La sélection de Donc Acte !

Donc Acte ! ne suit pas l'actualité cinéma à la loupe. Donc Acte !, qui s'est intitulé Le cinéphobe pendant une courte période, n'a pas pour passe-temps de visionner des pelloches de cinoche. Donc Acte ! ne va pas souvent voir une œuvre en salles. L'envie est rare. Le plaisir est d'autant plus intense lorsque je suis satisfait par une rencontre du 7ème art. Certains films m'inspirent des réflexions ; c'est ce que je souhaite partager. Je ne propose pas de thèses et il m'arrive de gâcher les histoires en racontant la fin. Vu que je ne mets pas ce qui a été fait de l'invention des frères Lumière sur un piédestal et que je suis des fois moqueur, Donc Acte ! peut ne pas plaire.

jeudi 30 juin 2011

Forbrydelser (Dogme95 No 34) 2de partie

Mercredi 29 Juin 2011
Nuit

Je m'étais arrêté à 23 minutes et 15 secondes lors de ma précédente vision de Forbrydelser, le No 34 du Manifeste Dogme. La creuse présentation du film avait permis à mon esprit de spéculer à partir d'éléments vagues sur l'avenir du métrage. J'avais vécu une désillusion. A l'époque (il y a 3 nuits de ça), les contours de l'histoire qui se dessinaient devant mes yeux étaient loin de ce que j'avais imaginé. Et je préférais le fruit de mon cerveau. Donc acte. Je suis passé à autre chose. Mais les nuits portant conseil, la culpabilité d'avoir été injuste dans ce rapport de force entre ma réflexion et la réalité, et la vision de Idioterne me poussent à reprendre le visionnage de Forbrydelser, considéré comme "le meilleur film danois depuis Festen" (dixit The Times sur la jaquette du DVD), 1998, de Thomas Vinterberg, un film que je pose toujours à droite de mon assiette quand je suis à table.

Je me remémore les faits de ce long-métrage. Kate a des pouvoirs magiques de guérison. Elle a sorti de la drogue une autre détenue par la seule apposition de ses mains. Marion la pasteur a des problèmes de procréation. Kate devrait donc aider Marion et renforcer sa foi, même si, dans un premier temps, la pasteur pensait être la seule en prison à pouvoir agir au nom du bon Dieu. Je garderai un oeil sur la dealeuse de cette geôle qui, évidemment, n'apprécie pas qu'une nouvelle arrivée (Kate) détourne ses ouailles à elle. Les prémices d'In Your Hands permettent de croire à une revisite de The Green Mile, 1999, de Frank Darabont, version prison de femmes. Trine Dyrholm remplace Michael Duncan Clarke. Les hommes y gagnent sur le full frontal.

Je doute toujours du choix paradoxal de la réalisatrice Annette K. Olesen d'avoir utilisé la DV pour mettre en image un film aux pendants fantastiques et au questionnement métaphysique. Cette caméra convient à un traitement au corps à corps avec les sujets qu'elle suit et qu'elle traite ; en somme du concret. Le film parlera de lui-même. J'ai espoir.


Kate (à droite) -"t'es enceinte !" Marion (à gauche) -"Je te crois pas même si c'est vrai !".

31 minutes 25 secondes. Espoir contrarié.


Elle ne peut pas assister au mariage de sa sœur mais peut soigner l'addiction à la drogue en apposant ses mains sur quelqu'un.

34 minutes 03 secondes. Espoir perdu.

Idioterne (Dogme95 No 2)

Mercredi 29 Juin 2011
Nuit

Film danois réalisé en 1998 par Lars von Trier, Idioterne, en français Les Idiots, présente un collectif d'individus décidés à nuire à l'ordre public en jouant aux attardés mentaux. Ils créent volontiers la zizanie, usent et abusent de la bonté des gens (gratuité au restaurant), se posent en décalage des normes sociales (squatter une place de parking pour handicapés, un homme utilise les douches féminines de la piscine municipale), et, construisent leur emploi du temps pour rire en taquinant et se moquant d'eux-mêmes et des autres. Le Dogme No 2 est un pamphlet contre l'idiotie dans sa forme d'antithèse de société bourgeoise et de classe moyenne hiérarchisée, ordonnée, conservatrice, respectueuse et productive.

Le style documentaire du film embarque le spectateur, entre interviews des divers protagonistes, sur les lieux de leurs pérégrinations et nous montrent leurs amusements puérils. La Betacam permet une infiltration chez l'autre sans empathie pour les idiots. Ils n'ont aucune intimité. Ils ne semblent n'avoir ni tabou ni émotions ni respect de l'autre. Ils ne vivent pas chez eux. Le passage éclair de l'oncle dans sa maison (élément déclencheur) que le groupe squatte rappelle en opposition aux normes du travail et de la conservation que le collectif rejette.

Puis quelques individus viennent leur projeter un reflet que les idiots repoussent (des acheteurs pour la maison) ou qui les détruisent moralement (de véritables attardés mentaux) et commencent à les désunir. Leur idiotie qui semblait d'abord être mise en balance par Karen, une nouvelle venue, une jeune femme fauchée, qui ne sait pas pourquoi elle se laisse embarquer dans l'aventure, est en fait contagieuse. Karen est de plus en plus affectée par cet environnement après s'être même demandée si elle avait le droit au bonheur. Cette question met en perspective le raisonnement qui est celui des idiots jusque là : le bonheur se conçoit dans l'anomie. Plusieurs sont en repos ou en vacances de leurs vraies vies (boulot, famille) ; ils sont dans cette expérience pour échapper aux responsabilités (ni conséquence ni miroir ni punition) alors que Karen était déjà à la dérive avant de les rencontrer. L'amusement des idiots provoquent la chute des fragilisés par la vie et nécessite de franchir des étapes pour aller vers quelque chose de plus compromettant et dangereux en interne.

Karen à gauche.

Survient la défense des intérêts du groupe. Un conseiller municipal puis le père de Joséphine viennent apporter deux contre-points à la philosophie du bonheur des idiots. En premier lieu, la corruption. Afin de les faire déménager, la mairie leur offre de l'argent sans leur faire la morale. Puis, le parent leur oppose l'indifférence et le mot fameux : "In Vino Veritas" soulignant ainsi l'enivrement des imbéciles qui sortent d'une orgie (attention ! il y a des plans explicites à l'écran) et qui se croient éclairés de génie. Une limite se dessine. Josephine a besoin de prendre des pilules qu'elle a abandonné au domicile parental. Même si elle est très heureuse en idiote, chez les idiots, on ne se soigne pas. Les idiots ne peuvent apporter aucune aide. Ils n'y font que semblant d'être malade. La confrontation entre ce monde loin de tout et celui où leurs proches attendent leur retour fait exploser le collectif.

Film rude à visionner mais enrichissant. Idioterne est plus approprié à mon goût concernant l'existence en dehors de la société (ici en micro-société) que les récits sur les retours à la nature tel Jeremiah Johnson (1972) de Sydney Pollack ou Into The Wild (2007) de Sean Penn, deux visions assez romantiques sur une autre vie et (donc) une autre mort.

mardi 28 juin 2011

La Reine Margot

Mardi 28 Juin 2011
Soirée

Patrice Chéreau est un metteur en scène de théâtre, d'opéras et de cinéma français. Il sait tirer des acteurs et actrices le meilleur de ce qu'ils peuvent donner. Il aime que le jeu des comédiens tienne de la performance physique et dramatique ; beaucoup de gesticulation, de trébuchements, de cris, de larmes et de sang pour exprimer beaucoup de souffrance et d'émotions dites interdites de dévoilement en société. Isabelle Adjani, Jean-Hughes Anglade, Daniel Auteuil et Vincent Pérez (entre autres) s'y donnent pleinement dans La Reine Margot filmé en 1993. Que l'on aime ou que l'on n'aime pas tant d'ostentation, ce travail considérable est réussi. Les acteurs sont convaincants et criant de vérité. Ils semblent à la fois habités par leurs rôles et engagés à satisfaire les grandes exigences de Patrice Chéreau. Ils donnent ainsi à voir les coulisses du pouvoir de la monarchie française du XVIème siècle qu'il est difficile de se représenter aussi crument en temps usuels ; par exemple, la scène du pot de départ d'Anjou dans laquelle lui et ses comparses triturent Margot en morceau de chair.

La mise en scène est, par contre, discutable. Je n'y trouve qu'un point positif. Si les événement relatés dans ce film ne faisaient pas froid dans le dos à vouloir quitter la France en constatant une origine de consanguinité meurtrière et autodestructrice, je ne pense pas que le métrage aurait quelque force narrative que ce soit. Hormis le plan de la descente de la nef, après le mariage, avec le Christ en arrière-plan et les mariés au premier (soulignant qu'au nom du messie deux clans de français sont engagés dans une guerre civile), le choix des cadrages et raccords se contentent essentiellement de caméras sur pieds qui suivent les mouvements des personnages en plan moyen. Carl Theodor Dreyer a déjà théorisé sur le sujet du dépouillement dans la reconstitution historique et l'a mis magistralement en pratique dans La Passion de Jeanne D'Arc, 1928, film muet sur la pucelle la plus célèbre de France qui aida à donner au cinéma ses premières lettres de noblesse et de reconnaissance comme étant un art auprès du public de l'époque. Dreyer donnait de la profondeur de champ à ses plans, offrait des plongées et contre-plongées soulignant l'émotion du personnage incarnée par Renée Falconetti. La narration technique recentrait la qualité du travail de l'actrice française dans un décor dépouillé d'artifices afin de souligner l'intensité de son charisme et de son émotion. Dans La Reine Margot, la réalisation pêche par volonté de vouloir capter les performances d'acteurs en mouvement et de décrire une action de façon trop simple.

La Reine Margot est cependant captivant à suivre. L'adaptation du roman d'Alexandre Dumas propose une version de l'histoire de France qui reste sujette à controverse, la vérité autour du massacre de la Saint-Barthélémy étant l'un des secrets les mieux gardés de France.

Pi

Mardi 28 Juin 2011
Un effort de calcul mental

Pi est un film réalisé en 1998 par Darren Aronofsky que je devais regarder depuis sa sortie en France au cinéma. Tout le monde m'en avait dit du bien à l'époque et le bon mot n'a pas changé depuis. Le film a lancé la carrière d'un cinéaste respecté et devenu culte. Mon bon sens avait pourtant rejeté avec virulence Requiem For A Dream en l'an A.D. 2000 au bout d'une demi-heure.

11 années ont passé, et, après avoir été épaté par Black Swan, en 2011, je me suis penché rétroactivement sur la carrière de Darren Aronofsky, qui se trouve être de surcroît l'un des producteurs de mes films préférés, Fighter de David O Russell, toujours en 2011, année de grâce à mes yeux pour le cinéaste américain. Ces films ont été réalisés dans une veine qui semble désormais correspondre à de nouvelles ambitions pour monsieur Aronofsky (d'après ce que j'ai vu de The Wrestler) :
  • caméra sur épaule proche de personnages dits cas sociaux ou psychiatriques.
  • traitement sonore plus approprié à l'étude de caractère que la grandiloquente et néanmoins excellente musique de Clint Mansell sur Requiem Of A Dream.

The Wrestler réalisé en 2008 m'a laissé pantois. Je ne savais que penser de ce film lors de sa vision. J'ai sauté plusieurs passages. On m'a dit qu'il en existait des savoureux. Je ne les ai pas trouvé.

J'ai complètement occulté The Fountain, 2006, dont le bouche-oreille est uniquement négatif.

J'ai déjà eu ma cure de Requiem For A Dream.

Je suis retombé sur mes pieds en lançant dans le lecteur DVD Pi que l'on m'a gentiment prêté. Je passe le générique branché pop art ou je ne sais quoi qui ne me plaît pas du tout. L'image est en noir et blanc. Le grain est celui du 16 mm. A l'écran, un jeune homme faisant des mathématiques. La caméra virevolte énormément. En voix off, il calcule, tel un monologue incessant. Je passe un morceau. Il discute avec un juif dans un café. Je passe. Le jeune homme s'est rasé le crâne. Je passe. Il se tire un clou dans la tête. Je passe. Il est assis sur un banc. Une petite fille vient lui demander le résultat d'une équation. Il ne sait pas. Elle oui. Il sourit. Elle aussi. Il regarde une branche sur fond de ciel. Fin du film. C'était donc l'histoire d'un jeune homme surmené qui a essayé de se faire un trou dans la tête pour décompresser mais il n'essaie plus d'être un monsieur je sais tout. Bon. Pi ne m'inspire rien de particulier. J'imagine qu'il faut apprécier l'esthétique du film pour en être véritablement amoureux. Ce n'est pas mon cas.

Je resterai curieux sur ce que Darren Aronofsky a à offrir à l'avenir. Black Swan et Fighter sont des œuvres abouties et d'intéressantes bases pour de futurs travaux.

Public Ennemies

Lundi 27 Juin 2011
Nuit

Public Ennemies pose problème. L'affaire Dillinger est connue de tous ou presque. Le criminel à la mitraillette, braqueur de banques, fan de bobines parlantes, s'est fait coincé à la sortie d'un cinéma car sa poule l'avait dénoncé. Or le film se noue autour d'une histoire tragique d'amour impossible et de la confrontation entre le braqueur de banques et l'agent fédéral censé l'arrêter. Comment parler d'amour devant une telle drague de macho et un goût pour les belles choses chez celle qui n'est même pas celle qui va le dénoncer ? Pourquoi ouvrir le film sur deux séquences montrant à quel point ces deux zigotos sont doués avec des armes ? Il semble que le récit de ce métrage soit hors-sujet.

En outre, les tiques de mise en scène énervant de Michael Mann desservent le portrait du mitrailleur et l'intensité du film. Super-Mann pourrait se vanter d'être le spécialiste du décadrage ; on se demande dans le gunfight montrant la bande à Dillinger se faire décimer si un coin de chambre ne tire pas sur un arbre, et vice versa. Le film est gavé de gros plans insignifiants qui tremblent et de flous artistiques. Le blues des années 2000 d'Otis Taylor est utilisé pour rendre cool et funky braquages et évasion. Il me faut donc repenser Public Ennemies afin de ne pas avoir perdu 2 heures de ma vie devant une daube (j'ai zappé 20 bonnes minutes en fastforward au bas mot).

Donc, librement adapté du film de Michael Mann tourné en 2009 très emphatique et apitoyant envers les criminels, voilà comment j'aurais vu l'affaire à l'écriture d'un scénario cru et sans concessions comme tous les films sur ou avec des criminels devraient l'être :
  • Ouverture sur la rencontre de Dillinger et de sa poule qui lui pose un lapin (une des deux seules preuves d'intelligence de sa part dans cette version). Titre sur Dillinger en train de chercher la gonzesse autour de lui. Générique.
  • Edgar Hoover monte sa troupe de chasseurs de braqueurs. Entre Christian Bale. Les fédéraux se prennent une raclée face à Baby Face Nelson. Bale demande de l'aide.
  • Dillinger retrouve la poule, fait son dur, elle a peur, il lui paye un vison. Scène de sexe qui ressemble à un combat. La poule admire tous les trésors du criminel.
  • Sans transition, scène de braquage de banque, présentation de la bande à Dillinger. Fusillade avec la police. Poursuite automobile.
  • Transition voitures / course de chevaux. Scène au champ de course (la poule ne trouve pas drôle que son mec soit recherché "dead or dead"). Arrestation de Dillinger vivant.
  • Accueilli  comme un animal exotique transporté vers un zoo en Indiana, Dillinger se prend pour une star lors de la conférence de presse avant son incarcération. Procès. Évasion. (la poule n'a pas donné de nouvelles et n'en a pas demandé).
  • Dillinger, en cavale, lui téléphone. Sa poule lui dit de ne pas venir à Chicago où elle est (seconde preuve d'intelligence), et, Dillinger lui dit qu'il l'aime.
  • Christian Bale retrouve les traces de Dillinger et de Baby Face Nelson en partant de la banque où un braquage a viré en massacre. Gros gunfight. Dillinger s'en tire. Pas Baby Face Nelson ni les autres membres de la bande.
  • Dillinger retrouve sa poule conciliante qui accepte de lui acheter de l'alcool.
  • Elle se fait arrêter par la police de Chicago alors qu'elle va dans le magasin de spiritueux et ment concernant son passager clandestin par peur d'une fusillade (elle est venue en "cab").
  • Les fédéraux la récupère en mauvais état chez les poulets. La poule va en cage pour avoir abrité et aidé un fugitif.
  • John Waters fait un caméo. Et l'oubli se dilue dans le temps. Dillinger se refait auprès de deux gonzesses (dont Leelee Sobieski). L'autre volaille, une roumaine, dénonce Dillinger.
  • Il se fait abattre à la sortie d'un cinéma. La presse est au rendez-vous.
  • L'agent spécial qui l'a abattu dans le dos délivre le message de Dillinger à la poule qui a occupé les pulsions sexuelles du mitrailleur pendant 90 % du film et qui pleure car Dillinger était un gros con, et elle aussi.
  • FIN.

lundi 27 juin 2011

Triangle

Dimanche 26 Juin 2011
Hors du temps

Sorti en DVD le 14 juin 2011, Triangle, datant de 2009, jouissait d'une réputation de petit film culte sur le net. Les fans d'horreur étant toujours à la recherche de pépites auxquelles vouer un culte, cette œuvre n'était pas passée inaperçue tant ses qualités sont nombreuses. Le métrage a été réalisé par le cinéaste britannique Christopher Smith, auteur de Creep en 2004 et de Severance en 2006. Le metteur en scène est connu des fans du genre horrifique. Il avait ajouté de la valeur à ses survivals en travaillant un sérieux sens du premier degré et un humour grinçant entourant les éléments gore et violent de ses œuvres.

Triangle sort des sentiers battus de la série B et des canons scénaristiques (pas de gros monstres dont les petits ou les parents prennent la relève dans les suites, pas de meurtres entre copains/copines, pas de machines à tuer de 2 mètres 50 de haut qui ne meurent jamais, pas de congénitaux perdus dans la forêt qui en cache d'autres, pas de tendance techno-branché du genre "mon mobile m'a tuer", pas de fantômes aux cheveux longs, pas de convenu second degré pesant rappelant au spectateur qu'il regarde un métrage horrifique). Christopher Smith n'est pas un amateur vidéaste qui fait les propres critiques dithyrambiques de ses films sur Imdb.

Triangle immerge le spectateur dans une histoire sans fin ... Le personnage de Jess, incarné par Melissa George, semble condamné à un éternel recommencement. La répétition, rarement exploitée au cinéma, est la base dans laquelle des vagues successives d'horreur viennent resserrer sur elle les fatales et dangereuses difficultés à affronter. Le caractère prévisible du scénario ajoute à l'angoisse de la prescience de l'événement à venir. L'impossibilité de résoudre le problème (car le point de vue se démultiplie) et de s'en extirper deviennent des éléments clés de l'effroi.

Il est brillant de la part de Christopher Smith d'avoir utilisé la prévisibilité et la multiplicité des perspectives pour créer une peur de l'épuisement, de la lassitude, de l'indifférence et de l'abandon de se battre pour survivre qui s'installent dans la répétition de la même situation et des mêmes tâches à accomplir quand plusieurs vies sont en jeu. Le film s'avère insoutenable à regarder. L'effroi se déroule pour s'enrouler de nouveau, et ce de mal en pis sans que rien ne semble venir l'empêcher.



Une boucle narrative infernale : encore et encore et encore...

Forbrydelser (Dogme95 No 34) 1ère partie

Dimanche 26 Juin 2011
Nuit

Pris par l'envie de poursuivre un cycle de films tournés en DV (l'excellente surprise d'Ellie Parker était inspiratrice), j'ai consulté le catalogue de films en rade qu'il me reste à visionner. Ainsi je peux promettre, si la qualité se tient et que les yeux ne me sortent pas de la tête, à chroniquer dans les prochains jours les métrages suivants : Idioterne Dogme No 2 de Lars von Trier, 1998, (filmé en DigitalBetacam), et c'est tout ... Riget, série télévisée de von Trier a été tournée en 16 mm et gonflée en 35 mm, et 2 Days in Paris de Julie Delpy a été filmée directement en 35 mm. Désillusion. Chemin de traverse. Possibilité de changer de nom et d'identité. Non. La honte d'y avoir cru à tort n'aura pas raison de moi. Et dire que j'ai fait une école de cinéma. Je reviens à la réalité. Pitié. Ces vérifications pourraient bien avoir tué dans l’œuf une idée qui n'en était pas forcément une bonne, notamment du point de vue de la santé mentale. Peut-on vivre dans un univers que l'on se représente avec l'aspect crade de la DV même sur une courte période de trois ou quatre jours ? Je ne crois pas.

Forbrydelser, traduit en français, veut dire crime, délit, illégitime, péché, ou plus simplement, infraction punie par la loi. Il s'agit d'un film danois dramatique. Il est plus connu sous son patronyme international In Your Hands et a été réalisé en 2004 par Annette K. Olesen. Il a rempli les conditions de la charte du dogme Vinterbergien/vonTrierien dont il est le No 34 de la série d'après le certificat délivré officiellement qui ouvre le film.

Marion
Interprétée par Sonja Richter, Marion, une pasteur épanouie dans la vie, en osmose avec son compagnon, a demandé à être mise en poste dans une prison. Elle espère partager sa foi en Dieu avec d'anciennes criminelles.

Après 13 minutes de film, la présentation très classique ne convient pas au format choisi pour introduire l'histoire. Un style classique est préféré à la direction coup-de-poing, plus en phase avec l'esthétique propre, et, plus rapprochée de la manipulation de la DV. La corrélation entre moyen de narration et récit n'est pas travaillée. L'ensemble reste froid et distancié. Le grand nombre de plans larges, d'ensemble et en pied choquent par leur présence. La caméra expose des bribes de scènes et contraint le spectateur à la lassitude envers l'arrivée de l'élément déclencheur.

Se dessine néanmoins, basée sur mon intuition propre, une ligne directrice que pourrait suivre le film : celle d'une détenue taiseuse, Kate, interprétée par Trine Dyrholm, qui chercherait à aider une camarade dépendante de la drogue sans savoir comment faire, et, viendrait à demander conseil à la pasteur fraîchement débarquée. Quoique la jeune femme dans le besoin se tourne vers la responsable religieuse. Conflit en perspective entre anges-gardiens ? Une affaire séduisante pour moi.

Kate
Mais, le personnage mystérieux nommée Kate a une relation particulière avec le seigneur, dixit l'ancienne droguée. Elle lui parle et vice versa (ou l'inverse). Kate a des pouvoirs guérisseurs.

Voilà que cette dernière annonce à Marion qu'elle est enceinte alors que Marion sait qu'elle-même est stérile ou quelque chose dans le genre (car elle achète quand même un test de grossesse en pharmacie). Son mec s'énerve. Ils ont dépensé trop d'argent et de temps auparavant là-dedans. Tout cela devient épais comme l'eau. J'ai envie d'arrêter après 23 minutes 15 secondes de film. Donc acte.

dimanche 26 juin 2011

Badlands

Dimanche 26 Juin 2011
Soir

Certains vont me traiter d'hérétique, en tout cas, je vais passer pour une personne audacieuse aux yeux des cinéphiles endurcis pour qui Terrence Malick est une référence intouchable car j'ai réservé à son Badlands, de 1973 sur Imdb, de 1974 sur Allociné, dont le sous-titre français est La Balade Sauvage, le même traitement qu'à Neuilly Sa Mère !, Tout ce qui brille et Le Nom des Gens. Je n'en ai vu que la bande-annonce (je n'étais pas intéressé par aller voir Tree of Life sorti en mai dans les salles françaises) et elle ne m'a pas affolé les sens. Explications.

Deux jeunes charmantes personnes (incarnées par Martin Sheen et Sissy Spacek) sont amoureuses. Elles dansent d'un pas contrôlé et marchent dans la rue sur une musique yéyé. Puis un mort. Puis une arme. Martin Sheen pêche en tirant sur les poissons. Arrive un officiel du gouvernement qui se fait tuer dans le dos par l'amoureux de service. Sissy se maquille. Martin tire sur d'autres officiels des forces de l'ordre. Poursuite automobile. On se rend compte que les amoureux aiment à se regarder dans des miroirs. Question du narcissisme du couple, aime-t-il s'aimer ou s'aiment-ils vraiment ? Puis regards croisés (de barges qui se sont trouvés ?). Et titre.


La bande-annonce de Badlands m'a fait pensé à un mélange de deux grands films préexistants basés sur deux faits divers. A savoir Bonnie & Clyde, 1967, d'Arthur Penn et Elvira Madigan, 1967, de Bo Widerberg (réalisateur suédois antibergmanien). Bonnie & Clyde raconte l'histoire de deux amants criminels qui pillent les banques sur la route et tuent à tout va ceux qui se mettent en travers de leur chemin. Et Elvira Madigan suit deux amoureux qui quittent tout pour vivre dans la nature leurs sentiments partagés. Deux films qui poussent leurs logiques jusque dans leurs derniers retranchements ; -SPOILER ALERT - à savoir l'anarchie pure de Bonnie & Clyde les amène à la destruction, et, la fuite en avant d'Elvira et de son amant conduit ce dernier au meurtre et au suicide. -FIN SPOILER ALERT- Tout cela pour l'amour, avec un grand A. La morale est retenue. Je n'irai pas arpenter les routes, ni les bois, ni les champs avec mon âme sœur si j'ai une arme sur moi. 
En outre, Terrence semble être avisé. Il a enrobé de jolies images et de musique sympathique un mélange de deux faits divers très connus afin de marcher sur du solide pour faire ses premières photos en mouvement. Sissy Spacek m'a l'air d'une petite chose et souffre de la comparaison. Il faut savoir que Pia Degermark remporta avec mérite le prix d'interprétation féminine au festival de Cannes 1967 pour sa personnification d'Elvira Madigan, et que Faye Dunaway était Faye Dunaway. C'est tout ce que cela m'inspire pour l'instant. Une vision du film dans l'avenir n'est pas à exclure mais j'ai déjà eu ma dose de chefs d’œuvre sur ce thème. De plus, je n'ai aimé ni La Ligne Rouge / The Thin Red Line, 1998, (qui souffre de la comparaison avec un titre du groupe de hard british Saxon) ni Le Nouveau Monde / The New World, 2005, du même Terrence Malick (dont la photo sur le site Imdb devrait être changée, elle ne fait pas honneur à un air inspiré de profond génie du cinéma, voir image de ce §). Rencontre ratée encore une fois entre un génie et moi. Ce n'est que partie remise.

Ellie Parker

Samedi 25 Juin 2011
Soir

Naomi Watts est une très jolie actrice appréciée à Hollywood qui a joué dans plusieurs films en vue et avec les meilleurs acteurs et réalisateurs. Je me rappelle de Mulholland Drive, 2001, de David Lynch pour ce qu'il y a de plus fameux dans sa filmographie. Elle tourne assez régulièrement avec Sean Penn (au moins 3 films de mémoire). Elle a malheureusement tourné dans King Kong, 2003, de Peter Jackson, Flirting, 1991, dans lequel elle avait un autre nez, Tank Girl, 1995, et, les deux Ring version US de Gore Verbinski et Hideo Nakata. Elle a épousé Liev Schreiber et fait un enfant avec lui. Elle est la meilleure amie de Nicole Kidman. Elle avait les seins nus dans 21 Grammes, 2003, d'Alejandro González Iñárritu, dont je n'ai pas regardé plus d'une demi-heure. Je suis incapable de me remémorer sa présence dans Les Promesses de L'Ombre, 2007, de David Cronenberg dans lequel elle tenait le premier rôle (n'est-il pas ?). Il me reste certes à visionner I Heart Huckabees, 2004, de David O' Russell et Inland Empire, 2006, de David Lynch que j'espère de tout cœur excellents (j'aime ces deux cinéastes), et d'autres films qui ne m'intéressent nullement. Oserai-je voir le remake de Michael Haneke Funny Games US, 2007, sachant que le Funny Games, 1997, européen m'avait déjà dégoûté de son cinéma ? Non mais Naomi Watts a cela pour elle ; elle est mignonne à croquer. Et je me rends compte que je viens de citer pour beaucoup du tout Hollywood en un seul paragraphe.

Dans Ellie Parker, 2005, Scott Coffey, essentiellement acteur inconnu et très proche ami de Naomi, idem Watts incarne une actrice intègre et passionnée qui galère en passant de castings pour des projets bancals en castings organisés par des professionnels qui n'y regardent pas à deux fois. Ellie n'a pas pour amie dans la vie Nicole Kidman, comme Naomi Watts.

Ce film tourné en DV caméra au poing est intéressant. La première demi-heure du film est consacrée à la description de l'univers d'Ellie. On assiste à l'aventure de sa survie dans un milieu où le rapport humain est gagné pour celui qui sera le moins bluffé. Ce fool's game entre une actrice motivée et directeurs de casting soit facilement convaincus soit très polis et agréables signale qu'Ellie ne rencontre pas de réalisateur en vue et qu'elle végète dans une vie qu'elle insupporte.

Le choix de la DV est judicieux. La caméra au poing, à la première personne du singulier, permet de suivre partout l'actrice hollywoodienne. Lors des castings, dans sa voiture en train de se changer, dans son bain, au téléphone, s'envoyant en l'air, en séance avec sa psy, etc ... pour souligner l'absence de distance qu'Ellie met à poursuivre une carrière et une vie privée qui ne l'a conduit qu'à davantage d'acharnement et de persistance. Techniquement, la caméra retranscrit ses impressions (la lumière brillante en surexposition lors du second casting "I Sucked his cock !", le montage autour de son mec pour le présenter, etc ...) et n'aide qu'à percevoir comme Ellie des bribes d'une sensibilité contrariée car trop plaquée sur les réactions des personnages environnants.

Hormis le sexe dans la baignoire, la recherche du plaisir d'Ellie se focalise autour de l'appréciation de la dégustation d'une glace de couleur bleue. Une séquence qui débouche sur des scènes de comique pathétique censées modifier son quotidien. Mais le désespoir d'Ellie la propulse à un status quo où elle reste dépendante du sort. L'illusion du progrès (la compétition aux larmes, le frère jumeau du directeur de la photo) domine dans une seconde demi-heure qui s'attarde sur davantage d'exposition. Ellie Parker se cherche en tant qu'actrice et être humain.

Seule sa meilleure amie la soutient. Le film glisse d'un genre à un autre dans la dernière demi-heure. La comédie satirique laisse place à un drame poignant où seul un miracle semble pouvoir sauver Ellie et sa carrière ... je vous laisse sur votre faim concernant la fin. A vous de la découvrir par vous-mêmes. Elle vaut son pesant d'or dans le genre pathétique-satirique.

Ellie Parker est un diamant non taillé du cinéma indépendant américain. Loin des stéréotypes de ce genre de films sundanciens, comme Little Miss Sunshine, 2006, Juno, 2007, Sunshine CLeaning, 2008, et autres, formatés pour remporter des prix du public, Scott Coffey se moque en grinçant des dents et verse sa larme sans s'apitoyer sur le sort de son héroïne. Ce qu'il montre à l'écran suffit à saisir le spectateur à la gorge et aux tripes. Petit film, petit budget, grand cœur.





I sucked his cock !
L'effet que fait de s'imaginer au bord de la plage.

vendredi 24 juin 2011

The Right Stuff

Vendredi 24 Juin 2011
Hors du temps

Je n'avais jamais imaginé un astronaute (profession qui fait rêver pas mal d'enfants, moi compris) avec une sonde de perfusion profondément insérée dans les fesses cherchant infatigablement les toilettes CAR sa vie en dépendait. Jamais je n'avais imaginé l'attente interminable de Shepard qui finissait par mouiller son maillot à l'urine plutôt qu'à l'envol du vaisseau spatial, ni les tests proches de la torture psychologique et physique que devaient passer les hommes de l'espace pendant les années 1950.

Je ne pensais pas que, lorsque l'on avait l'honneur de représenter sa patrie dans l'une de ses industries les plus abouties techniquement et technologiquement (la Nasa) faisant fierté à l'esprit d'initiative (dont ceux de scientifiques anciennement nazis), on pouvait vouloir faire des profits idiots qui coulaient une capsule spatiale dans les abysses d'un océan et ruinaient le moral d'une équipe (les premiers explorateurs US de l'univers, équipe Mercury 7) et d'un couple en vue. J'étais attristé devant l'arrogance de certains des astronautes infidèles maritalement et leur mépris pour ceux qui étaient plus discrets et vertueux, et vice versa.

Par contre, je me suis régalé devant la remise à niveau de leur auto-appréciation grâce au spectacle de leurs égos meurtris lorsqu'un russe les devançait en tant que premier être humain dans l'espace, puis lorsqu'un chimpanzé devenait la première créature vivante US à être propulsée au-delà de l'atmosphère.

Tout cela était associé à une peinture de leurs caractères de girouettes parlantes (et bestioles médiatiques), grâce à un décalage entre un monde fermé en vase clos et un monde où l'opinion bien plus informée influe ipso facto sur leurs décisions et motivations de héros nationaux (quand les "pilotes de l'espace" sont informés) bien que ce monde-là leur soit uniquement représenté par des journalistes et des officiels gouvernementaux (d'où manipulation).

Les astronautes au sommet de leur forme.

A force de comparaison entre les pilotes, le seul un peu sensé du film était Yeager interprété par Sam Shepard qui refusait la proposition de la Nasa car il était bien là où il est, bien au chaud, sous un soleil de plomb, au milieu du désert US, à jouer avec sa femme, monter à cheval et tenter de dépasser la vitesse du son, loin des caméras et de la politique. Belle morale du film. Tant qu'à faire, autant vivre une vie agréable en accord avec ses désirs.

Ce film se concentrait sur une véritable aventure humaine plus palpitante que l'exploration de l'univers. The Right Stuff était un récit sur la déconstruction d'égos boursouflés par des hommes qui estimaient que leur génie était d'être en avance sur leur temps et des héros de la patrie. Grande comédie satirique sur les icônes médiatiques, Philip Kaufman bafouait le respect qui leur était dû en nous montrant ces vaillants patriotes comme des produits testés et manipulés à volonté, en bout de chaîne de la décision et de l'information, dont le seul pouvoir est de se plaindre à la presse ; en somme, des bons braves. Adaptant avec brio un livre de Tom Wolfe, Philip Kaufman narrait l'histoire de la conquête spatiale qui était celle de la façon dont l'histoire de la conquête spatiale a été forgée pour l'opinion publique. Le cinéaste réussissait une comédie de 193 minutes. Trois heures treize d'humour dépensées avec générosité par l'équipe du film. C'était un tour de force. Philip Kaufman utilisait à merveille un casting ébouriffant d'acteurs américains comprenant Fred Ward, Dennis Quaid, Ed Harris, Sam Shepard et Scott Glenn, que nous avons rarement revu en aussi grande forme.

jeudi 23 juin 2011

Neuilly sa mère ! / Tout ce qui brille / Le nom des gens

Jeudi 23 Juin 2011
Fin de journée

Étant cinéphile et patriote, je dois avouer que la colère m'emporte souvent lorsque je constate que peu d'efforts sont faits pour apporter de la valeur ajoutée au cinéma comique tricolore. Hormis OSS 117 et Les Emotifs Anonymes, l’exaspération est de coutume lorsque je m'intéresse au rire cocorico (c'est relatif, c'est mon blog). L'humour français est le reflet dans la vitrine de ce que les Français acceptent de voir à propos d'eux-mêmes et ce dont ils veulent bien rire. Et, en général, ça ne vole pas haut. Le niveau d'humour étant un référent au niveau d'intelligence, j'avoue un tempérament d'anxio-dépressif.

Je précise que je n'ai vu aucun des trois films du titre de cet article car je m'essaye à un nouveau type de critique. Celle de la bande annonce qui a pour fonction d'aider le spectateur à se décider quant au sort de la carrière du film en salles. De nombreuses personnes se déplacent ou pas au cinéma après jugement de ces dites pépites promotionnelles. Ce qui à mon sens justifie que quelques unes de mes critiques se placent à ce niveau. Les bandes-annonces des trois films sont à l'image de la comédie typique qui a les faveurs du public en cette fin de décennie des années 2000.

Neuilly sa mère !, 2009, de Gabriel La Ferrière raconte apparemment l'histoire d'un jeune maghrébin qui veut se taper une blonde mais il n'y en a pas dans sa cité qui soit suffisamment classe pour lui alors il déménage à Neuilly où il en trouve une. Où est la fausse blonde qui parasite le plan de ce gosse ? Nulle part. Il rencontre la fille de ses rêves dans la banlieue bourgeoise. Et là, il la mate quand elle se déshabille. Puis, ça devient confus, des parents friqués veulent pas que leur fifille ado, une autre que celle victime du voyeur en culottes courtes, sorte avec un type qui travaille sur un chantier.

Mais où est ma blonde ?
Bref, la futilité d'un tel objectif dans la vie devrait pousser cet enfant à reconsidérer ses motivations et essayer d'honorer un peu sa propre cervelle. Niquer une blonde n'est pas un but primordial dans la vie. Le travail est plus important même s'il demande du temps et de l'effort. Au moins, il rapporte davantage. Le travail, c'est la santé. La liberté s'acquiert par le travail. Que deviennent les études du jeune citadin ? Il faudra aller voir le film pour le savoir (je n'irai pas). Certes il y a la fatigue et l'ennui qui peuvent s'installer mais il y a plein de challenges à se mettre et plusieurs opportunités de métiers. La vie est suffisamment longue pour satisfaire plusieurs envies. Le sexe, lui, rapporte des MST, des enfants, des problèmes entre potes et avec les parents des partenaires. Certes, il y a la jouissance mais qu'on passe d'une blonde à une brune, d'une black à une asiatique, le sexe reste le sexe, et, l'amour reste l'amour. Les assoiffés de la bitte semble vivre par cette devise : "plus les choses changent, plus elles restent les mêmes." Cette bande-annonce montre dans toute sa splendeur la futilité de ce film. De plus, tout ce qui brille n'est pas d'or.

Si t'as envie de te faire une blonde, bois une bière fraiche !
Tout ce qui brille, 2009, de Géraldine Nakache et Hervé Mimran.

Deux femmes d'origine maghrébine (on va penser que je l'ai fait exprès) se demandent à l'une l'autre ce qu'elles pensent de la France en citant les noms des pétasses ricaines de mauvais goût (Pamela Anderson et Paris Hilton). Sont-elles étrangères ? est la question qui vient à l'esprit. Non, elles sont de Puteau et sortent en boîte sur Paris. L'une d'elles préfèrent faire croire qu'elle est de Neuilly et qu'elle aime la nourriture pour riches (à savoir des pattes au citron). Et c'est l'autre qui rencontre le mec idéal. Et là, embrouille toute claquée. Jalousie. Les deux copines pour la vie ne se parlent plus. Et, pourtant, elles dansent dans les couloirs du métro, mangent des sandwichs en se faisant la tronche et sourient. Ça sent le Happy Ending. Et la mère d'un gosse est caissière alors il n'y a pas d'embrouille. Tout va s'arranger. Je passe.


La bande-annonce de Le nom des gens, 2010, de Michel Leclerc, succès populaire récent, ne m'a pas donné envie d'aller le voir. Je ne savais pas de quoi ça parlait. Ma mère et une connaissance de café me l'avaient recommandé. Qu'une actrice du film ait été récompensée ou que d'autres membres de l'équipe de ce film aient été choisis pour fouler le podium des Césars m'indiffère totalement. Je suis un franc tireur de la critique cinéma.

Voilà ce que j'ai compris de l'encas de ce film. Une jeune femme qui fait ses courses un sein à l'air nique un paquet de types de droite pour les convertir à la politique socialiste. Mis à part la déontologie douteuse des moyens utilisés par cette femme, le sexe qui sert à la conversion politique, il faut en plus comprendre que :
  • Le sexe change le monde (si c'était le cas, on vivrait tous en harmonie dans une société parfaite depuis longtemps ; nos ancêtres auraient trouvé le truc ... en effet, pourquoi se prendre le choux entre tyrannie, démocratie, monarchie parlementaire, droite et gauche, quand le sexe convertit tout le monde à la même cause au final ?)
  • Les gauchistes sont donc désespérés et n'ont aucun programme politique valable pour avoir recours à des méthodes dégradantes pour la politique et la sexualité ... donc l'humanité
  • Les personnes de droite sont largement admises comme étant des cul serrés (probablement puceaux) qui dès qu'ils auront ouvert les yeux après qu'une femme ait écarté les jambes n'auront plus le cœur à la place du porte-feuille.
Niveau comique, Sarah Forestier se propose facilement à Jacques Gamblin, interdit de critique. Puis elle met sa petite culotte dans la poche de veste du jospiniste convaincu dont elle tombe amoureuse avant de se faire surprendre par la mère du pauvre quidam à la sortie de l'ascenseur. Déjà vu ailleurs.

J'aimerais bien que la petite bête mange la grosse.

L'idée nauséabonde que l'utilisation de l'acte intime amoureux est un bon moyen d'agir en individu civique afin de détourner et de convaincre des adversaires politiques est maintenant répandue avec succès. A quand le débat porno d'entre-deux-tours des élections présidentielles sur France Télévision ?

Faut niquer le monde pour que ça aille mieux ? Le spectateur de cinéma aussi donc ?




Faisons la synthèse de tout cela. Donc, les personnes descendants de maghrébins ou non veulent trouver des blondes et des mecs riches de Neuilly pour l'amour, le sexe et l'ascenseur social misant à coup sûr sur le pouvoir de persuasion du sexe en convertissant tout ce monde à gauche. Que les images véhiculées de notre ami l'immigré, du patriote gauchiste et du Français français agissent de façon plus ou moins conscientes, la question qui se pose est : le public, accepte-t-il de rire de ces préjugés ou ces films les confortent-ils ? Il faut voir les films pour s'en rendre compte. La morale doit être sauve en plus et ça doit ressembler à un truc du genre : "Mais on est tous humains. On va tous arriver à s'entendre. Mettons nos différents de côté. Rions, baisons, buvons. Il n'y a rien de mal. Du moment que ça marche ..." Encore. Si ça marchait, on vivrait déjà dans un monde parfait. Ça doit être de cette naïveté que le public aime rire.

Moi, ma moralité, je la préfère comme ça : partageons les richesses par les impôts et les limitations de salaire. Libéralisons pour qu'une juste économie mixte conviennent à tous, et, n'annulons pas nos différences qui sont, comme le désaccord, le sel de la démocratie. Et un geste pour l'environnement mince ! Allons Enfants de la patrie ...

Sucker Punch

Mercredi 22 Juin 2011
Nuit

Zack Snyder est un réalisateur à part. Il aime l'action et donc ne réfléchit pas à deux fois aux projets dans lesquels il se lance. Il a ainsi vidé les tripes (littéralement et figurativement) du remake de Dawn of the dead, tourné en 1978, de George Romero afin de filmer L'armée des morts en 2004, actionner bourrin qui met en évidence la logique bien personnelle du bonhomme. Du muscle, des flingues, de la sueur, un monde sur le point de sombrer (ou un monde post-apocalypse), une philosophie de surface et une utilisation plus ou moins judicieuse de morceaux de musique populaire. On le soupçonnerait presque d'opportunisme ou d'être simpliste.

Il réalisa ensuite sur écrans verts 300 en 2006, un film où le récit épique justifie qu'une frange d'individus dédiée à défendre la liberté pratique l'eugénisme, inflige des mauvais traitements et autres humiliations à leurs enfants, afin d'imiter le cri du loup à la lune à moitié à poil et conter leur gloire et leur supériorité.

 Oui, nous avons survécu au tri sélectif à la naissance. Mais nous n'avons pas échappé à l'Agoge où nous nous sommes fait mettre à plusieurs reprises par nos mentors.

Zack Snyder a aussi commis Watchmen en 2009 où les protecteurs du monde libre (encore eux !) doivent exploser le joli petit visage du monde libre lui-même (c'est eux qui l'ont décidé ... ils n'ont pas organisé de référendum) vu qu'il sombre dans une décadence morale et une désobéissance civile qu'aucune solution raisonnable ne viendrait soigner. Quel masochisme !

Pour sauver le monde, il faut le faire péter !

Puis j'ai zappé son histoire de hiboux guerriers (?!) en 2010. Il faut pousser un peu grand-mère dans les orties pour trouver des volontés belliqueuses aux hiboux et aux chouettes. Je sentais donc la répétition se profiler à vue de bande annonce. L'empathie du sieur gentilhomme pour les grosses têtes de nœuds qui pense au fer et au sang avant de songer à la diplomatie constitue le cœur de sa filmographie. J'avais compris.

Vint Sucker Punch en 2011. Film qui m'a intéressé pour deux raisons :
  1. Un pote m'a informé de la superficialité de ce film
  2. Des jolies femmes sont en tête d'affiche
1 + 2 = J'ai tout de suite flairé l'occasion de me rincer l’œil sans me prendre le choux. Le casting m'étant relativement inconnu, j'allais découvrir de nouveaux visages ... entre autres choses.

Et là, surprise ! Zack a de la sympathie pour autre chose que pour les types à la Lundgrris, Schwarzlone et Van Damned, torse nu et bodybuildés... il a également de la sympathie pour les femmes. Des femmes. Certaines femmes. Des jeunes femmes. Des jeunes femmes qui s'habillent très court vêtu, avec des décolletés pigeonnants (des push-up bras plus exactement), qui font des sauts périlleux et autres galipettes aériennes (ça me rappelle les heures passées à mater à la télé la gymnastique acrobatique, la natation, le tennis et le patinage artistique féminins pendant mes années d'adolescence ingrate, sachant que je n'avais bien sûr aucun intérêt pour les sports cités).

Je tiens à préciser que je sympathise avec vous, mesdemoiselles.

Snyder tire donc une larme en composant cette fable sur des filles pin-up qui flinguent à tout va des zombies nazis, des orques, des dragons (un petit et sa mère ... quelle cruauté !), des robots, des samouraïs géants, etc ..., et, se battent pour la liberté (ah la brave liberté aura donné naissance à bien plus qu'au tupperware et au sac plastique payant dans les grandes surfaces ; dire qu'on lui reproche la tyrannie de la majorité et le retrait de la vie civile ... non mais je vous jure ! Y en a qui se battent pour la liberté ! Un peu de respect merde !). Dans ce film, les filles castagnent pour sortir d'une maison de putes qui est, en vrai, un asile psychiatrique pour jeunes et jolies choses.

Des personnages du sexe faible enfermés en maison de fous et en bordel, Snyder n'a pas décidé de travailler sur les clichés des rôles de femmes au cinéma. Il a ressorti du bréviaire des fantasmes du machisme niais des chéries faisant office de tartes-à-la-crème et de bonbons à sucer et à lécher. Mis à part que Zack ait bon goût en matière de casting féminin, je pense qu'il aime bouder son plaisir (et le mien du coup) car ce film me pose un énorme problème.

Mais non ! Zack ne veut pas nous catégoriser en putes cinglées au grand cœur. Moi, Baby Doll, je suis une femme forte !

Zack Snyder pourrait être respectable si ce n'est que la qualité de ses fantasmes n'est pas à la hauteur des délires de Métal Hurlant, de Gerald Potterton, fait en 1981, où un chauffeur de taxi gras et crado se tapait une superbe bombe après (ou avant) avoir butté le connard qui la faisait chier, et, où un adolescent malingre et boutonneux devenait un super Musclor sur une planète à l'autre bout de la galaxie, et tabassait plein de monstres pour finir dans les bras d'un parfait croisement de femme de page centrale de playboy et de super modèles à la Claudia Schiffer.

Moi, je sais me faire plaisir !

-Spoiler Alert-


Contrairement à l'autodérision développée dans le dessin animé futuriste culte, Sucker Punch a une histoire qui a du fond. Et elle est glauque à souhait. Ces filles sont en fait victimes d'abus sexuels de la part des infirmiers de l'institut psychiatrique. Loin de moi l'envie de vouloir assister à l'horreur de viols répétés, mais prendre son pied sur une mise en parallèle d'un univers fun proche du jeu vidéo où de sympathiques pin up sautent partout en dévoilant leurs culottes de coton noir et soulignant leurs lignes de poitrine, de hanche, de fesses et de jambes (pour la supposée joie du spectateur) alors que, pendant ce même temps, elles se font violées à répétition, tient de la torture mentale. Ça, ça suffirait à faire débander DSK. Ce film est ignoble. Comment s'amuser devant pareil spectacle ? Je n'ai jamais vu un tel concept de divertissement. Et j'espère ne jamais en revoir.

Là, on est probablement en train de se faire violer. Mais c'est pas grave, c'est un film de divertissement sensible, profond et humain !

-Fin Spoiler Alert-

Zack ! Merde ! Réfléchis merde !


Post Scriptum :

J'ai versé une larme pour toi, Rocket :'(
4everLoveYou Rocket / Jena Malone ;)