La sélection de Donc Acte !

Donc Acte ! ne suit pas l'actualité cinéma à la loupe. Donc Acte !, qui s'est intitulé Le cinéphobe pendant une courte période, n'a pas pour passe-temps de visionner des pelloches de cinoche. Donc Acte ! ne va pas souvent voir une œuvre en salles. L'envie est rare. Le plaisir est d'autant plus intense lorsque je suis satisfait par une rencontre du 7ème art. Certains films m'inspirent des réflexions ; c'est ce que je souhaite partager. Je ne propose pas de thèses et il m'arrive de gâcher les histoires en racontant la fin. Vu que je ne mets pas ce qui a été fait de l'invention des frères Lumière sur un piédestal et que je suis des fois moqueur, Donc Acte ! peut ne pas plaire.

samedi 16 juillet 2011

Making of de A Sens of Purpose d'In Flames

Vendredi 15 Juillet 2011
Soir


Une certaine déception nait à la découverte de l'usage basique d'une caméra au poing faite par un copain pour suivre Björn Gelotte, guitariste du groupe suédois In Flames, présenter paresseusement le studio dont le groupe est propriétaire. Il y a un flipper Pirates des Caraïbes dans un coin du salon où se trouvent aussi une petite cuisine, une table à manger, des chaises type IKEA et un canapé confortable posé devant la télévision. Les membres du groupe préfèrent d'ailleurs la Nintendo Wii aux autres consoles. Un renfoncement dans un couloir est utilisé pour entreposer le matériel d'un de leurs potes. Une tête joufflue apparait à ce moment-là à l'écran précisant qu'il s'agit bien de son coin à lui. Puis un bureau que ni le cinéaste ni le guitariste ne peuvent montrer. Arrive une salle avec une batterie. Je ne saurai pas préciser si le batteur du groupe est nu ou s'il montre ses fesses (ceci constituant LE gag récurrent du making of, et considéré que j'écris ce texte de mémoire, je me mélange les pinceaux). Puis une salle où enregistrer la voix, une pour la guitare, et une pour le mixage.

Petite précision : In Flames est un groupe de death mélodique fondé en 1990 à Göteborg par Jesper Strömblad et deux de ses compatriotes ayant quitté le groupe avant l'an 2000 à la sortie du 5ème album Clayman (qui m'a fait découvrir leur son) dont voici un extrait, Only for the Weak :


Les sonorités de cette œuvre talentueuse mêlait heavy metal traditionnel et death afin de créer une harmonie entre mélodies rapides, riffs bourrins et cris gutturaux. J'ai tout de site adhéré. C'était une révolution. J'étais jeune. J'avais 21 ans. Je ne connaissais que Metallica, Megadeth, Iron Maiden, Guns N' Roses, Black Sabbath, Corrosion of Conformity, Judas Priest, Pantera, Mercyful Fate, King Diamond (ces trois derniers groupes se rapprochaient le plus du style des suédois), Clawfinger, White Zombie, Misfits, Dead Boys, Led Zeppelin, Jimmy Hendrix, George Brassens, Madonna et ACDC. Je n'étais jamais sorti des sentiers battus du son lourd mélodique. J'entrais dans le monde du bruyant, strident, criant et hurlant.

La même année, je découvrais Mötley Crüe, Children of Bodom, Stratovarius, Helloween, Gamma Ray, Cradle of Filth et d'autres que je n'écoute plus. Mais j'ai continué de prêter attention à la carrière d'In Flames dont j'ai agréablement reçu Reroute to Remain (2002), Come Clarity (2006) et ce Sense of Purpose (2008) dont je me propose de critiquer le making of (2007). Il s'agit de la première occasion dont je dispose pour voir dans quel fer ces bonhommes sont forgés. Donc Acte.

Voici un extrait de Come Clarity, Crawl Through Knives :



Les membres du groupe d'In Flames ont la belle vie. Ils sont propriétaires de leur studio. Ils ont vendu 2 millions d'albums dans le monde. Ils font la musique qui leur plait. Et ils passent leur temps à s'amuser au flipper, aux jeux vidéos, à picoler et à se faire des blagues qui ne me font pas rire mais qui les amusent grandement. Jesper Strömblad, guitariste aux problèmes d'alcoolisme qui l'ont fait s'éloigner du collectif à plusieurs reprises, enchaîne les strikes à la Wii et s'énerve à recommencer plusieurs fois la même prise sur sa guitare. Anders Fridén et le bassiste (me semble-t-il, il n'y a pas de présentation formelle) se vantent de leur nullité au jeu Guitar Hero III dans lequel figurent le titre Take This Life d'In Flames. J'évoque aussi la nudité récurrente du batteur (à son instrument de travail, en train de le réparer à quatre pattes, devant un frigo à la porte ouverte, à l'ouverture d'une bouteille de champagne, sur une poutre, dans un ascenseur, dans un couloir, dans une salle d'enregistrement) qui s'avère être d'ailleurs le plus en avance sur son travail.

Un moment d'humour aux dépends de Björn Gelotte intervient lorsque, sur un bateau, ce dernier reconnait une chanson diffusée sur hauts parleurs. Il prononce les paroles du refrain contenant le mot "blue". Il se rend compte après-coup que la bière qu'il boit a une étiquette bleue. Le guitariste rougit et rit de toutes ses dents.

Un fait étrange marque ce making of. Des personnes extérieures au groupe (la situation n'est pas présentée) demande au batteur, nu encore, de s'installer sur une poutre. Ce dernier croasse ou imite un cri de chat étranglé avant de sauter au sol et de s'enfuir à reculons en imitant la marche d'un singe. Il s'agissait des instructions d'un metteur en scène (pas celui du making of). Vu la présence et l'importance qu'a la bière dans cette séquence, j'ai conclu qu'il s'agissait d'un exercice pour les besoins promotionnels d'une marque de breuvage mousseux mais rien ne l'affirme vraiment.

Au petit matin, débarque Anders qui trouve trois personnes (dont deux membres du groupe) nues assis autour d'une table. Ceci constitue une blague parce qu'ils sont nus. Anders sent le coup fourré et demande où la caméra est posée. Et se déplace hors champ tuant ainsi l'amusement de ses camarades dans l’œuf qui ont probablement essayé de lui faire croire à un "casual naked friday",en français "un vendredi à poil au bureau". Le gentleman Fridén (il conserve ses habits durant tout le film) fait remarquer qu'il sait se faire plaisir en montrant la bonne bouteille d'alcool qu'il boira plus tard tout seul.

Ce spectacle dirigé à courte vue et sans inquiétude de la forme est très agréable. Là où beaucoup tente de donner du fond à l'art, aux artistes, à ce qui se filme, à la vie, on assiste au spectacle des individus qui réussissent leur bout de chemin sans soigner autre chose que leur musique. Il n'y a plus de honte.
 
Le making of est bien loin de présenter cette image avenante du groupe.
L'amateurisme guidant, il faut, à décharge, signaler qu'il est difficile d'expliquer dans un enregistrement d'album d'où sort véritablement le "génie créatif". Ce que montre ce making of, c'est que l'inspiration se dessine ailleurs que dans un studio. Mais In Flames a décidé de se montrer tel quel sans souci de polir leur image ou d'intégrer une notion d'explication et de direction ou d'efficacité dans le montage même du documentaire. Ainsi, la moitié d'un épisode (7 minutes) est dédié à l'enregistrement de la basse. Un chevelu joue continuellement les trois mêmes notes sur le même rythme collaborant avec le mixeur de l'album qui ne répond jamais à aucune question et renvoie toujours la balle dans l'autre camp. En somme, Five et In Flames ont décidé de montrer le labeur de l'enregistrement studio ... et quelques méthodes de relaxation. Et rien d'autre.

Voici le fruit du labeur 2007 d'In Flames, The Mirror's Truth, A Sens of Purpose :


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