La sélection de Donc Acte !

Donc Acte ! ne suit pas l'actualité cinéma à la loupe. Donc Acte !, qui s'est intitulé Le cinéphobe pendant une courte période, n'a pas pour passe-temps de visionner des pelloches de cinoche. Donc Acte ! ne va pas souvent voir une œuvre en salles. L'envie est rare. Le plaisir est d'autant plus intense lorsque je suis satisfait par une rencontre du 7ème art. Certains films m'inspirent des réflexions ; c'est ce que je souhaite partager. Je ne propose pas de thèses et il m'arrive de gâcher les histoires en racontant la fin. Vu que je ne mets pas ce qui a été fait de l'invention des frères Lumière sur un piédestal et que je suis des fois moqueur, Donc Acte ! peut ne pas plaire.

dimanche 16 octobre 2011

The Boston Strangler

Dimanche 16 Octobre 2011
Octobre Rouge #12

The Boston Strangler, Richard Fleischer, 1968, USA.

A 20 ans, ce film me plaisait beaucoup. J'aimais l'approche scientifique qui analysait et tentait de comprendre l'étrangleur de Boston. Comme dans Psycho 2 et Psycho 3, le criminel essayait de se soigner après sa capture : ce qui changeait de la sempiternelle lutte manichéenne présentée dans les slashers dans lesquels aucune nuance n'existait, les tueurs en série étaient des décérébrés massacrant à tour de bras et le mal incarné se relevait toujours.

Je tolérais encore l'utilisation du split screen qui, durant 30 minutes de film encadré par des rapports télévisuels informatifs, rendait compte de la terreur dans laquelle Boston vivait entre 1962 et 1964 et des multiples points de vue intéressés par les événements ; la police, les témoins, les proches des victimes, les citoyens inquiets de la sécurité dans Boston. Le climat était tendu. J'aimais que les split-screens fassent le raccord entre la présentation et la focalisation sur Albert De Salvo. Ils permettaient d'identifier immédiatement le tueur. Le raccord pour le spectateur s'opérait de façon esthétique et permettait de changer de point de vue sans rompre la concentration ni choquer. J'aimais la construction du récit. L'étrangleur de Boston était séparé en trois parties : 1 première remplie d'informations aussi utiles qu'inquiétantes, 1 seconde s'attardant sur la traque policière, et la dernière sur les activités et la psychologie du tueur incarné par Tony Curtis. Alors que la police recherchait un maniaque marginal, elle a fini par trouver Albert De Salvo, un bon père de famille, travailleur, ancien militaire.


A présent, seul l'utilisation du split-screen m'insupporte. J'ai gagné en paire de lunettes depuis. A force de culture, j'ai développé un léger strabisme. Du coup, un écran partagé est devenu une véritable horreur pour la tension musculaire de mes yeux.

A part cela, la dernière partie reste ma préférée. L'interrogatoire et l'introspection de De Salvo sont savoureuses en trouvailles techniques et narratives (superposition d'éléments graphiques et spatio-temporels, montage alterné, différence de colorisation) et en véracité. La recherche de la vérité passe par un dialogue intelligent et un soin accordé au temps consacré à démêler le vrai du faux. Sans violence. Sans acharnement. Sans témoignage musclé. Sans caméra tremblante. Sans course poursuite contre la montre. Sans acteur qui joue au contorsionniste de service pour signaler un trouble profond. Sans gesticulation inutile et exagérée. Avec talent et grande force de conviction. Qualités indiscutables de cet excellent long-métrage de Richard Fleischer.

Richard Fleischer voulait insister sur l'importance de se renseigner sur les motivations et la psychologie d'un tueur en série afin de prévoir l'avenir sur d'éventuelles répétitions de tels crimes. Ce long-métrage complété en 1968 prenait position pour les soins des troubles de la personnalité et la défense du point de vue scientifique. En 1967, Albert De Salvo, arrêté en 1964 et reconnu comme étant l'étrangleur de Boston grâce à ses confessions très détaillées et précises sur les victimes, crimes et lieux des assassinats, s'évada de l'hôpital psychiatrique où il était interné à vie (dans lequel il estimait ne pas recevoir les soins nécessaires à sa guérison) et fut transféré dans une prison à haute sécurité où il trouva la mort poignardé en 1973. Il fallut attendre les années 1980 avant que le FBI ne crée un service dédié aux entrevues avec les serial killers.

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