La sélection de Donc Acte !

Donc Acte ! ne suit pas l'actualité cinéma à la loupe. Donc Acte !, qui s'est intitulé Le cinéphobe pendant une courte période, n'a pas pour passe-temps de visionner des pelloches de cinoche. Donc Acte ! ne va pas souvent voir une œuvre en salles. L'envie est rare. Le plaisir est d'autant plus intense lorsque je suis satisfait par une rencontre du 7ème art. Certains films m'inspirent des réflexions ; c'est ce que je souhaite partager. Je ne propose pas de thèses et il m'arrive de gâcher les histoires en racontant la fin. Vu que je ne mets pas ce qui a été fait de l'invention des frères Lumière sur un piédestal et que je suis des fois moqueur, Donc Acte ! peut ne pas plaire.

dimanche 22 janvier 2012

Turn me on !

Vu le Jeudi 19 Janvier 2012
Faut pas me le dire 2 fois

Turn me on ! / Få meg på, for faen, Jannicke Systad Jacobsen, 2011, Norvège.

Turn me on !, comédie originalement intitulée Få meg på, for faen adaptée d'un ouvrage littéraire éponyme à succès d'Olaug Nilssen, confronte le spectateur à l'histoire d'Alma, une jeune norvégienne éhontée de 15 ans, qui n'espère qu'une chose : faire l'amour avec Artur, le guitariste de la chorale.

Alma (incarnée par Helene Bergsholm) habite Skoddeheimen qui est un petit village de 2km de long perdu entre des montagnes et plusieurs routes désertes en Norvège. Peu de choses égaie l'environnement. Du coup, faire un doigt d'honneur au panneau de son village, boire de l'alcool en planifiant son départ, et avoir des fantasmes sexuels sont les activités principales d'Alma. Malheureusement pour elle, de façon inopportune, Artur se présente à elle bitte la première (attention au gros plan plein face). J'ai appris un peu de norvégien au passage : pikken = bitte. Artur étant un beau lâche, il dément toute l'affaire. De fait, Alma devient une paria.

Alma, je te présente le spectateur ... le spectateur, je te présente Alma

La dérision des fantasmes sexuels débridés d'Alma constitue l'essentiel de la réussite de cette courte comédie (1h16). Ce trait humoristique rappelle le même travail critique qu'Eric Rohmer a effectué dans L'amour l'après-midi (1972) en mettant en scène et en abîme les scénarii d'approche des passantes que s'imagine Frédéric. La mise en abîme de l'absence de limites du désir d'Alma jalonne une bonne demi-heure de Turn me on ! d'instants délirants et apporte une note d'excentricité bienvenue. Alma est tellement excitée que je suis même étonné que la narration n'inclue pas des instants d'imagination folle d'Alma en compagnie de sa voisine, de son chien et de sa mère. Que ce soit dans leur nature ou dans leur chute, ces fantaisies sont toujours délicieuses et amoureusement servies par une réalisatrice rigoureuse, Jannicke Systad Jacobsen, et une jeune actrice au charisme indiscutable, Helene Bergsholm.

Cette adolescence a des fantasmes sexuels fous fous fous

Sans ces touches de fantaisies hilarantes, un ton désabusé aurait dominé l'ouvrage. Dans la façon de présenter sa bourgade de naissance, Alma trahit une certaine lassitude vis-à-vis de son environnement et de son mode de vie. La routine domine. Alma raconte ses affres de façon défaitiste et interrogatrice. Elle est jeune. Elle a beaucoup à apprendre. Alma se confronte à de nombreuses contradictions. Elle a beau faire tous les plans du monde pour partir, sa libido et ses fantasmes sont fermement ancrés à Skoddeheimen (Artur et d'autres plus surprenants ... pas trop non plus). Alma pourrait présenter les choses ainsi : "Si vous n'aimez pas Skoddeheimen, c'est pareil : ça a l'air niais mais on trouve de quoi s'occuper ... à part quand un garçon craquant vous montre sa bitte pour draguer, on y est bien ... et on ne va rien changer mais on pourrait partir aussi, tout le monde n'y verrait que du feu".

Alma et sa mère

Outre les fantasmes d'Alma, les brefs résumés d'actions passées en photos noir & blanc servent à deux reprises la narration de façon efficace. Ces points de vue argumentés par Alma sont surprenants et drôles. Malheureusement, la répétition de cet effet lui fait perdre de sa saveur : ça devient même abusif lors de l'escapade à Oslo.

Il faut dire que la dernière demi-heure de Turn me on ! surprend peu et n'est pas constituée de trouvailles narratives amusantes. Les aventures amoureuses de sa copine Sara et la relation d'Alma à Artur la conduisant à Oslo manque d'un soutien narratif haletant pour préparer l'arrivée de la résolution. Comme dans beaucoup de comédies romantiques charmantes, les avant-derniers instants du film représentent les états d'âmes de la protagoniste principale soulignés par une musique douce et endormante (j'avoue que j'ai eu une absence de 5 minutes avant le passage dans la capitale norvégienne). Cette berceuse se répète à plusieurs reprises et jure avec le ton global caustique du film. Néanmoins, la dernière scène conclue merveilleusement cette gentille comédie inégale sur l'ennui et le fantasme libidineux.

Le final d'un désir libidineux sans aucune limite est toujours le même : la honte


Turn me on ! / Få meg på, for faen est une comédie inoffensive à la thématique intéressante. La dérision du fantasme sexuel débridé d'Alma, magnifiquement incarnée par Helene Bergsholm, est savoureuse et apporte de bons moments de surprise et de rires. Cette comédie étant dans un esprit purement norvégien, ce qui veut dire très prude (le genre pornographique est interdit en Norvège), l'histoire de Turn me on ! ne pouvait être narré sur un ton aussi décomplexé qu'un American Pie (1999) de Paul et Chris Weitz, d'où le recours aux fantasmes pour apporter une touche d'excentricité. Coup classique : Turn me on ! a fait scandale dans le pays des fjords tout en étant numéro 1 au box office.

5 commentaires:

  1. J'ai dormi 5-10 minutes sur la fin mais le début est sympathique à suivre (pour l'actrice et quelques outils narratifs -fantasmes et photos- bien insérés). Ce qui a provoqué mon assoupissement est le fait que le film soit murmuré sur un ton assez las et fatiguant (les phases "réelles" sont répétitives et le récit est linéaire : on peut apercevoir l'horizon alors que l'on est devant une montagne prêt à l'escalader). Les norvégiens sont très prudes, l'histoire de Turn me on ! ne pouvait être narré sur un ton aussi décomplexé qu'un American Pie. Je crois même qu'il est illégal de tourner un porno en Norvège. Turn me on ! a d'ailleurs fait scandale là-bas tout en étant numéro 1 au box office.

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  2. La première vignette est sympa. On voit ses seins des fois ?

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  3. Je ne répondrais à cette question qu'en présence de mon avocat. Il est parmi nous : on voit un sein appartenant au personnage ... par contre, le plan est coupé donc pas sûr qu'il s'agisse de celui de l'actrice.

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  4. Les plans seins/cul/pieds coupés, le mal du siècle

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