La sélection de Donc Acte !

Donc Acte ! ne suit pas l'actualité cinéma à la loupe. Donc Acte !, qui s'est intitulé Le cinéphobe pendant une courte période, n'a pas pour passe-temps de visionner des pelloches de cinoche. Donc Acte ! ne va pas souvent voir une œuvre en salles. L'envie est rare. Le plaisir est d'autant plus intense lorsque je suis satisfait par une rencontre du 7ème art. Certains films m'inspirent des réflexions ; c'est ce que je souhaite partager. Je ne propose pas de thèses et il m'arrive de gâcher les histoires en racontant la fin. Vu que je ne mets pas ce qui a été fait de l'invention des frères Lumière sur un piédestal et que je suis des fois moqueur, Donc Acte ! peut ne pas plaire.

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mercredi 20 juillet 2011

La sélection du mercredi

Mercredi 20 Juillet 2011

La seconde sélection du mercredi ne s'avère pas favorable à ce que je m'étende sur les films proposés en salle cette semaine. Les bandes-annonces que j'ai vu m'ont donné envie de traiter l'ensemble avec le dos de la cuillère. Donc Acte.

M. Popper (2011) est incarné par Jim Carrey. Il a une femme et des enfants. Il bosse comme un Dieu. Il a un superbe appartement flambant neuf jusqu'au jour où un individu de sa famille (je crois que c'est son père) malheureusement décédé lui envoie des pingouins congelés en lègue. Ces nouveaux compagnons apportent l'imprévu nécessaire à M. Popper pour se détourner, en ces temps de crise financière et économique, de son travail. Mais ses enfants l'adorent quand il transforme son appartement en réfrigérateur grand luxe. Les pingouins aiment aussi. M. Popper leur apprend à danser en rythme. Fin.

Jim Carrey, qu'es-tu devenu ?


Les contes de la nuit (2011) est un film d'animation fait par quelqu'un (habitant à Oslo ou jouant aux osselets) qui a réalisé Kirikou et un autre film commençant par un A que je n'ai pas vu et que je ne verrai jamais. Les personnages et animaux du film sont dessinés en silhouettes. C'est-à-dire que le responsable de l'animation a soit dessiné des contours soit découpé du papier-carton et l'a colorié en noir. Le tout est en 3D. J'ai cru apercevoir un contour de hibou ou de chouette foncer vers le premier plan. Ses yeux étaient verts. Puis quelques confettis volent. Ceci était censé faire œuvre d'explosion visuelle. Fin.

Qu'est devenue la 3D ?



Je ne chroniquerai pas J'aime regarder les filles (2011). J'ai l'impression d'avoir vu le film. Un adolescent veut se faire une bourgeoise. Il se fait taper. Fin.

Que sont devenus les adolescents ?



La bande-annonce du Le Sang des Templiers (2011) constitue le chef d’œuvre de la semaine. Elle commence par une magnifique exposition des prémisses d'une guerre. Des bateaux aux abords d'une plage. Un petit roi joufflu fait son monologue : "attention, va y avoir du grabuge." Puis un gros roi joufflu se mêle à l'affaire. Voilà qui leur manque des individus pour empêcher l'invasion ... mais ensuite je n'ai plus rien compris. Les deux rois se montent l'un contre l'autre. Ou alors, le petit roi joufflu était du côté des navires au début de la b-a. En tout cas, il y a un siège de château. Le petit joufflu en veut au gros joufflu parce qu'il a des templiers dans son armée. Est-ce le cas ? Se battent-ils pour avoir des templiers dans leurs armées ou se battent-ils pour empêcher l'invasion ? J'ai cru à un moment qu'il s'agissait de deux rois qui s'affrontaient en guerre civile alors que l'ennemi commun est sur leur plage. Mais un templier à l'armure ensanglantée et équipée de sa fidèle épée va tout arranger au final, même s'il est dos au mur et encerclé. Fin.

Qu'est devenue la lisibilité d'une bande-annonce ?


Attack the Block (2011) est l'histoire d'extra-terrestres qui envahissent la cité. Nick Frost répond présent à l'appel. Il devrait donc y avoir un humour second degré, dérisoire et auto-dérisoire. Surtout que les producteurs de Shaun of the Dead (2003) sont derrière l'affaire. J'ai cru voir un gros ours ouvrir la bouche et crier. L'extra-terrestre est donc un ours.

Que sont devenus les extra-terrestres ?


The Trip (2010) de Michael Winterbottom (dit la fesse d'hiver) avec Steve Coogan. Ce dernier est un humoriste anglais. Je ne le trouve pas drôle du tout. Dans ce film d'un auteur que j'exècre, Steve Coogan joue le rôle de Steve Coogan. Le voir se pavaner dans la campagne du Royaume-Uni en affichant au travers de lui-même tous les défauts de sa personnalité d'arrogant prétentieux brutalement honnête m'a incité à ne pas finir de regarder la bande-annonce.

Qu'est devenu l'humour british ?


Submarine (2010) a toutes les allures du film de la semaine. Métrage sur des adolescents qui vivent les émois d'adolescents. Le tout est enrobé d'humour décalé, satirique et, donc, brillant. Quelques petits décadrages soulignent l'étrangeté du sentiment accompagnant les changements de l'âge ingrat. Les parents sont originaux et pourrissent la vie de leurs enfants. En fond sonore de la musique à la mode. Le tout est présenté par Ben Stiller. Voilà une perle que Première, Studio et Les Inrockuptibles devraient adorer, et, que les spectateurs devraient installer aux côtés de Little Miss Sunshine et Juno.

Qu'est devenue mon adolescence ?




Je termine avec The Murderer (2011) qui narre les mésaventures d'un homme qui accepte de partir en Corée pour tuer sur contrat un individu inconnu. Il se retrouve pris au piège entre la police locale et ceux qui l'ont engagé. Il est en fuite mais il tient à savoir qui l'a mis dans cette situation bien compliquée. Et bien, mon bonhomme, je te délivre : c'est toi ! Tu n'avais qu'à refuser ce boulot.

Qu'est devenue la morale ?






Moi, basé sur la mauvaise foi et l'envie de ne pas perdre de temps, je ne vais pas aller au cinéma cette semaine.

vendredi 8 juillet 2011

Fighter

Vendredi 8 Juillet 2011
Hors du temps

David O Russell figure parmi mes réalisateurs favoris. Bien que je n'ai malheureusement pas trouvé d'intérêt à I Heart Huckabees de 2004, ses films reposent sur des pitchs amusants, bien que des fois moralement choquant, et proches des aspirations de tout à chacun. La recherche de modèles, de moyens financiers, de fierté et de respect figurent parmi ses thèmes choisis. David O Russell réussit des films drôles, émouvants et intelligents sur la prise de conscience d'éléments de vie importants pour des individus dont les repères sont confus. Il a mis en scène le sympathique Flirting with Disaster en 1996 avec Ben Stiller et le malin Three Kings en 1999 avec George Clooney, Mark Wahlberg, Ice Cube et Spike Jonze. Dans Flirting with Disaster, le personnage Ben Stiller apprend que les parents qui l'ont abandonné sont des hippies vivant dans une propriété isolée dans le désert d'Arizona avec leur autre fils biologique très irascible aux tendances meurtrières. Ils y cultivent de la drogue douce, ce qui remet en question la quête de modèles à suivre de Mel Coplin. Dans Three Kings, une troupe de soldats américains découvre les vertus de l'humanisme en Irak. Ils essaient pourtant de subtiliser à la barbe des forces armées des USA l'or du Koweit confisqué par Saddam Hussein pendant la première guerre du Golfe.

Réalisé en 2011 par David O Russell et produit par Darren Aronofsky, Fighter suit la progression d'un boxeur issu d'un milieu pauvre américain pour remporter un titre de champion de boxe international.

Micky Ward est un boxeur issu d'une famille d'ouvriers du Massachusetts. Sa mère, Alice Ward, gère maladroitement sa carrière, et, Dickie Ecklund, son frère, gloire de Lowell pour avoir mis K.O. Sugar Ray Leonard en 1978, est son entraîneur. Or, en 1993, la carrière de Micky stagne et il enchaîne les défaites. Il blâme pour cela son entourage proche qui n'éprouve aucun scrupule à le faire affronter un adversaire de catégorie supérieure pour l'argent. Battu à plate couture, Micky en conclue qu'il ne faut pas mélanger profession et famille. Il décide de voler de ses propres ailes. Il répond favorablement à un manager qui l'a sollicité. Et il entame une relation amoureuse avec Charlene Fleming, une jeune femme au caractère bien trempé qui va l'aider à s'affranchir de l'influence négative de sa mère, de ses sœurs et de son frère.

Dans Fighter, David O Russell joue habilement avec les points de vue. La focalisation est souvent remise en question : entre famille et personnes extérieures (comme Charlene), entre fans de boxe et regard détaché d'intérêt pour ce sport. La marche des deux frères côte à côte avant l'apparition du titre du film montre à la fois qu'il ne s'agit pas que d'une histoire de famille mais aussi d'une histoire de société. L'importance de l'intervention de l'équipe d'HBO pour filmer l'ancienne gloire de Lowell, Dick Ecklund, joue un rôle conséquent sur l'évolution des personnages et du récit. Ce regard critique n'existe pas au sein de la famille Ward / Ecklund et de l'entourage. Ce qui se rapporte au sujet de Fighter : la place de la famille dans une société individualiste, et, la place de l'individu dans sa famille.

Dick Ecklund et Micky Ward.

Fighter vaut pour sa partition réaliste et censée. Même si le film s'annonce comme étant humoristique et décontracté, l'ensemble tragicomique est caractérisé par un sous-texte politique et social. L'absence de culpabilisation de la pauvreté fait un bien fou au récit. La dérision est préférée pour dépeindre un milieu difficile touché par le chômage et la drogue.

La question de l'exploitation au sein de la famille et en société reste centrale. L'entreprise familiale ne met pas les individus face à leurs responsabilités individuelles, seulement face aux devoirs collectivistes. Cette petite mafia, appuyée par un membre des forces de l'ordre locale, souffre d'une pauvreté et cherche à gagner sa respectabilité en restant unie mais les points de vue extérieurs, Charlene, HBO et le manager étranger (considéré comme un exploitant de chair humaine par Alice Ward) remettent chaque personnage face à ses envies. Ceux-ci doivent tirer les leçons des intérêts extérieurs centrés sur l'individu surtout que l'addiction à la drogue du frère conduit ce personnage à faire de multiples faux-pas et à attirer des ennuis à Dickie. 


Les multiples revirements de points de vue servent également à émouvoir le spectateur. Quelques scènes à priori comiques virent au dramatique par un simple changement d'angle de caméra. Je fais référence à la scène où Christian Bale se vante, dans une crack-house, devant la caméra de HBO de sa victoire face à Sugar Ray Leonard. Cette utilisation de l'angle de vue force le respect car elle ne choque pas mais elle permet l'apitoiement, la compréhension et la tristesse. Cette intervention a lieu à la moitié du film. Le regard sur le milieu présenté jusque là s'approfondit davantage. Fighter n'est pas qu'un film sur la boxe.


Sur les richesses du film, il faut rendre grâce à David O Russell de traiter des aspects dramatiques sur un mode raisonnablement comique ; Dick Ecklund fuyant sa mère en sautant par la fenêtre alors qu'elle vient le chercher à la maison où il se drogue, le gang de sœurs dont il semble bien qu'elles soient toutes au chômage et célibataires vivant ainsi par procuration leurs propres vies, tout comme la mère vit par procuration au travers de ses fils délaissant ses filles. Le traitement humoristique de cette noirceur humaine permet de ne pas alourdir la misère sociale décrite ni de blâmer l'addiction au crack du grand frère qui est la victime responsable de sa propre mélancolie. 

-SPOILER ALERT-

Mais l'émotion prend aux tripes lorsque Dickie manque de pleurer après que son petit frère ait remporté la victoire du titre de champion. Cette magnifique histoire d'amour et familial met l'accent sur un groupe uni  acceptant une influence extérieure afin de gagner pour eux-mêmes ces titres, et non pour se vanter de leur valeur aux autres.

-FIN SPOILER ALERT-

P.S. : I Heart Amy Adams.