La sélection de Donc Acte !

Donc Acte ! ne suit pas l'actualité cinéma à la loupe. Donc Acte !, qui s'est intitulé Le cinéphobe pendant une courte période, n'a pas pour passe-temps de visionner des pelloches de cinoche. Donc Acte ! ne va pas souvent voir une œuvre en salles. L'envie est rare. Le plaisir est d'autant plus intense lorsque je suis satisfait par une rencontre du 7ème art. Certains films m'inspirent des réflexions ; c'est ce que je souhaite partager. Je ne propose pas de thèses et il m'arrive de gâcher les histoires en racontant la fin. Vu que je ne mets pas ce qui a été fait de l'invention des frères Lumière sur un piédestal et que je suis des fois moqueur, Donc Acte ! peut ne pas plaire.

mardi 22 novembre 2011

The Thief

Mardi 22 Novembre 2011
Faut pas copier tout ce que l'on voit


The Thief, Russell Rouse, 1952, USA.

Il y a des cinéastes qui aiment faire des expériences. Ils créent des œuvres différentes pour intéresser le spectateur. Ils croient que le cinéma n'obéit pas à un diktat de décérébrés indifférents au sort des auteurs (et de leurs inspirations) qui s'enfilent toujours la même soupe sans s'inquiéter de l'indigestion. Ces artistes se permettent de gâter l'avisé, tolérant, malin consommateur de bouts de pelloches et compréhensif amateur d'aventure et de frissons durant l'essentiel de leurs métrages afin de lui apporter un plaisir durable grâce à un habile maniement de sa psychologie et de ses émotions, et grâce à l'utilisation précise et censée de caractéristiques cinématographiques et narratives comme Russell Rouse pour The Thief.


Russell Rouse, scénariste américain des intéressants The Well (Léo C. Popkin et Russell Rouse, 1951) qui narre l'histoire d'une enquête policière sur un individu ayant kidnappé une enfant alors que la fille manquante est tombée dans un puits et D.O.A. (Rudolph Maté, 1950) qui raconte l'histoire d'un individu qui a plus d'une heure pour trouver celui qui l'a mortellement empoisonné et pourquoi, a su tirer profit de deux aspects techniques pour peaufiner The Thief : l'absence de paroles et la focalisation interne sur un voleur. Il a également travaillé le rapport conflictuel entre morale et psychologie personnelle du spectateur en rendant le vol palpitant, mais en suscitant un mal être et faisant naître des remords.

Un film unique en son genre ! Pas un seul mot n'est prononcé !

L'absence de paroles permet de se concentrer sur l'action. The Thief évite l'écueil de la justification d'une éventuelle dégradation morale du protagoniste. Le motif est simple ; le voleur est intéressé par l'argent. The Thief tient donc son suspense sur le charisme du personnage et la mise en images des événements du récit. Le spectateur doit se préparer à une immersion en eaux/hauts troubles. L'intrigue suit les pas d'un voleur en plein acte délictueux d'espionnage. La focalisation interne y est plus importante que la morale même si le personnage est en proie au doute. En tant qu'amateur de frissons, il faut vouloir vibrer pour un criminel (en étant en emphase avec lui) afin d'apprécier le film. Évidemment, il s'agit d'un plaisir coupable : il est tout aussi amusant de s'imaginer en Arsène Lupin qu'en astronaute, en espion qu'en Doc Savage, en Snake Plissken qu'en Casimir ou en Babar.

Ray Milland

Pour The Thief, le charisme et la sympathique physionomie de Ray Milland permettent de bon cœur de participer à cette expérience purement cinématographique. Le charme de Ray Milland joue un rôle primordial à la réussite de ce long-métrage unique en son genre. Monsieur Milland inspire une sincère douceur et une intelligence très amicale. Lorsqu'il sourit et rit, son visage s'éclaire tel celui d'Humphrey Bogart et le monde a envie de l'imiter sans douter. Pour tout vous dire, à chaque fois que je visionne Dial M for Murder de sir Alfred Hitchcock, j'ai toujours envie de le voir s'en sortir alors qu'il essaie de tuer son épouse incarnée par Grace Kelly (et je suis admiratif de sa beauté et de son caractère devant l'éternel ... c'est vous dire la bonhomie de Ray Milland). L'un de mes thrillers préférés est The Big Clock (John Farrow, 1948) dans lequel il est trépidant de le suivre en action dans un récit aux multiples mises en situation délicate. Si Charles Laughton tenait l'affiche de The Thief, il n'est pas sûr que je trépiderais pour un voleur et traitre envers la patrie US (car Charles Laughton était un grand acteur). Mais si Nicolas Winding Refn incarnait ce rôle, je voudrais qu'il se prenne une balle entre les yeux dans les 2 premières minutes du film. 


The Thief est une réussite du film noir. Les codes du genre (telle la femme fatale) sont utilisés avec une rare intelligence. Cette femme dangereuse (sur la photo ci-dessous), objet de désirs et de tentations, a une place qui lui convient parfaitement dans ce long-métrage et ... je n'en dis pas plus car The Thief est à découvrir et à partager. C'est un trésor du cinématographe. Un bijou à mettre au coffre et à ne sortir que pour les grandes occasions quand on veut véritablement se faire plaisir.

3 commentaires:

  1. Trop envie de le voir (et j'aime beaucoup le petit mot sur Refn :D).

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  2. Malheureusement, il n'est pas sorti en DVD zone 2, il n'existe qu'en zone 1. Messieurs, mesdemoiselles, mesdames les éditeurs/éditrices DVDs ...

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