La sélection de Donc Acte !

Donc Acte ! ne suit pas l'actualité cinéma à la loupe. Donc Acte !, qui s'est intitulé Le cinéphobe pendant une courte période, n'a pas pour passe-temps de visionner des pelloches de cinoche. Donc Acte ! ne va pas souvent voir une œuvre en salles. L'envie est rare. Le plaisir est d'autant plus intense lorsque je suis satisfait par une rencontre du 7ème art. Certains films m'inspirent des réflexions ; c'est ce que je souhaite partager. Je ne propose pas de thèses et il m'arrive de gâcher les histoires en racontant la fin. Vu que je ne mets pas ce qui a été fait de l'invention des frères Lumière sur un piédestal et que je suis des fois moqueur, Donc Acte ! peut ne pas plaire.

jeudi 21 juin 2012

Bullhead

Le traumatisme au cinéma

Bullhead /Rundskop, Michael R. Roskam, 2011, Belgique.

Je n'avais aucune envie de voir Bullhead (Rundskop, titre original) à la vue de sa bande-annonce mensongère. Elle donne au récit de faux airs s'attardant sur des conflits mafieux en milieu rural avec un malabar en personnage principal (comprendre une histoire de vente de produits dopant pour vaches et cochons). Je craignais donc que le cinéaste belge Michael R. Roskam soit un ersatz de Nicolas Winding Refn et que son Bullhead s'apparente à un mélange de Pusher et de Bronson (la typologie du titre, le style de l'affiche et la bande-annonce aident volontiers à la comparaison) ; je précise : N.W. Refn est un cinéaste danois qui m'inspire un sentiment intime de rejet intense dès que j'entends son nom ou à chaque fois que j'aperçois une image pensée par lui (sa notoriété fondée sur la fascination qu'exerce la violence me choque et l'esthétique qu'il développe est pompeuse et reste inexpliquée et inexplicable par l'auteur même).

Mais, en fait, en vérité, Bullhead est l'entremêlement intelligent de deux trames narratives : une enquête sur le meurtre d'un policier et l'exploration des dommages collatéraux de ce crime. Comme Dennis Lehane pour Mystic River, Michael R. Roskam utilise les fantômes qui hantent depuis 20 ans des individus liés de près et de loin à cette affaire criminelle pour souligner l'intérêt de son récit centré sur Jacky Vanmarsenille.

Jacky Vanmarsenille (incarné par Matthias Schoenaerts)

Pour revenir sur la duplicité de la bande-annonce, elle laisse envisager que Bullhead peut être un biopick non officiel sur Frank Ribéry. L'acteur Matthias Schoenaerts accuse une certaine ressemblance avec le footballeur français. D'ailleurs ce message étudie cette thèse de la biographie maquillée de Francky van Ribérille.

Francky Vanribérille


Le protagoniste principal de Bullhead est Francky Vanribérille. Il est présenté comme une brute shootée à la testostérone lors de l'introduction. Il est donc normal de se méfier de lui au premier abord, pendant une bonne vingtaine de minutes, surtout qu'il veut dégommer des policiers et qu'il tient à l’œil la mafia de près. Bref, le caractère de Vanribérille est celui d'un taureau qui enfonce ses cornes avant de se rendre compte qu'il a commencé à courir. Mais la sympathie pour Francky survient lors des premiers flash-back, lançant d'ailleurs la tension dramatique sur ses rails. La montagne de muscles, qui menace des fermiers, des policiers et des mafieux et qui dope ses vaches, est la carapace d'une personnalité brisée par un traumatisme enfantin. Francky se dope pour développer une façade virile qui cache un adolescent martyrisé. Car, voir un enfant se faire éclater les burnes à coups de pierre ne traumatise pas que le spectateur. Un autre garçon jaloux de son intérêt pour sa sœur lui a écrasé les couilles en se vantant de ses méfaits de benêts attardés, dixit "casse-couilles", "casse-couilles", "casse-couilles", ... Il faut compter autant de coups que d'insultes. Et ça dure.

En somme, cette biographie officieuse de Franck Ribéry expliquerait pourquoi il est un joueur extrêmement rapide en vrai, sur Fifa et PES. Les couilles de Francky Vanribérille ne sont jamais descendues. Lors de ses courses, le frottement de ses cuisses l'une contre l'autre se fait donc sans gène. Aucun testicule ne risque de se coincer entre ses jambes. Le seul gros problème est que Francky est évidemment timide avec la gent féminine. Où est la différence entre la réalité et la fiction ? On le sait, Franck Ribéry a développé le recours à la prostitution, et, Francky Vanribérille a l'habitude d'être violent envers ses rivaux masculins. La compensation de ses difficultés en amour n'est pas sans péril.

Sacré bon film, Bullhead est une réussite malgré quelques baisses de tension. La musique est un brin trop dramatique, quelques cadrages ne sont pas utiles (comme celui de Francky dans les tribunes de l'hippodrome lors de sa crise) et les plans sur les champs sont répétitifs (on sait grâce à une introduction claire et efficace que le récit se concentre sur un retour fracassant du passé, de ses personnages et du souvenir traumatisant). Heureusement, les liens entre les protagonistes issus du passé et l'intérêt pour le devenir de Francky permettent d'apprécier cette pelloche. Comment ne pas sympathiser avec cette personnalité en proie aux doutes quant à l'amour ? Pauvre Francky, prisonnier d'une façade de brute. 


A des fins de protections légales, tout ce qui est écrit ou insinué à propos de Frank Ribéry est faux (à part le recours à la prostitution).


P.S. : le dernier plan de Bullhead montre le buste de l'enfant Francky Vanribérille en contre-plongée ; l'acteur aurait pu se curer le nez avant le tournage du plan ou quelqu'un de l'équipe aurait dû le signaler. Ce détail a une propension à gâcher le final voulu émouvant de Bullhead.

3 commentaires:

  1. Très bon article !

    Et voir Matthias Shoenerds comparé à Frank Ribery, un assez bon footeux mais néanmoins gros débile au visage monté à l'envers, n'est pas pour me déplaire :)

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  2. Je suis content que mon message t'ait plu. Je me suis éclaté à l'écrire. On est d'accord sur le caractère de Ribéry : son intervention sur le plateau de Téléfoot pendant le mondial 2010 était pitoyable et ses frasques avec les putes (tout en se croyant irrésistible car riche & famous) et au Bayern (là-bas, il conduit les bus de l'entraînement pour les planter dans un mûr en croyant faire rigoler les autres) sont lamentables : Ribéry est un pleutre volontaire.
    Pour le visage, c'est le résultat d'un accident de la route, je crois.

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  3. J'ai trouvé pour ma part que le film hésitait trop entre différents styles pour finalement paraître n'en avoir aucun. Mais je suis peut-être sévère. La comparaison avec Ribéry est bien vue !!

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