La sélection de Donc Acte !

Donc Acte ! ne suit pas l'actualité cinéma à la loupe. Donc Acte !, qui s'est intitulé Le cinéphobe pendant une courte période, n'a pas pour passe-temps de visionner des pelloches de cinoche. Donc Acte ! ne va pas souvent voir une œuvre en salles. L'envie est rare. Le plaisir est d'autant plus intense lorsque je suis satisfait par une rencontre du 7ème art. Certains films m'inspirent des réflexions ; c'est ce que je souhaite partager. Je ne propose pas de thèses et il m'arrive de gâcher les histoires en racontant la fin. Vu que je ne mets pas ce qui a été fait de l'invention des frères Lumière sur un piédestal et que je suis des fois moqueur, Donc Acte ! peut ne pas plaire.

jeudi 27 octobre 2011

Stay Alive

Jeudi 27 Octobre 2011
Octobre Rouge #22

Stay Alive, William Brent Bell, 2006, USA.

Resident Evil était un peu comme le Twin Peaks et le X-Files du jeu vidéo. Le Resident Evil PS était une révolution. Il m'avait fait revivre le pur moment de frousse que l'on cherche tous à éprouver pour notre plus grand plaisir. J'avais été secoué sur mon siège par la reprise au cinéma de La Nuit des morts-vivants de Romero après lequel j'étais heureux de retrouver les sons de la rue et le soleil. L'expérience s'est répétée grâce à la vision de The Thing, de Prince of Darkness et de The Fog (qui fonctionne à merveille même sur une vieille VHS pan&scané) réalisés par John Carpenter. La scène des Aventuriers de l'Arche perdue où Karen Allen passe au travers d'un mur dans le temple de l'Arche pour se retrouver entourée de cadavres m'avait fait cauchemardé durant une semaine quand j'étais enfant ; heureusement pour moi et mon plaisir maso, Spielby a également Jaws alias Les dents de la mer. Le concept d'un assassin aux griffes qui tue en rêve m'a poussé à visionner toute la série des Freddy. Et, en apportant une dimension interactive à l'expérience de l'horreur sur un écran, Resident Evil était une délicieuse torture. Ainsi que sa suite.


Lorsque la Paystation a sorti le jeu, je ne connaissais guère que la Gameboy, l'Amstrad et la SuperNES. J'avais démonté des briques à Tetris. J'avais résolu l'affaire du Manoir sur Amstrad (quelques plans fixes, des éléments à retrouver dans le décor et une musique angoissante pour un souvenir d'enfant agréable et inaltérable). J'avais ouvert toutes les courses à SuperMarioKart, jeu auquel je n'avais cure. Je mettais des patates depuis l'autre bout du terrain de foot d'un jeu japonais dont je n'ai jamais su me rappeler le nom et qui reste à mon sens le meilleur jeu de foot du monde. Je n'avais pas encore touché à Metal Gear Solid ni Silent Hill (duquel je ne retiens que 3 notes de piano qui n'ont jamais voulu se débloquer dues à un bug ... grrrr).

Les 3 notes de piano sont bien dans ce Stay Alive. Mais, après des milliers de films d'horreur emmagasinés dans ma mémoire et des dizaines de jeux vidéos terminés (à part donc Silent Hill), ce survival-horror qui, comme dans Freddy, présente un lien étrange entre le monde réel et le monde fictionnel incite à écrire aux créateurs du film pour leur demander de se justifier.

Exit la frousse de voir le mal ou la mort débouler. Dans Stay Alive, les phases de meurtres sont téléphonées car elles sont la réplique exacte de ce qui passe dans le jeu vidéo. Résumé de l'histoire : (tout est dans le pitcheuh) YOU DIE IN THE GAME ! YOU DIE FOR REAL ! ('Vous mourrez dans le jeu ! Vous mourrez pour de vrai !'). En 2 temps et non pas en simultané. Les scènes se répètent donc et se ressemblent comme deux gouttes d'eau :
-Un joueur transpercé dans le jeu est transpercé en vrai.
-Un joueur étranglé dans le jeu est étranglé en vrai.
-Un joueur renversé dans le jeu est renversé en vrai.
-Un joueur poignardé dans le jeu est poignardé en vrai.
-Etc ...

Passons les mauvais acteurs, les filtres bleus bleutant, une fin poussive et (surtout) l'absence de notion de raccord dans le montage et des cadrages sans aucun goût (ne serait-ce que pour donner une cohérence à l'action et une quelconque minimale notion de l'espace et du temps, monsieur le réal dont je ne souhaite même pas connaître le nom et j'ai du l'écrire en en-tête de ce message), et attardons-nous sur les phases en digit' en POV (point de vue subjectif) qui sont les plus réussies du film. Le suspense de Stay Alive tient à ces scènes où les joueurs sont dans le jeu et jouent. 3 à 5 minutes additionnelles sont balancées en contre-champ de ludos connectés directement de la console à leurs neurones. Description : une caméra qui, dès qu'elle fait un mouvement, indique d'où le danger arrive (comme sur un rail-shooter) et ... un son de manette vibrante. C'est tout. Évitez-moi les critiques du genre "qu'est-ce que ce garçon est impressionnable" pour avoir souligné ces quelques points positifs, je suis au courant. Merci.

Sophia Bush

Quand je pense qu'il suffit de plusieurs valeurs de plan se resserrant et de quelques contre-champs sur un vieux loup de mer qui raconte une histoire bien flippante pour me rabaisser mon caquet pendant 1 heure et demie ou 2 (Jaws et The Fog ont ces atouts). Entendre raconter une histoire bien cruelle de requins dévoreurs de chair humaine après un incident de guerre traumatique ou de lépreux abandonnés à un naufrage pour ne pas les laisser s'installer près de la ville me terrifie de plaisir. Même une histoire de requins fantômes qui hantent les abords d'une baie aux habitants sympathiques dont les ancêtres ont sévèrement pêchés lors d'une guerre traumatisante aurait fait l'affaire. Alors qu'une histoire de comtesse du XVIème et XVIIème siècle qui hante un jeu vidéo au XXIème pour se repaître de sang en numérique et rester éternelle en pixel n'a aucune vraisemblance. Le lien entre la contesse morte en 1614 et le jeu vidéo n'est jamais établi. Être digitalisé ne suffit-il pas à vivre au-delà de la mort ? Que lui faut-il donc à la Bathory ? Stay Alive mérite son casting de jeunes acteurs (Sophia Bush en tête) qui n'ont jamais réussi à percer vers un bon film.

Quand il faut avoir peur, la manette vibre et la Bathory fait :"Ihah!" et le spectateur répond : "T'es déjà éternelle en pixel, connasse!"

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