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Donc Acte ! ne suit pas l'actualité cinéma à la loupe. Donc Acte !, qui s'est intitulé Le cinéphobe pendant une courte période, n'a pas pour passe-temps de visionner des pelloches de cinoche. Donc Acte ! ne va pas souvent voir une œuvre en salles. L'envie est rare. Le plaisir est d'autant plus intense lorsque je suis satisfait par une rencontre du 7ème art. Certains films m'inspirent des réflexions ; c'est ce que je souhaite partager. Je ne propose pas de thèses et il m'arrive de gâcher les histoires en racontant la fin. Vu que je ne mets pas ce qui a été fait de l'invention des frères Lumière sur un piédestal et que je suis des fois moqueur, Donc Acte ! peut ne pas plaire.

jeudi 11 août 2011

Rise of the Planet of the Apes / La Planète des singes : les origines

Jeudi 11 Août 2011
Jour

La mythologie de La Planète des singes m'a passionné dès mes années d'enfance. D'une part, la similarité entre la société de l'homme et du singe m'apparaissait comme un bon terrain d'entente pour que l'on obtienne une paix harmonieuse. D'un autre côté, un écrivain français Pierre Boule a créé cet univers. J'ai regardé la série télévisée et les autres films dans l'espoir de redécouvrir l'excellence du métrage de 1968 réalisé par Franklin J. Shaffner. Souvent déçu, mon intérêt ne s'est pas éteint. J'en tiens pour preuve d'être allé voir la pitoyable version de Tim Burton au cinéma en 2001. Je lui voue une haine viscérale depuis. 10 ans après une évolution avortée, le nouvel opus de la série des Apes sort en salles en France.

La bande-annonce était efficace. J'ai éprouvé de la compassion pour le singe instigateur de la révolution avant même d'avoir vu le film. Ainsi donc, je ne me suis pas rasé jusqu'au 11 août. Jeudi matin, je me suis mis tout nu dans la file d'attente. J'étais prêt pour 105 minutes de plaisir.

Premier problème : les effets spéciaux sont convaincants mais le contraste entre image numérique et image réelle est bâclé. La photographie du film n'établit pas le raccord. Le découpage est visible. Cette déficience se prolonge sur tout le film.

Second problème : dans un laboratoire pharmaceutique, un gardien tire à balles réelles dans une salle pleine de cadres pour abattre une singe "agressive" échappée de sa cage. 

Troisième problème : elle a mis au monde un petit sans qu'aucun membre de l'équipe de scientifiques ne s'en aperçoive.

Quatrième problème : un choix cornélien se pose pour Will Rodman incarné par James Franco : tuer le bébé singe ou le ramener chez lui. Rétrospectivement : le tuer aurait permis de tout (the Rise) éviter. Je souligne qu'il faut faire attention aux incitations mises dans un film. Préserver la vie est essentiel à l'existence : suggérer que tuer aurait été un meilleur choix que de le sauver est dangereux.

Tout cela est présenté dans les 10 premières minutes. Le récit se met en place dès le moment où Will Rodman ramène chez lui le bébé singe César. Question : Y avait-il besoin de toutes ces explications torchées à la va-vite (condensées et contenant de grosses erreurs pour être poli) pour en arriver à un début de récit valable (l'arrivée dissimulée d'un bébé singe dans une maison de banlieue) ?

Quelques années passent, César a grandi. Il est gentil, épanoui et bien intégré dans le cadre familial. Will Rodman fait désormais l'essentiel de ses expériences sur un remède à la maladie d'Alzheimer à la maison.

Cinquième problème : son laboratoire maison se trouve à côté de la cuisine et est constitué de trois écrans d'ordinateur, de deux écrans lumineux et de plein de papiers collés partout

Mais l'Alzheimer de son père s'aggrave. Son infirmière suggère de le placer en institution spécialisée. Will va opter pour la méthode radicale.

Sixième problème : il vole des échantillons réfrigérés de grande valeur du laboratoire pharmaceutique en les mettant dans sa poche de pantalon.

Will fait son test sur humain/son père à la maison.

20 minutes viennent de passer. Le spectateur est mis en emphase avec César qui éprouve de la compassion pour le père Rodman, a des envies, fait des erreurs presqu'humaines et s'amuse avec Will.

Septième problème : personne au labo ne (se) demande d'où viennent les échantillons de sang (du père) que Will ramène et qu'il analyse au microscope et sur ordinateur en salle commune de travail.

Huitième problème : alors qu'il trouve le remède à Alzheimer, Will Rodman est plus occupé à faire sortir César en forêt et à draguer une vétérinaire.

Quelques temps plus tard, les problèmes pour César commencent. Il se rend compte qu'il est tenu en laisse comme un chien et se sent humilié. Il se pose des questions : est-il un animal de compagnie ? Qui sont ses parents ? Rodman explique l'ensemble à César qui développe une conscience devant le laboratoire pharmaceutique en voiture. Il apprend la mort de sa mère.

Malheureusement, le père Rodman redevient altéré par la maladie. Le remède n'a fonctionné que temporairement. Il se met dans une embrouille avec le voisin. Intervient César. Violence. Police. Animal Control. César est emmené à la SPA.

Neuvième problème : A la 40ème minute, le boss de Rodman, à qui ce dernier avoue enfin tout, n'alerte pas les autorités et ne demande aucune preuve des dires du scientifique. Il autorise la reprise des recherches et réintroduit les tests sur singes. En plus, il lui colle une crotte de nez sur la manche droite de sa veste.

Pendant ce temps, César est traité à la SPA comme un singe ordinaire ; comme une bête. Une nouvelle éducation commence pour lui. Sa phase de rébellion prend forme.


Rise of the Planet of the Apes (2011) est un film militant contre les tests et les mauvais traitements sur animaux. L'empathie est mise du côté de César pour convaincre le spectateur de son propos et lui ôter quelques frustrations sur des brimades d'ordre quotidien. L'évolution de César est le principal atout et fonctionne sans accroc. Elle est malheureusement très bien résumée dans la bande-annonce.

Rise of the Planet of the Apes n'a pas grand chose à voir avec l'original La Planète des singes. Il n'y a ni guerre atomique ni astronautes dans La Planète des singes : les origines qui suit l'émouvante histoire d'un singe qui ne voulait plus vivre dans une cage mais dans la nature. César mène une révolution intelligente qui est précurseur du mode de société adoptée par les singes. Ce Apes a tous les airs d'un reboot.

La préparation à la révolution des singes dure l'essentiel de la durée de Rise of the Planet of the Apes / La Planète des singes : les origines. Elle mise sur les paradoxes de l'existence et souligne que deux groupes aspirant chacun à vivre heureux et libre peuvent se retrouver en conflit d'intérêts (sans paix possible ?) même si le souci de concision de Rupert Wyatt emprunte des raccourcis simplistes. Le metteur en scène cherche à lutter contre l'ennui du spectateur en instaurant un rythme rapide (les scènes doivent toutes être de la même durée) au profit de multiples invraisemblances dans le récit.

L'"apocalypse" se résume sur les 20 dernières minutes. L'échappée des singes ressemble d'ailleurs à une bande-annonce de rébellion (le laboratoire pharmaceutique, le zoo, la rue). Seule la scène montrant le groupe de singes mettre la pattée à une bande de policiers sur le Golden Gate Bridge est à caractère épique. Rise of the Planet of the Apes / La Planète des singes : les origines souffre d'une réalisation qui privilégie l'amorce d'effet spectaculaire au détriment de la mise en place et du développement de l'émotion. Ce dernier effet se transmet par la musique larmoyante et des gros plans sur des visages tristes.

Si vous respectez toutes les formes de vie et que les pratiques des laboratoires pharmaceutiques vous répugnent, si vous voulez éprouvez de la compassion pour un singe en quête d'indépendance, ce film est un divertissement sympathique recommandable.


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