La sélection de Donc Acte !

Donc Acte ! ne suit pas l'actualité cinéma à la loupe. Donc Acte !, qui s'est intitulé Le cinéphobe pendant une courte période, n'a pas pour passe-temps de visionner des pelloches de cinoche. Donc Acte ! ne va pas souvent voir une œuvre en salles. L'envie est rare. Le plaisir est d'autant plus intense lorsque je suis satisfait par une rencontre du 7ème art. Certains films m'inspirent des réflexions ; c'est ce que je souhaite partager. Je ne propose pas de thèses et il m'arrive de gâcher les histoires en racontant la fin. Vu que je ne mets pas ce qui a été fait de l'invention des frères Lumière sur un piédestal et que je suis des fois moqueur, Donc Acte ! peut ne pas plaire.

samedi 27 août 2011

Rubber

Samedi 27 Août 2011
Après-midi

Rubber, Quentin Dupieux, 2010, France.

Rubber suit les aventures d'un pneu qui, sans raison, a développé une conscience et des pouvoirs psychiques.

L'introduction de Rubber interpelle par son étrangeté. Des chaises sont posées en désordre sur une route en terre dans le désert californien. Un homme tient des jumelles. Une voiture fait l'effort de renverser chaque chaise présente à l'écran. Un policier sort du coffre et tient un discours philosophique sur l'importance de l'absence de raison dans l'art et la vie. Le policier retourne dans le coffre. La voiture s'éloigne. L'homme aux jumelles les distribue à des représentants diégétiques des spectateurs du film. Ils regardent le pneu prendre vie et tester ses capacités.


Incapable d'écraser du verre, le pneu a recours à des pouvoirs psychiques. Le pneu fait l'expérience de l'explosion d'une boîte de conserve et des meurtres d'un lapin, d'un scorpion et d'un corbeau. Le pneu fait une petite ballade heureuse sur une musique de lover. Il prend en chasse une jolie brune incarné par Roxane Mesquida. Et le film s'arrête là ... ou presque ...


Rubber accuse paradoxalement le coup de sa courte durée de 1h18. Passé l'introduction, le potentiel créatif s'épuise. Les spectateurs diégétiques passent plusieurs jours à suivre les aventures du pneu, et, commencent à juste titre à avoir faim. Le pneu tue un conducteur d'un pick-up truck et une femme de chambre sans qu'aucune mise en tension ne soit travaillée. Il regarde la télé, dort dans un lit, prend une douche, regarde Roxane se déshabiller et plonge dans la piscine. Il n'y a pas grand chose à se mettre sous la dent dans Rubber. Les voyeurs font une indigestion. A l'exception de la personne en fauteuil roulant, tous ceux qui assistent au divertissement en meurent. Quentin Dupieux est lucide concernant l'état du spectateur de Rubber. Il a peut-être cru que cela serait une excellente idée comique que de lui renvoyer la dérision de sa propre nausée (jusqu'à la mort) mais le désintérêt et l'ennui m'ont fait me sentir en vie.


Rubber affiche son manque de sérieux à cause du souci de la réception de son œuvre par le spectateur. La présentation est intéressante. Le mystère et l'absurde dans l'humour introduisent le sujet à merveille. L'éveil du pneu est un beau moment de drôlerie mais l'évolution n'est pas creusée. Le retour sur les spectateurs dans la diégèse de Rubber sert une facilité pesante dans la narration. Dupieux, qui a un nom parfait pour tourner un film de vampires, a porté trop de soin à la réaction de l'idée d'un pneu qui tue au détriment du développement de l'histoire du pneu tueur.


Il est question de voyeurisme sans raison dans Rubber

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire