La sélection de Donc Acte !

Donc Acte ! ne suit pas l'actualité cinéma à la loupe. Donc Acte !, qui s'est intitulé Le cinéphobe pendant une courte période, n'a pas pour passe-temps de visionner des pelloches de cinoche. Donc Acte ! ne va pas souvent voir une œuvre en salles. L'envie est rare. Le plaisir est d'autant plus intense lorsque je suis satisfait par une rencontre du 7ème art. Certains films m'inspirent des réflexions ; c'est ce que je souhaite partager. Je ne propose pas de thèses et il m'arrive de gâcher les histoires en racontant la fin. Vu que je ne mets pas ce qui a été fait de l'invention des frères Lumière sur un piédestal et que je suis des fois moqueur, Donc Acte ! peut ne pas plaire.

mercredi 20 juillet 2011

The Dark Knight Rises Teaser Trailer

Mercredi 20 Juillet 2011
Soir

Le prochain film avec Batman réalisé par Christopher Nolan est attendu comme le messie des juifs. Je n'ai pas été en salles voir Batman Begins (2005) ou The Dark Knight (2008) sous le prétexte de ne pas considérer le superhéros chauve-souris à sa juste valeur (comprendre la valeur que ses fans lui donnent).

J'avais attendu une diffusion télévisée pour apprécier la version Nolan du riche fils à papa qui sort la nuit en costume dans l'espoir d'exorciser le mal que les criminels ont fait à ses parents. J'ai été très déçu. L'intrigue était inintéressante. Je n'ai pas regardé Batman Begins jusqu'à son terme.


Un sympathique ami m'a prêté le DVD de The Dark Knight en soulignant qu'il n'avait pas vu Batman Begins, que cette suite était une bombe et que le Joker interprété par Heath Ledger était excellent. J'ai fait la constatation que l'acteur australien décédé en 2008 avait du talent. Par contre, le discours de The Dark Knight sur la justice est trouble. J'appuie certes l'argument soulignant qu'un justicier masqué doit être remplacé par un procureur ambitieux habité par la foi du juste pour incarner l'ordre public. Il faut tout de même espérer qu'il soit épaulé par un chef de la police qui ne meurt pas en buvant son café et un policier intègre qui ne se laisse pas convaincre par les excuses fallacieuses de son seul ami, à savoir Batman, le chevalier noir, qui va s'attribuer une facette dérangeante de l'héroïsme.

 
Petit aparté : en France, ce plaidoyer devrait inclure les juges d'instruction, les ministres de la justice, de l'intérieur, des finances et du trésor public (subtilité franco-française), le préfet de police de la ville, le chef de la brigade des mœurs et le maire. Qui dit ministres dit gouvernement. Qui dit gouvernement dit chef de l'état. Suit ensuite la presse et les médias. Là où aux États-Unis, il suffit d'un seul homme pour "rectifier le monde" et d'autres pour lui obéir, chez les français, notre superhéros serait directement passé par la case The Dark Knight, à savoir "il vaut mieux savoir courir que guérir" pendant que les autres se seraient bouffés le nez.


Bref, Batman devenu The Dark Knight s'en allait en catimini dans la nuit en s'accusant d'un crime qu'il n'avait pas commis parce que le justicier qu'il était devenu, selon lui, avait acquis trop d'importance. Entre copies, nemesis et réelle suscitation de foi, la question de l'influence se posait.
  • Le Joker était cause à créer chaos et désordre dans la ville de Gotham City car l'ombre trop importante que créait Batman devait être amoindrie.
  • Harvey Dent, le procureur inspiré par l'élan initié par Batman dans l'opus précédent, voulait faire régner l'ordre de jour et de nuit avant de tomber en disgrâce commettant de multiples meurtres suite à la disparition de sa fiancée, la douleur et la force de conviction du joker.
  • Des citoyens modèles se déguisaient en chauve-souris pour faire respecter la justice la nuit.
Mais Nolan devrait apprendre à différencier la muse de l'artiste, l'influence de l'influencé. Dans The Dark Knight, le joker, la mafia et Harvey Dent sont-il responsables de leurs actes ?

Considéré que Batman acceptait de porter la honte sur ses épaules afin de ne pas rendre publique l'information que le chevalier blanc de Gotham City Harvey Dent était devenu un criminel inspiré par le joker, il fallait penser que le Joker méritait son incarcération dans une institution psychiatrique (à celui qui dérange l'ordre et corrompt la place du fou), monsieur Dent méritait une mort honorable pour une première partie de carrière glorieuse et The Dark Knight était un héros en couvrant un meurtrier.

Pour redorer le blason de l'institution judiciaire, Nolan sert la soupe au mensonge d'état et à la mystification du peuple. Ce qui se rapproche d'une idéologie fasciste dissimulant la vérité et assurant l'intégrité du système en couvrant des crimes. Il excuse également une ablation temporaire de la liberté individuelle (très utile à l'intrigue et très légèrement contestée par Lucius Fox). Outre les meurtres, la loi du secret sert à cacher ceci :
  • Les êtres humains sont faillibles. L'erreur est humaine.
  • Ils demandent l'impossible à leurs dirigeants. L'erreur est humaine.
  • Aucun système ni personne n'est parfait. L'erreur est humaine.
Pour se détacher de la foi en un justicier solitaire, l'idéal que Nolan défend est celui de la conservation de l'image de la perfection du système (N'a-t-il été jamais perverti ?) et des personnes hiérarchiquement supérieures et iconographiques (N'ont-elles été jamais corrompues ?), le faut-il, par l'anathème inique d'un humain sacrifié ; donc un bouc émissaire (même s'il peut le supporter parce que c'est Batman).

Pour souligner cet espoir en une immorale justice, l'épisode des ferrys me paraissait contestable au plus haut point et bien arrangeant pour le propos TROUBLE du cinéaste anglais. Il se résume ainsi : "La justice, on en a besoin parce que les gens sont bons et, donc, la méritent". Si la justice se mérite par preuve de bonté (les criminels comme les citoyens), on peut dire au revoir à l'idée universelle de l'application de la loi et la défense des intérêts de tous. Tout le monde a le droit à la justice qu'on la mérite ou pas. Sinon on vit dans une société de privilèges et de privilégiés pour ceux qui font l'effort de prouver leur bonté. Question de justice et de justiciers dans The Dark Knight qui avait vraiment besoin d'une suite car la démonstration choisie pour convaincre du bien-fondé du système juridique était d'une grande maladresse.

Heureusement, The Dark Knight Rises (2012). J'espère que le prix à payer sera celui de la rectification de l'aliénation à la volonté de ne pas salir, de garder propre et pur, au dessus de l'humain, le système, les postes institutionnels et ceux qui ont fait espérer les masses (surtout en ayant commis des meurtres comme Harvey Dent et en punissant un bouc émissaire innocent).


Légende de l'analyse de la bande-annonce :

en noir, la description
en vert, les remarques
en bleu, les détails techniques
en rouge, les panneaux intertitres

Bande-annonce :


Les logos de la Warner Bros. et de Legendary Pictures mode Dark Knight sur des flammes bleues

Une caméra remonte le long de buildings. Tout est bleu et sombre sur ces images numériques
Gros bruit de turbine en fond

Every hero has a journey

Une voix off : "If you make yourself more than just a man ..." (sympa pour l'homme, c'est tout de même lui qui va payer sa place de cinoche pour s'entendre dire qu'il n'est pas assez bien ... voilà un teaser qui bourre le mou de personnes en attente d'état de béatification d'eux-mêmes en s'identifiant à une chauve-souris car être humain, c'est nul ... je croyais en plus que Nolan insistait dans The Dark Knight sur la nécessité d'avoir un représentant de la justice et de l'ordre à dimension humaine et non à dimension héroïque)

De dos, un individu vêtu de loques grimpe une pente rocheuse et (caméra sur grue montante) découvre une contrée glaciale (est-ce une image de Batman Begins ou de The Dark Knight Rises ?)

Every journey has an end

Musique grinçante et angoissante

Voix off toujours : question de dévotion à une idée qui change totalement l'individu (Nolan va-t-il encore nous parler de ses chères et tendres obsessions ?)

Maman, j'ai peur

Un homme tenant un tube fluorescent dans une grotte se lève. Des chauve-souris volent autour de lui. (il s'agit d'images de Batman Begins depuis le début ... je me rappelle de celle-là ; l'homme est Bruce Wayne)

From Christopher Nolan
(ce panneau est accompagné de la voix off : "... then you become something else entirely", Nolan s'adresse-t-il un message à lui-même ?)

 Voix off encore : "une légende, une histoire, une légende"
La toute dernière image de The Dark Knight à l'écran

 Gary Oldman est étendu sur un lit d'hôpital. Il est recroquevillé sur lui-même. Il tient un masque à oxygène non éloigné de sa bouche. Il a du mal à respirer. La justice n'est donc pas au meilleur de sa forme à Gotham City. Ça fait de la peine de voir monsieur Oldman dans un tel état. Il s'engage dans un monologue Nolanien
 La caméra se resserre sur lui en zoomant
 Images de The Dark Knight le montrant casser le projecteur qui permettait de faire appel à Batman dans la nuit

Retour sur la caméra qui monte le long des buildings. Au sommet des immeubles, une lumière blanche éclatante

Gary Oldman sur son lit d'hôpital

Un individu remonte le long d'un puits vers une lumière blanche

Gary Oldman sur son lit d'hôpital

Bruce Wayne fait des pompes (est-il dans une cellule ?) La caméra bouge beaucoup

 Gary Oldman encore et toujours nous explique que Batman doit revenir et qu'il est indispensable même si Bruce Wayne (hors-champ) signale qu'il n'existe peut-être plus. La chauve-souris se fait prier

Une image floue

La musique est devenue très dramatique

L'image floue est devenue nette. Rapide apparition d'un individu à l'air belliqueux affublé d'un masque respiratoire lui couvrant le bas du visage 

Retour sur les buildings. Les contours de la lumière blanche se précise et dessine le signe de Batman. Les buildings commence à s'effondrer (le chevalier noir va devenir le chevalier blanc de la ville ... le second volet de la série n'était qu'un mauvais moment à passer) La lumière devient aveuglante. La musique fait une envolée dramatique

The Dark Knight ... rises
Des choeurs se font entendre

Batman s'échauffe. Un méchant approche

The epic conclusion
...
to the dark knight legend

In theaters and IMAX
SUMMER 2012

Générique des personnes impliquées dans la fabrication du film balancé vite-fait


The Dark Knight est donc de retour parce qu'il le faut bien. La ville de Gotham City est en grand danger. Batman, qui avait trouvé une excuse tordue pour prendre sa retraite, se fait prier sur le lit de mort de son meilleur ami, le seul policier digne de foi, pour reprendre du service et affronter un vilain affublé d'un masque à oxygène. J'ai rarement vu un teaser aussi peu inspirant. Bruce Wayne / Batman doit redorer le blason d'un homme franchement imbu de lui-même en tant que riche et en tant que héros.

EN SALLES EN 2012 !

3 commentaires:

  1. Superbe analyse encore !
    Par contre : les deux dernières affiches, ce sont des fan art, non ? :)

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  2. Oui, je vais les retirer ... je ne veux pas de problèmes :'(

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  3. Oh je ne pense pas que tu aurais eu des problèmes, mais c'était pour savoir. :)
    Il existe une affiche officielle je crois, mais une seule, pas terrible.

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