La sélection de Donc Acte !

Donc Acte ! ne suit pas l'actualité cinéma à la loupe. Donc Acte !, qui s'est intitulé Le cinéphobe pendant une courte période, n'a pas pour passe-temps de visionner des pelloches de cinoche. Donc Acte ! ne va pas souvent voir une œuvre en salles. L'envie est rare. Le plaisir est d'autant plus intense lorsque je suis satisfait par une rencontre du 7ème art. Certains films m'inspirent des réflexions ; c'est ce que je souhaite partager. Je ne propose pas de thèses et il m'arrive de gâcher les histoires en racontant la fin. Vu que je ne mets pas ce qui a été fait de l'invention des frères Lumière sur un piédestal et que je suis des fois moqueur, Donc Acte ! peut ne pas plaire.

mercredi 25 juillet 2012

Le dilemme du mercredi

Faut-il ou ne faut-il pas aller voir le dernier Batman en geste de protestation contre la tuerie qui a eu lieu le 19 juillet 2012 à Denver ? Faut-il ou ne faut-il pas contribuer à faire du film l'un des plus grands succès au box office de l'histoire du cinéma ? Je me pose la question car lutter contre la démence de James Eagan Holmes est bien la seule raison qui me pousserait à payer ma place pour assister au dernier Dark Knight. Voir une torture de  2h44 pour signaler aux pires des détracteurs que la pelloche n'est en aucun cas responsable de la folie du jeune américain sanguinaire ???!!! Je n'ai jamais aimé Batman et je n'avais aucune envie de regarder la conclusion d'une trilogie dont le premier opus était assommant d'ennui (la curiosité de voir Nolan, réalisateur du sympathique Memento, à l’œuvre sur une franchise l'avait emporté) et dont le second volet (s'il n'y avait pas eu un certain anonymous X pour souligner la qualité du personnage du joker interprété par Heath Ledger, je ne l'aurais jamais vu) était profondément fasciste. Mais je me pose la question. C'est déjà ça.

mercredi 18 juillet 2012

La sélection du mercredi


Quand je me suis intéressé aux films sortis cette semaine, je suis tombé en premier lieu sur l'affiche de Le Lorax, c'est-à-dire deux yeux, une énorme moustache jaune et deux sourcils de la même couleur sur fond orange. Je précise que je n'ai aucun préjugé contre les blonds à grosse moustache (en vrai) mais une telle affiche, servant à présenter une pelloche, m'indique clairement que je ne fais pas partie des tranches d'âge et d'esprit visés.


Deux films français qui s'appellent Bowling et Paris-Manhattan sortent cette semaine.


La première affiche montre Catherine Frot, Mathilde Seigner, la mama africaine/femme de ménage que Daniel Auteuil s'envoyait dans un vieux film des années 1980 ou 1990 et une jeune première nous appâter avec une boule de bowling et la couleur violette. Pas sûr que ça marche.


Une chose que je partage avec Patrick Bruel (la seule chose) est ce tendre regard envers Alice Taglioni sur l'affiche du film. Par contre, je ne partage pas son goût pour Woody Allen. La posture en embuscade du chanteur-joueur de poker pourrait m'inspirer afin de mettre les voiles.

Clairement, je ne fais pas partie de la tranche patriotique visée par ces 2 œuvres françaises. Le bowling et Woody Allen ne sont pas ma tasse de thé. Même si j'étais bon au bowling quand j'étais enfant.


J'ai déjà vu Effraction. Le scénario est trop rocambolesque pour que je retourne le voir. Points positifs de la pelloche, Nicole Kidman n'est pas botoxée et Nicolas Cage ne porte pas de perruques.

jeudi 12 juillet 2012

La sélection du mercredi 11 juillet 2012

Il n'y pas eu de sélection du mercredi depuis fin juin. Je m'explique. Il m'arrive de ne pas regarder quels films sortent le mercredi et de n'avoir aucune envie de le savoir. C'est aussi ça la sélection du mercredi.

dimanche 8 juillet 2012

L'inspecteur Harry

Quand le regard évolue


L'inspecteur Harry, Don Siegel, 1971, USA et Magnum Force, Ted Post, 1973, USA.

L'inspecteur Harry est un grand farceur. Il aime passer pour l'ordure du commissariat. Il accepte volontiers de faire croire à ses collègues qu'il est raciste, misogyne, et tout un tas de truc pas net. Il aime faire peur à ses coéquipiers en leur prédisant une mort proche et certaine. Quand il tient en joue un criminel, il se permet même le luxe de s'amuser avec ses nerfs en lui faisant deviner le nombre de balles lui restant dans son revolver et en appuyant sur la gâchette pour prouver le tort ou la raison au gredin. Bref, Harry a un sens de l'humour et une façon d'être en société qui poussent à mal interpréter son caractère de solitaire qui ne fait aucune concession.

Des critiques n'ont pas compris cela à l'époque de la sortie. Je n'ai pas vérifié qui exactement ; je me suis basé sur la réputation sulfureuse de Dirty Harry premier du nom, réputation qui me fût rapportée par un de ces potes que l'on a tous, un de ces neuneus qui surgit en criant "Mais attendez ! Ce film est un film de fachos !" et qui, après avoir vu la pelloche n'a pas changé d'avis et est resté crispé durant toute la projection. Cette mauvaise interprétation a collé à Harry la mauvaise réputation dont il se moque éperdument (tout au moins dans le premier). Selon toutes ces personnes, Harry est raciste, misogyne, porte-flingue, ayant un problème avec l'autorité, orgueilleux, violent, roi de la bavure, ...

Mais que raconte vraiment Dirty Harry de Don Siegel ?


Le récit de ce film génial, l'un des meilleurs Clint Eastwood, narre tout simplement le dégoût grandissant d'un policier émotif. Le système ne peut rien contre un criminel psychopathe et sadique qui prend toute personne pour cible (prêtre, enfant, adolescents, ethnies diverses, hommes, femmes, ...). Tout le monde semble baisser les bras face à la folie meurtrière du Scorpio qui tient la ville de San Francisco en otage. Harry en perd son latin. Le système judiciaire, face à un criminel qui utilise la loi à son avantage, s'avère impuissant et Harry finit par avoir recours à un duel de western pour "clarifier la situation". Harry, aussi dégoûté soit-il d'en arriver là, ne jette-t-il pas sa plaque dans l'eau à la fin ? N'est-ce pas juste un truc de film pour justifier un climax riche en sensations ?

Preuve en est-il que Dirty Harry croit au système avant tout ... et que la violence est le dernier des remèdes pour assurer la paix. Il fait bien sûr preuve de violence lorsqu'il arrête Scorpio pour la première fois. Il essaie de lui arracher des aveux ; une fille est enterrée quelque part en train de suffoquer. Harry fait au plus court. La violence est parfois aussi efficace que des longs discours. Scorpio passe aux aveux mais est relâché pour vice de forme (la violence). Et le serpent se mord la queue. Sans loi, la violence prime. Avec des lois, la violence est le dernier des recours (mais son utilisation s'impose logiquement car la justice ne peut exister sans forces de l'ordre). Je me rappellerai toujours du texte de Pascal sur la nécessité de la force alliée à la justice (cette dernière ne s'impose pas d'elle-même) et de cet exemple pris dans un livre de terminale de philosophie : 2 individus se font ouvrir le ventre par 2 hommes utilisant des armes contondantes. Dans un cas, l'un des 2 individus meurt. Dans l'autre cas, l'individu est sauvé. Pourquoi ? Parce le second homme "armé  d'une arme contondante" est un chirurgien utilisant un scalpel pour ouvrir le ventre d'un malade. Le geste est violent mais son but change la nature de l'acte. La violence n'est pas condamnable en soi. Seuls les individus et les raisons pour lesquelles la violence est utilisée sont à mettre sur les bancs des accusés.


En somme, sur ce blog assez critique envers des pelloches du cinéma, je vous écris ce texte pour signaler qu'il ne faut pas prendre trop au sérieux la critique, le grand public et les œuvres de fiction. Les critiques injustes et très virulentes ont fait leur effet. Harry a plongé tête la première dans une démagogie du plus mauvais effet. La trame de Magnum Force qui aurait dû/pu montrer Harry retrouver sa foi en la justice, en le système et en ses représentants, se remotiver pour récupérer son insigne et reprendre le boulot n'a jamais été développé.

Dans Magnum Force (pourtant œuvre de correcte facture), Harry ne se ressemble plus. Défini dans Dirty Harry comme mouton noir de la famille, Harry est devenu une légende dans sa suite. Il a pris le virage inverse. Il est le meilleur au tir de toute la police. Les femmes lui tombent dans les bras comme s'il était irrésistible (mode James Bond/Sean Connery). Il reste poli envers son coéquipier afro-américain. Il perd le contrôle de son impopularité en signant une scène d'héroïsme ridicule (la libération des passagers de l'avion pris d'assaut par des terroristes). Il utilise son flingue pour tuer plus mauvais policiers que lui. Il se montre plus humble et ressort grandi de cette seconde aventure. Bref, il ne grattouille plus personne là où ça démange le plus. Il ne repousse plus personne pour avoir les coudées franches. Magnum Force permet à Harry de s'imposer en héros moins polémique.

Cagney & Lacey

Malheureusement, dès cet épisode, le personnage Dirty Harry se transforme au fil de la série (5 films) en héros porte-étendard de toutes les communautés : asiatiques, afro-américains, latinos, femmes, enfants, homosexuels, hommes, violées, stars de la musique et du cinéma, journalistes, etc ... (attention ! ne vous méprenez pas. Je n'ai rien contre quelques communautés que ce soit : cet article a pour but de parler de la façon dont le regard des créateurs sur un personnage change dès que le "grand public" est "concerné" et que la pelloche fait des recettes). Pour adoucir son image, Harry fait même équipe avec une des actrices de la série télévisuelle policière pour ménagères de moins de 50 ans Cagney & Lacey dans The Enforcer (James Fargo, 1973). En somme, l'inspecteur Harry a eu trop de succès pour son cas. Victime de son statut de héros tournant le dos à une société lâche, Harry est devenu celui qui avait quelque chose à prouver, patte blanche à montrer. Il incarne dans les suites de l'original un individu susceptible de causer des problèmes, alors que, dans le premier Dirty Harry, les hauts responsables se déballonnaient face à un simple tueur.

L'une des 2 Cagney&Lacey élève le petit Harry, Harry Jr., à ne pas ...

... utiliser un bazooka à la première occasion (pourtant son papa ne le fait pas ... mais des neuneus qui n'ont rien compris au personnage du premier Dirty Harry l'en ont cru capable)

lundi 2 juillet 2012

L'exorciste

Démon, sors de ce corps !

L'exorciste, William Friedkin, 1974, USA.

Si l'introduction du film n'indiquait pas clairement le genre horrifique du chef d’œuvre de William Friedkin, j'aurais tenu pour vrai que les tests médicaux douloureux faisaient partie inhérente du développement de l'humain à l'américaine. Si les mines des bobos démocrates dont toutes les soirées se déroulent autour d'un piano dans une maison de la Nouvelle-Angleterre n'étaient pas effarées à cette vision, j'aurais cru que pisser sur un tapis durant une réception mondaine était du plus grand chic aux États-Unis. Si la fille de la pelloche ne portait pas un masque d'effets spéciaux pour ressembler au diable,  j'aurais su qu'insulter les prêtres catholiques (et leurs mères), s'enfoncer un crucifix dans le sexe et jeter les religieux par la fenêtre (fermée) constituaient la base des relations entre citoyenneté et religion aux USA. Comme quoi l'adage "avec des si, on met Paris en bouteille" est fondé. Comme quoi, j'ai une bien piètre vision des outre-atlantiques du nord qui domine le monde avec leur grosse armée.

Ce premier paragraphe est en fait une piètre tentative de parler originalement d'un film que plus ou moins tout le monde a vu et qui est une référence cinématographique au delà des fans d'horreur. C'est surtout un bout de ce texte qui ne rappelle pas que la version remastérisée fait entorse à la version originale qui a traumatisé l'humanité à la sortie en salles du film (faites-leur confiance sur le sujet : je partage totalement leur avis). C'est donc une occasion de publier un texte pour ne pas faire oublier que les effets spéciaux numériques ont ruiné un peu de cette oeuvre mythique qui a même traumatisé des athées. (et cela faisait quelques temps que je n'avais rien posté). Voilà qui est dit.

Pour conclure, je vais complètement débrailler pour embrayer sur autre chose : le portrait de mon propre démon qui me possède.

Personnellement, je suis moi-même possédé. Aurore du cineaster.net me l'a souvent répété. Elle a à plusieurs reprises tenté de faire quitter de mon corps l'esprit de Robert Bresson qui me contrôle depuis un endroit de moi-même que je ne soupçonne pas d'exister. A en croire son diagnostic, j'ai dressé un auto-portrait de ce démon. Il est lent, ennuyeux, triste, abscons, inexpressif, impersonnel et moraliste. Il laisse les gens mourir : en particulier les prêtres. Il aime parcourir les fossés de bords de départementales. Il aime s'éterniser dans des jardins de châteaux. Il n'aime pas la prison. Il aime tuer pour de l'argent. Je crois que l'esprit démoniaque était à l'origine un âne. En tout cas, il est doué pour une chose : l'ellipse de temps. Quand il me possède, je me réveille des heures après sans savoir ce que j'ai fait et ce qui s'est passé. Bref, "Han ! Esprit, sors de ce corps ! Han ! Esprit de Robert Bresson !" (quote).