Jeudi 15 Septembre 2011
BILLET D'HUMEUR
Pour ce faire, je m'attarde sur deux films :
Eternal Sunshine of the Pointless Mind (2004) de Michel Gondry classé 62ème avec une moyenne de 8.4 par 269 724 votes et
Le Septième Sceau (1957) d'Ingmar Bergman classé 110ème avec une moyenne de 8.3 par 46 030 votes au 15 Septembre 2011. 36 218 personnes ont voté pour
City Lights (1931) pour une note globale de 8.5 et la 49ème place. Le nombre de votants ne fait pas la différence.
Eternal Sunshine of the Pointless Mind ne devance pas
Le Septième Sceau au classement parce qu'il a un plus grand nombre de voix. Pour les votants, l'appréciation est l'élément fondateur.
Affinement de la critique
Pour bien juger des effets ponctuels, il s'agit d'utiliser quelques points de repères.
IMDB a été lancée en 1990. Le site a 21 ans d'existence. 57 millions d'usagers uniques le visitent chaque mois. La base de données a été enrichie au cours du temps par les administrateurs et les internautes. Près d'1 400 000 œuvres sont répertoriées. IMDB est populaire mais est connu essentiellement de générations ayant grandi avec internet.
Les anciens films (précédant les années 1970) recueillent moins de suffrages que les plus récents. Il y a bien sûr des exceptions (en haut du classement) qui confirment la règle. Si
Pirates des Caraïbes (2003) devance en nombre de voix
L'homme qui tua Liberty Valance (1962),
Festen (1995),
La Dame du Vendredi (1940) et
Stalker (1979), il s'agit à la fois d'un effet de mode et d'époque car personne n'est suffisamment sain d'esprit pour préférer, dans l'histoire du cinéma, un film avec Johnny Depp qui roule du cul déguisé en pirate à la force discursive et émotionnelle de chefs-d’œuvre réalisés par John Ford, Thomas Vinterberg, Howard Hawks et Andrey Tarkovskiy.
Dans quel mesure le succès public engendre-t-il un effet de masse pour la satisfaction d'un film ? Sur ce sujet, le temps donnera son verdict. Toutes les générations ne sont pas abonnées à internet et/ou ne connaissent pas forcément IMDB. Combien de jeunes pré-pubères influençables votent pour que leur film culte de l'année (dont, dans dix ans, ils auront tout oublié) soit parmi les meilleurs alors que des fans de Luis Bunuel (absent de cette liste) ne savent pas naviguer sur le net ou n'ont pas en tête ce genre de référence (IMDB et le TOP 250) ? De plus, les générations futures auront d'autres marottes qu'
Inception (2010),
Le Seigneur des Anneaux (2001-2003),
Fight Club (1999), etc ... Les films auront ce qu'ils méritent. Espérons tout de même que le passé du cinéma les rattrapera ou qu'ils seront curieux de le découvrir.
Ma critique s'adresse à cette frange, si elle existe, des 46 030 personnes ayant vu Eternal Pointless Mind of Michel Gondry et Le Septième Sceau et qui ont donné une meilleure note au premier film. Quand j'ai noté Eternal Sunshine of A Vague Idea of Cinema, j'ai fait preuve d'honnêteté. J'ai mis 1 sur 10. Pour tous ceux qui ont donné une meilleure note à There Was A Movie There Before Michel Gondry Got Hired (vous avez le droit à votre opinion), voici une présentation perso du réalisateur français tel que je le vois (j'ai noté le chef d’œuvre de Bergman 10 sur 10) :
Michel Gondry fait suivre la nuit et le jour en accéléré dans ses vidéos musicales et ses films depuis l'aube des années 1990. Après avoir été traité de génie à l'école primaire de cinéma (alias le monde du clip), Michel a décidé de passer à la comédie. Il a traité le sujet complexe du rapport entre la nature et la société. Sujet qui lui tenait à cœur ayant filmé Björk au préalable dans des studios reproduisant les forêts islandaises. Son coup de génie drolatique fut de faire porter un bonnet péruvien à Alain Chabat. Toute la force du talent gondrois est de créer des images qui inspirent de nombreux internautes à les utiliser comme avatars sympas. Un pote avait, pendant une ou deux semaines, la photo de Chabat southaméricain sur MSN.
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Face à un bonnet péruvien |
Après cela, Michel Gondry demandait de rembobiner les K7 à l'ère du BluRay. Il a filmé de l'amour platonique avec Cameron Diaz dans
The Green Hornet, un tour de force qui l'a mis dans les petits papiers des gros studios américano-puritains. Que donnera la suite ? Soyez sympas, ne rayez pas les Vynils ? Ou l'adaptation de la pub du géant vert ? Quant à Eternal Pointless Mind of Michel Gondry, il faut voir Jim Carrey ne pas prendre le train ou le prendre dans le sens inverse pour apprécier la force métaphorique que Gondry sait mettre dans ses pelloches. Jim ne prend pas la vie dans le bon sens. C'est du littéral. La force d'abstraction et le figuratif pourtant éléments clés de la création d'images passent au dessus de l'écharpe du maître de l'humour français (notion qui n'existe pas hors de nos frontières). Michel Gondry est probablement un mec sympa, et même le sel de la terre. D'ailleurs, il y a plein d'agriculteurs super adorables. Il y a des personnes mignonnes comme tout qui travaillent sur les chantiers, la nuit, au marché et dans des boutiques. Cet homme gondrien ne fera jamais un plan de la puissance esthétique, philosophique, poétique, narrative et discursive du
Le Septième Sceau ni d'un mauvais exemple de la filmographie d'Ingmar Bergman en petite forme (et je ne suis pas grand admirateur de l'auteur suédois). Si vous (faudrait-il que vous existiez) avez préféré le film du versaillais, vous avez peut-être vu
Le Septième Sceau mais vous ne l'avez pas regardé.
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Face à la mort |
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Face à l'écharpe |
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Le remake de Catch Me If You Can de Michel Gondry |
Excellent article ! Peut-être ton meilleur à ce jour :D
RépondreSupprimerMerci, je suis content qu'il t'ait plu
RépondreSupprimerTrès bon !!!
RépondreSupprimerC'était moi le pote à l'avatar ?
X
Si tu es l'anonyme X, alors oui, c'est toi le pote à l'avatar MSN.
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