Turn me on !, comédie originalement intitulée Få meg på, for faen adaptée d'un ouvrage littéraire éponyme à succès d'Olaug Nilssen, confronte le spectateur à l'histoire d'Alma, une jeune norvégienne éhontée de 15 ans, qui n'espère qu'une chose : faire l'amour avec Artur, le guitariste de la chorale.
Alma (incarnée par Helene Bergsholm) habite Skoddeheimen qui est un petit village de 2km de long perdu entre des montagnes et plusieurs routes désertes en Norvège. Peu de choses égaie l'environnement. Du coup, faire un doigt d'honneur au panneau de son village, boire de l'alcool en planifiant son départ, et avoir des fantasmes sexuels sont les activités principales d'Alma. Malheureusement pour elle, de façon inopportune, Artur se présente à elle bitte la première (attention au gros plan plein face). J'ai appris un peu de norvégien au passage : pikken = bitte. Artur étant un beau lâche, il dément toute l'affaire. De fait, Alma devient une paria.
Alma, je te présente le spectateur ... le spectateur, je te présente Alma |
La dérision des fantasmes sexuels débridés d'Alma constitue l'essentiel de la réussite de cette courte comédie (1h16). Ce trait humoristique rappelle le même travail critique qu'Eric Rohmer a effectué dans L'amour l'après-midi (1972) en mettant en scène et en abîme les scénarii d'approche des passantes que s'imagine Frédéric. La mise en abîme de l'absence de limites du désir d'Alma jalonne une bonne demi-heure de Turn me on ! d'instants délirants et apporte une note d'excentricité bienvenue. Alma est tellement excitée que je suis même étonné que la narration n'inclue pas des instants d'imagination folle d'Alma en compagnie de sa voisine, de son chien et de sa mère. Que ce soit dans leur nature ou dans leur chute, ces fantaisies sont toujours délicieuses et amoureusement servies par une réalisatrice rigoureuse, Jannicke Systad Jacobsen, et une jeune actrice au charisme indiscutable, Helene Bergsholm.
Cette adolescence a des fantasmes sexuels fous fous fous |
Sans ces touches de fantaisies hilarantes, un ton désabusé aurait dominé l'ouvrage. Dans la façon de présenter sa bourgade de naissance, Alma trahit une certaine lassitude vis-à-vis de son environnement et de son mode de vie. La routine domine. Alma raconte ses affres de façon défaitiste et interrogatrice. Elle est jeune. Elle a beaucoup à apprendre. Alma se confronte à de nombreuses contradictions. Elle a beau faire tous les plans du monde pour partir, sa libido et ses fantasmes sont fermement ancrés à Skoddeheimen (Artur et d'autres plus surprenants ... pas trop non plus). Alma pourrait présenter les choses ainsi : "Si vous n'aimez pas Skoddeheimen, c'est pareil : ça a l'air niais mais on trouve de quoi s'occuper ... à part quand un garçon craquant vous montre sa bitte pour draguer, on y est bien ... et on ne va rien changer mais on pourrait partir aussi, tout le monde n'y verrait que du feu".
Alma et sa mère |
Outre les fantasmes d'Alma, les brefs résumés d'actions passées en photos noir & blanc servent à deux reprises la narration de façon efficace. Ces points de vue argumentés par Alma sont surprenants et drôles. Malheureusement, la répétition de cet effet lui fait perdre de sa saveur : ça devient même abusif lors de l'escapade à Oslo.
Le final d'un désir libidineux sans aucune limite est toujours le même : la honte |
Ca a pas l'air fameux fameux..
RépondreSupprimerJ'ai dormi 5-10 minutes sur la fin mais le début est sympathique à suivre (pour l'actrice et quelques outils narratifs -fantasmes et photos- bien insérés). Ce qui a provoqué mon assoupissement est le fait que le film soit murmuré sur un ton assez las et fatiguant (les phases "réelles" sont répétitives et le récit est linéaire : on peut apercevoir l'horizon alors que l'on est devant une montagne prêt à l'escalader). Les norvégiens sont très prudes, l'histoire de Turn me on ! ne pouvait être narré sur un ton aussi décomplexé qu'un American Pie. Je crois même qu'il est illégal de tourner un porno en Norvège. Turn me on ! a d'ailleurs fait scandale là-bas tout en étant numéro 1 au box office.
RépondreSupprimerLa première vignette est sympa. On voit ses seins des fois ?
RépondreSupprimerJe ne répondrais à cette question qu'en présence de mon avocat. Il est parmi nous : on voit un sein appartenant au personnage ... par contre, le plan est coupé donc pas sûr qu'il s'agisse de celui de l'actrice.
RépondreSupprimerLes plans seins/cul/pieds coupés, le mal du siècle
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