La sélection de Donc Acte !

Donc Acte ! ne suit pas l'actualité cinéma à la loupe. Donc Acte !, qui s'est intitulé Le cinéphobe pendant une courte période, n'a pas pour passe-temps de visionner des pelloches de cinoche. Donc Acte ! ne va pas souvent voir une œuvre en salles. L'envie est rare. Le plaisir est d'autant plus intense lorsque je suis satisfait par une rencontre du 7ème art. Certains films m'inspirent des réflexions ; c'est ce que je souhaite partager. Je ne propose pas de thèses et il m'arrive de gâcher les histoires en racontant la fin. Vu que je ne mets pas ce qui a été fait de l'invention des frères Lumière sur un piédestal et que je suis des fois moqueur, Donc Acte ! peut ne pas plaire.

vendredi 14 octobre 2011

The Capture of the Green River Killer

Vendredi 14 Octobre 2011
Octobre Rouge #10

The Capture of the Green River Killer, adaptation de John Pielmeier pour Lifetime Television, réalisé par Norma Bailey, 2008, USA, téléfilm dramatique en 2 parties de 90 minutes.

Ce téléfilm se concentre sur la recherche de Gary Ridgway, le Green River Killer, qui a sévi entre 1982 et 1998. Obsédé par le sexe, excité par la violence, Gary Ridgway était motivé par la quête des sentiments de force, de pouvoir et d'importance. Écrasé par une mère brutale et autoritaire, il a eu des relations troubles avec les femmes toutes sa vie. 2 de ses 3 mariages avec des femmes obéissantes se sont achevés par des échecs. L'individu fréquentait assidument les prostituées et plusieurs petites amies. Il pestait néanmoins allégrement contre les putes qu'il considérait comme des choses. En 1980, il s'installa à côté d'un quartier mal famé (le Strip, le long de l'autoroute 99 dans l'état de Washington) où œuvrait beaucoup de filles de joie. Cet affairisme et cette proximité lui ont offert de nombreuses victimes. Gary Ridgway n'a jamais montré aucun remords depuis son arrestation fin 2001. L'outil identifiant l'ADN des criminels a permis de le confondre à partir de prélèvements réalisés en 1987. Gary Ridgway est la définition du sociopathe typique, impulsif et instable, ne comprenant pas la société, considérant l'autre en objet et ne possédant que peu de souvenirs de ses victimes. Il aimait tuer. Il est emprisonné à vie pour 49 meurtres confirmés ; il en a avoué 71 et il est présumé avoir tué plus de 90 femmes.


La transition est rude car The Capture of the Green River Killer a le défaut de tous les téléfilms qui plombent l'introduction d'un récit de flash-backs mal insérés et sans intérêts censés caractériser le héros au travers d'un traumatisme. Le seul véritable effet qui en découle est de projeter dans les yeux deux lumières blanches aveuglantes en début et en fin d'un montage syncopé qui n'a permis d'assembler aucune idées. Description : lumière blanche, mouvement vers la droite, vers la gauche, droite, droite, gauche, droite, gauche, gauche, vers l'écran, lumière blanche, réveil du policier. Cornée à demi-brûlée et strabisme convergeant et divergeant oblige, j'assiste donc au parcours d'une jeune fille qui quitte le foyer familial car son beau-père la viole sans savoir comment j'en suis arrivé là. Elle fait le tapin sans l'assumer et monte un jour dans un pick-up truck. L'élément déclencheur, le voilà, elle croit qu'il s'agit du Green River Killer qui voulait lui faire voir des vidéos spéciales.

Amy Davidson

Au commissariat, personne ne la croit. Donc, retour dans la rue en train de crier fort trop tard et plusieurs fois à ses collègues qu'elles sont montées dans le camion du tueur. Pendant ce temps, le policier chargé de l'enquête se fait mener en bateau par des dénonciations calomnieuses et des témoignages bidons dont sa hiérarchie a tout à faire car elle veut arrêter le tueur quitte à mener des poursuites contre un type louche mais innocent.

Tout cela pourrait être passionnant mais la narration est insipide. Les mêmes scènes sont répétées en boucle : les protagonistes font-ils du surplace ou les scénaristes sont-ils en panne d'imagination ? Il y a 3 heures d'espace-temps entre les pubs à remplir. De plus, les images sont baignées dans des musiques de pubs pour lessive et essaient de transmettre un message déconnecté des réalités pour responsabiliser une partie de son audience (comme si les parents des enfants fugueurs étaient responsables des crimes d'un serial killer ... c'est aussi con que de blâmer les prostituées pour s'être fait tuer par un sadique). J'ai zappé des passages jusqu'à l'idée de génie de l'inspecteur : lancer un appel télévisé pour recevoir des informations citoyennes car le récit n'a toujours pas avancé. Et alors là, il reste 1 heure de film sur 3 à se taper.

De suite, coup de téléphone anonyme qui l'amène directos chez le tueur. Deus ex machina ! Ce qui veut dire que les scénaristes sont mauvais. Bref, l'inspecteur visionne la vidéo de la jeune prostituée qu'il a envoyé bouler 1 heure et demie plus tôt. Elle avoue en avoir marre de faire plaisir aux hommes ; elle veut se faire plaiz à elle mais elle ne sait pas comment. Il y avait la place pour un grand moment d'émotion ... mais c'est raté. En contre-champ, l'acteur choisi pour incarner l'inspecteur a deux sourcils immobiles, un visage en cire et un regard d'un azur imperméable. Les financiers ont du croire que Tom Cavanagh allait plaire aux ménagères. Or, moi, mon arrière-grand-mère répétait que les femmes faisaient attention aux pompes d'un homme en premier lieu. Les producteurs et scénaristes de ce téléfilm aurait mieux fait de caster des godasses expressives et la réalisatrice de les filmer en gros plan (pour les monter en alternance). Cette scène aurait transmis un minimum d'émotion (effet K oblige).

Tom Cavanagh

Retour sur une narration parallèle, depuis l'au-delà, sur une musique mélo et un transtrav, la jeune demoiselle morte qui est accompagnée d'autres dépouilles de prostituées sert la soupe "si vous, parents, nous virez de la maison (sermonné à coup de chiffres d'enfants fugueurs et de personnes disparues), et bin, nous allons toutes finir putes tuées par un serial killer".

L'inspecteur, qui a l'air de s'en foutre et qui balance son texte comme une chiffe molle, a finalement trouvé le coupable qui déballe son sac sans demander son reste. Oui oui, il voulait se faire arrêter. 20 ans de traque policière alors qu'il avait disposé des poissons sur un cadavre indiquant tout ce qu'il y avait à savoir. Faut croire que les flics se les sont enfilés en gratin au fromage. Le policier lui pardonne car il croit en Dieu et retrouve sa famille en homme changé et meilleur. 20 ans de traque policière pour ce téléfilm de merde très très très trop éloigné des faits, ça doit faire mal au cul à tous les acteurs véridiques de l'enquête et les parents de victimes du Green River Killer.

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