La sélection de Donc Acte !

Donc Acte ! ne suit pas l'actualité cinéma à la loupe. Donc Acte !, qui s'est intitulé Le cinéphobe pendant une courte période, n'a pas pour passe-temps de visionner des pelloches de cinoche. Donc Acte ! ne va pas souvent voir une œuvre en salles. L'envie est rare. Le plaisir est d'autant plus intense lorsque je suis satisfait par une rencontre du 7ème art. Certains films m'inspirent des réflexions ; c'est ce que je souhaite partager. Je ne propose pas de thèses et il m'arrive de gâcher les histoires en racontant la fin. Vu que je ne mets pas ce qui a été fait de l'invention des frères Lumière sur un piédestal et que je suis des fois moqueur, Donc Acte ! peut ne pas plaire.

mardi 28 juin 2011

La Reine Margot

Mardi 28 Juin 2011
Soirée

Patrice Chéreau est un metteur en scène de théâtre, d'opéras et de cinéma français. Il sait tirer des acteurs et actrices le meilleur de ce qu'ils peuvent donner. Il aime que le jeu des comédiens tienne de la performance physique et dramatique ; beaucoup de gesticulation, de trébuchements, de cris, de larmes et de sang pour exprimer beaucoup de souffrance et d'émotions dites interdites de dévoilement en société. Isabelle Adjani, Jean-Hughes Anglade, Daniel Auteuil et Vincent Pérez (entre autres) s'y donnent pleinement dans La Reine Margot filmé en 1993. Que l'on aime ou que l'on n'aime pas tant d'ostentation, ce travail considérable est réussi. Les acteurs sont convaincants et criant de vérité. Ils semblent à la fois habités par leurs rôles et engagés à satisfaire les grandes exigences de Patrice Chéreau. Ils donnent ainsi à voir les coulisses du pouvoir de la monarchie française du XVIème siècle qu'il est difficile de se représenter aussi crument en temps usuels ; par exemple, la scène du pot de départ d'Anjou dans laquelle lui et ses comparses triturent Margot en morceau de chair.

La mise en scène est, par contre, discutable. Je n'y trouve qu'un point positif. Si les événement relatés dans ce film ne faisaient pas froid dans le dos à vouloir quitter la France en constatant une origine de consanguinité meurtrière et autodestructrice, je ne pense pas que le métrage aurait quelque force narrative que ce soit. Hormis le plan de la descente de la nef, après le mariage, avec le Christ en arrière-plan et les mariés au premier (soulignant qu'au nom du messie deux clans de français sont engagés dans une guerre civile), le choix des cadrages et raccords se contentent essentiellement de caméras sur pieds qui suivent les mouvements des personnages en plan moyen. Carl Theodor Dreyer a déjà théorisé sur le sujet du dépouillement dans la reconstitution historique et l'a mis magistralement en pratique dans La Passion de Jeanne D'Arc, 1928, film muet sur la pucelle la plus célèbre de France qui aida à donner au cinéma ses premières lettres de noblesse et de reconnaissance comme étant un art auprès du public de l'époque. Dreyer donnait de la profondeur de champ à ses plans, offrait des plongées et contre-plongées soulignant l'émotion du personnage incarnée par Renée Falconetti. La narration technique recentrait la qualité du travail de l'actrice française dans un décor dépouillé d'artifices afin de souligner l'intensité de son charisme et de son émotion. Dans La Reine Margot, la réalisation pêche par volonté de vouloir capter les performances d'acteurs en mouvement et de décrire une action de façon trop simple.

La Reine Margot est cependant captivant à suivre. L'adaptation du roman d'Alexandre Dumas propose une version de l'histoire de France qui reste sujette à controverse, la vérité autour du massacre de la Saint-Barthélémy étant l'un des secrets les mieux gardés de France.

2 commentaires:

  1. Assez d'accord avec tout ça. Y compris pour les acteurs. A l'exception peut-être de jean-Hughes Anglade, qui incarne certes un personnage excessif, voire complètement fou et victime d'une maladie tarée en soi, mais qui en fait des kilos-tonnes dans son rôle.

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  2. Anglade en fait des tonnes dans un personnage ouvert à tous vents qui ne sait à qui se fier. Je comprends cela. Le personnage doit faire des choix cornéliens : à mon avis, le roi Charles était révulsé par son milieu et n'avait pas les épaules pour fuir ou imposer sa voix. Puis Chéreau en a été satisfait du travail d'Anglade ; c'est ce qu'il lui a demandé. C'est Vincent Pérez qui reste une énigme à mes yeux. Il me laisse froid.

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