La sélection de Donc Acte !

Donc Acte ! ne suit pas l'actualité cinéma à la loupe. Donc Acte !, qui s'est intitulé Le cinéphobe pendant une courte période, n'a pas pour passe-temps de visionner des pelloches de cinoche. Donc Acte ! ne va pas souvent voir une œuvre en salles. L'envie est rare. Le plaisir est d'autant plus intense lorsque je suis satisfait par une rencontre du 7ème art. Certains films m'inspirent des réflexions ; c'est ce que je souhaite partager. Je ne propose pas de thèses et il m'arrive de gâcher les histoires en racontant la fin. Vu que je ne mets pas ce qui a été fait de l'invention des frères Lumière sur un piédestal et que je suis des fois moqueur, Donc Acte ! peut ne pas plaire.

mardi 4 octobre 2011

Présumé coupable

Lundi 3 Octobre 2011
Soir

Présumé coupable, Vincent Garenq, 2011, France-Belgique.

Arrêté en 2001 avec sa femme pour des actes de pédophilies qu'il n'a pas commis, Alain Marécaux a été la victime d'une des plus importantes erreurs judiciaires françaises. Ironie du sort, il exerçait la profession d'huissier de justice. Le juge d'instruction Burgaud avait pris pour parole donnée les témoignages d'enfants violés alors sous l'emprise des parents violeurs qui leur soufflaient ces mots pour alléger leur responsabilité criminelle. Le juge Burgaud a inculpé les désignés après ces dénonciations calomnieuses.

Extrait du Le Parisien :

Comment avez-vous réagi à la proposition d’un film? 
D’abord, je n’ai pas répondu. Je craignais que le cinéma ne vienne dénaturer ce que j’avais vécu. Puis j’ai compris que j’étais en face de gens sincères, qui comprenaient ma douleur. Il y avait une volonté de respecter ma souffrance et celle des miens. Ils m’ont proposé d’être consultant au scénario et de venir quand je le voulais sur le tournage.

Alain Marécaux et Philippe Torreton

Présumé coupable retrace le calvaire d'Alain Marécaux. Sous sa supervision, le récit suit les événements décrits par ses soins dans Chronique de mon erreur judiciaire aux éditions Flammarion. Le film mise sur l'authenticité et gagne son pari. Les informations sont égrainées avec soin jusqu'au générique de fin. Petit à petit, le spectateur découvre en emphase avec l'accusé à tort les tenants et aboutissants de l'affaire qui l'ont maintenu en détention préventive pendant 3 ans. Le flou qui entoure cette inculpation rend la situation émotionnellement complexe et intense en nervosité. Le sentiment d'injustice gagne en ampleur et perdure après la vision du long-métrage. La caméra embarquée sur épaule permet de capter les moments de chocs et de rester proche d'Alain Marécaux incarné par un Philippe Torreton imprimé de la foi du juste. Ce qui choque le plus dans Présumé coupable, c'est le rendu de l'indifférence du système carcéral et judiciaire, du caractère sournois et suggestif des interrogatoires policiers, et, de l'absence de mea culpa des fautifs représentants de l'ordre et de la loi en France. Présumé coupable est une réussite que je recommande. Seul un bémol de petite taille : la poignée de plans subjectivistes floutés en POV du présumé coupable (dans des états de faiblesse physique et morale) ne servent ni le style esthétique ni le propos compassionnel du métrage.

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