La sélection de Donc Acte !

Donc Acte ! ne suit pas l'actualité cinéma à la loupe. Donc Acte !, qui s'est intitulé Le cinéphobe pendant une courte période, n'a pas pour passe-temps de visionner des pelloches de cinoche. Donc Acte ! ne va pas souvent voir une œuvre en salles. L'envie est rare. Le plaisir est d'autant plus intense lorsque je suis satisfait par une rencontre du 7ème art. Certains films m'inspirent des réflexions ; c'est ce que je souhaite partager. Je ne propose pas de thèses et il m'arrive de gâcher les histoires en racontant la fin. Vu que je ne mets pas ce qui a été fait de l'invention des frères Lumière sur un piédestal et que je suis des fois moqueur, Donc Acte ! peut ne pas plaire.

lundi 24 octobre 2011

L'auberge rouge

Lundi 24 Octobre 2011
Octobre Rouge #20

A Peyrebeille, hameau d'Ardèche, en 1831, un couple d'aubergiste, Pierre Martin, sa femme Marie Breysse, son neveu André et leur domestique Jean Rochette sont accusés de meurtres. Un témoin, le mendiant Chaze, a dormi, soit volontairement soit invité par les Martin, en compagnie d'Antoine Enjolras, un paysan voisin, dans la grange de l'"auberge rouge" la nuit du 12 octobre 1831. Ce dernier avait disparu au petit matin. Grande gueule et soiffard, ou plein de bonne foi, Chaze échangea en langue occitan une anecdote d'assassinat du quidam par les propriétaires du lieu donnant de la véracité aux rumeurs préexistantes. Le corps d'Enjolras fut retrouvé le 26 octobre suivant. Pour les paysans du coin, depuis 2 décennies, les Martin avaient de toute façon assassinés des dizaines de voyageurs dans leur auberge afin de les dépouiller de leur argent. Ils se seraient débarrassés des corps en les faisant cuire à la marmite ou en les brûlant. Ils ne leur manquaient que la preuve. Le jugement qui se déroula en langue française innocenta le neveu et conduisit les époux et leur employé (ne parlant pas le français) à la guillotine en 1833 pour le seul meurtre d'Antoine Enjolras. Deux théories s'affrontent depuis les faits : celle de l'erreur judiciaire qui se serait fait l'écho des ragots colportés par la jalousie des moins fortunés de Peyrebeille, et, le véritable massacre intéressé pour lequel les preuves manquent (mais les Martin étaient rusés et laissaient le soin à la rude faune et flore hivernale ardéchoise d'altérer les états des cadavres pour qu'ils soient méconnaissables et que personne ne puisse savoir ce qui leur étaient arrivés ... et la marmite alors ?). Deux événements ont contribué à l'inculpation à mort des Martin et de Rochette : en outre du témoignage de Laurent Chaze, l'avocat de Jean Rochette a accepté de plaider l'irresponsabilité pour son client, blâmant l'influence de ses maîtres ; ce qui n'a pas évité à Rochette la potence.


L'auberge rouge, Claude Autant-Lara, 1951, France.

Les époux Martin : erreur judiciaire ou non ? Jean Aurenche le scénariste et Claude Autant-Lara le réalisateur ne s'en souciaient pas pour composer une farce macabre plus audacieuse qu'efficace et originale. Les auteurs ont choisi, comme Chabrol avec Landru pour Landru, de s'amuser avec l'anecdote du coupe-gorge ardéchois. L'auberge rouge héberge d'ailleurs l'une des scènes mythiques de la cocomédie-corico : Fernandel, moine légèrement lâche mais de bonne volonté, accorde le secret de la confession à la patronne des lieux pour qu'elle se soulageasse du poids de ses péchés alias ses crimes sanglants au travers d'une grille à châtaignes. Mais la pelloche réserve son lot d’agacement. La peur et l'horreur sont-elles drôles ? En quoi cette tendance artistique ou psychologique (humaine) qui consiste à traiter des histoires abominables avec une certaine légèreté permet d'en rire ? Avez-vous une réponse ? John Landis avait parfaitement dosé horreur et humour en alternant les deux dans Le Loup-garou de Londres (1981). Mais, retirer toute la gravité propre aux assassinats crapuleux permet-elle d'en rire ? Non.

Mot d'esprit : L'auberge rouge s'adresse aux chrétiens. Le film s'ouvre sur une complainte chantée dont les premiers mots sont "Chrétieeeeeens ! Venez tous écouteeeeeer !". Je ne suis donc pas concerné et je ne souhaite pas faire preuve d'esprit téméraire (Que le temps a passé pour que l'on puisse penser qu'un film s'attire les faveurs du plus grand nombre en faisant appel aux chrétiens ... de nos jours, L'auberge rouge serait considéré comme un film communautariste). Sur une note personnelle et d'époque, je ne visionne pas les longs-métrages qui ne me sont pas directement dédiés. Donc Acte !

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