La sélection de Donc Acte !

Donc Acte ! ne suit pas l'actualité cinéma à la loupe. Donc Acte !, qui s'est intitulé Le cinéphobe pendant une courte période, n'a pas pour passe-temps de visionner des pelloches de cinoche. Donc Acte ! ne va pas souvent voir une œuvre en salles. L'envie est rare. Le plaisir est d'autant plus intense lorsque je suis satisfait par une rencontre du 7ème art. Certains films m'inspirent des réflexions ; c'est ce que je souhaite partager. Je ne propose pas de thèses et il m'arrive de gâcher les histoires en racontant la fin. Vu que je ne mets pas ce qui a été fait de l'invention des frères Lumière sur un piédestal et que je suis des fois moqueur, Donc Acte ! peut ne pas plaire.

samedi 21 avril 2012

Fog

Fog, John Carpenter, 1980,USA.

La première fois où j'ai vu la jaquette de la VHS de Fog, c'était dans la présentation de la collection de minuit TF1 vidéo sur la K7 de Hurlements. La seconde fois où je l'ai vu était lors de la présentation de la collection de minuit TF1 vidéo sur la K7 de Flash Gordon. Il y eut un nombre incalculable de fois où j'ai vu la jaquette de Fog lors de présentation de la collection de minuit TF1 vidéo surtout que New York 1997 fait partie de cette collection tombée dans l'oubli (je n'ai même pas trouvé un listing sur internet : New York 1997, Fog, Orca, King Kong, Hurlements, Flash Gordon). Il y eut également de nombreuses fois où j'ai espéré mettre la main sur la jaquette, la boîte et la copie VHS de Fog mais mes sorties en magasin étaient toutes décevantes. C'était avant l'internet et je n'étais pas un visiteur assidu de vidéoclubs (je préférais la possession à la location : je peux dire que je suis un collectionneur). J'ai même fait connaissance avec Fog par le biais d'un best-of regroupant les meilleurs morceaux de musique de Carpenter. La énième fois où j'ai vu la jaquette de la VHS de Fog était sur une des étagères de ma VHS-Dvdthèque personnelle.

Je l'ai trouvé par hasard en me baladant entre le cimetière Montmartre et la place Clichy (j'allais souvent au cinéma le Pathé Wepler dans la première moitié des années 1990 ... avant qu'il ne devienne un multiplexe désincarné dont l'identité propre n'est représenté plus que par le nom de cinoche). LA K7 de Fog était donc soigneusement rangée sur une étagère dans une vitrine d'un magasin d'électronique de la galerie essentiellement occupée par les franchises Flunch et Castorama dans un coin de la place Clichy.

Le vendeur était surpris. On ne lui avait jamais demandé d'acheter une des cassettes vidéos qui servaient en fait de décoration dans la vitrine. L'entrée du magasin était à l'intérieur de la galerie et la vitrine donnait sur l'extérieur. Il y avait 4 étagères, 5 vidéos sur chacune. Il y avait une plaque en métal souple entre la vitrine et le comptoir du magasin. De l'intérieur, on ne suspectait pas la présence d'étagères et on ne voyait pas les K7. La plaque était attachée des deux côtés de la vitrine. Après avoir détaché d'un côté quelques cordons et en tirant dessus, une petite ouverture permettait difficilement d'atteindre la K7 de Fog, rareté d'alors d'entre toutes les raretés sur le marché de la VHS. Moi, j'étais dehors sur le qui-vive afin d'indiquer, tel que le jeune homme me l'avait demandé, quelle cassette je cherchais à acheter. Après une ou deux tentatives infructueuses, le vendeur, ce jeune homme sympathique et plein d'entrain avec lequel je n'ai échangé aucune autre information, m'avait demandé de revenir dans la semaine.

Contraint par les événements, j'avais agréé. Il m'avait promis de trouver une solution pour amener cette copie à portée de main de mortels et de la mettre de côté pour moi. Était-ce pour tester ma détermination ?, me demanderez-vous peut-être. Et bien non. Lorsque je suis revenu, le jeune homme était muni d'un manche à balais et il a utilisé ce bâton pour faire tomber la cassette sur l'étagère et la tirer vers lui. Moi, j'étais toujours dehors pour diriger la manœuvre. Je l'ai acheté pas cher : 100 francs. Et voilà comment je suis enfin entré en possession de ma première copie de Fog. Évidemment, je l'ai visionné dès que je suis rentré chez ma maman.



A l'époque, pour moi, TF1 video représentait le diable, le lavage de cerveau et la débilisation de l'humanité des français. J'étais peut-être prétentieux ou un peu trop sûr de moi jusqu'à ce que le grand dirigeant de la chaîne (Patrick Le Lay) l'admette publiquement. J'ai donc effacé la marque de cet empire médiatique de la jaquette de Fog afin que les 2 ne soient pas associés l'un à l'autre. D'ailleurs, l'éditeur avait pan&scané l’œuvre de John Carpenter. Les bords de son magnifique scope étaient rognés et l'image était étirée pour être conforme au format 4/3 sans bandes noires.

Mais je dois avouer quelque chose : même si le Pan&Scan est une horreur de procédé qui défigure les œuvres des cinéastes et créateurs (je déteste et désapprouve ce procédé), une chose a joué en sa faveur dans mon histoire avec le cinéma et le Pan&scan. Une toute petite. Une seule. J'espère qu'on me la pardonnera de la mentionner. Cela se déroule lorsque l'un des marins se fait tuer au tout début du film. Il remarque que tous les instruments de bord sont cassés et fixe la brume depuis la cabine de navigation :
  • en Pan&Scan on ne voit pas le fantôme s'approcher de lui, ce qui renforce l'effet de surprise (car on se doute bien qu'il ne s'agit pas d'un de ses potes) : l'apparition suffit à faire sursauter
  • alors que, sur l'édition DVD, en vrai format respectueux de l'original, on voit le fantôme ouvrir la porte de la cabine et s'approcher lentement vers sa proie (le meurtre est donc prévisible alors qu'il était surprenant). 
Je déteste l'avouer mais, en terme de tension, le marin a bien l'air stupide ou trop concentré sur le brouillard car il se laisse avoir très naïvement. Le sursaut produit par la déformation Pan&scan ne fonctionne pas en cinémascope original. C'est dommage. C'est l'une des raisons qui m'ont fait apprécier en première vision Fog.

Mais, heureusement, le DVD a rectifié tout le reste : le format scope qui a une grande importance pour rendre efficace l'ambiance délétère et catastrophiste du film.

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