La sélection de Donc Acte !

Donc Acte ! ne suit pas l'actualité cinéma à la loupe. Donc Acte !, qui s'est intitulé Le cinéphobe pendant une courte période, n'a pas pour passe-temps de visionner des pelloches de cinoche. Donc Acte ! ne va pas souvent voir une œuvre en salles. L'envie est rare. Le plaisir est d'autant plus intense lorsque je suis satisfait par une rencontre du 7ème art. Certains films m'inspirent des réflexions ; c'est ce que je souhaite partager. Je ne propose pas de thèses et il m'arrive de gâcher les histoires en racontant la fin. Vu que je ne mets pas ce qui a été fait de l'invention des frères Lumière sur un piédestal et que je suis des fois moqueur, Donc Acte ! peut ne pas plaire.

lundi 1 août 2011

Le concert

Dimanche 31 Juillet 2011
Soir

Le concert est un film franco-roumain, franco-russe ou franco-roumano-russe (je n'ai pas vérifié) tourné en 2008 pour Europa Corp. par Radu Mihaileanu avec Mélanie Laurent, Aleksei Guskov, Dimitry Nazarov, Miou Miou et François Berléand. La copie que j'ai eu en ma possession était de mauvaise qualité car les sous-titres n'ont pas fonctionné. Malheureusement, ce film s'attache à transmettre ses informations par le son. Le dialogue et la musique sont les seuls vecteurs d'émotion de ce film. Il est difficile de suivre car la mise en image est creuse. Elle n'est ni narrative ni discursive et péniblement descriptive ; la caméra ne filme que les interprètes discuter (l'action est réservée pour le concert final). 

Passé les premières 20 minutes du film tout en russe, je n'ai rien compris. J'imagine donc les anciens membres de l'Orchestre du Bolchoï planifier un passage à l'ouest sous prétexte de faire briller l'URSS à l'étranger. Toute autre intrigue est bienvenue.

Ils discutent.

Vient une petite aparté en France en français. Mélanie Laurent n'y connait rien à Tchaïkovski mais Miou Miou lui rappelle qu'elle seule peut faire quelque chose. François Berléand est énervé. Il y a un trou dans son budget qu'il avait prévu trop insuffisant.

Retour pour une dizaine de minutes en Russie à l'époque de Brejnev. Sur une scène, un rond bonhomme barbu en costard blanc (satirique illustration du russe blanc ?) s'amuse à frotter sa guitare sur son costume. A ses côtés, un violoncelliste joue de son instrument sans passion. Un homme au téléphone portable crie très fort. Tout le monde se retourne sur lui. Le groupe des deux musiciens s'interrompt dans son récital. En français, François Berléand et son employé n'ont pas trouvé un endroit qui s'appelle Le trou normand. Une grosse demi-heure vient de passer.


Débarque dans un hôtel parisien l'orchestre slave agitant les bras en l'air, buvant beaucoup, criant, dérangeant l'ordre public et privé, et recevant de l'argent qui passe d'une main à une autre. Un russe embrasse le français qui distribue les beaux billets. Puis un autre. Tout ce monde s'entasse dans un ascenseur pour compter ce qu'il a pu ramasser. Ils s'en vont tous dans la nuit sauf le chef d'orchestre qui préfère parler avec Miou Miou. Mélanie Laurent est liée, intrigue secrète secondaire oblige, au brillant Filipov mais il promet de ne rien dire. Musique de violoncelle triste. Une histoire en esquisse.


Et c'est parti pour une lutte entre russe, français et français mâchouillé par l'accent slave. Mélanie Laurent est une virtuose du violon mais froisse l'ego de Filipov sans qu'elle ne comprenne pourquoi. Musique tzigane à fond. Bruit de métro. D'après François Berléand, "Les Russes sont des mules. Ahahah." Sur fond de bruits de rue, du russe. La chronique épique de la bande-son de ce film m'épuise.

Au restaurant, français côtoie français à peine articulé. Les phrases entières du grand Andrei Filipov donnent ceci : "Moi, continuer ... répéter". Moment d'émotion. Mélanie manque de pleurer. Des musiciens ivres sur une péniche. Extase sur une envolée de classique. Le coach en français du film Nisso Kabulova a dû finir sur un char en Tchétchénie.

Bientôt le concert ? C'est tout ce qu'il me reste à espérer.


Mélanie n'a jamais joué Tchaïkovski. Elle doute d'atteindre l'ultime harmonie et elle dit à Filipov de se faire soigner. Le concert est voué à l'échec.


Mais, là, c'est le système soviétique qui menace de réduire en purée la réputation de Filipov s'il n'y a pas de spectacle. Mélanie Laurent refait sa conasse. Elle est désolée, c'est pas possible. Le joufflu de la photo lui avait pourtant dit que la musique répondait aux peurs au contraire de la parole qui est traitre. Et il demande pardon et s'en va.

Enfin, le concert a lieu. Avec Mélanie Laurent (elle a lu une lettre). François Berléand tripe. Tout le monde est aux anges. Flash-back révélateur du lien entre Filipov et Mélanie Laurent. Elle n'est pas sa fille mais c'est tout comme. Vive la musique. Fin.

Je conseille de voir Le concert avec des sous-titres. C'est le paradoxe à souligner d'un film qui traite de la beauté de la musique. Quant à son à-priori-qualité (succès public oblige), Le concert s'appuie sur l'enchantement du Lac des Cygnes de Tchaïkovski et le charme de russes ivres, philosophes et bredouillant le français.

P.S. : On moque ce que l'on ne comprend pas.

6 commentaires:

  1. Forcément voir le film sans les sous-titres alors que la moitié est parlé en Russe, c'est pas évident. Moi j'ai vraiment adoré ce film.
    Pour info, ce n'est pas Le Lac des Cygnes qui est joué, mais le Concerto pour Violon ;)

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  3. Ces articles écrits "in real time" donnent un éclairage particulier sur les films en communiquant bien leur nullité.

    On s'y était essayé sur "Il a osé" pour quelques films, comme Michael Clayton ou Seraphim Falls :

    http://ilaose.blogspot.com/2008/02/michael-clayton.html

    http://ilaose.blogspot.com/2008/02/seraphim-falls.html

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  4. Franchement, après avoir lu ta critique, je considère avoir vu ce film plutôt deux fois qu'une ! :)

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  5. @ Félix -> Pourquoi cet article est-il si efficace ?

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  6. Oui ! Puis je suis à peu près sûr d'en penser la même chose que toi !

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