annonce de Populaire de Régis Roinsard (2012) nous propose d'assister au spectacle d'une dactylographe en pleine émulation face à sa capacité à taper à la machine. Conséquences : elle s'habille en rose et les feuilles de papier volent. Romain Duris supporte cela en sa caractère de fond d'écran de luxe en costard, rasé et coiffé (il ne touche ni la machine ni la femme). Résultat : je suis du genre à mériter de me prendre un retour-chariot dans les couilles (je pense que ce film est totalement inutile). Mais je n'ai rien à craindre. Plus personne n'utilise de machines à écrire de nos jours. En effet, tout le monde se fout de reconnaître les mérites d'une femme sachant taper sur un clavier quand on utilise tous un ordinateur. Le récit avait tout intérêt à être situer en 1958 (j'avais personnellement décroché de la bande-annonce à l'affichage de cette date) ... peut-être y aurait-il eu une idée en le tournant cette année-là.


Avoir raté une époque est une chose terrible pour un artiste. Claude Miller le sait. D'autres réalisateurs français aussi (je salue Bertrand Tavernier en lui rappelant Le Juge et l'assassin, 1976). A l'ère moderne où la lutte contre l'injustice est une émission quasi-quotidienne à la télévision, que reste-t-il à dénoncer pour nos intellectuels cinéastes ? La haine des banlieues ... déjà fait et refait. L'absence de morale du capital ... revu et corrigé.  Les multiples complots industrialo-politiques ... on en mange à toutes les sauces. Nos artistes n'ont donc plus qu'à travailler sur l'émotion qu'une œuvre puisse transmettre : celle d'auteurs qui rêvent d'être des héros modernes de la France, en prenant partie dans des combats datant du XIXème siècle ... ou des années 1950.

jeudi 11 octobre 2012

La sélection du mercredi

Je n'arrive pas à imaginer une seule personne ayant envie, ayant vraiment envie d'aller voir Ted. Que raconte Ted le film ? Ted est un ours en peluche vivant (ou pas ... osef) qui gâche la vie du couple WhaleKunilinsberg. Ceci dit, tout est dit. Même s'il y a full frontal des deux stars des émissions de choix de peuple de MTV, la pelloche ne gagnerait pas en intérêt. Je n'ai JAMAIS eu cette impression de toute ma vie. Je m'en fous tellement que je n'ai même pas envie de dégainer mon fusil pour le voir un jour et lui tirer dans la gueule.


lundi 8 octobre 2012

Une nuit en enfer 2

Souvenirs, souvenirs

Une nuit en enfer 2, Scott Spiegel, 1999, USA.

Je ne me rappelle que d'un seul fait concernant Une nuit en enfer 2. Et je ne m'en souviens qu'avec peine. Ce souvenir persistant concerne un choix artistique de Scott Spiegel, le metteur en scène de la pelloche. Il me semble qu'il se situe en début de métrage. Sa caméra est posée derrière un ventilateur balayant l'espace de gauche à droite, et inversement (le plan est-il monté pour que le balayage commence sa course de la droite ou de la gauche ?, là est la question). Depuis ce point de vue, on peut observer une bande de protagonistes entrer dans un lieu tout en discutant. Et c'est tout ce dont je me souviens de Une nuit en enfer 2.

samedi 29 septembre 2012

Resident Evil Retribution

Ce Resident Evil Retribution présente quelques interrogations en début de pelloche. Comme les autres, il s’essouffle dans le développement. Comme les autres, il n'y a rien à espérer d'autre que de la violence gratuite. Comme les autres, le final promet un gros morceau de baston épique pour l'opus suivant ...

Milla Jovovich incarne Alice et s'amuse
Resident Evil Retribution, Paul W.S. Anderson, 2012, Allemagne-Canada.

Que tous ceux qui recherchent contenance et crédibilité en tant que spectateur de cinéma n'aillent pas voir Resident Evil Retribution est une évidence. Que tous ceux qui sont prêts à s'enfiler des mises à mort stylisées de zombies par Milla Jovovich en tenue moulante ne se privent pas d'aller payer (pas cher) sa place de cinoche en est une autre.

Personnellement, j'ai apprécié le premier de la série. Resident Evil par Paul W.S. Anderson mélangeait qualités et défauts de sorte que ces premières prenaient le dessus. C'était il y a dix ans. Le second, Resident Evil Apocalypse par Alexander Witt, ne m'a pas encouragé à voir le troisième Resident Evil Extinction par Russell Mulcahy. Paul W.S. Anderson ayant repris les commandes, je me suis de nouveau affilié avec la série. J'ai ainsi découvert que le troisième volet est, à ce jour, le mieux construit des cinq et j'ai fait connaissance avec le tournant décisif qu'a pris la série en regardant le quatrième opus.

Ce dernier est un pur délire fantaisiste qui n'a plus aucun point commun avec l'univers concret et les Resident Evil de Capcom. Alice se promène en petit avion biplace d'Alaska en Californie, sans jamais faire le plein, et en tenant un journal vidéo de bord pendant qu'elle pilote. Elle sort ses pistolets dès que le vent la décoiffe et prend en pitié des prisonniers enfermés dans un gigantesque bâtiment carcéral construit en plein milieu d'une banlieue résidentielle de Los Angeles. a noter, une séquence à Tokyo en début de long-métrage. Pendant ce temps, les dirigeants et sicentifiques d'Umbrella Corporation continuent leurs expériences avec le virus T (et autres) même si le monde brûle dans un feu apocalyptique et qu'ils ne sauveront personne d'autre qu'eux-mêmes. Mais, je ne pourrais vraiment pas vous mieux décrire l'hérésie intéressée qui transcende au rang de mauvais goût de choix l'action, les décors, les dialogues et les personnages de cette pelloche (le quatrième de la série). Et, pourtant, ça se regarde. Il y a des choses qu'il faut voir. Oui. c'est vrai. Je ne vous mens pas. Il y a du cliché pour ceux qui n'en veulent. Vous voulez une star black de sport américain (un type bien) et un producteur hollywoodien (un sale type) parmi les survivants de la fin du monde ? Vous les avez ! Vous voulez Chris Redfield, un personnage important dans les jeux vidéos, apparaissant au quatrième épisode et qui est traité par dessus la jambe. Vous l'avez ! Et ... je me suis donc laissé tenter et charmer par cette grande déraison sans queue ni tête qui a saisi Paul W.S. Anderson pour relancer l'intérêt des Resident Evil au cinoche. Puis vint cette Rétribution qui s'affirmait comme la suite en continu de Afterlife (soit en français "Après-vie"). Je ne pouvais dire non.

La vie de Wentworth Miller après Prison Break

Bref, ce Resident Evil Retribution (par Paul W.S. Anderson, mari de Milla Jovovich et père de ses enfants) a ses qualités. La dynamique radicale des aventures d'Alice, protagoniste qui n'existe pas dans la saga de jeux vidéos, interprétée par Milla Jovovich, est la même que dans celle de l'Après-vie : Milla Jovovich, ses tenues moulantes, ses coupes de cheveux, ses galipettes en air, ses glissades et ses courses, ses regards sérieux de femme à ne pas faire chier, son goût pour les flingues, ses armes qu'elle sort d'endroits dans lesquels seuls le Saint-Esprit et le réalisateur (Paul W.S. Anderson) ont le droit de s'immiscer, le(s) décor(s) et les costumes du film, des monstres et des personnages labellisés Resident Evil, des soldats russes zombies à moto tirant à la mitraillette, un autre craquant un gros sourire en éviscérant un vivant à la tronçonneuse, des gros raccourcis et des arrangements narratifs faciles, des morceaux de bravoure déjà vu ailleurs (une référence se repère à chaque coin de cadre), un casting de série B (Michelle Rodriguez, Wentworth Miller, Ali Larter, Oded Fehr et des top-models recyclés), pas trop de temps mort, et, une organisation (Umbrella) si démoniaque qu'on a envie d'en apprécier la destruction. En y réfléchissant un peu, l'air de rien, Resident Evil Retribution (et les autres RE : jeux et pelloches) se pose contre le clonage de l'individu à des fins de tests scientifiques, contre les armes biolo-bactériologiques, contre l'exploitation de l'homme par l'homme, contre Umbrella Corporation et son égoïsme tordu au mépris de la vie humaine (le même type de message pour le respect et la liberté de l'individu était déjà présent dans le remake de Death Race par le même réalisateur anglais).

Milla Jovovich et Paul W.S. Anderson, mari et femme (merde non, c'est l'inverse)

Malheureusement, quelques idées ayant du mérite provoquent des regrets. La faute en revient à un sous-développement maladif. Le rythme "soutenu" de la pelloche a des conséquences tragiques sur les émotions potentielles à ressentir face aux événements. Le décor à la Truman Show est sous-exploité, de telle sorte que toutes les scènes "d'action" de la simulation de New York jusqu'à la remontée à la surface sont décevantes. Et surtout, la brillante idée de la relation entre Becky, une enfant clone qui croit qu'Alice est sa mère parce que sa "vraie mère" en était le clone, et Alice n'est pas du tout exploitée (vous ne ressentirez qu'un pincement au cœur et l'action W.S.Anderson/R.E./Hadida/Capcom reprend son rythme métronome) surtout que la majorité des scènes d'action (celles sans Milla Jovovich) sont bâclées et insuffisantes. La retranscription d'un âpre effort du combat pour sa survie en territoire ennemi est sacrifiée à l'illogisme dès qu'Alice trouve un partenaire de combat ou qu'elle est absente de l'écran (je précise que je ne suis pas gaga de Milla Jovovich ... je ne fais que décrire ce que j'ai vu en salles sur l'écran géant et en 3D).

Milla Jovovich, alias Alice, alias une femme qui a tout ce qu'elle veut

Et Paul W.S. Anderson, tout comme Capcom, a l'intelligence de tirer sur la corde Resident Evil jusqu'à ne plus avoir aucune idée et de les recycler toutes à l'infini, jusqu'à conclure tous ses récits épiques par des cliffhangers, alias des montées en puissance poussant le spectateur à développer une curiosité quant à la nature de l'épisode suivant ... des  morceaux de fin qui ne sont jamais résolus autrement qu'en une séquence au début de la pelloche d'après. Irai-je voir le sixième opus de la série ?, là est la question.

Argh !!!

J'adore tous les aspects épiques et violents de la série. J'aime que toutes les séquences ne comprenant pas Milla Jovovich soient bâclées. J'apprécie que des personnages importants du jeu ne sortent du néant scénaristique qu'au cinquième épisode de la série (Leon S. Kennedy par exemple et, accessoirement, Ada Wong) pour y retourner. J'adhère aux grandes inégalités des scènes d'action qui vont du risible à l'efficace. J'adule ces scènes de dialogue qui sont toutes pitoyables et qui ne permettent jamais d'éprouver quelque empathie que ce soit envers la plupart des personnages (malgré de riches idées) Et, par dessus tout, je soutiens la griffe opportuniste de Paul W.S. Anderson qui ne débande jamais, qui se fait toujours ressentir en faisant valser ces pelloches entre nanar, horreur dosée (elle est surprenante tellement elle est rare) et violence totalement gratuite. Je n'éprouve aucune haine ou mépris contre ce genre de facilités dans la production cinématographique ; un peu de légèreté vis-à-vis du 7ème Art fait grand plaisir et détend toujours l'atmosphère.

A certains moments de mon existence, il arrive que le manque de finesse d'Anderson me suffise. Le fond de commerce est honnête. La forme varie. En d'autres occasions, il est tout simplement hors de question que l'aspect très direct de ses pelloches m'attire. J'ai mes moments ... un pour Bunuel ... un pour James Cameron ... un pour W.S. Anderson ... un pour Romero ... un pour un feuilleton polonais non sous-titré ... un pour Cassavetes ... un pour David Lean. Et oui, il y a des moments où je préfère cette bande de feignasses opportunistes et leurs nanars des familles aux ambitions de commerce international aux grandes œuvres de grands artistes. En somme, c'est pourri mais, vu que j'ai payé ma place plein tarif, ça passe le temps.

samedi 15 septembre 2012

La sélection du mercredi (2de partie)

La bande-annonce de Le jour de la grenouille a provoqué en moi une impression familière. Autant j'apprécie grandement Josephine de Meaux qui interprète à la perfection des rôles comiques, autant les histoires d'amour au cinéma ne me font jamais rêver aussi dramatiques soient-elles.









La bande-annonce de Ombline montre une fois de plus qu'une maladie s'est répandue parmi les actrices à la jolie plastique moins douées que les autres. Ce virus à la mode consiste à incarner un personnage défendant son enfant coûte que coûte, contre le monde, les forces surnaturelles, les administrations gouvernementales, et autres ... L'aventure ne saurait se vivre avec maquillage. Après Jessica Biel avec The Secret, Melanie Thierry s'y colle dans Ombline.







La bande-annonce de La dette avait de quoi me faire déplacer en salles. Durant la première partie, j'avais quelque espoir de voir se nouer un drame à la polonaise ; l'aventure se déroulant en Pologne réglant ses comptes avec le communisme et le mazisme. Il était temps. Mais la seconde partie de l'encas promotionnel dévoile le fils, défendant son père accusé d'être un ancien agent infiltré, creusant un trou dans une maison de campagne. Comme cela, l'air de rien, on peut se méprendre. Un plan fait toute la différence. Il se peut bien que La dette se résolve "à l'américaine" : sur un mode "le père était coupable, tout le monde avait raison de l'accuser et le fils défendait son père en toute logique". Reste à savoir si le descendant déterre des preuves pour découvrir la vérité ou pour les enterrer. Un plan de trop dans cette bande-annonce qui propose peut-être une résolution d'intrigue banalisée. Sinon j'aime bien les vindictes populaires ; elles ont leurs places dans une histoire ayant un lien avec le communisme et le nazisme.

L'image ci-dessus n'est pas l'affiche du film.




mercredi 12 septembre 2012

La sélection du mercredi (1ère partie)

La bande-annonce de Camille Redouble me laisse sans voix. Mes neurones n'arrivent pas à se connecter pour véhiculer des mots et des idées qui pourraient se développer en phrases. Seule une impression de sidération domine. Je ne pourrais même pas critiquer la bande-annonce en soi ; le contenu est responsable de mon manque d'inspiration. Une chose a du mal à sortir, une chose qui s'exprime assez couramment sur internet sous la forme WTF?! (traduction française : "qu'est-ce que c'est que ce truc ?"), et qui est destiné à Noémie Lvovsky.





La bande-annonce de Des hommes sans loi ne m'inspire pas. A part la présence de la plastique de Jessica Chastain au générique, plusieurs hommes tirant la tronche et ayant des attitudes viriles s'affrontent en costume d'époque première moitié de siècle US. Et, bien que le texte souligne que la violence n'est pas l'intérêt de la bête, des hommes sans loi vont tester leurs limites (jusqu'à l'immortalité) ; c'est le principe de base qui fait sentir l'odeur de la poudre à canon. Ça sent le mensonge promotionnel à plein nez. Il n'y a probablement rien d'autre à voir en salles que Gary Oldman portant la mitraillette, Guy Pearce n'ayant plus de sourcils, Tom Hardy étant un Bondurant baraqué (m'est d'avis que son protagoniste meurt) et Shay Leboeuf incarnant un Michael Corleone du pauvre.


La bande-annonce de Voisins du troisième type commence plutôt bien. Elle laisse présager une gentille satire sur les méfaits des milices de surveillance de quartier et sur la vacuité de la vie en banlieue de classe moyenne. Puis intervient une invasion d'extra-terrestres. Faut-il voir un parallèle entre ces nuisances d'un autre-monde et nos zélés comiques de service ? Le doute me ronge. Je pense que ces énergumènes (Stiller, Vaughn, Hill et Ayoade) sont les héros de cette pelloche. Ce qui est bien moins drôle que d'espérer une nouvelle comédie dans le genre de The Burbs (1989) de Joe Dante avec Tom Hanks.

vendredi 7 septembre 2012

La sélection post-DarkHorse du mercreuvendredi

Cette semaine est pleine de nouvelles fraiches sensationnellement nouvelles ! Certaines sont bonnes ! Mathieu Kassovitz joue un méchant ! Jean-Pierre Bacri n'a fait qu'un film cette année ! Joseph Gordon-Levitt sait pédaler ! Jessica Biel a un drôle de nez ! Un algérien parle français au Québec ! William Friedkin réalise un film "sombre" ! Quentin Dupieux sort une pelloche qui n'a qu'un seul terme dans son titre ! Après Steak et Rubber, voici Wrong ! Quentin essaie-t-il de nous livrer une message d'auteur subliminal ? Les steaks en caoutchouc sont-ils mauvais pour la santé ? Que de courage pour braver tous les obstacles, l'ami ! Les corporations ne t'auraient jamais laissé tranquille si tu les avais surpris avec une attaque frontale ! Robert de Niro est un acteur qui ne connait pas le chômage !

La suite !

Comme d'habitude, les bandes-annonces de la semaine en racontent beaucoup trop. Elles ne laissent aucun plaisir à la découverte. Il faut constater avec peine que les professionnels de la promotion ne savent pas donner envie sans assurer au spectateur potentiel que tout ce qu'il verra en salles après avoir payé son ticket d'entrée est bien ce qu'il a vu dans la bande-annonce. Comme d'habitude donc, je n'aurai aucune pitié.



Ainsi donc, Daniel Auteuil, alias Matéi, alias le flic du moment, cherche à découvrir l'identité d'un individu qui a toujours une balle de sniper pour les policiers et qui pisse sur le système. On sait tous de qui il s'agit : Mathieu Kassovitz. Pas de mystère donc pour ce polar redondant dans ses questions et grillé sur sa réponse.







Ainsi donc, Jean-Pierre Bacri, alias type à dilemmes, alias richesse première en stress constant, alias fils de Claude Rich dans Cherchez Hortense, alias magistrat ayant une réplique favorite : "Tu crois que tu peux rentrer ici ?", alias excentrique banalité, parle à Isabelle Carré dans la rue et part de réunion plus tôt que prévu car il est rongé par une question : peut-on traiter de con de fasciste un policier en plein contrôle d'identité ? Bien sûr que non. Il s'en pose donc une autre : peut-on dire quelque chose sans que quelqu'un en pâtisse ? Personnellement, je ne crois pas. 


Ainsi donc, Jessica Biel aime Martyrs de Pascal Laugier. Rappel : elle est déjà tombée amoureuse de Justin Timberlake, l'homme parfait pour prôner l'abstention en Afrique pour prévenir contre les dangers du SIDA (palmarès de drague du bonhomme : la défloraison de Britney Spears, Cameron Diaz, Fergie, Kristin Bell, Lauren Graham, Kate Hudson, Rihanna, Olivia Munn, Scarlett Johansson, Janet Jackson, et tout un charter de prostituées roumaines dont on n'a jamais découvert les identités ... rappel d'une information non vérifiée : elles ont été toutes retrouvées mortes asphyxiées). Jessica a donc accepté de jouer dans The Secret, dernier bastion du classicisme dans l'horreur (esthétiquement parlant), limite film à oscars, et ce sans maquillage (le lien Allociné vers l'interview de la grande supportrice de la frange). Preuve en est que Jessica Biel croit en l'amour comme en l'impossible parcours d'une pelloche dont personne n'a rien à foutre mais qui lui ferait atteindre le summum à Hollywood. Personnellement, je lui ai toujours trouvé une tronche à part, limite garçon manqué. Son corps musclé et sa gestuelle d'américaine déterminée m'ont toujours refilé cette fâcheuse impression de me retrouver confronter à un mec aux cheveux longs. En tout cas, elle ne devrait pas se permettre de jouer sans maquillage. Je me dirais même plus, elle n'en a pas le droit. Jessica n'est résolument pas une beauté naturelle.






lundi 3 septembre 2012

Dark Horse de Todd Solondz

Sad but true

Dark horse, Todd Solondz, 2011, USA.

La présentation de Dark Horse est somme toute classique mais son développement et sa conclusion donnent à ce long-métrage aux apparences insignifiantes, voire banales dans le paysage du cinéma américain indépendant, la consistance d'une œuvre plus complexe et subtile que la bande-annonce et sa première partie ne le laissent entrevoir.

Todd Solondz, scénariste et réalisateur de Dark Horse, a choisi de  développer son intrigue en misant sur un mélange de psychologie et de fantasmagorie. Ainsi une énième histoire de bas-lourd sans avenir vivant aux crochets de ses parents s'évite la répétition de la lourdeur déjà exploitée par d'autres obscurs auteurs. Dark Horse est en fait une comédie savoureuse où le drame émotionnel intérieur d'Abe a une dimension risible. Solondz évite donc le pathétique en vogue dans ce type de pelloches. Il préfère exposer la fantasmagorie désordonnée de son protagoniste principal Abe afin d'exposer ses problèmes et ses ridicules. Le récit s'avère ainsi intelligemment absurde, railleur au second plan, toujours fin dans ce que le cinéaste américain montre des délires et de la souffrance d'Abe. Ce procédé d'injection de psychologie dans les fantasmes réalistes d'Abe permet au film de s'élever sans peine au dessus de la masse de films moralistes et/ou conformistes, aussi sympathiques et compatissants soient-ils, sur le sujet, car Todd Solondz fait tout simplement du cinéma, là où d'autres font un cours de morale.

Avant de lire ce paragraphe, prenez conscience qu'il dévoile un élément important du film : son final. Si vous ne voulez pas me haïr ou m'accusez de vous avoir gâcher Dark Horse, ne le lisez pas. Sinon, c'est que vous me souhaitez du mal. Vous pouvez aussi sauter au paragraphe de conclusion (le dernier).

En parlant de cinéma, le final remet en question la focalisation sur le personnage principal Abe. Ceci dit, il s'agit de mon interprétation ... qui suit : Dark Horse jusqu'au plan final est le fantasme de quelqu'un. Cette pelloche est donc une œuvre d'apparence trompeuse qui expose les fantasmes d'un individu pour satisfaire le désir d'une autre. Abe est une création imaginaire. Et il ne s'agit pas de celle du metteur en scène : pas de méta-cinéma dans Dark Horse. Victime de ses propres fantasmes, Abe est en fait victime d'être le sujet du fantasme d'autrui. Je me garde néanmoins le plaisir de dévoiler l'identité de cette personne : quoique je pourrais le faire mais je n'ai pas envie ^^. Sachez qu'il s'agit de quelqu'un qui voudrait d'Abe, de quelqu'un qui rêverait de lui, de quelqu'un qui l'aurait créé dans son esprit, de quelqu'un qui souffre d'une inassouvie envie d'amour. Cette conclusion est dramatique, j'en conviens ... mais j'ai le sens du drame. Et à tout prendre, Dark Horse rappelle qu'il y a des demoiselles qui rêvent d'un gros fainéant caractériel et immature pour danser avec elles dans un living-room douillet et pour leur donner tout leur amour (mais, puisqu'il y a bien un obstacle, peut-être que la proximité avec un certain modèle de réussite est trop important pour satisfaire tous les autres désirs, tous les désirs les plus singuliers, tous les désirs les plus anticonformistes).

Et, rappelez-vous, Moi, j'aime la morue.

Christopher Walken, grand acteur dans un grand film

Dark Horse est une très belle œuvre. Todd Solontz propose un tendre et triste récit. Toute son intelligence d'artiste est mise au service d'un sujet rabattu avec lequel il signe l'un des films américains indépendants les plus aboutis depuis longtemps. Son style minimaliste est d'une redoutable efficacité. Ceux qui ont vu et aimé Happiness -1997- et Bienvenue dans l'âge ingrat -1995- connaissent déjà sa griffe aiguisée, tranchante et saignante, sa maitrise du geste et sa vue de lynx. Dès ses prémices, Dark Horse est lancé sur de bons rails et il atteint sa grâce dans son développement et son final. Et après, deux choses restent en tête : "sacré film" et l'expression "sad but true", c'est-à-dire "triste mais vrai" (et moi, je respecte ça).

jeudi 30 août 2012

Post d'un nouveau genre

Dans ce post d'un nouveau genre sur ce blog, je présente les sorties ciné du cinéphobe pour le ce mois de septembre. Je vais essayer de m'en tenir à ce le planning. Les critiques devraient suivre le jour ou la semaine de la vision en salles, qui ne sera pas forcément le jour de la sortie ou de la première diffusion en festival (emploi du temps oblige).

Moi, député de Jay Roach (sûr, ce week-end)
Dark Horse de Todd Solondz (sûr, ce week-end)
Iron Sky de Timo Vuorensola (sûr, à la séance du 15/09)
Pemium rush de David Koepp (probable mais je me tâte)
Voisins du troisième type de Akiva Schaffer (certain, mi-septembre)
Jason Bourne : l'héritage de Tony Gilroy (pas sûr)
Les Seigneurs d'Olivier Dahan (certainement pas)


En DVD (je ne vous refais pas le paragraphe) : 

Young Adult avec Charlize Theron (j'ai déjà écrit dessus mais j'ai envie d'y revenir en détails)
The Walking Dead saison 2 (probable, ça fait longtemps que j'ai quelque chose dans mes brouillons sur le sujet ... j'aimerais approfondir)

mercredi 29 août 2012

La sélection du mercredi


La bande-annonce de Superstar présente Kad Merad en superstar. Il ne sait ni pourquoi ni comment il est devenu célèbre. De plus, il ne voulait pas l'être. Est-ce une histoire vraie ? Est-ce que Kad s'est perdu dans les méandres de son esprit en adoptant le point de vue d'un individu qui se pose les mêmes questions au sujet de Kad Merad ? La réponse dépend d'un cerveau génial qui est capable de résoudre des problèmes mathématiques épineux en vivant en ermite dans une forêt de Sibérie, vu que la réponse concerne l'amour que les gens donnent à des inconnus qui les inspirent. En tout cas, cet objet promotionnel, la bande-annonce, se répète énormément laissant augurer que la pelloche tourne en rond sur un problème qui n'est pas vraiment bien exposé. Surtout que le grand mal identifié, à l'origine de tout (blablabla ...), est le divertissement ; y a-t-il tant de mal que cela à se faire plaisir en aimant un individu célèbre ? Encore un problème à résoudre à coups de travail de neurones (l'amour est-elle juste une autre façon de passer le temps ?) ! L'encas publicitaire de Superstar me fait dire que le propos du film passe à côté de son sujet. Résister à la célébrité semble causer plus de maux que la célébrité elle-même : c'est là son pire travers. Que rêver d'une autre notoriété est le nerf du conflit qui anime les débats d'une superstar.

L'affiche ci-dessus n'est pas celle du film.

Considéré que Will Ferrell, talentueux comique américain, capable du meilleur même dans les pires longs-métrages auquel il a participé (Semi-Pro, The Lost World), revient sur les grands écrans nous faire le coup du politicien en campagne, la bande-annonce de Moi, député en montre beaucoup trop. Mes sous pour un ticket en salles était acquis automatiquement.








J'aimerais bien qu'un jour quelqu'un prenne le temps de m'expliquer qui est Alexandre Astier et de quoi parle son film David et madame Hansen, car la bande-annonce est une nébuleuse de questions posées, d'exclamations exclamées et de musique dramatique dramatisée ... mais je n'ai pas entrevu l'esquisse d'une histoire.

Information vérifiée : Isabelle Adjani est à l'affiche et dans la bande-annonce de David et madame Hansen.






La bande-annonce de Hit and run brise un tabou fondamental sur la vie carcérale. Il n'y a pas que les blacks et les skin heads pour enculer un blanc aux cheveux longs.

L'affiche ci-contre n'est pas celle du film.











Todd Solontz, réalisateurs des grandioses farces d'humour noir que sont Happiness (1997) et Bienvenue dans l'âge ingrat (1995), revient avec Dark Horse. La bande-annonce présente un jeune homme, vivant aux crochets de ses parents, alias la lie de notre société, tenter un outbreak (tel un virus mortel) en demandant à une femme de l'épouser. Considéré que Christopher Walken se traine une dégaine de croque-mort dans le film, je vais aller le voir. Tous mes thèmes de prédilection sont au rendez-vous : un homme est mal-aimé par lui-même, son père ne le respecte pas, les femmes sont dépitées par lui, il se suicide probablement en fin de métrage, et il porte un polo rose. Je vais donc décrotter les dessous de mes souliers pour aller en salles voir un drame.

L'affiche ci-contre n'est pas celle du film.

mardi 28 août 2012

Changement de nom (ce post n'est pas important)

Le blog change de nom. Il s'appelle désormais Le cinéphobe. Il faut avouer que l'envie m'avait prise il y a bien longtemps. Mais bon ... désormais, je l'admets publiquement : Donc Acte ! était un titre pourri. Manque d'inspiration oblige, il a fallu que je fasse avec. La planification n'étant pas mon fort (à la création du blog), je n'avais pas une liste de noms à revendre. Heureusement, j'ai trouvé ma voie. J'ai écouté mon cœur. Et voilà ! Le blog s'appelle désormais Le cinéphobe, alias celui qui n'aime pas le cinéma. Je m'en porte mieux. Si ce n'est pas votre cas, tant pis.

mercredi 22 août 2012

La sélection du mercredi

La semaine dernière, les bandes-annonces des films ne m'ont rien inspiré. Je n'ai donc rien écrit. De plus, je suis en vacances. Si je m'y étais mis en respectant la douzaine de lecteurs, j'aurais au mieux sorti une remarque de vieux con sur le remake inutile de Total Recall de Paul Verhoeven refait par Len "UnderKate" Wiseman dont le casting miteux promet le coup fourré avant même de suer sur ses dépenses. D'autant plus que l'original était une farce (d'auteur) enrobé dans un film d'action jouant sur un doute de pacotille pour entretenir l'illusion de sa qualité : est-ce vrai ? est-ce faux ? Trois seins ?! Vraiment ?! Vive les mutations sur Mars !

Bref, je vous ai épargné cela.


dimanche 19 août 2012

Seul au monde

Robert Zemeckis prend des vacances

Seul au monde, Robert Zemeckis, 2000, USA.


Salut, on m'a appelé Wilson. Je suis un ballon de beach volley. Récemment, je me suis retrouvé seul en compagnie d'un humain sur une île déserte. Parce que ma nature l'exige, je m'attendais à être utilisé par ce personnage pour une partie de volleyball. Mais rien de tel n'est jamais arrivé.


Au lieu de cela, cet individu a peint un visage sur moi. Il m'a parlé. Il imaginait que je lui répondais. Il m'a même crié dessus. Il a construit un autel pour moi. Qu'est-ce que je me suis ennuyé. Il voulait que j'assiste à tous ses faits et gestes et il m'emmenait toujours avec lui en ballade. Un jour, il s'est senti moins seul et il m'a jeté tel qu'il aurait dû le faire lors d'une partie de volleyball. Mais il s'est excusé et a recommencé son cirque. Quel étrange personnage ! (spoiler alert) C'est bien pour cela que je me suis enfui dès que j'en ai eu l'opportunité. Cet homme ne voulait pas m'utiliser comme il le fallait. C'est dommage. Il ne manquait pas de créativité.

Un homme plein d'imagination et de créativité

mercredi 8 août 2012

La sélection sans titre du mercredi 8 Août 2012

Abraham Lincoln fight the vampires. Personnellement, je pense que cette pelloche a tout pour rassembler un noyau dur de hardcore die hard fans aux Statès qui vont entretenir un culte et tenter de prouver que les événements traités dans ce récit sont avérés. Je préfère donc attendre la sortie du livre prouvant qu'Abraham Lincoln a véritablement affronté des vampires en son temps et qu'il est de la trempe de Ron Hubbard. Ça devrait être beaucoup plus amusant.






Les anglais ont ça de récurrent qu'ils aiment le comique de situation. Se retrouver tout nu devant sa famille, porter des masques sado-maso chez ses parents alors qu'il n'y a des mecs dans la pièce, éventrer un mouton dans un salon de maison de lord, dire "nichons" lors d'un discours de garçon d'honneur sont des actions qui font apparemment la part belle à l'humour so british. Ça ressemble étrangement à l'humour de quartier populace crasso-merdo d'entre mecs déchiré au whisky-coca et à la Mounsterbrö. Il y a pas besoin d'une pseudo-"british touch" pour se foutre plein de paillardise dans le gosier.



Terri a tous les atouts d'un improbable script. Une jolie jeune femme aime un flemmard obèse qui est désocialisé. Enfin du cinéma !! Enfin du vrai fantasme !! Enfin une raison de se déplacer en salles !!

Mais je n'irais pas. D'après la bande-annonce, la pelloche a l'air d'égrainer sa durée sur un ton des plus sérieux et des plus ennuyeux.





Jusqu'à ce que la fin du monde nous sépare a tout pour m'attirer en salles si je trouve une nana pour m'accompagner. Mais je serais davantage intéressé par elle que par la crise de la quarantaine ("so Steve Carell !") de l'acteur de Michael Scott alias Michael Scarn. Pas de commentaires.


lundi 6 août 2012

La sélection du mercredi 1er Août 2012

Friends with kids de, avec, pour Jennifer Westfeldt adopte une posture en apparence sécurisée en terme de vente de produit. Jennifer a décidé de mettre l'accent sur la présence d'amis qui ont des enfants dans ce récit. L'ambition de cette pelloche dévoile des intentions de marquer toute une génération d'amis ayant des enfants (et pas l'inverse). Heureusement pour Jen' West, un projet ratissant aussi large a énormément de chances de toucher une cible aussi précise. Je pense que beaucoup de monde peut s'identifier à la situation des personnages de Friends with kids. Malheureusement pour moi, je ne suis pas intéressé. Je n'ai ni amis ni enfants.


mercredi 25 juillet 2012

Le dilemme du mercredi

Faut-il ou ne faut-il pas aller voir le dernier Batman en geste de protestation contre la tuerie qui a eu lieu le 19 juillet 2012 à Denver ? Faut-il ou ne faut-il pas contribuer à faire du film l'un des plus grands succès au box office de l'histoire du cinéma ? Je me pose la question car lutter contre la démence de James Eagan Holmes est bien la seule raison qui me pousserait à payer ma place pour assister au dernier Dark Knight. Voir une torture de  2h44 pour signaler aux pires des détracteurs que la pelloche n'est en aucun cas responsable de la folie du jeune américain sanguinaire ???!!! Je n'ai jamais aimé Batman et je n'avais aucune envie de regarder la conclusion d'une trilogie dont le premier opus était assommant d'ennui (la curiosité de voir Nolan, réalisateur du sympathique Memento, à l’œuvre sur une franchise l'avait emporté) et dont le second volet (s'il n'y avait pas eu un certain anonymous X pour souligner la qualité du personnage du joker interprété par Heath Ledger, je ne l'aurais jamais vu) était profondément fasciste. Mais je me pose la question. C'est déjà ça.

mercredi 18 juillet 2012

La sélection du mercredi


Quand je me suis intéressé aux films sortis cette semaine, je suis tombé en premier lieu sur l'affiche de Le Lorax, c'est-à-dire deux yeux, une énorme moustache jaune et deux sourcils de la même couleur sur fond orange. Je précise que je n'ai aucun préjugé contre les blonds à grosse moustache (en vrai) mais une telle affiche, servant à présenter une pelloche, m'indique clairement que je ne fais pas partie des tranches d'âge et d'esprit visés.


Deux films français qui s'appellent Bowling et Paris-Manhattan sortent cette semaine.


La première affiche montre Catherine Frot, Mathilde Seigner, la mama africaine/femme de ménage que Daniel Auteuil s'envoyait dans un vieux film des années 1980 ou 1990 et une jeune première nous appâter avec une boule de bowling et la couleur violette. Pas sûr que ça marche.


Une chose que je partage avec Patrick Bruel (la seule chose) est ce tendre regard envers Alice Taglioni sur l'affiche du film. Par contre, je ne partage pas son goût pour Woody Allen. La posture en embuscade du chanteur-joueur de poker pourrait m'inspirer afin de mettre les voiles.

Clairement, je ne fais pas partie de la tranche patriotique visée par ces 2 œuvres françaises. Le bowling et Woody Allen ne sont pas ma tasse de thé. Même si j'étais bon au bowling quand j'étais enfant.


J'ai déjà vu Effraction. Le scénario est trop rocambolesque pour que je retourne le voir. Points positifs de la pelloche, Nicole Kidman n'est pas botoxée et Nicolas Cage ne porte pas de perruques.

jeudi 12 juillet 2012

La sélection du mercredi 11 juillet 2012

Il n'y pas eu de sélection du mercredi depuis fin juin. Je m'explique. Il m'arrive de ne pas regarder quels films sortent le mercredi et de n'avoir aucune envie de le savoir. C'est aussi ça la sélection du mercredi.

dimanche 8 juillet 2012

L'inspecteur Harry

Quand le regard évolue


L'inspecteur Harry, Don Siegel, 1971, USA et Magnum Force, Ted Post, 1973, USA.

L'inspecteur Harry est un grand farceur. Il aime passer pour l'ordure du commissariat. Il accepte volontiers de faire croire à ses collègues qu'il est raciste, misogyne, et tout un tas de truc pas net. Il aime faire peur à ses coéquipiers en leur prédisant une mort proche et certaine. Quand il tient en joue un criminel, il se permet même le luxe de s'amuser avec ses nerfs en lui faisant deviner le nombre de balles lui restant dans son revolver et en appuyant sur la gâchette pour prouver le tort ou la raison au gredin. Bref, Harry a un sens de l'humour et une façon d'être en société qui poussent à mal interpréter son caractère de solitaire qui ne fait aucune concession.

Des critiques n'ont pas compris cela à l'époque de la sortie. Je n'ai pas vérifié qui exactement ; je me suis basé sur la réputation sulfureuse de Dirty Harry premier du nom, réputation qui me fût rapportée par un de ces potes que l'on a tous, un de ces neuneus qui surgit en criant "Mais attendez ! Ce film est un film de fachos !" et qui, après avoir vu la pelloche n'a pas changé d'avis et est resté crispé durant toute la projection. Cette mauvaise interprétation a collé à Harry la mauvaise réputation dont il se moque éperdument (tout au moins dans le premier). Selon toutes ces personnes, Harry est raciste, misogyne, porte-flingue, ayant un problème avec l'autorité, orgueilleux, violent, roi de la bavure, ...

Mais que raconte vraiment Dirty Harry de Don Siegel ?


Le récit de ce film génial, l'un des meilleurs Clint Eastwood, narre tout simplement le dégoût grandissant d'un policier émotif. Le système ne peut rien contre un criminel psychopathe et sadique qui prend toute personne pour cible (prêtre, enfant, adolescents, ethnies diverses, hommes, femmes, ...). Tout le monde semble baisser les bras face à la folie meurtrière du Scorpio qui tient la ville de San Francisco en otage. Harry en perd son latin. Le système judiciaire, face à un criminel qui utilise la loi à son avantage, s'avère impuissant et Harry finit par avoir recours à un duel de western pour "clarifier la situation". Harry, aussi dégoûté soit-il d'en arriver là, ne jette-t-il pas sa plaque dans l'eau à la fin ? N'est-ce pas juste un truc de film pour justifier un climax riche en sensations ?

Preuve en est-il que Dirty Harry croit au système avant tout ... et que la violence est le dernier des remèdes pour assurer la paix. Il fait bien sûr preuve de violence lorsqu'il arrête Scorpio pour la première fois. Il essaie de lui arracher des aveux ; une fille est enterrée quelque part en train de suffoquer. Harry fait au plus court. La violence est parfois aussi efficace que des longs discours. Scorpio passe aux aveux mais est relâché pour vice de forme (la violence). Et le serpent se mord la queue. Sans loi, la violence prime. Avec des lois, la violence est le dernier des recours (mais son utilisation s'impose logiquement car la justice ne peut exister sans forces de l'ordre). Je me rappellerai toujours du texte de Pascal sur la nécessité de la force alliée à la justice (cette dernière ne s'impose pas d'elle-même) et de cet exemple pris dans un livre de terminale de philosophie : 2 individus se font ouvrir le ventre par 2 hommes utilisant des armes contondantes. Dans un cas, l'un des 2 individus meurt. Dans l'autre cas, l'individu est sauvé. Pourquoi ? Parce le second homme "armé  d'une arme contondante" est un chirurgien utilisant un scalpel pour ouvrir le ventre d'un malade. Le geste est violent mais son but change la nature de l'acte. La violence n'est pas condamnable en soi. Seuls les individus et les raisons pour lesquelles la violence est utilisée sont à mettre sur les bancs des accusés.


En somme, sur ce blog assez critique envers des pelloches du cinéma, je vous écris ce texte pour signaler qu'il ne faut pas prendre trop au sérieux la critique, le grand public et les œuvres de fiction. Les critiques injustes et très virulentes ont fait leur effet. Harry a plongé tête la première dans une démagogie du plus mauvais effet. La trame de Magnum Force qui aurait dû/pu montrer Harry retrouver sa foi en la justice, en le système et en ses représentants, se remotiver pour récupérer son insigne et reprendre le boulot n'a jamais été développé.

Dans Magnum Force (pourtant œuvre de correcte facture), Harry ne se ressemble plus. Défini dans Dirty Harry comme mouton noir de la famille, Harry est devenu une légende dans sa suite. Il a pris le virage inverse. Il est le meilleur au tir de toute la police. Les femmes lui tombent dans les bras comme s'il était irrésistible (mode James Bond/Sean Connery). Il reste poli envers son coéquipier afro-américain. Il perd le contrôle de son impopularité en signant une scène d'héroïsme ridicule (la libération des passagers de l'avion pris d'assaut par des terroristes). Il utilise son flingue pour tuer plus mauvais policiers que lui. Il se montre plus humble et ressort grandi de cette seconde aventure. Bref, il ne grattouille plus personne là où ça démange le plus. Il ne repousse plus personne pour avoir les coudées franches. Magnum Force permet à Harry de s'imposer en héros moins polémique.

Cagney & Lacey

Malheureusement, dès cet épisode, le personnage Dirty Harry se transforme au fil de la série (5 films) en héros porte-étendard de toutes les communautés : asiatiques, afro-américains, latinos, femmes, enfants, homosexuels, hommes, violées, stars de la musique et du cinéma, journalistes, etc ... (attention ! ne vous méprenez pas. Je n'ai rien contre quelques communautés que ce soit : cet article a pour but de parler de la façon dont le regard des créateurs sur un personnage change dès que le "grand public" est "concerné" et que la pelloche fait des recettes). Pour adoucir son image, Harry fait même équipe avec une des actrices de la série télévisuelle policière pour ménagères de moins de 50 ans Cagney & Lacey dans The Enforcer (James Fargo, 1973). En somme, l'inspecteur Harry a eu trop de succès pour son cas. Victime de son statut de héros tournant le dos à une société lâche, Harry est devenu celui qui avait quelque chose à prouver, patte blanche à montrer. Il incarne dans les suites de l'original un individu susceptible de causer des problèmes, alors que, dans le premier Dirty Harry, les hauts responsables se déballonnaient face à un simple tueur.

L'une des 2 Cagney&Lacey élève le petit Harry, Harry Jr., à ne pas ...

... utiliser un bazooka à la première occasion (pourtant son papa ne le fait pas ... mais des neuneus qui n'ont rien compris au personnage du premier Dirty Harry l'en ont cru capable)