La sélection de Donc Acte !

Donc Acte ! ne suit pas l'actualité cinéma à la loupe. Donc Acte !, qui s'est intitulé Le cinéphobe pendant une courte période, n'a pas pour passe-temps de visionner des pelloches de cinoche. Donc Acte ! ne va pas souvent voir une œuvre en salles. L'envie est rare. Le plaisir est d'autant plus intense lorsque je suis satisfait par une rencontre du 7ème art. Certains films m'inspirent des réflexions ; c'est ce que je souhaite partager. Je ne propose pas de thèses et il m'arrive de gâcher les histoires en racontant la fin. Vu que je ne mets pas ce qui a été fait de l'invention des frères Lumière sur un piédestal et que je suis des fois moqueur, Donc Acte ! peut ne pas plaire.

dimanche 20 novembre 2011

La trilogie Pascal Thomas adapte Agatha Christie

Samedi 19 Novembre 2011
Qui vivra verra

Avant de me lancer dans l'aventure, il a fallu que je me prépare psychologiquement. J'étais dans un état particulier que je vais essayer de retranscrire le plus fidèlement possible. J'ai songé à trouver quelqu'un qui soit fan des œuvres de Pascal Thomas (car je ne m'y connais pas du tout en Pascal Thomas), quelqu'un qui les possède tous en DVD (car je suppose qu'il faut être fan de Pascal Thomas pour avoir des DVDs de ses films dans sa collection) et quelqu'un qui m'en montrerait 1 par hasard ou par ennui. Je lui en aurais peut-être emprunté 1 ou 2 sans qu'il le sache et je lui aurais rendu avant qu'il s'aperçoive de leur disparition. Si le crime avait été découvert, j'aurais accusé un rom pour me libérer des doutes portant sur moi. J'aurais revendu ces DVDs pour être crédible et me faire un peu de blé au passage. J'aurais même revu comme d'accoutumée cette connaissance victime de mon larcin, choqué que j'aurais été d'avoir été soupçonné, mais généreux de cœur au point de ne montrer aucune rancune pour si peu de choses. Bref, j'aurais été un menteur de première et un voleur talentueux. J'aurais agrémenté ma vie d'un suspense angoissant, plus intense que 2 des 3 films suivants (devinez lesquels) : Mon petit doigt m'a dit, L'heure Zéro et Le crime est notre affaire.


Mon petit doigt m'a dit, Pascal Thomas, 2004, France.

Le film est gentil. Il est gentillet. Il est douçâtre. Doux heureux même. Mignon. Folichon. Généreux. Sympathique. Français. Amical. Tendre. Adorable pour le troisième âge. Il ne requiert pas une attention très poussée. Tout élément du récit est mâché par les acteurs pour comprendre tout et plus qu'il n'en faut. Tout est justifié et expliqué durant toute la durée du métrage par une clarté des plus transparentes. Mon petit doigt m'a dit est un film mystérieux sans grand mystère.

Apparemment, il est adapté d'Agatha Christie. Son nom est au générique. L'équipe motrice du film a obtenu les droits d'adaptation. C'est ce qui explique la bonne humeur de Mon petit doigt m'a dit qui narre néanmoins l'enquête des Beresford après la mort d'un membre de la famille.

Je vous résume l'intrigue : Bali et Balo sont sur un bateau. Bali saute à l'eau. Balo est tenté de le suivre car il est le seul suspect disponible. Et voilà.

Le crime et le mystère en chantant

Un seul suspect crédible

L'humour n'est pas très enlevé. Lors d'une scène de réunion des services secrets, un malheureux acteur asiatique a été engagé pour massacrer le texte top secret en français qu'il est censé lire devant une assemblée de généraux et de hauts fonctionnaires portant des masques à gaz. Avec son niveau de langue dans la diégèse, je me suis demandé quelle qualification ce protagoniste avait. Avec ou sans réponse, la blague est de très mauvais goût.

On ne serait pas en train de se moquer de mon ethnie là ?

Heureusement, les bons mots fusent. Les mots d'esprit à la française illuminent de leur présence cette œuvre inaltérable pour les dimanches après-midi pluvieux sur France 3. Il contient de véritables moments de poésie : André Dussolier, incarnant monsieur Belisair Beresford, a ce bon mot en arrivant à la maison de retraite où sa tante réside : "On sent que c'est un endroit où il ne peut plus rien arriver." alors que l'heure zéro de cette dernière est sur le point de sonner. Catherine Frot, interprétant madame Prudence Beresford, songeuse, s'avère perspicace : "Il n'y a pas de village tranquille.", et, pour conclure le film sur une juste note, elle affirme : "Il n'y a rien de pire que des amours non consommés."

L'amour de Belisair Beresford pour le suspense est intact ... il ne l'a pas consommé


L'heure Zéro, Pascal Thomas, 2007, France.

L'heure zéro est celle de la mort pour chaque individu. Elle est donc redoutée et redoutable. Pour qui sonnera-t-elle dans L'heure Zéro ? Une première question à laquelle il faut déjà répondre avant de chercher le criminel, la criminelle ou les criminels.

Contrairement à ses homologues Christien/Pascalien, L'heure zéro se défend. Il reprend tous les éléments qui font le succès des récits d'Agatha Christie. Tous les personnages sont soupçonnables. Tous ont un motif pour commettre un meurtre. L'identité de la victime se profile petit à petit. Le spectateur ne peut que prendre son mal en patience car le jeu de piste menant à l'assassin (ou autres sexes) est habilement dissimulé (merci l'écrivaine anglaise) jusqu'à la révélation policière finale où de nouveaux éléments apparaissent magiquement.

Oh oh ! Il y a un minimum de suspense dans L'heure Zéro !

En général, l'effet des conclusions de l'enquête laisse le spectateur incrédule ; il n'aurait jamais pu deviner quoique ce soit. En cela, résidait le trait de génie d'Agatha Christie. Elle en disait beaucoup durant les trois quarts de ses romans mais elle n'émettait rien d'essentiel avant les derniers chapitres de ses récits. Le mystère se lançait peu à peu sur des fausses pistes et seule la grande scène finale apportait les éléments permettant de faire une correcte conclusion. Agatha était une sacrée filoute.

Quelques idées de scénographie dans L'heure Zéro !


Le crime est notre affaire, Pascal Thomas, 2008, France.

La mise en place est simple. La tante, la nièce ou la grand-mère de Prudence Beresford est dans le train en direction du bled paumé où le couple de joyeux retraités habitent. A peine sorti d'un coma dû au bercement du chemin sur rails, elle remarque un meurtre se déroulant dans un train de région qui croise le sien.

Ensuite, le développement s'égraine au compte-goutte pour assumer son caractère vain avec orgueil. Le récit s'avère interminable et la résolution sauve le spectateur parce qu'il a zappé directement sur la fin du long-métrage. La chose se déroule avant un bon dîner. Comme quoi, les petits vieux ont l'estomac bien accroché (le casting est essentiellement âgé : André Dussolier, Catherine Frot, Claude Rich, Annie Cordy et Melvil Poupaud). En France, le meurtre n'est pas une affaire qui dérange les besoins intestinaux.

Un jour, dans la fiction française, la mort sera prise davantage au sérieux que les repas de famille

Voilà qui résume parfaitement le suspense patriotique : il faut que rien ne vienne déranger l'appétit. On peut compter sur nos auteurs pour pondre un récit autour de l'intrigue suivante : Bali et Balo sont dans un train. Balo est étranglé. Qui l'a tué ? Vu que la ronde des suspects est très limitée, le coupable est Bali.

Tout prétexte est bon pour faire un film : Pascal Thomas rêvait de voir André Dussolier draguer en kilt sur une bouche d’égout ... chacun s'excite comme il peut ...

1 commentaire:

  1. Chouette papelard !

    J'avais critiqué l'infâme "Le crime est notre affaire" à sa sortie :D

    http://ilaose.blogspot.com/2009/08/le-crime-est-notre-affaire.html

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