La sélection de Donc Acte !

Donc Acte ! ne suit pas l'actualité cinéma à la loupe. Donc Acte !, qui s'est intitulé Le cinéphobe pendant une courte période, n'a pas pour passe-temps de visionner des pelloches de cinoche. Donc Acte ! ne va pas souvent voir une œuvre en salles. L'envie est rare. Le plaisir est d'autant plus intense lorsque je suis satisfait par une rencontre du 7ème art. Certains films m'inspirent des réflexions ; c'est ce que je souhaite partager. Je ne propose pas de thèses et il m'arrive de gâcher les histoires en racontant la fin. Vu que je ne mets pas ce qui a été fait de l'invention des frères Lumière sur un piédestal et que je suis des fois moqueur, Donc Acte ! peut ne pas plaire.

vendredi 15 juillet 2011

The Thing version 2011 trailer


Vendredi 15 Juillet 2011
Après-midi

The Thing est un film réalisé en 1982 par John Carpenter pour le studio Universal. Mordu de la première heure de The Thing From Another World (1951) officiellement réalisé par Christian Nyby officieusement par Howard Hawks (ce dernier ayant crédité Nyby pour le récompenser d'avoir sauver le montage de Red River en 1948), John Carpenter, forte tête prise d'altruisme de vouloir partager un traumatisme enfantin avec une autre génération que la sienne, ne s'est pas borné à tourner un simple remake.


John Carpenter songeait à faire un film de groupe d'hommes comme il n'en avait pas été fait depuis longtemps (comme The Dirty Dozen de Robert Aldrich -1967-). Il voulait se rapprocher de la nouvelle originale Who Goes There ? de John W. Campbell Junior dans laquelle la paranoïa causait autant de dommages que le monstre. Big John a alors concocté avec une équipe proche du surmenage constant pendant 2 ans le chef d’œuvre du film d'horreur fantastique avec Kurt Russell. Rob Bottin, créateur des effets spéciaux, vit dans une tour d'ivoire depuis.


Au pôle nord, une équipe de chercheurs américains recueillent un loup après avoir été poursuivi par une paire de norvégiens le chassant depuis un hélicoptère. Étrangeté soulevée, les membres de l'expédition US enquête et découvre, dans le camp d'habitation norvégienne, des cadavres de suicidés ou dû à des morts violentes. Les locaux sont en déflagration et ils y trouvent les restes d'une chose brûlée, informe et indescriptible qu'ils ramènent à leur base. Commence alors l'horreur car la chose est en vie


C'est à partir de cette base, et sous le prétexte d'un remake, que Universal remet au goût du jour un projet titré The Thing. Ce métrage confié au néophyte Matthijs van Heijningen Jr., fils du producteur de cinéma Matthijs van Heijningen, est une préquelle du film de John Carpenter. Il est censé se concentrer sur les événement intervenus dans le camp norvégien avant l'infection américaine.



Retour donc à l'époque où les norvégiens chassaient le loup en hélicoptère et se tranchaient les veines dans le froid, et, à une époque où Kurt Russell était mauvais perdant aux échecs.




 Pour les pèlerins (99,99% de la population mondiale) qui ne sont pas encore au courant de la façon dont je traite la critique de bande-annonce, voilà un superbe exemple de ma méthode descriptive et analytique :

en noir, la description
en vert, les remarques
en bleu, les détails techniques
en rouge, les panneaux intertitres


Un flanc de montagne enneigée. Un gros hélicoptère plus avancé technologiquement que ceux des norvégiens et des américains réunis dans l'original de 1982.

Une voix off : "On a trouvé quelque chose.""Quoi ?" Mary Elizabeth Winstead regarde par la fenêtre de l'hélicoptère. Elle débarque ou alors ils ont trouvé de la neige.

Mary E. Winstead est stupéfaite dans un laboratoire. Elle apprend qu'"ils", jusque là Ulrich Thomsen, ont découvert une structure basique en Antarctique. Un spécimen.

Encore hélicoptère. Encore du voyage. Un pilote barbu. Une station enneigée. Un drapeau norvégien. Tout ce monde a parlé américain jusque là (et, spoiler alert, continuera jusqu'à la fin). Un gentleman aide Mary EW à descendre de l'hélicoptère.

Trois véhicules jaunes à chenille dans la neige. Toujours du voyage. Le nom de Kate Lloyd est introduite par une voix off. MEW à l'écran. MEW est Kate Lloyd, paléontologue. Elle entre dans une crevasse dans la glace. Elle est accompagnée. Elle a le sourire. Elle aime découvrir des choses. Elle est curieuse. Quelqu'un va lui expliquer pourquoi elle a traversé 10 000 miles en avion. C'est bien de l'apprendre une fois sur place. 

Grosse envolée musicale. MEW est stupéfaite. Fondu au noir.

MEW est agenouillé à côté d'un fossile. Elle a les yeux écarquillés. Re-Fondu au noir.

Un des véhicules à chenille traine un cube recouvert d'une bâche où un homme souriant et son chien ont trouvé refuge. Un beau blond barbu a un regard suspicieux. C'est un bloc de glace. La peur ne s'installe toujours pas. Ulrich Thomsen veut prélever un échantillon. Quelqu'un fait un trou dans la glace avec une perceuse. Fondu au noir.

Ulrich Thomsen étend les bras tel le messie et dit à ses amis qu'ils vont tous être immortalisés comme étant ceux qui ont fait cette découverte : laquelle, point d'interrogation mais on s'en doute ... cris de joie, ukulélé, MEW a l'air inquiète, deux potes trinquent à la bière. Fondu au noir.

Vue extérieure de la station polaire. Fondu enchaîné. La glace du cube fond. Un couloir de la station est désert. Fondu au noir.

Un type se retourne vers le même couloir désert. Un chien-loup arrache avec ses dents le grillage de sa cage. Re-fondu au noir.

Une lampe-torche dans un couloir sombre. La lumière est élevée. Un des chercheurs sous la neige regarde sous un bâtiment. Le cadre se resserre. Écran noir.

Gros bruit. Le bonhomme tombe en arrière et est traîné sous le bâtiment par quelque chose d'invisible. MEW regarde sur sa droite. Des hommes dans la nuit polaire. Écran noir.

Des traces au sol. Quelqu'un dit "My God !" (traduction "Mon Dieu !"). Écran noir.

Un jeune homme souligne le fait que quelqu'un ait été attaqué mais Ulrich Thomsen indique que tout le monde est présent et en bonne santé. Pas de mal donc.
Le beau blond barbu regarde sur sa gauche.

MEW fronce les sourcils. Elle tire un rideau de douche. Quelqu'un n'a pas nettoyé après son passage. En voix off, elle raconte que, peut-être, la personne agressée a été miraculeusement soignée par elle-même ou ...

Écran noir.

... quelqu'un n'est pas qui il semble être. Une ombre dans la nuit. Deux hommes avec une lampe-torche plissent les yeux. La nuit fait cet effet. Un truc avec des tentacules rugit. MEW crie "Burn it !". Quelqu'un allume un feu de signalisation et le lance sous une barraque. Feu.

From Universal Pictures

Écran noir.

Boum boum remixé de la musique du générique original 1982 de The Thing

MEW penche la tête sur la droite.

Un cadavre de chose aperçu vite fait sur une table d'autopsie. Une vue au microscope. Des cellules qui mutent.

And the producers of Dawn of the Dead

La troupe est armée. Un visage a l'air fatigué nerveusement. Trois membres du groupe. Écran noir. MEW explique que la créature copie ses proies puis se cache dans les individus. Cette démonstration est très studieuse et scolaire (loin de la paranoïa de la version Carpenter). L'un de ses individus a un visage qui s'étire. Un autre ayant assisté à la scène crie. Fondu au noir.

MEW précise sa pensée. "Nous sommes pas tous humains." Des types énervés avec des lance-flammes et des armes. MEW se penche en avant. Une femme apparaît derrière elle. Bruit louche. Fondu au noir.

MEW est toujours là. Soulagement. Quoiqu'il y ait un bruit gluant derrière elle. Elle se retourne.

This October

Grosse musique martelée. MEW court dans un couloir. Ulrich Thomsen se traine sur les fesses à reculons. Un hélicoptère décolle. "On ne peut laisser cette chose s'échapper !" MEW descend un escalier rapidement. MEW en train de parler. Un hélicoptère dans le ciel. "Si la chose réussit à s'en aller, des millions de personnes peuvent mourir." (seulement quelques millions sur des milliards d'individus ? pourquoi s'inquiéter ? je suis de mauvaise foi^^) Quelqu'un est en crise d'épilepsie sur le sol. D'autres ont l'air médusé. Jet de lance-flammes. Deux types dans un couloir ; l'un d'eux tient une hache.

In a place where there is nothing (et les norvégiens alors ?)

Un véhicule jaune tombe dans une crevasse. Deux hommes crient à l'intérieur. Le beau blond barbu regarde calmement autour de lui dans la crevasse avec une lampe-torche.

They found

MEW glisse du bord de quelque chose. Le beau blond barbu essaie de la rattraper. C'est raté.
Un couloir en feu. MEW sur le pied de guerre. Elle agite une lampe. Un type qui tient un couteau recule. Une bestiole saute. Cri. Un bras bizarre. Ça va très vite. Le jeune homme dos au sol. Une explosion. MEW regarde en l'air. MEW à reculons sur les fesses.

Something - The Thing

MEW respire la terreur. Fumée. Elle veut tourner un coin. Un bout de la chose surgit. MEW glisse.

October 2011


The Thing version 2011, avec Mary Elizabeth Winstead, Kim Bubbs (exit donc le film entre hommes de Big John), John Edgerton, Ulrich Thomsen (les norvégiens deviennent danois), présente une bande-annonce typique de film d'horreur sans goût.

A savoir :
Introduction : On a trouvé quelque chose. Quoi ? Non, je ne vous crois pas.
Déclencheur : Si si c'est vrai. Attention danger.
 Développement : Regarde derrière toi, tu verras bien.
Suite : Vaincre ou mourir.
Fin : Courses, cris et violence.

Le scénario se retrace les yeux fermés. La bande-annonce est de celles qui dévoilent toutes les clés de l'intrigue en mêlant les images de façon insensée pour créer par associations d'idées (images) et suggestions lourdement appuyées qu'il faut avoir peur. Donc, MEW débarque sur la banquise de l'antarctique sans savoir pourquoi. Ils avaient besoin d'une paléontologue US. "Ils", les norvégiens, n'avaient pas songé à en emmener un ou une avec eux. Le fossile tient dans un cube de glace qui, dès qu'il fond, relâche une créature qui s'attaque ouvertement à l'un d'eux pour le copier et se dissimuler dedans. Aucune dissension n'apparaît pourtant dans le groupe. Ils s'arment. Ils doivent empêcher la créature de s'échapper. Quelques confrontations chose vs humains. Mais, de toute façon, toute l'humanité n'est pas en danger. Puis ils font un tour en chasse-neige (ont-ils déjà cramé la station ? ou vont-ils le faire ?) et tombe par hasard sur le vaisseau spatial dans une crevasse (peut-être est-ce ainsi que les scandinaves ont découvert l'extra-terrestre en premier lieu. Mais alors qu'étaient-ils venus faire en Antarctique ? Pas sûr que de voir le film assure une réponse ... on se rappellera que les norvégiens avaient découvert l'ovni en faisant exploser les couches de glace). Rencontre avec la créature qui pense (je suppose). Combat final. MEW survit-elle ? Probablement. En tout cas, pas de loup poursuivi dans la neige par un hélicoptère ne conclura ce The Thing version 2011, fin trop ouverte pour être crédible, mais peut-être qu'un loup s'échappera tout de même.

L'ensemble est bourré d'incohérences. L'ambiance est convenue et  artificielle. Les sourires et expressions faciales de MEW laissent envisager une direction d'acteur inexistante. L'horreur est prévue pour provoquer des frissons faciles (écarquillez les yeux, mettez votre bouche en "o", secouez la tête de gauche à droite, dites "ça fait peur", et, rongez-vous les ongles). La bestiole en premier plan et sur la table d'autopsie, les convulsions d'un homme à terre ou le visage qui se détend ne soutiennent pas la comparaison avec les effets de Rob Bottin et la suggestion des doutes sur l'identité dissimulée de la chose de la version Carpenter. Les effets digitaux font peine à voir. Les écrans et les fondus au noir, soutenus par une musique et des effets de bruitage usés, sont les seuls éléments de terreur présents dans cette bande-annonce.
MEW est connue pour sa piètre qualité de jeu d'actrice. Elle a un joli minois mais hormis la faculté de crier, elle n'arrive jamais à émouvoir son audience. Elle a l'air absente plutôt que d'afficher la peur à l'écran. Elle incarne de surcroît un personnage toujours en décalage qui ne sait pas pourquoi elle fait 10 000 miles et qui, ensuite, après avoir été sceptique, est la première à prévenir le danger.

En 2001, le maître de l'horreur tirait sa révérence sur un film compilation Ghost of Mars. John Carpenter affirmait prendre sa retraite, qu'il aimait être riche, qu'il était capitaliste (alors qu'on le croyait tous anarchiste) et qu'il allait écrire une autobiographie. Mais il a surtout vendu depuis les droits d'adaptation des titres phares de sa filmographie, joué à plein de jeux vidéos et tweeter comme un glandeur. Ainsi on a eu droit au pire car Big John a lâché la bride. Les nommés The Fog et Assault on Precinct 13 (2005) ne sont pas regardables. Escape from New York encore en préproduction semble être programmé pour une seule et unique vision : Breck Eisner, qui a filmé The Crazies depuis un satellite, et Jonathan Mostow, scénariste et réalisateur des sympathiques Breakdown et U-571, ont pris les commandes. Bonne nouvelle : Brett Ratner, Len Wiseman et Gerard Butler ont dégagé du projet. The Thing version 2011 ne semble pas déroger à la règle des remakes douteux.


Cadeau :


4 commentaires:

  1. J'ai cliqué sur "passionnant" :D
    Je suis fan de ton travail autour de cette bande-annonce, et on peut véritablement parler d'un travail car tout ça est finement analysé, très juste et joliment documenté :D

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  2. Merci merci ! J'espère avoir l'opportunité d'en refaire d'autres comme celle-ci à l'avenir. C'est passionnant à faire. (J'en ferai une pour le remake de Escape from New York)

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