La sélection de Donc Acte !

Donc Acte ! ne suit pas l'actualité cinéma à la loupe. Donc Acte !, qui s'est intitulé Le cinéphobe pendant une courte période, n'a pas pour passe-temps de visionner des pelloches de cinoche. Donc Acte ! ne va pas souvent voir une œuvre en salles. L'envie est rare. Le plaisir est d'autant plus intense lorsque je suis satisfait par une rencontre du 7ème art. Certains films m'inspirent des réflexions ; c'est ce que je souhaite partager. Je ne propose pas de thèses et il m'arrive de gâcher les histoires en racontant la fin. Vu que je ne mets pas ce qui a été fait de l'invention des frères Lumière sur un piédestal et que je suis des fois moqueur, Donc Acte ! peut ne pas plaire.

dimanche 23 octobre 2011

Landru

Dimanche 23 Octobre 2011
Octobre Rouge #19

Landru, Claude Chabrol, 1963, France.

Claude Chabrol, le cinéaste de Que la bête meure, a traité l'affaire Landru avec humour et dérision. Ce film est une farce, une œuvre de vaudeville où la satire bourgeoise chère au cinéphile de la Nouvelle Vague est loin de l'analyse psychologique ou de la mise en tension en règle dans une œuvre avec un tueur en série. Ainsi, Chabrol passe tout son temps à suivre le citoyen Landru avec sa caméra dans des décors de scènes théâtrales et à se moquer des politesses de classe surélevée d'époque.

Il va sans dire que le bon vieux Henri-Désiré aurait pu aller frapper à la porte du gendarme pour demander une place au souper. Il n'avait pas besoin de faire tant de chichis et d'escroquer tant de femmes esseulées. Il aurait suffit de rester en bon terme avec le fonctionnaire de proximité. Il aurait reçu une tape sur l'épaule après avoir avoué ses difficultés financières. René le képi et Henri-Désiré auraient ri et pleuré. Le voisin en uniforme lui aurait même prêté un peu de sou. Il n'y a rien d'insolvable en ce bas monde. Les crimes du barbu bleu n'étant pas une histoire de perversion sexuelle (Bleu Landru tuait pour le profit financier), comment donc en vouloir au pauvre chou ?

De surcroît, Henri-Désiré était typiquement français ; il était un beau parleur que le ridicule et la peur n'atteignaient pas. Il mettait de beaux costumes et avait des manières. Il portait le chapeau et la canne. Sans aucun suspense, il assassinait une succession de naïves victimes charmées par la courtoisie d'un tueur rigoureux. Pour adoucir l'horreur des crimes d'un sadique, Henri-Désiré a même eu droit à son réquisitoire façon Émile Zola sur le banc des accusés. Décontracté comme un chaton protégé par sa maman, Henri-Désiré nous a fait l'honneur de son éloquence avec laquelle il invitait les femmes à le rejoindre dans sa maison de campagne avant de les découper et de les brûler au poêle.

Michèle-Ce Claude est d'une drôlerie ! Quel comique, ne trouvez-vous pas ?!
Henri-Désiré-Il a ses mérites. Quant à moi, je vous promets que vous apprécierez ma verve quand je vous assaisonnerai de mille feux !
Michèle-J'attends cela en trépidant de ferveur.
Henri-Désiré-N'est-il pas.



Henri-Désiré Landru.

Henri-Désiré Landru était un tueur en série français qui a essentiellement œuvré durant la Grande Guerre (de janvier 1915 à janvier 1919). Il attirait grâce à une annonce dans un journal des cœurs solitaires des veuves de soldats au combat afin de mettre dans son escarcelle davantage de fonds financiers. Son charme et son éloquence lui permettaient de s'attirer leur confiance avant de tuer et de brûler ses 11 victimes dans un four pour effacer les traces de ses méfaits. Il fût guillotiné en 1922.

2 commentaires:

  1. A quand un papelard sur "Le boucher" ? :)

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  2. Oh oui, l'histoire d'amour entre Jean Yanne et Stéphane Audran était du plus bel effet ;)

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