La sélection de Donc Acte !

Donc Acte ! ne suit pas l'actualité cinéma à la loupe. Donc Acte !, qui s'est intitulé Le cinéphobe pendant une courte période, n'a pas pour passe-temps de visionner des pelloches de cinoche. Donc Acte ! ne va pas souvent voir une œuvre en salles. L'envie est rare. Le plaisir est d'autant plus intense lorsque je suis satisfait par une rencontre du 7ème art. Certains films m'inspirent des réflexions ; c'est ce que je souhaite partager. Je ne propose pas de thèses et il m'arrive de gâcher les histoires en racontant la fin. Vu que je ne mets pas ce qui a été fait de l'invention des frères Lumière sur un piédestal et que je suis des fois moqueur, Donc Acte ! peut ne pas plaire.

dimanche 4 septembre 2011

Melancholia : le prélude

Dimanche 4 Septembre 2011
Jour

Melancholia, Lars von Trier, 2011, Danemark-Suède-Allemagne-France.

La mélancolie est un dégoût de l'existence, une faible motivation et un minimum de désir pour les choses les plus élémentaires (sexualité, travail, amour, amitiés, entretien de soi, aide de l'autre, ...). Comme la naissance d'une idée, la réjouissance de brefs instants collectés en souvenirs sont rejoués en boucle avec plaisir selon différentes variantes et interprétations. Un mélancolique se contente de bribes de vie car l'essentiel se trouve dans sa propre pensée (lieu de l'origine et de l'aboutissement de tout) où la déformation est de rigueur. Le procédé de fabrication du bonheur se suffit de minuscules satisfactions. La construction pour le long-terme n'est pas essentielle. Habitué à envisager le pire, la mise en scène de sa mort attire même le mélancolique.




La condition

J'ai personnellement mis le temps pour écrire cet article. Je ne voulais pas lâcher les quelques plaisirs que m'ont procuré Melancholia. La projection du film s'étant parfaitement déroulée, j'éprouve quelque nostalgie envers ce moment délicieux. Tranquillement installé au premier rang de la mezzanine du Max Linder Panorama le samedi 13 Août 2011 à la séance de 11h30 du matin (j'ai payé mon ticket une somme correcte : 5,50 euro), j'assistais à la projection de Melancholia dans une salle essentiellement vide. 



Melancholia de Lars von Trier se divise en trois parties : la première partie est une introduction musicale qui fait partager le rêve récurrent de Justine au spectateur, la seconde partie présente le personnage de Justine lors de son mariage et sa réaction à l'approche de la fin du monde, et, la troisième partie introduit l'univers dans lequel sa sœur Claire évolue et dans lequel Justine paraît être malade.


La jouissance esthétique et la force d'abstraction cinématographique

L'introduction de tableaux mouvants au ralenti représentants les différentes étapes de Melancholia se déroulent sur le prélude de Tristan & Isolde de Richard Wagner. Cette séquence fait office de prélude musical (à la manière des films hollywoodiens à grand spectacle des années 1950 tels Lawrence d'Arabie et Ben Hur pour concurrencer l'essor de la télévision). Les émotions sont guidées par l'éblouissante partition qui permet d'entrer dans l'univers de Melancholia. J'ai pu prendre connaissance des moments-clés (telles la course sur le terrain de golf et la mort du cheval) tout en partageant l'état euphorique et jouissif de Justine. Cette introduction officie tel un rêve commun pour le spectateur et Justine (qui évoque dans la première partie le tableau d'elle-même enlacée par des herbes noires). Il est très important que l'apocalypse soit présenté sur un mode de prescience. Dans la première partie Justine, la destruction de la Terre n'est pas mentionnée. Cette présentation permet donc de tolérer et d'expliquer le comportement de Justine (et des autres participants, le tout en relation directe avec la fin du monde) lors du mariage qui aurait pu générer de l'incompréhension et créer une frustration et un désaveu pour le protagoniste central incarné par Kirsten Dunst, vecteur du propos de Melancholia. Les rouages précis du récit sont préservés pour la durée du développement narratif mais la compréhension est facilitée pour saisir les tenants et aboutissants de Melancholia. Dans la partie qui lui est dédiée, Justine s'intéresse à Antares sans que la raison ne s'explique. La gravité de la situation s'invite dans la fête. Cette étoile de la constellation du Scorpion disparait à la fin du premier chapitre Justine accentuant la proximité temporelle de la collision entre la grosse planète bleue (lol ... on ne sait pas encore qu'elle s'appelle Melancholia) et la Terre. L'utilisation cinématographique de l'abstraction par Lars von Trier aide la jouissance esthétique du spectateur en faisant partager la douce embrassade de Justine qui se berce de plaisir à rêver de l'anéantissement à venir.













Intervient le titre de Melancholia marquant une brusque rupture de style visuelle et sonore (un silence soudain s'impose). Lars von Trier a finit de présenter sa fin du monde.



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