La sélection de Donc Acte !

Donc Acte ! ne suit pas l'actualité cinéma à la loupe. Donc Acte !, qui s'est intitulé Le cinéphobe pendant une courte période, n'a pas pour passe-temps de visionner des pelloches de cinoche. Donc Acte ! ne va pas souvent voir une œuvre en salles. L'envie est rare. Le plaisir est d'autant plus intense lorsque je suis satisfait par une rencontre du 7ème art. Certains films m'inspirent des réflexions ; c'est ce que je souhaite partager. Je ne propose pas de thèses et il m'arrive de gâcher les histoires en racontant la fin. Vu que je ne mets pas ce qui a été fait de l'invention des frères Lumière sur un piédestal et que je suis des fois moqueur, Donc Acte ! peut ne pas plaire.

dimanche 29 janvier 2012

Les remous de la Nouvelle Vague

Je vais finir par passer pour un génie

L'esprit de la Nouvelle Vague n'est pas mort. Je ne définis pas ce qu'est la Nouvelle Vague. Tout le monde la connait. Si tu ne la connais jamais, apprends-la toujours. Au moins, je précise que les images utilisées dans ce message sont issues de L'argent de Robert Bresson (1983) et que ce cinéaste français n'appartient pas à la Nouvelle vague.

"J'ai été dans cette nouvelle salle de cinéma expérimental. On y est très bien assis. Et figure-toi qu'ils ont projeté un film seulement sur une partie d'un écran ... et il y avait des tâches sur cet écran ... et du papier-peint !"

Un spectateur de cinéma parle à son meilleur ami. Ils sont debout dans un café.

-As-tu vu cette actrice qui joue la prostituée dans le film que nous avons failli voir hier ? Elle est formidable ! Elle me convaincrait presque d'aller aux putes.
-Ah ! Si seulement elle en était une !
-Mais elle ne l'est pas. Déception. Ne la connaitrais-tu pas, par hasard, toi qui travaille dans la poissonnerie ?
-Je ne sais pas. Peut-être.
-La poissonnerie, c'est presque la même chose que le cinéma, non ?
-Je pense que l'on peut le dire, oui.
-Les cinéastes mettent des acteurs et des actrices à l'écran comme les poissonniers mettent des cadavres de poissons sur de la glace, avec du jaune (grâce au citron) et du vert (avec les algues) pour faire plus joli.
-Et du rouge (avec les étoiles de mer).
-Oui. J'avais oublié le rouge.
-C'est étrange. Le rouge est une couleur qui ne s'oublie pas.
-En effet, je suis impardonnable.
-Je ne me rendais pas compte que tu avais vu le film ?
-Oui. Non. Je ne l'ai pas vu. Peut-être. Mais tu dis qu'il est comme un étalage de poissonnier. Il doit donc être formidable.
-Et, donc, tu fais comme si tu l'avais vu ?
-Oui
-Et est-ce que tu l'aimes ce film ?
-J'aime beaucoup l'actrice qui joue le rôle de la prostituée !
-Il faudrait que tu me la fasses rencontrer.
-Ce n'est pas possible. Elle n'est qu'un rôle dans un film.
-L'actrice ?
-Oui. Comme le poisson, elle doit être morte.
-Je n'y avais pas pensé mais tu as sûrement raison. Elle doit être morte, la pauvre.
-Néanmoins.
-Néant plus.
-Nez en moins.
-Né en 1.
-Néant + 1.
-Né en + l'infini.
-Néant + l'infini.

Au carrefour, une voiture de pompier entre en collison avec une ambulance.

Une couverture marron est tirée devant l'incident.

Un chien sort d'un immeuble. Une enfant court à sa suite. Un pompier en sang arrête la petite fille. Il lui demande.

-Mais pourquoi coures-tu après ce chien ?
-Parce qu'il a envie d'aller à la mer.
-Ne préférait-il pas aller à la montagne ?
-Je ne sais pas. C'est un chien qui court vite.
-C'est un chien de la ville. C'est pour cela qu'il préfère aller à la plage.

La petite fille meurt. Le pompier se met à pleurer. Il dit.

-Pauvre petite fille morte qui a perdu son chien.

Accompagné d'un policier, un livreur en salopette entre dans un magasin. Il dit.

-Sont fous.

"Sont fous"

Dans la scène suivante, la femme du livreur le quitte.

"Non."

6 commentaires:

  1. Bon c'est bien joli tout ça mais Robert Bresson c'est pas la nouvelle vague putain... O_o

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  2. J'ai regardé Masculin Féminin hier. Je m'en suis inspiré pour écrire les dialogues de ce message : les remous de la Nouvelle Vague. Bon d'accord, j'ai (ré)utilisé les photos de L'argent de Bresson. Mea culpa, d'où la confusion. Mais l'occasion était trop belle, elles allaient trop bien avec les dialogues et les scénettes imaginés pour ce post. Désolé si cela entraîne des erreurs d'interprétation : mea culpa.

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  3. J'avais cru reconnaître la parodie godardienne. Mais je te trouve trop injuste pour ne rien dire :)

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  4. J'ai le plus profond respect pour les auteurs de la Nouvelle Vague et pour Robert Bresson. Je crois que, des fois, il faut prendre la satire comme étant un hommage. :D

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  5. Je peux comprendre oui. Cf un de nos articles sur Vincent Lindon, où on le qualifiait de "monument aux morts du ciné français", ce que certains avaient pris pour une injure alors que c'était le plus haut des compliments :)

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  6. "Monument aux morts du ciné français" est en effet un beau compliment.

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