La sélection de Donc Acte !

Donc Acte ! ne suit pas l'actualité cinéma à la loupe. Donc Acte !, qui s'est intitulé Le cinéphobe pendant une courte période, n'a pas pour passe-temps de visionner des pelloches de cinoche. Donc Acte ! ne va pas souvent voir une œuvre en salles. L'envie est rare. Le plaisir est d'autant plus intense lorsque je suis satisfait par une rencontre du 7ème art. Certains films m'inspirent des réflexions ; c'est ce que je souhaite partager. Je ne propose pas de thèses et il m'arrive de gâcher les histoires en racontant la fin. Vu que je ne mets pas ce qui a été fait de l'invention des frères Lumière sur un piédestal et que je suis des fois moqueur, Donc Acte ! peut ne pas plaire.

samedi 26 novembre 2011

The Innkeepers

Samedi 26 Novembre 2011
Comment attraper froid à Paris

The Innkeepers, Ti West, 2011, USA.

Au PIFFF, le samedi 26 novembre 2011 à 17h au Gaumont Opéra (Paris International Fantastic Film Festival ... les responsables n'ont même pas nommé en français un festival parisien), The Innkeepers a été présenté comme un film fantastique alors qu'il n'est que la représentation de deux employés d'un hôtel en faillite qui s'ennuient et qui se racontent des histoires de fantômes pour passer le temps. La vidéo que Luke (Pat Healy) montre à Claire (Sara Paxton) est là pour le souligner. Luke a créé un site pour faire vivre le mythe de l'hôtel hanté et est équipé d'un enregistreur de PEV (pour enregistrer les phénomènes vocaux) afin de capter toutes preuves pour alimenter le commerce. Mais il n'a jamais été témoin de rien. Le spectateur compte donc sur Claire (Sara Paxton montre qu'elle vaut mieux que des rôles de bimbos), une jeune femme maladroite, asthmatique et en manque de sensations fortes pour entrer en contact avec le fantôme de la fiancée déçue (j'ai oublié son nom).

Comme sur la vidéo que montre Luke à Claire, The Innkeepers est supposé faire sursauter car on nous (spectateurs) a dit de regarder de près en attendant quelque chose de bon (le principe de visionner un film d'horreur et/ou fantastique est d'être partant pour être pris à rebrousse-poil). Ti West joue donc avec cette tension pour décevoir. Le résultat est deux ou trois rires peu appuyés et deux sursauts francs. The Innkeepers est avare en effets. Il est aussi frileux que le vent qui s'est infiltré sous mon manteau pendant la demi-heure passée à attendre dans la rue. Si la vision d'une paire de chaussettes roulées en boule pouvait m'émouvoir, je serais sur le cul après avoir assisté à la conclusion de The Innkeeepers car l'épilogue laisse songeur. Sa brève conclusion est trop simpliste pour être ambigüe. L'effroi n'est pas au rendez-vous. Il lui manque une fin glaçante comme celle de Danse Macabre (Corbucci-Margheriti, 1964) pour justifier toute cette attente.

Sans être mauvais, The Innkeepers se regarde de bout en bout en tant que comédie charmante avec un risque de frisson. Il manque sa cible sur la tension dramatique qu'il essaie de distiller par de trop timides et rares touches de fantastique. "A l'ancienne" est l'expression utilisée pour souligner gentiment que The Innkeepers n'est pas un long-métrage de genre sans originalité et aux effets datant de l'invention de la roue. L'essentiel du travail du metteur en scène est concentré sur la qualité de la photographie, du cadrage, du montage et le soin apporté aux décors ; Ti West joue même habilement avec les connaissances du spectateur en détournant le dernier plan de The Shining. La vérité est que j'ai passé l'essentiel du film à me lamenter sur le sort de ce magnifique ancien hôtel de la Nouvelle Angleterre promis à la destruction pour être remplacé par un parking.

-Et si tu me racontais une histoire de fantômes ? -Non, toi en premier.

Blague carambar : c'était aussi téléphoné que le PIFFF de Cyrano de Bergerac et j'ai manqué de PIFFF sur ce coup-là.

5 commentaires:

  1. J'ai eu très froid aussi dans la file d'attente mais je te trouve un peu dur !

    Je suis d'accord sur le fond, c'est à dire le manque de tension (je raconte sensiblement la même chose dans ma critique) mais je trouve que "Innkeepers" n'en reste pas moins un film très maîtrisé et de qualité.

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  2. Ma première remarque sur le froid est humoristique. Il n'y a pas grand chose à en dire. C'est un sous-titre comme un autre. Ma seconde remarque sur le froid est une comparaison qui m'est simplement venue pour faire le lien entre la "frilosité" du film a se caractériser dans l'horreur ou le fantastique (en restant une gentille comédie jusqu'à son final et l'épilogue) et le froid dans la rue. Frilosité étant un mot qui m'a été inspiré par le froid hivernal. Je ne me plains pas. Je serais reparti si je ne supporterais pas les basses températures. J'avais de quoi voir venir.

    "The Innkeepers" est maitrisé oui. Je le souligne brièvement certes. La direction artistique (cadrage, montage, photographie et jeu d'acteur) est parfaite. Le script, par contre, ne réserve de surprises que dans l'humour et le rôle comique bien attribué à Sara Paxton.

    J'ai été un peu dur sur une ou deux expressions (les chaussettes en boule et l'invention de la roue) ... mea culpa : ça, ça doit être dû au froid durant l'attente d'avant séance.

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  3. En même temps les chaussettes (en boule) n'ont qu'une action très limitée sur le froid. Ceci expliquant peut-être cela.

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  4. Oui, c'est pour cela que je roule aussi mes pieds en boule.

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  5. Je te rejoins complètement sur ce film, Arnaud ! Une déception pour moi qui avais aimé The House of the Devil.

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