La sélection de Donc Acte !

Donc Acte ! ne suit pas l'actualité cinéma à la loupe. Donc Acte !, qui s'est intitulé Le cinéphobe pendant une courte période, n'a pas pour passe-temps de visionner des pelloches de cinoche. Donc Acte ! ne va pas souvent voir une œuvre en salles. L'envie est rare. Le plaisir est d'autant plus intense lorsque je suis satisfait par une rencontre du 7ème art. Certains films m'inspirent des réflexions ; c'est ce que je souhaite partager. Je ne propose pas de thèses et il m'arrive de gâcher les histoires en racontant la fin. Vu que je ne mets pas ce qui a été fait de l'invention des frères Lumière sur un piédestal et que je suis des fois moqueur, Donc Acte ! peut ne pas plaire.

jeudi 23 juin 2011

Sucker Punch

Mercredi 22 Juin 2011
Nuit

Zack Snyder est un réalisateur à part. Il aime l'action et donc ne réfléchit pas à deux fois aux projets dans lesquels il se lance. Il a ainsi vidé les tripes (littéralement et figurativement) du remake de Dawn of the dead, tourné en 1978, de George Romero afin de filmer L'armée des morts en 2004, actionner bourrin qui met en évidence la logique bien personnelle du bonhomme. Du muscle, des flingues, de la sueur, un monde sur le point de sombrer (ou un monde post-apocalypse), une philosophie de surface et une utilisation plus ou moins judicieuse de morceaux de musique populaire. On le soupçonnerait presque d'opportunisme ou d'être simpliste.

Il réalisa ensuite sur écrans verts 300 en 2006, un film où le récit épique justifie qu'une frange d'individus dédiée à défendre la liberté pratique l'eugénisme, inflige des mauvais traitements et autres humiliations à leurs enfants, afin d'imiter le cri du loup à la lune à moitié à poil et conter leur gloire et leur supériorité.

 Oui, nous avons survécu au tri sélectif à la naissance. Mais nous n'avons pas échappé à l'Agoge où nous nous sommes fait mettre à plusieurs reprises par nos mentors.

Zack Snyder a aussi commis Watchmen en 2009 où les protecteurs du monde libre (encore eux !) doivent exploser le joli petit visage du monde libre lui-même (c'est eux qui l'ont décidé ... ils n'ont pas organisé de référendum) vu qu'il sombre dans une décadence morale et une désobéissance civile qu'aucune solution raisonnable ne viendrait soigner. Quel masochisme !

Pour sauver le monde, il faut le faire péter !

Puis j'ai zappé son histoire de hiboux guerriers (?!) en 2010. Il faut pousser un peu grand-mère dans les orties pour trouver des volontés belliqueuses aux hiboux et aux chouettes. Je sentais donc la répétition se profiler à vue de bande annonce. L'empathie du sieur gentilhomme pour les grosses têtes de nœuds qui pense au fer et au sang avant de songer à la diplomatie constitue le cœur de sa filmographie. J'avais compris.

Vint Sucker Punch en 2011. Film qui m'a intéressé pour deux raisons :
  1. Un pote m'a informé de la superficialité de ce film
  2. Des jolies femmes sont en tête d'affiche
1 + 2 = J'ai tout de suite flairé l'occasion de me rincer l’œil sans me prendre le choux. Le casting m'étant relativement inconnu, j'allais découvrir de nouveaux visages ... entre autres choses.

Et là, surprise ! Zack a de la sympathie pour autre chose que pour les types à la Lundgrris, Schwarzlone et Van Damned, torse nu et bodybuildés... il a également de la sympathie pour les femmes. Des femmes. Certaines femmes. Des jeunes femmes. Des jeunes femmes qui s'habillent très court vêtu, avec des décolletés pigeonnants (des push-up bras plus exactement), qui font des sauts périlleux et autres galipettes aériennes (ça me rappelle les heures passées à mater à la télé la gymnastique acrobatique, la natation, le tennis et le patinage artistique féminins pendant mes années d'adolescence ingrate, sachant que je n'avais bien sûr aucun intérêt pour les sports cités).

Je tiens à préciser que je sympathise avec vous, mesdemoiselles.

Snyder tire donc une larme en composant cette fable sur des filles pin-up qui flinguent à tout va des zombies nazis, des orques, des dragons (un petit et sa mère ... quelle cruauté !), des robots, des samouraïs géants, etc ..., et, se battent pour la liberté (ah la brave liberté aura donné naissance à bien plus qu'au tupperware et au sac plastique payant dans les grandes surfaces ; dire qu'on lui reproche la tyrannie de la majorité et le retrait de la vie civile ... non mais je vous jure ! Y en a qui se battent pour la liberté ! Un peu de respect merde !). Dans ce film, les filles castagnent pour sortir d'une maison de putes qui est, en vrai, un asile psychiatrique pour jeunes et jolies choses.

Des personnages du sexe faible enfermés en maison de fous et en bordel, Snyder n'a pas décidé de travailler sur les clichés des rôles de femmes au cinéma. Il a ressorti du bréviaire des fantasmes du machisme niais des chéries faisant office de tartes-à-la-crème et de bonbons à sucer et à lécher. Mis à part que Zack ait bon goût en matière de casting féminin, je pense qu'il aime bouder son plaisir (et le mien du coup) car ce film me pose un énorme problème.

Mais non ! Zack ne veut pas nous catégoriser en putes cinglées au grand cœur. Moi, Baby Doll, je suis une femme forte !

Zack Snyder pourrait être respectable si ce n'est que la qualité de ses fantasmes n'est pas à la hauteur des délires de Métal Hurlant, de Gerald Potterton, fait en 1981, où un chauffeur de taxi gras et crado se tapait une superbe bombe après (ou avant) avoir butté le connard qui la faisait chier, et, où un adolescent malingre et boutonneux devenait un super Musclor sur une planète à l'autre bout de la galaxie, et tabassait plein de monstres pour finir dans les bras d'un parfait croisement de femme de page centrale de playboy et de super modèles à la Claudia Schiffer.

Moi, je sais me faire plaisir !

-Spoiler Alert-


Contrairement à l'autodérision développée dans le dessin animé futuriste culte, Sucker Punch a une histoire qui a du fond. Et elle est glauque à souhait. Ces filles sont en fait victimes d'abus sexuels de la part des infirmiers de l'institut psychiatrique. Loin de moi l'envie de vouloir assister à l'horreur de viols répétés, mais prendre son pied sur une mise en parallèle d'un univers fun proche du jeu vidéo où de sympathiques pin up sautent partout en dévoilant leurs culottes de coton noir et soulignant leurs lignes de poitrine, de hanche, de fesses et de jambes (pour la supposée joie du spectateur) alors que, pendant ce même temps, elles se font violées à répétition, tient de la torture mentale. Ça, ça suffirait à faire débander DSK. Ce film est ignoble. Comment s'amuser devant pareil spectacle ? Je n'ai jamais vu un tel concept de divertissement. Et j'espère ne jamais en revoir.

Là, on est probablement en train de se faire violer. Mais c'est pas grave, c'est un film de divertissement sensible, profond et humain !

-Fin Spoiler Alert-

Zack ! Merde ! Réfléchis merde !


Post Scriptum :

J'ai versé une larme pour toi, Rocket :'(
4everLoveYou Rocket / Jena Malone ;)

1 commentaire:

  1. C'est géant ça :
    "Il réalisa ensuite sur écrans verts 300 en 2006, un film où le récit épique justifie qu'une frange d'individus dédiée à défendre la liberté pratique l'eugénisme, inflige des mauvais traitements et autres humiliations à leurs enfants, afin d'imiter le cri du loup à la lune à moitié à poil et conter leur gloire et leur supériorité."

    300 est superbement bien épinglé !:D

    Pour Sucker Punch : je te rejoins complètement et la question que tu soulèves est intéressante.

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