La sélection de Donc Acte !

Donc Acte ! ne suit pas l'actualité cinéma à la loupe. Donc Acte !, qui s'est intitulé Le cinéphobe pendant une courte période, n'a pas pour passe-temps de visionner des pelloches de cinoche. Donc Acte ! ne va pas souvent voir une œuvre en salles. L'envie est rare. Le plaisir est d'autant plus intense lorsque je suis satisfait par une rencontre du 7ème art. Certains films m'inspirent des réflexions ; c'est ce que je souhaite partager. Je ne propose pas de thèses et il m'arrive de gâcher les histoires en racontant la fin. Vu que je ne mets pas ce qui a été fait de l'invention des frères Lumière sur un piédestal et que je suis des fois moqueur, Donc Acte ! peut ne pas plaire.

lundi 5 mars 2012

ATM

Même pas fait exprès

ATM, David Brooks, 2012, Canada-USA.

ATM avec Alice Eve, c'est un peu la même histoire que P2 avec Rachel Nichols, que Captivity avec Elisha Cuthbert, que Harold & Kumar vont au Whitecastle avec Barney Stinson, c'est l'histoire d'un type qui est obsédé par une belle blonde à qui il n'a jamais causé. Et pour cela, USA oblige, la punition est toute trouvée. Le type sans manières passe de la case "tricard" à la case "danger pour la société" alias "menace to society". Car aux States de los unitados, un type qui bande et qui ne sait pas causer aux femmes, c'est injustifiable et impardonnable, c'est une insulte à Dieu, au dollar et au pays, c'est un flingué de la tête, un mec à enfermer, à anesthésier, à castrer chimiquement et à ficher publiquement comme prédateur sexuel ("sexual predator") afin que les gosses puissent lancer des œufs pourris sur sa baraque et que des bon citoyens puissent l'insulter en public bien encadrés qu'ils sont par des flics armés de fusils à pompe. De bien sûr, de "of course", le pervers s'énervera ... pour agresser des femmes, des enfants, des personnes âgées ou en insuffisance et un président de la république ... de toute évidence, "of course". Et, in self-defense donc, then en légitime défense, le petit joueur aura ce qu'il mérite en se faisant fumer la tronche dans une allée sombre ou sur sa pelouse. De cette façon, la société américaine sait rester propre en se débarrassant des obsédés de sa trempe, alias les dégénérés de famille de timbrés aux gènes de crevures, a.k.a. le mal incarné.

Et comme il porte de la fourrure sur sa capuche, il est gay.

Notre psychopathe, notre pervers de la braguette, notre sexual predator (chasseur extraterrestre dont les conditions d'existence idéales sont celles de la jungle), a donc construit une fausse cabine téléphonique, un(e) ATM, pour coincer sa chérie. Il la fait flipper en la fixant du regard et la fait craquer en la poussant au nervous breakdown alias la rupture de nerfs. Pour cela, il utilise 3 lettres qui foutent les boules comme jamais : un A, un T et un M. A. T. M. 3 lettres plus séduisantes au mal que BTP, BAC, MST, ADD, MIB, FFF et ONU. Il faut préciser qu'aux States des unis, ATM, ça veut dire machine à tirer du fric. On en trouve partout. De Los Angeles, Californie à Portland, Maine en passant par Oslo, Norvège (je sais, j'y suis allé) et un parking désert en pleine nuit. Et que, sans fric, aux US of A, t'es rien, t'es nada, t'es même plus que mort. Il vaut mieux y être gay qu'être fauché. Le tour de passe-passe du "crazy mother fucker" est tout bonnement génial : traumatiser de l'amerloque avec son compte en banque vidé. Pourquoi personne d'autre n'y avait songé avant lui ?


Non, en fait, ce résumé est totalement fallacieux : ATM, c'est un film primordial sur la survie en distributeur automatique ... qui dit qu'il ne faut pas s'énerver si un mec vous mate retirer du pognon. Pour être précis, voilà ce qui se passe dans ATM : un employé dans la finance croit tout bonnement avoir LA chance d'inviter à déjeuner Alice Eve (l'actrice/modèle anglaise qui sert de prétexte au film) en la raccompagnant d'une soirée durant laquelle elle n'a pas picolé et où elle s'est ennuyée. Ce bon gars est malheureusement aussi la ride home, le porteur de cadavres d'individus bourrés en fin de soirée, de son pote de taf' ingérable et irresponsable (ivre à l'alcool fort à 20h30). Il était prévu qu'il reconduise chez lui ce sidekick. Bref, ils décident de partir tous ensemble tirer du fric dans un(e) ATM pour que Rocco (je l'appelle comme je veux, n'est-il pas ?) puisse se payer un taxi et rentrer seul chez lui ... et pour que Jeff (je l'appelle comme ça me chante) puisse raccompagner Alice Eve chez elle et l'inviter à déjeuner. Et bin non. C'était sans compter sur un type qui met une parka et qui les fixe depuis le parking.


S'ensuit une série d'événements qui conduit nos 3 protagonistes à prendre au sérieux la menace (l'encagoulé tue 2 gars et défonce pendant tout le film la porte arrière de l'ATM). Le grand malheur intervient quand ils montrent toute leur qualité de profonds décérébrés. Les zigotos ne font pas preuve d'un minimum de jugeote pour estimer leur adversaire intelligemment. Ils ne s'aperçoivent pas du piège dans lequel ils sont pris ; (c'est l'évidence même !) aucun d'eux ne pense à considérer leurs actions en fonction de la caméra de surveillance intérieure / ils sur-estiment le méchant en le définissant uniquement sur sa brutalité et son intérêt grossièrement perçu. ATM repose son intrigue sur un pathétique duel insipide manquant gravement d'inventivité et sur des "victimes" affligeantes en initiatives qui refuse catégoriquement de sortir de l'ATM dès le début, qui tuent le premier type avec une capuche qui passe, qui ne pensent pas à courir dans des directions opposées pour fuir ou attaquer en groupe, qui ne sortent le bout de leur nez de l'ATM que pour donner du fric au méchant ou ramener un portable, et qui se disputent le bout de gras de façon exagérée. Du coup, les 3 gus méritent tout ce qui leur arrive : ils sont trop cons pour s'en sortir (d'un(e) ATM ... je rêve).

3 commentaires:

  1. Bel article ! :D

    Je me souviens de quelques images sympathiques dans le Captivity avec Elisha Cuthbert... :)

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  2. (mais trop rares, évidemment, car là est tout l'intérêt du film)

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  3. J'ai oublié de citer Shark Night avec Sara Paxton dans la catégorie de bouses qui se servent de la présence d'une femme à la jolie plastique pour augmenter l'intérêt d'un film. Il y en a beaucoup d'autres. Je pense à Le Banni d'Howard Hughes avec Jane Russell. C'est sûr qu'en terme de qualité ciné, c'est toujours pauvre mais j''attendais quand même un minimum syndical de ce ATM ... je ne sais pas ... un petit quelque chose, un petit peu de suspense, un petit thrill, un truc un peu glaçant ... mais je me suis vite rendu compte que la situation de base serait sous-exploitée car les personnages sont d'une affligeante stupidité (là, je crois qu'il n'y a rien de pire qu'une bande de glands pour héros dans un film d'horreur ... on sait direct que le final est tout bon pour le méchant ... ou alors c'est que le méchant est encore plus naze ... et là, c'est désolation ... il n'y a rien à espérer du flim ... c'est un peu ça d'ailleurs dans ATM : une telle situation (être bloqué dans un ATM avec un psycho attendant dehors) ne prend de l'ampleur que sur les personnages et ils sont tous nuls à chier ... bref, j'ai déjà écrit l'article).

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