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Donc Acte ! ne suit pas l'actualité cinéma à la loupe. Donc Acte !, qui s'est intitulé Le cinéphobe pendant une courte période, n'a pas pour passe-temps de visionner des pelloches de cinoche. Donc Acte ! ne va pas souvent voir une œuvre en salles. L'envie est rare. Le plaisir est d'autant plus intense lorsque je suis satisfait par une rencontre du 7ème art. Certains films m'inspirent des réflexions ; c'est ce que je souhaite partager. Je ne propose pas de thèses et il m'arrive de gâcher les histoires en racontant la fin. Vu que je ne mets pas ce qui a été fait de l'invention des frères Lumière sur un piédestal et que je suis des fois moqueur, Donc Acte ! peut ne pas plaire.

vendredi 9 décembre 2011

Deadgirl

Vendredi 9 Décembre 2011
Certaines personnes pourraient être extrêmement choquées par le résumé du film

Deadgirl, Marcel Sarmiento et Gadi Harel, 2008, USA.

Il y a des bouts de pelloches dont il faut parler après les avoir vu. L'exercice s'avère obligatoire ; c'est une question de santé mentale. Alors que certains films poussent à parler pour ne rien dire (sur des sujets sérieux) et que d'autres laissent totalement indifférents au point où l'on sait pertinemment que l'on a perdu 2 heures 32 minutes de sa vie pour rien malgré toutes les tentatives de gesticulations neuronales que l'on peut produire pour s'efforcer à pousser un grognement (Da Vinci Code, Ron Howard, 2006), des longs-métrage laissent une telle impression que, sans se raisonner, la hantise l'emporte et l'esprit pourrit et suppute des relents de bile en baignant dans la frustration et l'interrogation sourde, voire interdite. Deadgirl fait partie des œuvres polémiques.

Découvert parce que Deadgirl appartient au genre horrifique du film de zombie (que j'adore, que je préfère), motivé par une vidéo d'amateurs enthousiastes sur Youtube (Deadgirl review), je me suis laissé tenté par le suivi narratif d'un résumé choquant : 2 jeunes hommes trouvent dans le sous-sol d'un hôpital abandonné une morte-vivante attachée à une civière. Attachée, la morte-vivante est une victime.

Dans Deadgirl, la zombie n'est pas la méchante. Elle sert à révéler une monstruosité en l'homme. George Romero traite de ce rapport entre l'humain et le mort dans ses films (des rednecks armés utilisent des zombies en tant que cibles défouloirs). Dans Shaun of the Dead, les zombies servent de participants à des émissions de divertissement et de reality show. Dans Deadgirl, les jeunes hommes s'acharnent à voir la chair comme un moyen pour obtenir une satisfaction très égoïste. Le corps dépourvu de son esprit est considéré comme un outil ayant une fonction. Rien d'autre. Le mort-vivant, utilisé d'habitude pour condamner l'exploitation du corps humain comme unique outil de travail (sans esprit individuel propre : le zombie faisait référence au début du mythe à l'esclave et à l'ouvrier -plus tard au consommateur-), trouve une nouvelle dimension. Dans Deadgirl, le corps est réduit à sa fonction sexuelle.

L'homme est un loup pour l'homme

La métaphore est forte et prégnante. La comparaison à la prostitution et à l'objectivation de la femme comme "dévidoir à burnes" (expression volontairement colorée) montre que le respect des morts, le respect de l'autre, de son corps et de ses sentiments et le respect de soi-même (il ne faut pas se dégrader au point où on ne se voit qu'en objet servant à obtenir une jouissance corporelle) sont tous impropres à être bafoués. Le corps est certes de la viande mais nous, humains, avons tous une conscience. Même si les zombies sont des machines à dévorer la chair, les humains pourvus de réflexion peuvent s'avérer être inhumains (trop humains ?) envers les leurs (Homo homini lupus est).


Cinématographiquement, Deadgirl est d'honnête facture. Il ne cherche pas à traumatiser son audience. Le récit s'écoule lentement et diffuse ses horribles informations minutieusement. Il établit un intelligent parallèle entre la solution simpliste du recours à l'acte sexuel "facile" et les difficultés connues à s'affirmer dans une relation sentimentale. Le montage est réussi car, au jugé de la mise en scène, Deadgirl est de toute évidence un film indépendant à petit budget qui mise sur son sujet aussi attirant que repoussant pour intéresser le spectateur. Ci-dessous la bande-annonce de Deadgirl :

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