La bande-annonce de Populaire de Régis Roinsard (2012) nous propose d'assister au spectacle d'une dactylographe en pleine émulation face à sa capacité à taper à la machine. Conséquences : elle s'habille en rose et les feuilles de papier volent. Romain Duris supporte cela en sa caractère de fond d'écran de luxe en costard, rasé et coiffé (il ne touche ni la machine ni la femme). Résultat : je suis du genre à mériter de me prendre un retour-chariot dans les couilles (je pense que ce film est totalement inutile). Mais je n'ai rien à craindre. Plus personne n'utilise de machines à écrire de nos jours. En effet, tout le monde se fout de reconnaître les mérites d'une femme sachant taper sur un clavier quand on utilise tous un ordinateur. Le récit avait tout intérêt à être situer en 1958 (j'avais personnellement décroché de la bande-annonce à l'affichage de cette date) ... peut-être y aurait-il eu une idée en le tournant cette année-là.
Avoir raté une époque est une chose terrible pour un artiste. Claude Miller le sait. D'autres réalisateurs français aussi (je salue Bertrand Tavernier en lui rappelant Le Juge et l'assassin, 1976). A l'ère moderne où la lutte contre l'injustice est une émission quasi-quotidienne à la télévision, que reste-t-il à dénoncer pour nos intellectuels cinéastes ? La haine des banlieues ... déjà fait et refait. L'absence de morale du capital ... revu et corrigé. Les multiples complots industrialo-politiques ... on en mange à toutes les sauces. Nos artistes n'ont donc plus qu'à travailler sur l'émotion qu'une œuvre puisse transmettre : celle d'auteurs qui rêvent d'être des héros modernes de la France, en prenant partie dans des combats datant du XIXème siècle ... ou des années 1950.