La sélection de Donc Acte !

Donc Acte ! ne suit pas l'actualité cinéma à la loupe. Donc Acte !, qui s'est intitulé Le cinéphobe pendant une courte période, n'a pas pour passe-temps de visionner des pelloches de cinoche. Donc Acte ! ne va pas souvent voir une œuvre en salles. L'envie est rare. Le plaisir est d'autant plus intense lorsque je suis satisfait par une rencontre du 7ème art. Certains films m'inspirent des réflexions ; c'est ce que je souhaite partager. Je ne propose pas de thèses et il m'arrive de gâcher les histoires en racontant la fin. Vu que je ne mets pas ce qui a été fait de l'invention des frères Lumière sur un piédestal et que je suis des fois moqueur, Donc Acte ! peut ne pas plaire.

vendredi 30 décembre 2011

Polisse

Vendredi 30 Décembre 2011 
Voici venu le temps des enfants ...

Polisse, Maïwenn, 2011, France.

L'introduction est la combinaison de 2 scènes mêlant un mensonge d'enfant sur les pratiques incestueuses de son père et un bon père demandant à ses enfants de promettre de dire toute la vérité : à quel jeu joue la réalisatrice ? Pourquoi mise-t-elle sur le faux-semblant pour introduire son film ? Le spectateur est-il enclin à ne pas croire ce qu'on lui montre ? Pourquoi avoir insisté lors de la promotion sur la recherche sur le terrain de Maïwenn ? Ne faut-il pas croire tout ce que l'on voit ? Pourquoi avoir insisté lors de la promotion sur la recherche sur le terrain de Maïwenn ?

Le générique présente ensuite des images d'enfants jouant sur une chanson populaire (L'île aux enfants de Casimir : "Voici venu le temps des rires et des chants ...").

Ce qui m'a fait comprendre que, malgré son élan du cœur, Maïwenn cherchait à faire effet par tous les moyens possibles. L'affect reste très personnel dans Polisse de Maïwenn. Son écœurement transparait par ce choix artistique. Maïwenn n'a pas su prendre la distance face à ce qu'elle a vécu pour éviter les énormes maladresses de son film.

Je dois avouer qu'en visionnant l'introduction de Polisse, j'ai failli partir directement de la salle. Je me suis même demandé si elle ne prenait pas le spectateur pour des insensibles ou des incrédules ou des imbéciles, ou si le film n'était pas directement destiné à tous ceux qui maltraitent leurs enfants, ou si elle considérait que tout individu est capable du pire (peut-être un mélange de tout cela). Ce sont certes des spéculations de ma part mais voilà le retour de voix que m'a inspiré le début de Polisse. La question "à qui se destine Polisse ?" me colle néanmoins toujours à la peau (d'où la conclusion de mon message).

Maïween par Maïwenn, Breillat par Breillat, Donzelli par Donzelli, Canet par Canet, Beigbeder par Beigbeder, Houellebeck par Houellebeck, Angot par Angot, Nothomb par Nothomb, ... : y a-t-il un auteur français qui sache dépasser le cadre de sa personne ?

Surtout que la suite de Polisse prouve que la réalisatrice mêle maladroitement fiction et réalité, et, s'emmêle les pinceaux sur les alternances qu'elle choisit. Polisse est un fourre-tout. Il n'y a aucun fil conducteur. C'est un journal de bord bordélique. Une compilation de tout ce dont Maïwenn a pu être témoin à la BPM de Belleville et un lâchage de ce qui lui pesait sur la conscience à ce moment-là. Comme s'il fallait qu'il se passe forcément quelque chose d'insupportable pour qu'une tension dramatique soit intense et un long-métrage intéressant. Polisse est un film à tiroirs et en comprend tous les défauts. Maïwenn ne maitrise pas du tout l'art du mystère. Certaines intrigues disparaissent pour réapparaitre en fin de métrage (réapparaissent alors que je les avais oublié ... et elles ne réapparaissent pas toutes) et ne sont pas résolues (au mieux, elles le sont de façon simpliste ... sur un coup de gueule). Les personnages les moins intéressants sont mis davantage en avant que les autres (sachant que Joey Star et Maïwenn étaient en couple à l'époque du tournage, Polisse a toutes les allures d'une pelloche d'une femme amoureuse qui donne le beau rôle à son homme dont l'image publique est houleuse). Beaucoup d'engueulades se déroulent sous nos yeux pour caractériser les personnages. Aucune discussion ne se veut constructive : chacun règle ses comptes et lâche du leste personnel. Le spectateur batifole dans le cinéma d'auteur nombriliste : la réalité ne s'accepte que par cris et ne s'apprécie que par contemplation passive. Le film ne dépasse pas ce stade. 

Que l'horreur qu'affronte les enfants et la BPM au quotidien est difficilement soutenable, personne n'en doute mais l'effort dans la dramatisation est réduit à une ficelle de pelote usée. Pour Polisse, un documentaire de Maïwenn aurait fait l'affaire. L'assemblage de scénettes rapportées du vécu donnent du corps au film (les cris et les pleurs de l'enfant abandonné par sa mère SDF résonnent toujours dans ma mémoire, les scènes de procès verbaux sont intéressantes). Dans la fiction, seuls les doutes du personnage de Sandrine Kiberlain et le plan furtif du garçon découvrant son professeur de gym touchant un autre garçon dans les douches sont juste-à-propos (3 belles scènes pour Kiberlain et un plan ... c'est peu).

J'ai néanmoins pris mon mal en patience afin de supporter la douloureuse durée de 2h07 minutes de Polisse. J'ai payé ma place.

La fin est d'une maladresse ahurissante. Je vous la vendange parce qu'elle n'a aucun intérêt : Maïwenn met en alternance le suicide du personnage récemment promu de Marina Foïs (protagoniste dégoûté par les atrocités vécues par les enfants et qui ne fait pas d'enfants) et l'épanouissement d'un garçon victime de pédophile dont le bourreau a été incarcéré. Je vous laisse tirer d'autres conclusions que la mienne qui est littéral et effroyable : le suicide d'une femme détestant les hommes et n'ayant pas d'enfants favorise l'épanouissement des jeunes victimes de pédophilie. Affreuse maladresse de la réalisatrice.

Conclusion : Un documentaire aurait pu permettre de trouver une vocation ludique à Polisse pour aider à délier les langues d'enfants victimes d'abus de toutes sortes qui n'osent pas encore parler (de peur d'être puni) pour montrer que des personnes sont à l'écoute et que justice peut être rendue. Vraiment, un documentaire de Maïwenn aurait faire l'affaire.

lundi 26 décembre 2011

Shark 3D

Lundi 26 Décembre 2011
Un article en images vaut mieux que des mots pour les décrire




Shark 3D, David R. Ellis, 2011, USA.


Un jeune homme est sur le point de se faire dévorer par un requin dans un lac salé ... mais un autre élément distrait l'attention : elle s'appelle Sara Paxton.

Sara Paxton devrait se sentir mal quand on lui parle de Shark 3D. Elle est en effet l'appât du metteur en scène David R. Ellis qui la cadre dans toutes les positions possibles qu'offre le port du bikini, un vêtement dont elle s'affuble dès la vingtième minute et qu'elle ne quitte plus jusqu'au plan final. Sara Paxton devrait se sentir blessée dans son amour-propre (si ce n'est pas le cas) car les 4 compagnies de production responsables de la chose (Incentive Filmed Entertainment, Next Films, Sierra Pictures (III), Silverwood Films) et le réalisateur des sympathiques Destination finale 2 (2003) et Cellular (2004) l'utilisent comme un bout de barbaque censé faire baver les adolescents libidineux et boutonneux. J'écris cela car il n'y a aucun travail sur la tension dramatique dans cette daube infâme. Les requins sont inexistants. Il ne font que faire mousser la flotte du lac salé. Il n'y a ni travail de suggestion ni d'effets gore. L'histoire n'intéresse personne car il n'y en a aucune. Il n'y a pas non plus d'utilisation de figure de style telle la métaphore pour justifier ce déballage de chair (mais il ne faut pas non plus espérer de nudité dans Shark 3D qui est un film pour public en pleine puberté). Bref, l'effort de mise en scène est concentré sur la satisfaction onaniste du spectateur.

Esthétique MTV : ce plan de simple marche de Sara Paxton est repassé 3 fois (en accéléré et en vitesse normale)

La suite de l'article est essentiellement en images. Autant laisser parler d'elle-même la chose.

C'est pesé au poids tout ça : le gentil beau gosse ...
... le type cool sympa un peu loser ...
... du scatologique ...

... 2 brunes qui se dévêtissent de dos ...
... le beau mauvais garçon et son pote ...
... le black qu'on fait pas chier ...
... et des femmes larmoyantes en bikini.


Une scène poignante (ça tombe bien, un bras manque à l'appel)


Dans cette scène, Malik agonise de souffrances sur la plage. Difficile de se concentrer sur le pauvre homme quand le réalisateur cadre de cette façon, ...










... de cette façon-ci ...
... et de cette façon-là.


Mon premier .gif

Mon premier .gif : le héros part rechercher le bras manquant de Malik (vers la gauche) mais la caméra s'attarde sur les fesses des 2 femmes au premier plan


Dramatisation de l'utilisation scénographique du bikini


Il fait froid, il fait nuit. La couleur du bikini de Sara attire les requins. Sara a donc enfilé une nuisette ...
... malheureusement, les nuisettes attirent les ex mal dans leurs peaux ...
... heureusement, l'ensemble bikini/nuisette est bien venu en toutes occasions ...
... car, si on perd son bikini bleu turquoise, la couleur est facilement visible sous l'eau ...
... on peut aisément le retrouver ... ma foi, il est bleu turquoise.



C'était Shark 3D. J'espère que vous avez apprécié.

Fin du film.

La guerre est déclarée

Lundi 26 Décembre 2011
Les boules de Noël

De la synchronisation du mouvement des personnages et de la PAUSE (sous-titré : Un humour frais)

La guerre est déclarée, Valérie Donzelli, 2011, France.

Tirée d'une histoire vraie, La guerre est déclarée narre les affres de la découverte et du traitement du cancer chez l'enfant du couple parisien du générique : Valérie Donzelli et Jérémie Elkaïm. Le couple s'auto-fictionnalise, s'auto-raconte, et se la raconte totalement du coup. Entre phases dramatiques et moments de cinéma volés à François Truffaut -Domicile conjugal (1970)-, La guerre est déclarée nage en eaux troubles. Le rythme est tellement soutenu que les phases "amusantes" noyées par la musique et les gimmicks comiques se mélangent aux moments dramatiques pour créer un étrange zapping des émotions. Ce brouhaha permet de déconnecter de la réalité modifiée montrée. La vitesse des images et les musiques utilisées empêchent de ressentir quoique ce soit ; seul le cri de Jérémie Elkaïm apprenant la nouvelle du cancer de son fils parvient à toucher la cible mais il n'y a que la compassion pour cette histoire inspirée des faits réels arrivés à la cinéaste et à l'acteur principal qui a fait tenir le spectateur que je suis attentif jusqu'à la 45ème minute ... j'ai décidé de zapper mon ras-le-bol et de passer directement à la fin. J'ai alors découvert un plan ridicule et immoral : celui où l'enfant, 4 ans après son opération réussie, sur un ralenti de sa mère (l'occasion se prête à cette remarque) et une musique pop joyeuse, pointe du doigt ses parents l'air de dire "vous êtes les meilleurs du monde". Tous les parents auraient détecté ce qui ne va pas chez son enfant, l'auraient amené à l'hôpital et auraient tout fait pour que leur progéniture s'en sorte (le système de santé français est l'un des meilleurs du monde). Pourquoi vouloir tirer tant de profit d'un hymne à la joie et à la lutte contre l'apitoiement quand le corps médical s'est occupé du reste, là est la question.

Pourquoi ce film me laisse-t-il une impression d'auto-congratulation d'être de bons parents ?

La musique noie la réponse.

dimanche 25 décembre 2011

Prometheus trailer

Dimanche 25 Décembre 2011
Sur requête personnelle de Félix

Ridley Scott a fabriqué 2 mastodontes du cinéma de science-fiction : Alien en 1979 et Blade Runner en 1982. Après 30 années d'alternance des genres, le cinéaste anglais revient au genre qu'il a béni : le projet a le nom de Prometheus (2011). Ainsi donc, je me suis penché sur l'analyse de la bande-annonce du métrage qui marque le retour au genre de Ridley Scott.


Légende de l'analyse de la bande-annonce :

en noir, la description
en vert, les remarques
en bleu, les détails techniques
en rouge, les panneaux intertitres

Bande-annonce : 



 Le logo 20 Century Fox est en mode mauvaise réception télé (tous les studios hollywoodiens se sont mis à la manie d'adapter leurs logos à l'univers du film ... le spectateur est censé être plongé dans l'univers dès ses prémices ... et vanter les mérites du studio de se prêter au jeu du public ... c'est bon enfant ... je ne suis pas sûr que brouiller les pistes de cette façon soit une chose constructive à chaque coup ... mais bon ... les executives d'Hollywood ont la calculette dans la main avant tout ; ce qui veut dire que "tant que ce n'est pas démodé, il n'y a pas de raison de changer les bonnes habitudes")

Une voix brouillée se fait entendre : elle est incompréhensible

Image de corbeau (confusion avec le film et l'esthétique de ce début de trailer ... est-ce déjà la bande-annonce ?) ... non, c'est un autre logo non nommé ... et le corbeau est un aigle

La voix brouillée devient claire : "C'était une grosse erreur"


From director
Ridley Scott


Le jeu avec l'attente du spectateur est mis en place (mais de quoi nous parle-t-on ?)

Fondu enchaîné 

Son d'explosion de moteur au démarrage (brève, peu de décibels, je dirais même plaisante ... la technologie du futur sait cajoler nos esgourdes par rapport aux bruits assourdissants de moteurs d'avion contemporain ; le son de ces engins spatiaux sont tout aussi silencieux qu'un pet mortel ... même si ces derniers sont censés être silencieux)
Un petit vaisseau vole dans l'espace (il n'a que 2 petits moteurs de propulsion)
2 barres blanches apparaissent au milieu de l'écran
C'est de la SF


l l


Fondu enchaîné

Un décor montagneux, de la neige, de la brume, une nuit, une lune, des nuages, le tracé du vaisseau précédent dans l'atmosphère (il faut croire que la couche d'ozone est très basse ou que les montagnes sont très élevées : peut-être les 2)
Une troisième barre verticale à gauche de l'écran et 2 petits traits horizontaux aux niveaux des extrémités supérieures et inférieures des traits verticaux apparaissent


l   l l   :


Coupure montage sèche 

Une musique se fait entendre (un son d'alarme grave venant d'un instrument digital se fait entendre par à-coups)
Le lieu du plan est un hangar : du feu est projeté au premier plan, 2 engins terrestres mobiles "du futur" sont à l'arrêt, 2 personnes se déplacent en combinaison spatiale

Fondu enchaîné

Ouverture d'une porte-plateforme : 3 véhicules l'empruntent
Un quatrième trait (en oblique) à gauche des 2 traits centraux apparaissent


l   /   l l    :


Fondu enchaîné

Des lumières de lampe-torche balaient un couloir inconnu dont le plafond ressemble au palais d'une bouche humaine

Fondu enchaîné

2 protagonistes humains en combinaison spatiale se trouvent au premier plan
La sculpture d'un visage humain géant occupe tout un mur au fond d'une vaste salle
Sur le plancher, des cylindres métalliques sont rangés méthodiquement à intervalles réguliers
2 petits traits horizontaux à droite des 2 traits centraux


l   /  l l  :  :


Fondu enchaîné

Un des 2 personnages est plus avancé que l'autre dans la salle, il pointe sa lumière vers le visage, l'autre est concentré sur un poteau. Pendant ce temps, la caméra fait un mouvement rotatif depuis le 3/4 arrière visage côté gauche vers le profil ... 
2 traits horizontaux apparaissent à gauche du centre, tout comme un horizontal central et un vertical entre les 2 2 horizontaux de droite


l : / l l - : l :


... interrompu par un fondu enchaîné

Un des protagonistes (sans casque ... l'air est donc respirable pour l'humain) se rapproche d'un contener en métal du sol
Sa lumière est braquée dessus
La caméra fait un mouvement descendant pour centrer son axe sur l'objet intriguant

Fondu enchaîné

Un humain en combinaison prend son casque à 2 mains : de la fumée en sort. Son visage semble être brûlé à l'acide.

Fondu au noir
(Ça devient un peu compliqué de retranscrire tous les traits qui apparaissent à l'écran, certains n'existent pas sur mon clavier ... j'ai déjà du faire un compromis pour les traits verticaux transformés en points ... dès lors, il faut que j'en fasse d'autres)


l \ : / L l - : l :~


Un gros vaisseau spatial (3 propulseurs) vole au dessus de nuages dans la nuit
Une planète et une étoile brille à l'arrière-plan

Fondu au noir


r \ : V L l - C l c_



Salle médicale : 4 personnes sont au chevet d'une cosse.

Fondu enchaîné

Une lumière rouge verticale attire l'attention vers le haut de l'écran
Un homme regarde dans cette direction
En arrière-plan, un autre (peut-être le même) s'accroupit en surimpression devant des artefacts

Fondu enchaîné

Un homme se prend la tête à 2 mains dans sa cabine personnelle

Fondu enchaîné

Michael Fassbender sort un organisme vert inanimé d'un cylindre métallique déjà vu au préalable

Écran noir


r \ : V C l t C L 5


La musique émet toujours la même note lugubre

 Enchaînement rapide d'actions
Une jeune femme blonde court dans un couloir en ôtant sa tunique
Un individu tire une manette
 Une femme brune enclenche la marche arrière sur son véhicule terrestre
4 véhicules motorisés se dirigent vers le vaisseau à 3 moteurs


r h : V C l H C U S
(des vacances à Vilnius ?)

 Fondu au noir


P h : V| C T H C U S  
(Adaptation d'une nouvelle de H.P. Lovecraft ?)



Un vaisseau spatial rond et plat survole une chute d'eau

Fondu enchaîné
La musique émet un petit couinement entre chaque marque forte du rythme soutenu

3 individus en combinaison spatiale entrent dans une pièce : l'un d'eux est armé d'un pistolet et fait feu

Fondu enchaîné

Un humain en combinaison spatiale entre dans un espace taillé pour accueillir un humanoïde (2 autres espaces identiques l'encadrent)

Fondu enchaîné

C'est une femme : un gros plan sur son visage nous le montre. Elle a les yeux fermés.

Fondu au noir

Un homme en combinaison souffre. Il crie. Sa peau est attaqué par une substance brûlante. Elle est rougie.

Fondu enchaîné


P h C V| C T H C U S


Images montées rapidement


Une simulation informatique de galaxie bleue
Une femme tombe sur ses genoux
Un vaisseau explose dans un ciel
Un homme en combinaison saute d'une plateforme (c'est pourtant au niveau inférieur qu'il y a le feu)
L'image d'un canon géant évoque directement Alien et l'univers de HR Giger (le canon appartient au vaisseau écrasé des méchantes bestioles)


P h C V| E T H C U S


Une blonde fait des pompes
Un noir ouvre la bouche
Un nuage de poussières ...
... propulse une jeune femme en combinaison spatiale ... (j'en ai officiellement ras-le-bol d'écrire "combinaison spatiale")


P R C M E T H C U S


... et l'expédie dans le noir du ciel obscur.


P R O M E T H E U S
(on sait enfin comment le film s'appelle)

 
Écran noir
Fin abrupte de la musique

Un visage d'une jeune femme (tête en bas) qui crie "s'il vous plaît"
Reprise de la musique
Un homme en combinaison spatiale devant un vaisseau en forme de corne (celui d'Alien) ... vue de jour

They went looking
Traduction : Ils sont venus enquêter

Le même vaisseau vu de dessus la nuit sans le bonhomme

For our beginning
Traduction : sur notre origine
(de la saga Alien ou de l'humanité ?)


Image en plan d'ensemble : difficile de décrire l'action. Il semble que l'ombre rapetisse et que le vaisseau bouge en roulant sur lui-même, un véhicule terrestre soulève de la terre au sol, il semble fuir


What they found
Traduction : Ce qu'ils ont trouvé

Confirmation : le vaisseau pique du nez. Deux individus en combinaison spatiale (grrrrr) courent sur un terrain accidenté.


Could be our end
Traduction : pourrait être notre fin

 Course poursuite entre le vaisseau et une spationaute (ça y est ! J'ai enfin trouvé une alternative de vocabulaire)
Neige de télé


6.8.12
Facebook.com/Prometheus

 Générique balancé vite fait entrecoupé d'images de brouillage vidéo


Pour résumer, le trailer de Prometheus permet de découvrir beaucoup d'éléments concordant avec l'univers d'Alien (le vaisseau fidèle à l'univers graphique d'HR Giger, les cylindres -certes métalliques ... mais l'organique peut prendre le dessus sur la technique-, l'acide et la construction du récit : découverte sur une planète inconnue d'un vaisseau, un problème survient, etc ...). Si ce Prometheus fait office de cinquième opus de la franchise Alien, quelques questions se posent : Que fait ce visage humain dans la salle des cylindres ? Est-ce l'humanité qui a créé les aliens (si c'en sont) ? Des humains, sont-ils devenus les aliens suite à une expérience scientifique qui aurait mal tourné ? Pas facile de déterminer le fond du mystère de Prometheus mais le récit semble être balisé comme celui d'une belle machine commerciale de gros studio.

mercredi 21 décembre 2011

The Dark Knight Rises trailer

Mercredi 21 Décembre 2011
Juste pour le plaisir

L'une des spécialités sur Donc Acte ! est la critique de bande-annonce. Dès juin 2011, J'avais inauguré ce phénomène toujours et encore impopulaire pour le plus grand nombre avec une vue transversale (prouvée véridique par ceux qui ont vu les films) de la comédie française actuelle. Je n'avais pu résister à décortiquer le trailer de The Thing version 2011 pour une simple raison : 1. je ne voulais pas espérer des chimères sur la chose. Je m'étais ensuite penché sur le cas du teaser-trailer de The Dark Knight Rises. Pour rafraîchir les mémoires, cette analyse m'avait fait interpréter les événements à suivre dans la version nolanienne de la franchise Batman de la façon suivante : The Dark Knight est de retour parce qu'il le faut bien. La ville de Gotham City est en grand danger. Batman, qui avait trouvé une excuse tordue pour prendre sa retraite en endossant le rôle de bouc émissaire et justifier la couverture d'un criminel et le mensonge d'état, se fait prier sur le lit de mort de son meilleur ami (incarné par Gary Oldman), le seul policier digne de foi de Gotham City, pour reprendre du service et affronter un vilain affublé d'un masque à oxygène. J'avais rarement vu un teaser aussi peu inspirant. Christian Bale/Bruce Wayne/Batman se devait de redorer le blason d'un homme franchement imbu de lui-même en tant que riche et en tant que héros dans une meilleure bande-annonce.

L'article qui suit est l'analyse méthodique de la dernière bande-annonce en date de The Dark Knight Rises. Je me suis penché dessus afin d'essayer de cerner la façon dont les événements et le propos se goupillent dans le dernier volet de la trilogie nolanienne.


Légende de l'analyse de la bande-annonce :

en noir, la description
en vert, les remarques
en bleu, les détails techniques
en rouge, les panneaux intertitres

Bande-annonce :




Les logos de la Warner Bros., de Legendary Pictures, de DC Comics et de Syncopy s'enchaînent rapidement sur fond bleu

L'hymne américain se fait entendre. Une voix d'enfant la chante.
Un enfant apparait à l'écran. Il est dans un stade sur un terrain de football américain. Il chante face à un micro.
(Si on avait entendu une sonnerie de téléphone, l'image d'un téléphone apparaitrait)
(Si on avait entendu un mouton bêler, l'image d'un mouton bêlant apparaîtrait)
(Si on avait entendu des mouches à merde voler, l'image de Sylvio Berlusconi apparaîtrait)
Le public écoute respectueusement l'enfant chanter (ce que la démocratie américaine a de mieux offrir et à défendre va devoir affronter le pire ...).
Bane (on sait que c'est lui à cause du blabla de fans autour du film ... on sait également que personne n'est véritablement emballé que Bane, considéré comme insipide, soit le méchant du dernier opus de la trilogie nolanienne de Batman) sort d'une cage d'ascenseur (... le pire est un type affublé d'un masque à gaz sortant d'un ascenseur).
L'accent anglais de Michael Caine se fait entendre.
 Voix off de Michael Caine : "Tu m'es aussi précieux que tu l'étais à ton père et ta mère. "
 Un travelling-avant sur une table dans une pièce vide. Tout respire le fric chic. Un plateau recouvert d'une cloche en argent. En même temps que la caméra avance, une forme humaine se reflète dans la cloche. Un individu se trainant sur une canne s'arrête devant la table.
Michael Caine (sur fond bleu ; comprendre un mur peint en bleu) a la larme à l’œil : "Je leur ai juré de te protéger."
Christian Bale/Bruce Wayne a l'air circonspect.
Michael Caine : "Et je ne l'ai pas fait."
Alors que Christian Bale/Bruce Wayne pourrait acquiescer ou réconforter son ami-majordome, il reste hagard et ne laisse transpirer aucune marque de compréhension à ce que son ami-majordome lui raconte.
Image de Gotham City.
Un chant de choral d'enfants résonne sur ce plan de ville en soirée.

Coupe sèche de montage
Panneau noir
Gros bruit de taule remuée pour faire un bruit de cape

From Christopher Nolan

Travelling-avant sur une garden party devant un manoir.
Voix off inconnue : "Le maire est dans les soucis jusqu'au cou." (traduction polie)
Le maire laisse d'ailleurs si rapidement sa place au policier incarné par Gary Oldman que l'on pourrait facilement confondre l'acteur anglais pour l'élu municipal. Huit années ont passé ... on le sait à cause du blabla de fans autour du film.
Voix off identifiée : elle émet un "mhmh" d’acquiescement.
Matthew Modine : "Vraiment ?! ... mais c'est un héros"
Matthew Modine fait un geste du bras indiquant Gary Oldman qui ne dit rien face au micro sur le podium. La méprise concernant l'identité du maire est toujours de rigueur.
 Voix off identifiée : "Un héros de guerre. On est en temps de paix."
Gary Oldman reste silencieux. Il s'est trouvé une occupation sur le podium. Il déplie des feuilles de papier.
Sentant un renouveau de la mode de l’origami poindre son nez, une ombre sur le toit du manoir s'éloigne dans la pénombre.
Une voix off féminine annonce : "Vous croyez que cela va durer ..."
Un homme (je mets un billet sur Christian Bale/Bruce Wayne), de dos, s'avance dans une grande salle de réception.
Il danse avec une femme qui porte du rouge-à-ongles (rouge) et un masque noir laissant largement supposer qu'il s'agit de catwoman.
Voix de catwoman/catlady : "... Une tempête arrive, monsieur Wayne. "
Montage rapide : des policiers en uniformes d'intervention musclée sont dans un sous-sol. Une explosion en déstabilise certains. Ce grand bruit en fait se retourner d'autres qui sont (logiquement) avancés plus avant. Bane est de nouveau à l'écran. Des voix en chœur se font entendre. Elles marquent un tempo haché et allant crescendo. Bane marche dans un tunnel. (il y a de la jolie fourrure blanche sur son haut col de manteau).
Catlady finit de mettre un collier à perles autour de son cou.
Voix de catlady : "Vous et vos amis feriez mieux d'enterrer les haches de guerre ... (là, je dois dire que j'ai eu du mal à comprendre l'anglais articulé faiblement par la voix éraillée d'Anne Hathaway)"
Une explosion derrière Gary Oldman.
Un escalier dans une maison luxueuse. Du mobilier dont un fauteuil passe par dessus une rambarde du premier étage. Il manque d'écraser un quidam.
Un miroir est brisé. Un individu en costume de ville est tiré de dessous un meuble où il se cachait.
Voix de catlady : "... vous allez vous demander comment vous avez pu vivre dans un tel luxe ... alors que vous avez laisser si peu pour le reste d'entre nous."
Catlady chuchote ses derniers mots à l'oreille de Bruce Wayne ...
... qui prend ses distances.
Des prisonniers armés en uniformes orange sortent au travers d'une porte éventrée. Les jambes de Bane sont visibles au premier plan.
 Le quicker (le botteur de ballon) de l'équipe de foot lève 2 doigts au ciel. Le match s'apprête à débuter.
Bane apparaît dans une entrée du stade amenant sur le terrain.
Chritian Bale/Bruce Wayne pousse la porte d'une cellule (déjà présente dans le teaser). Il en sort et se retrouve dans une salle (présumée souterraine). Christian Bale/Bruce Wayne porte une barbe mal entretenue.
Il parle à un autre individu mal rasé.
Wayne : "Qui (je n'ai pas compris ... les voix en chœur sont devenus très fortes) ?"
Le mal rasé répond : "Rice."
Bane, à l'entrée du terrain de jeu, appuie sur un détonateur.

Gros bruit
Panneau noir 

Un  joueur de football porte le ballon. Il court pour aller marquer un touchdown (comme un essai au rugby). Derrière lui, le terrain s'effondre et ne le rattrape pas dans sa course. La série d'explosions avant la ligne de démarcation de la zone d'essai. Ward, le joueur, doit être très heureux d'avoir marqué ce jour-là.

 Fondu au noir
Voix off (une voix passant au travers d'un masque) : "Quand Gotham est réduit à l'état de cendres, ...
Christian Bale/Bruce Wayne est allongé. Son visage est en sang. Bane, en contre-plongée, finit sa phrase destinée au retraité Batman : "... cela n'a aucune importance si tu meurs." (les méchants dans ce dernier volet ont un anglais difficile à comprendre).
  
Next Summer 

Les voix en chœur ont repris du service
Marion Cotillard enlève son masque. 
Christian Bale/Bruce Wayne sourit.
Un type en costard-cravate saute du haut d'un immeuble.
Catlady marche dans une allée avec un chapeau qu'aurait pu porter Audrey Hepburn dans Breakfast at Tiffany's.

The epic conclusion
...

Batman pointe une arme à multiples canons rayonnants. Il est assis sur sa bat-moto dans un parking.
Une pseudo-batmobile en kaki militaire se fait exploser en roulant.
Des policiers en uniformes descendent le long d'une cheminée d'usine/d'un silo en rappel.
Bane se tient les bretelles.
Joseph Gordon-Levitt passe une porte.

...
to the dark knight legend

 Batman s'apprête à en découdre avec Bane sur le parvis d'un bâtiment officiel. C'est la bagarre tout autour d'eux.
Des policiers dans un tunnel.
Un mini-tank tire sur le bâtiment officiel.
Batman et Bane se mettent des baignes.
Les policiers ont fini leur descente dans la cheminée/silo.
Ils sont arrivés dans la salle supposée souterraine où Christian Bale/Bruce Wayne était retenu captif.
3 engins de guerre roulent dans Gotham City.
L'image de la fin du teaser de juillet 2011: des hauts de buildings formant le contour de l'insigne de Batman s'effritent.

The Dark Knight ...
... Rises

Passage musical à la Inception

The legend ... (boum)
... ends (boum)

Experience it in IMAX
SUMMER 2012

Générique des personnes impliquées dans la fabrication du film balancé vite-fait


Je vais proposer un probable récit du prochain Batman en conclusion de ce trailer : Bruce Wayne semble avoir mis son costume de héros à la retraite. Harvey Dent est mort et enterré en costume de chevalier blanc. La dissimulation des crimes d'un responsable d'état a porté ses fruits. Batman devrait être impopulaire. Je suis hésitant sur ce point : soit le policier incarné par Gary Oldman se retrouve dans un sale état (dans les trailers : attaque des policiers en sous-sol + Gary à l'hôpital) avant l'ellipse temporelle, soit il est en soins intensifs au début du déclin de la paix à Gotham (il pourrait même mourir dans cet épisode). Période de paix de 8 ans mais quelque chose ne va pas. Un combat des classes pointent son nez : les riches qui prennent tout et ne laissent que des miettes aux autres sont les cibles de Bane et de Catwoman. Ils ont enrôlé des prisonniers pour se constituer une armée (ces mêmes détenus qui, dans The Dark Knight, prouvaient 8 ans auparavant que l'humanité n'était pas si mauvaise que cela au Joker ; ils n'avaient pas fait explosé le ferry rempli de bons citoyens). Bane et Catwoman font donc prisonnier des riches dont Bruce Wayne (l'intrusion dans la maison de riches/le fauteuil qui s'écrase ... le récit de ce The Dark Knight Rises a des relents de resucée de Batman le défi (Tim Burton, 1991) dans lequel le pingouin kidnappait les enfants de riches). Christian Bale/Bruce Wayne cherchera à s'échapper et à entraîner d'autres personnes avec lui pour lutter contre Bane qui a commencé à mettre en place son règne de terreur (le match de football US). Grosse baston et fin sombre pour faire de l'auteur un intello et du public une audience mature. Il ne me reste plus qu'à voir le film pour m'assurer de ma théorie.

2 mercredis contrastés

Mercredi 21 Décembre 2011

Je n'ai chroniqué aucune bande-annonce la semaine dernière car aucune ne m'a donné envie d'aller au cinéma. Je me rattrape cette semaine, par respect pour les lecteurs de ce rendez-vous hebdomadaire, en résumant simplement l'effet que m'ont fait les films proposés mercredi 14 décembre 2011. Il y en avait pour tous les goûts. Mais la justice n'est pas de ce monde. La semaine dernière, il n'y avait rien pour moi.

Pour le mercredi 21 décembre 2011, la famine est sustentée. 3 des 5 films me tenteraient bien de me déplacer en salles :


La Délicatesse (2011) : dès que je vois François Damien entrer dans une pièce, je me marre. Ce monsieur travaille bien son charisme. Il incarne toujours à la perfection le type hors norme auquel on s'attache volontiers. De plus, il n'appartient pas au genre de types qu'on s'attend à voir entrer dans une pièce. Blague à part : dès que je vois Audrey Tautou, je veux changer de canapé et de chaîne de télé ou de chaise et de page internet. Je suis donc pris entre 2 feux dans le dilemme qui pourrait décider de l'importance que ce film aura dans ma vie.

Audrey Tautou a l'air d'occuper le rôle principal et je ne suis pas un fan absolu de François Damien. L'affaire est réglée.




A Dangerous Method (2011) : David Cronenberg semble être le cinéaste idéal pour présenter les théories de psychanalyse de Sigmund Freud et de Carl Jung sur grand écran. Toute sa filmographie est un sondage perpétuel des bas-fonds du plaisir sexuel : Rage, Frissons, Videodrome, Existenz, Chromosome 3, Crash, Faux Semblants, M. Butterfly et La Mouche. Mais la bande-annonce de A Dangerous Method vend un drame émotionnellement chavirant (faute à la musique grandiloquente) alors que les images laissent transparaître un ton austère habituel chez le cinéaste canadien depuis A History of Violence en 2005 (que j'ai adoré). Ce décalage m'incite à soupçonner une vente mensongère du long-métrage. Je ne m'attends donc pas à me retrouver cul-par-dessus-tête dans la salle de cinéma où j'irai voir ce film.


Les Boloss (2011) : 4 adolescents cherchent à se dépuceler et à niquer des jolies filles. Moi, je remercie Shane Black pour avoir écrit les dialogues de L'arme fatale (1987) et Danny Glover d'avoir parfaitement donner le ton à cette réplique légendaire du cinéma : "Je suis trop vieux pour ces conneries."










Le miroir (2011) : ce film iranien présente une enfant recherchant sa mère. Cette dernière n'est pas venue l'accueillir à la sortie de l'école. La bande-annonce met l'accent sur la détresse de la fille qui fait face à l'absence de sa mère dans un pays qui ne traite pas les hommes et les femmes d'égal à égal. Blague : si toutes les femmes sont intégralement voilées, la petite fille risque de passer du temps à retrouver sa maman. Blague mise à part : l'enfant a l'air d'être une très bonne actrice, et, sa mère est peut-être emprisonnée à vie pour avoir parlé à un autre homme que son mari. Interrogation soupçonneuse : d'un côté, l'Iran est un pays qui emploie la diplomatie pour s'attirer les foudres de la communauté internationale (surtout sur un sujet sensible comme le programme de développement du nucléaire). De l'autre côté, le cinéma iranien cherche à nous intéresser sur son peuple avec des récits à portée universelle. Interrogation personnelle : comment un ton critique fait-il pour exister dans un régime répressif et violent où la censure est la règle ? Réponse ? : ne pas avoir l'air d'être critique ?. A ne pas en avoir l'air, on n'en fait peut-être pas.

vendredi 16 décembre 2011

Straw Dogs (2011)

Vendredi 16 Décembre 2011
Faut que ça brille à un tel point qu'on puisse voir le vide de dedans.

Straw Dogs, Rod Lurie, 2011, USA.

J'étais nerveux avant de lancer le remake de Straw Dogs (1971) de Sam Peckinpah, le cultissime metteur en scène américain, le génie responsable de The Wild Bunch (1969) et de Guet-Apens (1972). J'avais évidemment peur que Rod Lurie "fasse mieux" que Peckinpah sur son terrain. Impossible n'est pas français (même si Lurie est israélien et le film américain ... moi, je suis français). Je n'avais donc que de l'appréhension après une telle pensée hérétique (me diront les incrédules). Et si le maître du leurre (Rod Lurie) avait renvoyé Dustin Hoffman et ses lunettes brisées dans les limbes de la cinématographie en le remplaçant par le visage symétrique de James Mardsen ? Que d'angoisses ! 

Mais Rod Lurie introduit sa version de Straw Dogs avec des plans de cambrousse qui ne dépassent pas les 5 secondes. J'ai été immédiatement soulagé. J'ai su où je mettais les pieds (1. le studio a supervisé le montage et/ou Rod Lurie est un yesman 2. l'opposition du récit est typique USA : la civilisation affronte les ploucs du sud) ... malheureusement, je n'ai pas eu le temps d'admirer le paysage. 

Par la suite, les personnages casent leurs répliques comme ils peuvent. Le montage coupe tout sans laisser de temps au temps. Il n'y a même pas un écho. De plus, la musique d'une B.O. à acheter noie l'ensemble. Les coupures sèches font passer une scène à la suivante sans en développer aucune. Aucun plan n'est long mais toutes les informations sont répétés et sur-soulignées. Le rythme, obsession contemporaine de tous les réalisateurs qui veulent faire du fric en piquant celui des adolescents, prédomine l'installation du sens et de la tension dans le récit. Comment l'auto-leurré Rod a-t-il fait son compte pour atteindre l'honorable durée de 110 minutes de métrage ? Mystère. En attendant, il faut supporter l'absence de jeu avec le spectateur et des acteurs.
 
Le décor est planté ... ou pas

La très légère aggravation des relations entre les personnages centraux n'encombrent pas les nouvelles situations vécues par David (église, pique-nique, chasse, etc ...). Ce jeune homme ne ressent pas la pression psychologique. C'est comme s'il ne se rendait compte de rien. En tout cas, James Mardsen ne laisse rien transparaître. David Sumner a beau écouter toute la musique classique et rock des années 1960-70, sourire, positiver, porter des godasses sans lacets et laisser de gros pourboires, James Mardsen n'est jamais crédible dans le rôle d'un pacifique de caractère qui se fait bousculer par des rustres. Il est plus baraqué que les 4 zigotos réunis pour s'opposer à lui dans ce métrage. On voit bien qu'il soulève de la fonte tous les matins.

Premier problème de casting

Le personnage d'Amy incarné par Kate Bosworth attire tous les troubles ; ce nouvel arrangement de Straw Dogs est carrément misogyne (Peckinpah, personnalité polémique sur ce sujet, apparaît comme un amoureux de l'autre sexe en comparaison). Dans l'original de Sam Peckinpah, le couple a ses problèmes qui ne s'entrevoient pas dans le remake ; ce qui fait passer le personnage de Kate Bosworth pour une allumeuse à l'attitude complètement gratuite lorsqu'elle se déshabille volontairement devant les ouvriers. L'éloignement sentimental de son conjoint (quoique l'attachement du couple n'est pas frappant dans les premières minutes du film ... comme s'il ne s'aimait pas vraiment) va de pair avec un rapprochement vers son ex qui a tout l'air d'une rupture maritale pure et dure. Oubliez le jeu psychologique de l'épouse qui s'ennuie, qui estime que son mari n'est pas suffisamment viril (comme les autres hommes du village) et qui s'amuse à le taquiner. Et dites bonjour à l'épouse volage ! Il n'est donc pas étonnant que David Sumner ne se plie pas en 4 pour retenir une épouse frivole.

Katy fait découvrir le poulet frit à Jamie : comme ils s'aiment ...

"Le gros morceau ou La cerise sur le gateau" est le choix de Dominique Purcell, la pucelle de Prison Break (personne n'a osé le violer en taule), qui joue le rôle du simple d'esprit du village. Blague à demi-sérieuse, l'envie de rire prend le dessus sur la crédibilité du casting et de l'interprétation ; même si on ne peut qu'accepter l'explication que Dominique ait décroché ce rôle par mérite.

Autre problème de casting : La Purcel Dominique joue l'idiote du village

Il faut donc oublier toute la puissance figurative que Sam Peckipah a mis dans l'original. Séquence nostalgie : il faisait entrer David Sumner (Dustin Hoffman) dans le village rural en montrant en premier lieu le cimetière où des enfants jouent. Sans tourner autour du pot, Peckinpah mettait David Sumner en pleine confrontation avec de rustres ruraux jouant avec la vie et ne prenant pas au sérieux la mort. Il y avait du fond à Straw Dogs. On pouvait en retirer quelque chose. Ce remake version 2011 donne dans le littéral. Le discours philosophique sur la violence nécessaire pour survivre n'est repris que dans sa forme ; le mathématicien Sumner devenu écrivain Sumner, type civilisé, fait face à des ploucs bourrés, armés et excités par le beau corps de sa femme. Rien de plus. Rien d'autre. On est limite dans un nouveau genre bâtard : le western*-rape&revenge pour adolescents.

*thématique oblige : civilisation contre barbarie

La psychologie est mise au clou. L'ambiguïté du personnage féminin (entre désir de retrouver son ancien amant et fidélité à son mari) est absente. La scène de la découverte du chat est insignifiante à cause d'un cadrage qui confère la découverte à l'anodin et d'un montage qui annihile tout secret gardé. La tolérance est requise pour assister à l'installation des éléments douzaine par douzaine afin d'être satisfait. La bête n'est pas chargée, que le fusil. La violence graphique (viol) est effacée et aseptisée. C'est comme si le second viol (moins consenti que le premier) n'avait pas lieu. Du coup, les reproches de la femme tombent à plat quand Kate sort sa réplique à James. L'intensité est de toute façon nulle dans le jeu d'acteur : Où est le tâtonnement et l'auto-dérision de Dustin Hoffman quand il essaie d'imposer sa voix face à celle des ouvriers et du pater sanguinaire ?

Screen Gems (Sony), Battleplan Production et Rod Lurie ont vidé un chef d’œuvre de ses tripes pour en faire un film d'action légèrement pervers pour adolescents. Pas de point de vue ni de nouveauté dans Straw Dogs version 2011. Une B.O. typée, un rythme au métronome, des belles gueules et des tank tops (des tricots de corps) collés aux corps par la sueur singularisent ce métrage.