La sélection de Donc Acte !

Donc Acte ! ne suit pas l'actualité cinéma à la loupe. Donc Acte !, qui s'est intitulé Le cinéphobe pendant une courte période, n'a pas pour passe-temps de visionner des pelloches de cinoche. Donc Acte ! ne va pas souvent voir une œuvre en salles. L'envie est rare. Le plaisir est d'autant plus intense lorsque je suis satisfait par une rencontre du 7ème art. Certains films m'inspirent des réflexions ; c'est ce que je souhaite partager. Je ne propose pas de thèses et il m'arrive de gâcher les histoires en racontant la fin. Vu que je ne mets pas ce qui a été fait de l'invention des frères Lumière sur un piédestal et que je suis des fois moqueur, Donc Acte ! peut ne pas plaire.

mardi 10 janvier 2012

Le chat

Mardi 10 Janvier 2012
L'amour est une cascade sous laquelle, si l'on avale trop d'eau, on devient un poisson

Le Chat, Pierre Granier-Deferre, 1971, France.

Jean Gabin et Simone Signoret vivent ensemble depuis longtemps mais ils n'échangent plus un mot. Ils ne font plus leurs courses ensemble. Ils ne partagent plus le même lit. Ils font leur propre tambouille. Ils ont même chacun un verrou sur les placards de leurs réserves personnelles à manger (et à boire). Ils ne partagent même pas un chat. L'apparition du félin dans la diégèse donne d'ailleurs lieu au flash-back qui m'a le plus fait rire dans mon histoire avec le cinéma. J'en ai même interrompu la lecture du film pour pouvoir reprendre mes esprits.

La suite est dramatique. Dès que les personnages commencent à se parler, ils s'opposent tout ce qu'ils ont à se reprocher depuis un temps non défini et bien entamé. La tension dramatique est alors succulente et triste à la fois. Clémence (Simone Signoret) cherche à comprendre pourquoi Julien (Jean Gabin) s'est lassé d'elle, Julien fait le dos rond, Clémence se venge, et rebelote ... Le mépris règne dans cette histoire d'amour vache.

Quant à Pierre Granier-Deferre, il fait son travail de metteur en scène de façon honnête et scolaire. La réalisation est parfaitement adaptée au récit qu'elle raconte. Les points de vue et les plans se répètent logiquement, le film étant un quasi huis-clos entre 2 personnages dans une maison au fond d'une impasse. Les cadrages ne misent pas toujours sur la séparation des 2 individus en opposition ; l'indifférence se partage aussi dans un même cadre (les positions des acteurs sont d'à-propos). Le ton de Le chat est sec. Le drame est autant poignant que l'humour est froid et implacable. L'histoire adaptée du roman éponyme Le chat de Georges Simenon, s'ouvrant sur une belle idée scénaristique (l'arrivée d'une ambulance) que la réalisation cadre, à mon avis, maladroitement depuis l'arrière du girofard, est un grand cru de l'auteur littéraire comme du cinéma français. Cette œuvre est bien ancrée dans notre culture. C'est français sans possibilité de méprise. C'est du Gabin. C'est du Signoret. C'est du Simenon. C'est tout cela à la fois dans toute sa splendeur.

3 commentaires:

  1. Sur les affiches, qui est Gabin, qui est Signoret ? Où est le vieux mec bourru ?

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  2. La technique : faut se référer aux patronymes au dessus des tronches de bourrus.

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  3. Un film marquant, dépressif. Le genre qui laisse un étrange gout dans la bouche durant plusieurs heures. Il est amusant (quoique) de faire le parallèle entre la dégradation de leur couple et l'évolution du paysage urbain qui les entoure...

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