La sélection de Donc Acte !

Donc Acte ! ne suit pas l'actualité cinéma à la loupe. Donc Acte !, qui s'est intitulé Le cinéphobe pendant une courte période, n'a pas pour passe-temps de visionner des pelloches de cinoche. Donc Acte ! ne va pas souvent voir une œuvre en salles. L'envie est rare. Le plaisir est d'autant plus intense lorsque je suis satisfait par une rencontre du 7ème art. Certains films m'inspirent des réflexions ; c'est ce que je souhaite partager. Je ne propose pas de thèses et il m'arrive de gâcher les histoires en racontant la fin. Vu que je ne mets pas ce qui a été fait de l'invention des frères Lumière sur un piédestal et que je suis des fois moqueur, Donc Acte ! peut ne pas plaire.

vendredi 7 octobre 2011

Sweeney Todd

Vendredi 7 Octobre 2011
Octobre Rouge #1

Le cycle Octobre Rouge s'ouvre avec une histoire fondée sur des événements plus ou moins avérés. Le récit original de The String of Pearl : A Romance (James Rimer et Thomas Prest) écrit en 1846 dans lequel apparait pour la première fois Sweeney Todd est inspiré de plusieurs faits divers et des éléments de conte et de poème. Sweeney Todd était un barbier londonien du XIXe siècle qui tranchait la gorge de ses clients et se débarrassait de leurs cadavres avec la complicité de sa maîtresse, Mrs Lovett. Elle les farcissait en friands à la viande et les vendait dans sa boutique. Il se peut que les auteurs Rimer et Prest aient entendu parler d'une histoire similaire qui se serait déroulée en France en 1387. A Paris, un barbier tranchait la gorge aux clients de passage et fournissait à un pâtissier les corps afin qu'il fabrique des pâtés en croûte réputés dans la ville tout entière. Mais rien n'est sûr.

Au pire, ce récit facétieux est un mythe urbain fondé sur des faits probables.

Au mieux, Sweeney Todd est une création due à un assemblage malin.

Entre les deux, Sweeney Todd a vraiment existé ... ou pas.

Pour ma part, je tiens toutes ces informations de Wikipedia.


Sweeney Todd, Tim Burton, 2007, USA.

Je commence mal mon dossier car je ne me souviens en rien du film de Tim Burton à part d'une trappe sous le fauteuil du barbier sanglant au look plutôt cool. Moi qui porte la barbe, je devrais trembler de peur rien qu'à l'énoncé de l'histoire. Mais Sweeney Todd ne m'a laissé aucune impression. De plus, je suis attaché à mes poils capillaires. Lorsqu'un long-métrage ne me fait pas dépasser le cadre de ma personne, c'est qu'il vaut mieux pour moi ne pas continuer à le regarder. D'ailleurs, cet article devrait concerner mon cas de tueur en série de mauvais long-métrages.

Perso, j'ai tellement vu de films que j'ai enchaîné les bouses par paquet de cent. Les merdes sont légion, les ratés sont nombreux, ceux qui occupent un peu de temps sont convenables, les bons sont frustrants, les très bons sont réjouissants, les chefs d’œuvre sont rares. De fait, je fais le ménage dans mon esprit en assassinant toute trace que les pires idées de cinéma aient pu planter et laisser germer. Ma santé mentale en dépend. Je garde ma mémoire pour les bonnes choses. Pour cela, je sors toute ma bile quand une pellicule le mérite. Je la pose en vers, en prose, dans des formats prédestinés à l'escamotage de ces tentatives de sabordage de l'humain que sont les non-films. Ma psychopathologie, là voilà, je ne supporte pas les insultes au cinématographe. Je n'ai aucune pitié. Ma réponse a été de constituer une DVDvidéothèque à mon goût où les œuvres priment sur les auteurs ; Ed Wood et Beetlejuice sont les seuls Burton à faire partie de ma collection.

Sweeney Todd voudrait en faire partie qu'il ne le peut car il laisse totalement indifférent.

Le coupable est Tim Burton. Sa psychopathologie personnelle prend forme dans l'éviscération de ses travaux. Il a complètement vendu son style visuel gothico-romantique aux préposés de narration transparente de gros studios hollywoodiens qui polissent même les surfaces plates. Beetlejuice était la comédie du siècle avec Ghostbusters et Les Goonies quand j'avais 12 ans. L'imagerie déployée dans cette comédie morbide était inventive. Michael Keaton en faisait des tonnes. C'était la première fois que je riais de la mort. C'était sympa. Je l'avais vu après Edward Scissorhands son film autobiographique (je craquais pour Winona Ryder au début des années 1990's). J'ai été voir Great Balls of Fire! et Coppola's Dracula pour la même raison. Puis j'ai apprécié Ed Wood le film testament et chant du cygne de Timmy "Vincent" Burton.

Winona Ryder en 1990

Avant les dernières années s’égrainant vers le troisième millénium, Tim était un cinéaste captivant. Les ambiances sombres environnant des personnages frêles et fragiles proche de l'effondrement moral et psychique conduisait inévitablement le garçon sensible que j'étais à prendre confiance en moi malgré une sensibilité de fils à maman. Je me sentais moins seul dans ma perception du monde. Il existait plus catastrophique difficulté d'acceptation sociale que la mienne. Depuis, Tim tourne des comédies musicales.

Il tue ses films en série.

Mars Attacks ! était risiblement évidente de simplisme. Tim tournait en dérision tout ce dont il fallait se moquer à l'époque pour être populaire. Entre autres, Jack Black montrait sa raie dans un uniforme trop serré (ahah les militaires), des white-trash défendaient leur télé corps et âme (ihih les white-trash), l'avocat Danny de Vito magouillait un deal avec les E.T. verts cancanant comme des canards (ohoh l'avocat et eheh les martiens), des ados tuaient du cerveau sous cloche comme dans un jeu vidéo (politique : les jeux vidéos ont du bon), et, un adolescent en mal d'affection tuait les martiens envahisseurs grâce à un morceau de country chanté dans les aigus fortement perchés (uhuh la country mais politique : elle aussi peut être utile). Il y avait aussi des embrouilles familiales à la Maison Blanche (ahah personne n'est parfait). Bref, Tim le poète gothique perdait son âme à jouer à la grande gueule de la classe sur un champ de bataille fictif de rires croisés où tous sont visés.

La comédie type des années 1990 : rien ne tient plus debout.

Sleepy Hollow est un film que j'ai souvent envie de revoir. Et je suis souvent déçu. Il faudrait que je lise le récit littéraire original de Washington Irving une bonne fois pour toutes.

La plus grosse et irréparable des conneries qui a lié ma déception au nom de Tim Burton pour l'éternité (quoique Batman a aidé) était due à la création du remake de Planet of the Apes. Ce nanar faisait penser à une version ultra-alternative en roue libre d'un comics torché pendant la phase de démarrage d'une firme sans dirigeants ni ligne éditoriale adaptant tout ce qui est libre de droits. D'ailleurs, les copies DVD du film doivent traîner dans les seaux à braderie des boutiques de BDs et de comics du monde entier. Il y a de ces films comme ça que l'on n'a jamais envie de revoir pour les réévaluer.

Les noces funèbres et Sweeney Todd m'ont fait espérer un retour en grâce de mon enfance mais les effets de mode de critique ciné sont aussi désespérants que l'engouement pour un cinéaste qui filme des personnages habillés en noir la nuit dans le brouillard pour caricaturer le meilleur dans ce Sweeney Todd.

Pourquoi me fais-je encore avoir en regardant les films d'un auteur devenu insipide parce que je suis majeur et vacciné et qu'il a viré meneur de revues plongées dans la pénombre et actées par des visages tristes ? Suis-je idiot d'avoir la foi de retrouver la grâce d'une autre réussite comme Ed Wood ? Tout cela est de la rhétorique. Pourquoi m'y attarder ? Pour un dossier sur un blog. J'espère néanmoins que Tim ravit toujours les petits et les plus petits. En tout cas, il sait travailler le look de Deppy.

Tim Burton au troisième millénium

2 commentaires:

  1. Complètement d'accord sur Beetlejuice, sur le visage d'ange et le corps de pute de Winona Ryder et sur cet amas de saloperies que sont Sweeney Todd et tous les Burton depuis des lustres.

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  2. Winona Ryder a un corps qui suggère qu'on lui susurre des mots doux.

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