Je vais faire court. Je le connais pas personnellement. Voilà ce que je peux en dire : classique dans l'âme, Christopher Nolan a étudié la littérature anglaise à l'University College London. Pour avoir plus de chances d'être reçu au concours d'entrée, il s'est débrouillé pour naître à Londres en 1970. Les savoirs techniques acquis lui ont permis de développer des scénarii dense dont celui de Following reposant sur un twist final qu'il a financé pour 6 000 dollars.
- Nolan commence ses récits par une scène en flash-back ou par un extrait de la fin (Memento, Inception, ...) dirigeant ainsi l'immersion du spectateur dès les premiers instants de la narration.
- Le spectateur cherche alors à connaître tous les rouages de l'histoire. Sa logique est calquée à celle des personnages des histoires. Le spectateur "fait corps" avec les protagonistes.
- Des monologues explicatifs à teneur philosophique introduisent et/ou concluent ses métrages (The Dark Knight).
- Néanmoins, en fin de récit, un dialogue entre deux personnages clés peut se substituer à la déclamation solitaire (The Prestige, Inception, ...).
Nolan : "Je pense que la seule façon de créer une ambiguïté satisfaisante est de la baser sur un solide point d'encrage de ce que vous pensez être en train de se passer, et ensuite de permettre à l'ambiguïté de venir de l'incapacité du personnage à savoir, et l'aligner sur l'audience avec ce personnage."
Nolan cultive les niveaux de connaissance du spectateur et du protagoniste de son récit en les faisant partager les mêmes savoirs et ignorances. Nolan agit ainsi en réalisateur omniscient. Il dissimule aux personnages et au spectateur les mêmes informations afin que leur quête d'apprentissage les emmène ensemble à leur terme.
- Sa réalisation est descriptive.
- La caméra n'est utilisée ni dans sa fonction narrative ni dans sa fonction discursive.
- La direction du regard ne s'intéresse qu'à la lecture de l'action/script.
- La notion de point de vue n'est prise en compte qu'à l'écriture scénaristique. L'action dicte les choix d'angle de vue, de cadrage et de durée de plans.
- Le dialogue transmet l'essentiel des informations.
- Il présente presque toujours ses personnages par des gros plans des mains performant un acte pour les caractériser.
- Des faux raccords à 180° viennent saper la construction illusoire de ses métrages (Batman Begins, The Prestige, ...) lorsqu'un personnage se retrouve face à une audience.
- Il filme également le plus souvent les acteurs en gros plan avec l'arrière-plan flouté lors des scènes de dialogue. Cet arrangement technique sert un sur-découpage des scènes de discussions en champ contre-champ dont le seul souci est le rythme ; d'où l'utilisation fréquente d'une caméra tournant autour des acteurs.
- Cette mise en scène de Nolan obsédée par le rythme est appuyée par la musique d'Hans Zimmer depuis Batman Begins. Lourde et fortement sonore, elle sert les soucis du cinéaste de ne pas perdre l'attention du spectateur et conserver un rythme rapide.
- Quelque soit l’œuvre, les plans durent rarement plus de 10 secondes.
- Nolan utilise des hard cuts comme mode transitionnel entre les scènes.
- Les récits n'ont pas de temps morts dans leurs déroulements.
- Aucune scène n'étire la durée et ralentit le rythme haletant de ses longs-métrages.
L'univers d'Inception possède une grande quantité de faits qui sont expliqués à grand renfort de dialogues afin que le spectateur puisse maitriser tous les enjeux. Ce travail a nécessité une écriture foisonnante. Le scénario d'Inception a connu diverses évolutions durant les 10 années consacrées à son achèvement par Christopher Nolan. La mise en images est concentrée à retranscrire et à démontrer les dires des protagonistes. Autrement dit, Nolan peut remercier l'avancée technique qui a permis l'insertion et la synchronisation de la bande sonore sur la pellicule 35 mm en 1927 car Inception est le film d'action le plus bavard de l'histoire de l'humanité. Il faut ingurgiter à grand rythme un nombre impressionnant d'informations. Le spectateur respire avec peine, s'essouffle ou passe deux heures en apnée. A moins de lire les sous-titres, cligner des oreilles et vous serez perdus.
Il ne manque qu'à découvrir qui manipule qui dans Inception.
Excellent article !
RépondreSupprimerNolan ressemble à un mélange entre Aki Kaurismaski et Clovis Cornillac. Comme ses personnages c'est un control freak. Mais c'est surtout un gros tocard qui fait des films destinés aux ados fanas de sur-interprétation :)
Et j'aime ton analyse de la non-mise-en-scène de Nolan ! J'avais oublié de le dire.
RépondreSupprimerC'est surtout Nolan qu'il faut remercier pour ses lacunes artistiques. Je ne suis qu'un humble spectateur.
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