La sélection de Donc Acte !

Donc Acte ! ne suit pas l'actualité cinéma à la loupe. Donc Acte !, qui s'est intitulé Le cinéphobe pendant une courte période, n'a pas pour passe-temps de visionner des pelloches de cinoche. Donc Acte ! ne va pas souvent voir une œuvre en salles. L'envie est rare. Le plaisir est d'autant plus intense lorsque je suis satisfait par une rencontre du 7ème art. Certains films m'inspirent des réflexions ; c'est ce que je souhaite partager. Je ne propose pas de thèses et il m'arrive de gâcher les histoires en racontant la fin. Vu que je ne mets pas ce qui a été fait de l'invention des frères Lumière sur un piédestal et que je suis des fois moqueur, Donc Acte ! peut ne pas plaire.

samedi 9 juillet 2011

The Ward

Vendredi 8 Juillet 2011
Soir

Avec The Ward réalisé en 2010, John Carpenter revient au cinéma après 9 années d'abstinence depuis Ghost of Mars en 2001. Le film souffre néanmoins d'une distribution chaotique. Le thriller psychologique est disponible en VAD (donc en téléchargement illégal) depuis le 8 juin 2011 aux États-Unis dont les débuts dans les salles US a été prévue pour aujourd'hui (une formalité considéré que le DVD sera dans les bacs le 16 août prochain). A mentionner que The Ward est sorti en salles en Grande-Bretagne et en Irlande le 21 janvier de l'année 11 après 2000, en Malaisie en mars, en Italie le 1er avril, et, à Singapour, en Grèce, en Turquie, en Russie, en Argentine et à Bahrain (petit royaume ayant place sur un archipel entre l'Arabie Saoudite et le Qatar) en juin. En septembre, suivront le Japon et l'Allemagne. Et même si la blogosphère a épargné les spoilers par respect pour les fans du maître de l'horreur, les amoureux français de Big John ont de quoi s'énerver. The Ward, dernier cru du maître, n'a pas de date de sortie prévue dans l'Hexagone.

Un fan français énervé.

Plutôt que d'écrire un article sur la stratégie commerciale et le respect du consommateur, je vais m'attarder à la critique du film.

Pourquoi ne veulent-ils pas de mon film en France, au Portugal, en Espagne, aux Pays-Bas, en Scandinavie, en Amérique latine, en Chine, en Inde, en Afrique, sur Mars ?

The Ward se déroule en 1966. Kristen, une jeune femme ayant mis le feu à une ferme abandonnée au fin fond de l'Oregon, est enfermée dans l'hôpital psychiatrique de North Bend. Les pensionnaires y sont victimes de mystérieuses disparitions. Après avoir été agressée, Kristen, ne pouvant compter sur ses camarades à la santé mentale vacillante et sur le personnel hospitalier, doit affronter seule un mauvais-esprit pour survivre.


Il est difficile de relever l'intérêt du spectateur pour un film se déroulant en hôpital psychiatrique. Il n'existe que deux trames narratives usées jusqu'à la moelle depuis Le Cabinet du Docteur Caligari (1920) de Robert Wiene : soit il est révélé, à la fin du récit, que le personnage principal est interné depuis le début (comme dans Shutter Island, Martin Scorsese, 2010) soit il finit institutionnalisé (comme dans Shock Corridor, Samuel Fuller, 1963).

Pour diversifier son métrage des précédents déjà réalisés dans ce cadre, l'option principale réside à aborder un genre non exploité. Là où Shock Corridor est un film d'investigation journalistique, Shutter Island adopte les codes du film policier. Là où Sucker Punch (2011) de Zack Snyder est une purge infecte reprenant le mode du jeu vidéo shoot 'em all, Identity (2003) de James Mangold est un thriller psychologique utilisant les codes du slasher. Là où Le Cabinet du Docteur Caligari est un film expressionniste, Girl, Interrupted (1999) de James Mangold et Vol au dessus d'un nid de coucou (1975) de Milos Forman sont des films à thèse.

John  Carpenter a choisit de mettre l'accent sur le surnaturel. Il introduit un élément fantastique avec la présence d'un fantôme dans l'enceinte d'une institution pour jeunes femmes perturbées. Ce qui est une bonne excuse pour faire perdre la vie et les derniers brins de raison qu'il reste à des pensionnaires déjà affectées.


John Carpenter n'arrive malheureusement pas à rendre la terreur allant de pair avec la présence d'un fantôme dans un cadre censé être étouffant. L'ensemble du film reste plat. Aucune séquence n'est mémorable. La suite d'événements s'enchaîne logiquement mais rien ne fait jamais décoller l'intérêt. Le réalisateur d'Assaut, The Thing et du Prince of Darkness, pourtant spécialiste des huis clos horrifiques, pêche à rendre l'envie de s'échapper d'un enfer car il ne filme rien d'autre de terrorisant que les apparitions très prévisibles d'Alice le fantôme (car la mise en scène souligne la préparation des actions surnaturelles dans des lieux déjà utilisés pour ces effets).

Dans Assaut, le commissariat était le dernier endroit où être en sécurité. Ce dernier étant assiégé, préserver l'intégrité du lieu permettait à ceux qui s'y étaient réfugiés de conserver la vie. Dans The Thing, l'horreur venait de l'intérieur (les copies produites par la chose) et de l'extérieur (le froid polaire). Il n'y avait pas d'endroit où se cacher. Dans Prince of Darkness, les sans-abris sous contrôle télépathiques entouraient l'église alors que le fils de Satan prenait forme dans l'édifice religieux. Comme dans The Thing, il fallait affronter le mal pour survivre. Les enjeux des personnages étaient liés au lieu dans lequel ils étaient enfermés.

Dans The Ward, le pavillon et l'hôpital où les jeunes femmes résident ne relèvent d'aucune particularité qui serait tangible de participer à l'effroi. L'endroit ne fait que souligner une étrangeté et une instabilité à l'aspect fantastique. L'intérêt du lieu réside dans le fait de s'en échapper. Or, le diagnostic du médecin principal ne pourrait pas sauver les jeunes femmes en les déclarant saines d'esprit (surtout si elle déclare voir un fantôme). Quant à leurs traitements et l'état dans lequel les femmes se trouvent, le docteur n'est pas dupe, les guérisons miracles sont extrêmement rares. On aurait pu assister à un massacre pur et dur (The Ward n'accepte malheureusement pas le statut de slasher surnaturel). Vu que le fantôme est le principal souci dont il faut fuir, à quoi bon situer l'action dans un hôpital psychiatrique ?

J'ai tout de même regardé The Ward jusqu'au bout afin de connaître le fin mot de l'histoire et par respect pour John Carpenter.


-SPOILER ALERT- 

En fait, il me suffit de faire référence à un film pour dévoiler le pot aux roses de The Ward car il reprend la résolution d'Identity réalisé en 2003 par James Mangold. Le procédé slasher d'élimination est identique à celui de The Ward. Il indique que le fantôme est une excuse afin de retranscrire la guérison de Kristen, schizophrène, qui tue l'une après l'autre les autres pensionnaires de North Bend, autres représentations d'elles-mêmes dans sa psyché. Comme le serial killer dans le thriller psychologique de James Mangold, le motel en moins, le fantôme en plus.

-FIN SPOILER ALERT-
 
Les choix de mise en scène de Big John sont des clichés de mise en place de la terreur. John Carpenter aimait pourtant conter des histoires dans lesquelles l'horreur était intrinsèque aux événements décrits par le récit, des éléments de mise en scène et à la thématique abordée. Le twist final n'a rien de surprenant. Il s'avère décevant que le maître de l'horreur en soit à faire des ersatz de films de série B pour amateurs de frissons faciles. Après deux décevants épisodes de Masters of Horror et l'auto-récupération de Ghost of Mars, John Carpenter, j'espère, remettra un pied au bon étrier pour nous concocter à l'avenir des projets excitants dont il a encore (?) le secret.

Reste à voir dans The Ward un splendide casting de superbes jeunes femmes :

-Amber Heard est très agréable à regarder se balader en jean moulant et chemise rouge. Ne pas trop s'exciter, elle est gay. 

Amber Heard.

-Danielle Panabaker est adorable en toutes occasions.


Danielle Panabaker.

-Lyndsy Fonseca est aussi mignonne affublée de lunettes et d'une robe sans décolletés.

Lyndsy Fonseca.

4 commentaires:

  1. Bel article, très complet, pour un film hélas décevant de la part de Big John. J'espère que ça n'était pour lui que l'occasion de reprendre goût à tourner, et qu'il nous reviendra avec un projet plus personnel, comme au bon vieux temps ! :)

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  2. J'ai lu dans une interview du maître qu'il serait intéressé de faire l'adaptation de jeux vidéos tels Bioshock et Dead Space dont il est fan.

    http://www.chud.com/54997/interview-john-carpenter-the-ward/

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  3. Oui, je lis aussi ce qu'il raconte via son compte twitter, ça permet de bien savoir où il en est dans ses différents projets (il répond volontiers à ses fans) :)

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  4. Je n'ai pas encore de compte twitter ^^

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