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Donc Acte ! ne suit pas l'actualité cinéma à la loupe. Donc Acte !, qui s'est intitulé Le cinéphobe pendant une courte période, n'a pas pour passe-temps de visionner des pelloches de cinoche. Donc Acte ! ne va pas souvent voir une œuvre en salles. L'envie est rare. Le plaisir est d'autant plus intense lorsque je suis satisfait par une rencontre du 7ème art. Certains films m'inspirent des réflexions ; c'est ce que je souhaite partager. Je ne propose pas de thèses et il m'arrive de gâcher les histoires en racontant la fin. Vu que je ne mets pas ce qui a été fait de l'invention des frères Lumière sur un piédestal et que je suis des fois moqueur, Donc Acte ! peut ne pas plaire.

mercredi 2 novembre 2011

M le maudit : seconde partie

Mercredi 2 Novembre 2011
Octobre Rouge #28

Peter Kürten était un tueur en série allemand surnommé le Vampire de Düsseldorf. Alors qu'il a avoué 80 meurtres, il a été inculpé pour 9 et pour 7 tentatives d'homicide s'étant déroulé en 1929 et en 1930. Il a violé et tué des enfants, des hommes et des femmes et en a attaqué à coups de couteau et de marteau sans leur infliger la mort. Toutes ces agressions étaient à caractère sexuel. Bien que le motif soit le même, la diversité des méthodes utilisées et des victimes ont perdu la police en conjectures. Il a été arrêté après avoir confessé ses monstrueux actes à son épouse qui lui a conseillé de se rendre. Il a été guillotiné en 1931.

Le cas Peter Kürten, comme celui de Fritz Haarmann, a été l'une des sources d'inspiration pour la création du film M le maudit de Fritz Lang sorti 3 semaines après l'exécution de Kürten.


M le maudit, Fritz Lang, 1931, Allemagne.

Le meurtre d'enfant qui ouvre M le maudit est sublimement suggéré. Il conjugue le destin de la victime et la présentation du tueur à l'inquiétude de la mère de la victime et à une description de l'état apeuré et lassé de l'environnement de l'assassin au travers d'une chanson emprunte de fatalité enfantine. Il présente le témoin clé de l'histoire et la musique entonnée par le maudit. Il se conclue même sur une touche de poésie macabre avec un ballon plein d'air pris dans les cables électriques.

Ensuite, le tueur s'amuse de son anonymat en adressant une lettre fanfaronne à la presse. Même si l'assassin est de dos à la caméra, la musique qu'il siffle l'identifie.

Le climat dans la ville allemande où les meurtres d'enfants a lieu est très tendu. Les citoyens se retournent les uns contre les autres. Ils accusent à tour de bras le voisin ou le premier suspect sans preuve. Dans le même temps, la lettre du meurtrier est décortiquée. Malheureusement, le temps passe. Si la première définition du portrait du tueur par un graphologue permet de se rapprocher de son identité, seul le spectateur a droit de la connaître. Fritz Lang montre son visage.

La politique du résultat amène la haute-hiérarchie de la cité allemande à presser le commissaire de la brigade criminelle. Le travail de fond qui nécessite du temps et cause de l'épuisement physique et moral n'est pas reconnu. Le peuple est impatient. Il est prêt à mettre en pièce le premier suspect qui passe. Ce phénomène n'est contredit que par l'enquête minutieuse et rationnelle des faits par les policiers. De nombreuses pistes sont exploitées. La police n'est pas impuissante. Elle doit déployer beaucoup d'efforts, comme le témoigne les rafles de criminels qui, même, si elles ne permettent pas de découvrir l'identité du meurtrier ont conduit à des saisies d'armes et autres objets de contrebande.

Les criminels eux-mêmes recherchent donc l'assassin d'enfants. Leurs activités sont bouleversées par le monstre qui agite les sangs les plus dangereux de la ville. La mise en parallèle des criminels et de la police et la traque du tueur dont le trait reconnaissable est la marque M sur son pardessus conduisent le récit avec intensité jusqu'à son terme. La peur de M le maudit, le protagoniste que les criminels jugent coupable des pires crimes, en est même tangible.

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